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 Jean Giono

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MessageSujet: Re: Jean Giono   Jean Giono - Page 4 EmptyJeu 26 Aoû 2010, 06:58

Ernst a écrit:
Il détestait Pagnol, Raimu et les "pagnolisade"
Surprised
N'est-ce pas Pagnol qui a porté Regain à l'écran ?
Il n'y avait pas Raimu au casting ?

Sacré pied-de-nez.
Embarassed
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MessageSujet: Re: Jean Giono   Jean Giono - Page 4 EmptyJeu 26 Aoû 2010, 07:13

Regain réalisé par Marcel Pagnol, est sorti en 1937.

Entre les deux écrivains, Giono me paraît le plus intéressant au niveau littéraire.
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Ysandre
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MessageSujet: jean Giono   Jean Giono - Page 4 EmptyJeu 26 Aoû 2010, 07:17

moi aussi, je ne goûte pas beaucoup Pagnol
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MessageSujet: Re: Jean Giono   Jean Giono - Page 4 EmptyJeu 26 Aoû 2010, 07:22

Lysandre a écrit:
moi aussi, je ne goûte pas beaucoup Pagnol
J'ai lu les 4 tomes de ses souvenirs d'enfant... quand j'étais moi-même ado.
J'avais beaucoup aimé.
Si je les relisais maintenant...
scratch
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MessageSujet: jean giono   Jean Giono - Page 4 EmptyJeu 26 Aoû 2010, 08:12

Hareldeu (!) trois syllabes ... comme ça je n'écorcherai plus ton pseudo Jean Giono - Page 4 92841
Tu peux toujours essayer d'en relire un bout, tu verras si ça te plait encore...
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Albert
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Albert


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MessageSujet: Re: Jean Giono   Jean Giono - Page 4 EmptyJeu 26 Aoû 2010, 08:17

Albert a écrit:
N'ayant pas trouvé le livre choisi en lecture commune, j'ai emprunté Deux cavaliers de l'orage.

J'aime bien les deux, Pagnol et Giono, du moins le livre que je viens de lire de lui. Ce n'est pas le même type d'écriture: Pagnol est dans la narration et l'action, l'histoire est première.
Giono me semble dans une écriture plus élaborée, plus travaillée dans la forme. Les relations entre les personnes sont plus subtiles. Dans le livre que j'ai lu, l'histoire semblait presque accessoire.


Dernière édition par Albert le Ven 27 Aoû 2010, 17:12, édité 1 fois
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Amadak
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MessageSujet: jean Giono : "le Moulin de Pologne"   Jean Giono - Page 4 EmptyJeu 26 Aoû 2010, 16:35


Le Moulin de Pologne
Cents ans de malheur
Jean Giono nous offre un livre sur le destin qui s’acharne sur une famille au long de cinq générations.
Ce domaine, dont les origines du nom sont inconnues, vient d’être habité par un étranger mystérieux, aux bonnes manières, mais très réservé, qui, par sa seule présence, inspire du respect. C’est Mr Joseph. Le narrateur parle du moment présent, raconte la vie presque monacale de Joseph, et tous les commérages qui tournent à son sujet. La ville, une petite bourgeoisie, l’accepte, car il doit être haut placé et on veut le marier. On lui présente la fine fleur des demoiselles, les plus belles et riches et il refuse avec un sourire, un refus que l’on ne pardonnerait à personne. Il disparaît de l’histoire jusqu’à la nuit du scandale.

Le narrateur va faire un long retour en arrière pour dévoiler l’histoire du Moulin de Pologne avant d’arriver à la nuit fatale.

Presque cents ans auparavant un homme nommé Coste, revenant du Mexique, avait acheté ce domaine. Il était veuf et il avait deux filles d’une beauté ravissante à marier, mais ce mariage devait se faire sous des conditions étonnantes : les futurs maris devaient être oublíés de Dieu. Il raconta son malheur au Mexique : femme et deux fils arrachés à la vie, l’un après l’autre, et il cherchait une famille où le mauvais sort n’existerait pas.

L’ entremetteuse trouva les candidats adéquats, deux frères pour les deux sœurs. Un couple est resté au Moulin de Pologne et l’autre dans La Commanderie, terre ancestrale de la famille M.

Pendant une dizaine d’années tout allait bien, famille et enfants. Soudain, le père Coste meurt de tétanos et le couple du Moulin est terrassé par la mort de la fillette de trois ans et sa mère périt en accouchant d’un garçon.
La Commanderie est bouleversée. Ils sont prêts à fuir avant que le mauvais sort ne frappe à leur porte ; couple et fils échappent pour Paris, et la terrible catastrophe ferroviaire du train de Versailles massacre d’un seul coup les quatre. Dans le même accident meurt le célèbre explorateur Jules Dumont d’Urville, qui périt avec sa femme et son fils de quatorze ans.
Ici Giono mêle la fantaisie avec la réalité.

On était convaincus que le destin maléfique des Coste touchait même ceux qui s’approchaient d’eux.
Génération après génération aucune échappatoire possible, pas moyen de s’en tirer.

Le narrateur raconte sur la dernière héritière des Coste, Julie, douée depuis sa naissance d’une beauté et d’un charme sans pareil, et portant le poids de la malédiction.

On connaît la cruauté des enfants : à l’école elle était tourmentée sans cesse, jusqu’à ce que une grave crise la laisse défigurée, louche, la moitié du visage tordu et l’autre côté, d’une beauté admirable.
Sa vie était détruite, les années passèrent, de nouveaux malheurs sur son chemin, la bourgeoisie se moquait d’elle, on parlait même de l’envoyer à l’asile

Et la nuit du scandale arriva. Il s’agissait d’une fête patronale, une sorte de kermesse, on dansait, il y avait une tombola avec des cadeaux surprise, et soudain Julie se présenta au bal, dansait seule, sous le regard méprisant du monde. Elle cherchait le bonheur et elle le trouva. Je ne raconte pas tout, mais cette nuit l’homme le plus convoité de la ville l’a épousée, l’a rendue heureuse, et Mr Joseph, par le poids de sa personnalité, a fait que tout le monde rende honneur à sa femme.

Si Giono avait fini là le roman, ç’aurait été une belle histoire d’amour et d’expiation pour les mauvaises gens.
Mais le narrateur va plus loin, et le sort inéluctable des Coste continue à terrasser ce qui reste de la famille, et la fin de l’histoire reste énigmatique.

J’avais lu de Giono seulement Colline, que j’ai beaucoup aimé ; différent sujet et lieu, mais le surnaturel y était aussi, la superstition, le malheur. Ici c’est une autre histoire, où la fatalité et le mauvais sort survolent une famille et rappellent les tragédies grecques.

Ce livre de Giono m’a touchée, je le trouve exceptionnel et à mon avis il fait honneur à la littérature française.



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MessageSujet: Re: Jean Giono   Jean Giono - Page 4 EmptyVen 27 Aoû 2010, 15:36

Je commence "Colline" et là la force de l'écriture m'empoigne, la puissance des mots choisis,
la poésie dans ce qu'elle a de plus brut, dure comme un diamant.
Il n'est pas question de cigales et de lavande (j'adore Pagnol, n'y voyez aucune critique)
mais de l'Homme. Pas un écrivain provençal me semble t'il mais un écrivain tout court, avec
des personnages universels.
La musique est si belle que je décide de le lire à voix haute. Quel plaisir ! coeur!
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MessageSujet: jean Giono   Jean Giono - Page 4 EmptyVen 27 Aoû 2010, 15:49

Je viens de finir de Giono “un de Baumugnes” Ce roman m’a ravie, un chant au bonheur, à la joie paysanne, un livre optimiste, même si l’arrière pensée fataliste de Giono ne peut manquer dans ses livres : page 29 « je comprends que le malheur s’est mis en marche » Page 35 « Ah, dans cette histoire-là, tout a été comme arrangé d’avance pour que je souffre » Malgré ces petits exemples du caractère de Giono, le livre nous plonge dans un monde où les paysages parlent, chantent, les petits gens sont magnifiquement décrits, la solidarité, la bonne volonté s’imposent, évitent le drame.

Le langage si différent qu’on parle dans les provinces, on le trouve dans Colline aussi, beaucoup le considèrent à tort comme pauvre, et ce n’est pas vrai car en peu de mots ils disent tout.

Molière dans « Les femmes Savantes » avait dit : « Je vis de bonne soupe et non de beau langage »Revenant au livre la description de l’orage page 104 nous parvient avec toute sa fureur, comme l’incendie aux Bastides dans Colline,
Un grand narrateur, Giono, et ce livre fini, on le referme avec plaisir parce que le bien et l’amour s’imposent.
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MessageSujet: Re: Jean Giono   Jean Giono - Page 4 EmptyVen 27 Aoû 2010, 16:04

majeanne a écrit:

la poésie dans ce qu'elle a de plus brut, dure comme un diamant.

Wouah, c'est tout à fait ça ! et cela vaut pour tant de ses pages (toutes?) !! très bien dit, Majeanne ! cheers

Et j'ai lu Un de Baumugnes, Amadak, où j'ai été surtout ému et troublé par l'intrigue, davantage que par le contexte.


Dernière édition par Ernst le Ven 27 Aoû 2010, 16:17, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Jean Giono   Jean Giono - Page 4 EmptyVen 27 Aoû 2010, 16:10

Le moulin de Pologne 1/2

Amadak a fort bien dit l'essentiel, et je n'ai plus qu'à broder quelques fantaisies sur le thème principal Smile

Le narrateur m' a intrigué : fallait-il le croire ? qui était-il ?

Il ménage ses effets, recule dans le temps, anticipe, semble être un témoin, mais fait des recherches aux archives etc.

son comportement est ambigu : on le croirait bon ? pas du tout ! il est" amateur de pluie et de boue les soirs de bal", il se réjouit du malheur des autres, et se cache pour en jouir impunément.

On saura son identité plus tard.

C'est un personnage qui joue son rôle de narrateur, méchant comme tout le village.

Le mal est très présent, comme chez beaucoup de personnages de Giono après la guerre.
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MessageSujet: Re: Jean Giono   Jean Giono - Page 4 EmptyVen 27 Aoû 2010, 16:32

Amadak a écrit:

Le langage si différent qu’on parle dans les provinces, on le trouve dans Colline aussi, beaucoup le considèrent à tort comme pauvre, et ce n’est pas vrai car en peu de mots ils disent tout.

très juste, et le moulin de Pologne est une vraie anthologie d'expressions provinciales qu'on comprend dans le contexte, mais qui ne sont pas d'un usage courant, du moins dans les livres Smile

"faire son beurre", au sens de tirer profit de, "prendre du poil de la bête" = retrouver de la vigueur, "tirer matière de" ? faudrait que je voie le contexte...

L'intérêt de ces expressions n'est pas seulement de faire couleur locale, mais plutôt de traduire un milieu clos, amha, où les gens se comprennent à demi-mots, car complices evil (au mauvais sens du terme, participant ensemble à de mauvaises actions).
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MessageSujet: Re: Jean Giono   Jean Giono - Page 4 EmptyVen 27 Aoû 2010, 17:07

Nous vivons une époque où la plupart des écrivains portent la mention « roman » sur presque tout ce qu’ils écrivent, même s’il s’agit d’une autobiographie, voire d’un essai ! Au moment où, ensemble, nous lisons ou relisons une oeuvre plus ancienne comme Colline, je ne peux m’empêcher de penser que depuis longtemps finalement, ce terme sert de fourre-tout. Colline est, à mes yeux, un long poème qui me fait irrésistiblement penser à ceux de Virgile, voire d’Homère. C’est peut-être ce qui gêne des lecteurs en attente d’autre chose justement, qui voudraient une intrigue, un récit construit, bref un roman… Or ce n’est pas ce qu’a écrit Giono. Il a lui-même inscrit son œuvre dans une trilogie dite de Pan, dieu antique du "tout", de la « panique » et de l’inexplicable. Dès l’incipit de Colline, prend vie un monde archaïque, beau mais inquiétant. La poésie de l’écriture d’emblée est essentielle, aussi envoûtante que ce qu’elle évoque :

Citation :
La chair de la terre se plie en bourrelets gras. [...] Le sainfoin fleuri saigne […] Les avettes dansent…

Il faudrait citer la page entière !
Je préfère rapporter ici le passage où Gondran s’acharne sur un lézard puis progressivement a honte de sa violence inexplicable et disproportionnée ; il en vient alors à s’interroger sur ses rapports d’homme avec la nature. Cette dernière est violemment attaquée à travers le lézard en situation de faiblesse. Pourtant peu à peu, la puissance et le mystère de cette nature personnifiée vont envahir Gondran en même temps que nous qui assistons à la scène :

Citation :
L'air plein de mouches grince comme un fruit vert qu'on coupe. Gondran, collé à la terre, dort de tout son poids.
Il se réveille d'un bloc. Du même élan tranquille il plonge dans le sommeil puis il émerge. D'un coup de reins, il est debout.
En cherchant sa bêche, il rencontre le visage de la terre. Pourquoi, aujourd'hui, cette inquiétude qui est en lui ?
L'herbe tressaille. Sous le groussan jaune tremble le long corps musculeux d'un lézard surpris qui fait tête au bruit de la bêche.
« Ah ! L'enfant de pute. »
La bête s'avance par bonds brusques, comme une pierre verte qui ricoche. Elle s'immobilise, les jambes arquées ; la braise de sa gueule souffle et crachote.
D'un coup, Gondran est un bloc de force. La puissance gonfle ses bras, s'entasse dans les larges mains sur le manche de la bêche. Le bois en tremble.
Il veut être la bête maîtresse ; celle qui tue. Son souffle flotte comme un fil entre ses lèvres.
Le lézard s'approche.
Un éclair, la bêche s'abat.
Il s'acharne, à coups de talon, sur les tronçons qui se tordent.
Maintenant, ce n'est plus qu'une poignée de boue qui frémit. Là, le sang plus épais rougit la terre. C'était la tête aux yeux d'or ; la languette, comme une petite feuille rose, tremble encore dans la douleur inconsciente des nerfs écrasés. Une patte aux petits doigts emboulés se crispe dans la terre.
Gondran se redresse, il y a du sang sur le tranchant de son outil. Sa large haleine coule, ronde et pleine ; sa colère se dissout dans une profonde aspiration d'air bleu.
Subitement, il a honte. Avec son pied, il pousse de la terre sur le lézard mort.
Voilà le vent qui court.
Les arbres se concertent à voix basse.
Le chien n'est plus là ; il a dû partir sur la quête de quelque sauvagine.
Sans savoir pourquoi, Gondran est mal à l'aise ; il n'est pas malade ; il est inquiet et cette inquiétude est dans sa gorge comme une pierre.
Il tourne le dos à un grand buisson de sureau, de chèvrefeuille, de clématite, de figuiers emmêlés qui gronde et gesticule plus fort que le reste du bois.
Pour la première fois, il pense, tout en bêchant, que sous ces écorces monte du sang pareil à son sang à lui ; qu'une énergie farouche tord ces branches et lance ces jets d'herbe dans le ciel.
Il pense aussi à Janet. Pourquoi ?
Il pense à Janet, et il cligne de l'oeil vers le petit tas de terre brune qui palpite sur le lézard écrasé.
Du sang, des nerfs, de la souffrance.
Il a fait souffrir de la chair rouge, de la chair pareille à la sienne.
Ainsi, autour de lui, sur cette terre, tous ses gestes font souffrir ?
Il est donc installé dans la souffrance des plantes et des bêtes ?
Il ne peut donc pas couper un arbre sans tuer ?
Il tue, quand il coupe un arbre.
Il tue quand il fauche...


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MessageSujet: jean Giono   Jean Giono - Page 4 EmptyVen 27 Aoû 2010, 17:26

Vos impressions et critiques sont magnifiques ! j'y retrouve cette poésie, cette façon de voir les choses différemment, les livres de Giono sont des tableaux de grands peintres, le lire c'est regarder ce qu'il décrit avec une force et une beauté étonnantes.
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MessageSujet: Re: Jean Giono   Jean Giono - Page 4 EmptyVen 27 Aoû 2010, 19:08

Ernst a écrit:
majeanne a écrit:

la poésie dans ce qu'elle a de plus brut, dure comme un diamant.

Wouah, c'est tout à fait ça ! et cela vaut pour tant de ses pages (toutes?) !! très bien dit, Majeanne ! cheers


Merci Ernst et merci à vous de m'avoir donné l'envie de retrouver Giono. Happy
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MessageSujet: jean Giono   Jean Giono - Page 4 EmptyVen 27 Aoû 2010, 20:26

J'ai beaucoup apprécié les commentaires sur les livres de Giono, Majeanne, un poète, merci à Ernst, a Lysandre , à Nyrcle, ton commentaire éloquent donne de l'éclat au texte, pour Rotko, un grand merci et je note toutes ces expressions que je ne connais pas, et qui donnent de la saveur aux livres de Giono, pour moi, un grand.
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MessageSujet: Re: Jean Giono   Jean Giono - Page 4 EmptySam 28 Aoû 2010, 18:32

Le moulin de Pologne (2/2)

L’histoire est comme une corde à nœuds : on passe vite sur de longues périodes, et un nœud développe longuement un épisode auquel le narrateur veut donner l’intégralité des faits, presque en temps direct, ainsi "la scène de bal ", sorte de carrefour-rencontre entre l’inconnu au village, et Julie dont il décide d’assurer la protection.

Joseph et Julie : Joseph luttant contre le destin et l’infléchissant (il y aura aussi une Joséphine), et la victime du destin, Julie, qui sera réhabilitée, comme le moulin lui-même.

Par contre d’autres épisodes sont abandonnés, comme l’assassinat de Jacques, qui aurait pu à lui seul constituer une partie du roman : c’est expédié en quelques lignes.

On croit que Joseph (1) a eu raison du mauvais sort qui planait sur les Coste. On se trompe. La fin nous surprendra, elle est, me semble-t-il, aussi rapide et ironique qu’inattendue.

La présence du destin et du mal donne une tonalité shakespearienne au récit, comme l'indique l’épigraphe d’un chapitre. On retrouve là, me semble-t-il, l’influence d’Henri Fluchère, ami de Giono, et critique de Shakespeare, plus avisé que René Girard, à mon goût.

Le moulin de Pologne a été écrit entre 1949 et 1952, en même temps que d’autres oeuvres de Giono comme Les récits de la demi-brigade. Il semblerait que Giono esquisse des thèmes qu’il développe et/ou répartit sur plusieurs romans.

Il fait ensuite un condensé sur un récit, ce qui pourrait expliquer la densité et un certain hermétisme de la fin, comme il l’ affectionne dans les deux cavaliers, les grands chemins, et le moulin de Pologne.

(1) Joseph n’est d’ailleurs là que pour sa fonction dans l’histoire. On ne saura jamais tout sur son compte.

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MessageSujet: jean Giono : "le Moulin de Pologne"   Jean Giono - Page 4 EmptyDim 29 Aoû 2010, 03:17

Ton analyse,Rotko, est minutieuse, profonde, et met en lumière les côtés sombres de l’histoire. Les événements se succèdent à une telle vitesse, qu’un lecteur peu averti laisse passer sans réfléchir. L’assassinat de Jacques, je l’ai oublié. Peut-être trop d’histoires dans ce roman mais il englobe cinq générations.
L’effet de tragédie inéluctable survole tout le roman, et malgré les coins obscurs que je vois d’après tes conclusions, le livre m’a plu. L’énigme de qui est Joseph, qui est le narrateur, restera dans l’imagination du lecteur.
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MessageSujet: Re: Jean Giono   Jean Giono - Page 4 EmptyDim 29 Aoû 2010, 06:12

Amadak a écrit:
Peut-être trop d’histoires dans ce roman mais il englobe cinq générations.

cing générations, 186 pages chez Folio. Si on excepte cette scène du bal, les autres "noeuds", ou épisodes racontés, le sont brièvement, et pourraient, développés, donner chacun lieu à un roman.

on a donc des ellipses fréquentes, des effets d'accélération étonnants, avec des ralentis inattendus, y compris sur des personnages comme Hortense qui a "le don juanisme des femmes laides".

Les effets d'attente existent : Giono, ou plutôt son narrateur, mentionne la tombola, mais il faut attendre plusieurs pages avant qu'il ne se décide à dévoiler le secret du prix offert par Julie à cette tombola. Comme dans un de Baumugnes, le narrateur annonce, nous fait languir, avant de dévoiler la vérité ou le secret. C'est tout l'art de "piquer notre curiosité".

Je me suis interrogé sur le visage double de Julie : une partie est très belle, l'autre figée dans un sorte de rictus (on sait d'ailleurs pourquoi). Je croyais qu'on allait voir une double personnalité, avec la bonté et la méchanceté, eh bien non ! mais ce sont les regards sur elle qui sont contradictoires.

un petit coup d'oeil sur des notations comiques : cette ville (1) petite et provinciale, avec une bourgeoisie frileuse et une noblesse qui sent le moisi, prétend, du moins dans la bouche du narrateur, avoir des airs de ressemblance avec la Scala de Milan !

Autre caricature, visuelle pour le bal ! les cygnes (femmes) qui dansent dans les bras des hannetons (hommes)! cheese

(1) ville non identifiée, mais les remarques caustiques viennent tout droit de Stendhal, dont Giono était un fervent admirateur. Angelo, personnage éponyme du roman, est un souvenir de fabrice del Dongo.

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MessageSujet: Re: Jean Giono   Jean Giono - Page 4 EmptyJeu 02 Sep 2010, 17:58

Rotko, ton analyse du Moulin de Pologne m’a donné envie de récupérer ce roman qui dormait dans ma bibliothèque depuis si longtemps que je l’avais oublié ! En me replongeant dedans, je me suis souvenu que cette histoire m’avait déconcertée. Je ne reconnaissais guère Giono ; le récit à la première personne, sa construction surprenante, les changements de ton, l’ironie sous-jacente, et, pour finir, le dénouement insolite m’avaient donné le sentiment que je ne dominais pas du tout cette œuvre.

Aujourd’hui, bien sûr, je la lis autrement. J’y retrouve évidemment le poids du destin, la malédiction héréditaire mais je suis très sensible à l’absurde qui donne au tragique une dimension qui m’avait échappé. Je pense par exemple au noyau de cerise ou au hameçon qui rendent la mort programmée de deux personnages ridicule et dérisoire.

Tu parles du visage double de Julie qui, certes, renvoie à l’antiquité mais seulement de façon peut-etre plus insistante que pour d’autres personnages de cette famille Coste : en fait, ils sont tous plus ou moins monstrueux ; il faudrait rechercher les passages mais je me rappelle au moins une comparaison avec un « taureau », il est aussi fait allusion au « Minotaure » et les nombreux rapprochements avec Ajax envisagent le héros grec sous son aspect le plus effrayant, le plus violent ; enfin, tous les Coste ont des colères quasi homériques qui les mettent hors norme.

Il faudrait aussi analyser le statut de cet étonnant narrateur, omniscient, tantôt extérieur à l’histoire, tantôt totalement impliqué, souvent caustique, et dont on apprend tardivement et incidemment qu’il est un petit bossu !
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MessageSujet: Re: Jean Giono   Jean Giono - Page 4 EmptyVen 03 Sep 2010, 04:55


Belle analyse Nicyrle, et qui montre bien la richesse de ce livre court.

On se rejoint sur beaucoup de points, à ceci près que tu es plus sensible que moi à la "monstruosité" des Coste, et que j'insiste davantage sur la méchanceté et la lâcheté du monde extérieur.
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MessageSujet: Re: Jean Giono   Jean Giono - Page 4 EmptyVen 03 Sep 2010, 21:27

rotko a écrit:

Belle analyse Nicyrle, et qui montre bien la richesse de ce livre court.

On se rejoint sur beaucoup de points, à ceci près que tu es plus sensible que moi à la "monstruosité" des Coste, et que j'insiste davantage sur la méchanceté et la lâcheté du monde extérieur.

Elles sont saisissantes, c'est vrai. Elles donnent à réfléchir aussi en cela qu'elles montrent ce que peut provoquer la peur. Tous ces êtres cruels et lâches ont besoin du malheur d'autrui pour exister, s'assurer qu'eux-mêmes sont à l'abri. D'une certaine façon les Coste leur servent de boucs émissaires.
On trouve dans le livre des phrases terribles comme :
Citation :
Tout le monde trouva le destin des Coste bien rassurant. [...]
La vie des autres, avec ses vicissitudes, ses malheurs, ses défaites, est extrêmement agréable à regarder. [...]
Sa mort fut bien accueillie par tout le monde. On le trouva étendu dans un bosquet de genêts, défiguré par un coup de feu qui avait dû être tiré presque à bout portant. [...]

Ce roman est d'une telle richesse qu'il me semble facile... de passer à côté de ce qu'il contient ! C'est tout à fait le genre de livre qu'on devrait relire plusieurs fois.
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MessageSujet: Re: Jean Giono   Jean Giono - Page 4 EmptySam 18 Juin 2011, 06:07



«Le Noyau d’abricot et autres contes», par Jean Giono,
préface de Mireille Sacotte, Grasset, 78 p.,

quatre petits contes orientalistes reunis pour la première fois dans un recueil.
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MessageSujet: Re: Jean Giono   Jean Giono - Page 4 EmptySam 18 Juin 2011, 09:56

Intéressante trouvaille qui m'intrigue, Rotko, merci merci
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MessageSujet: Re: Jean Giono   Jean Giono - Page 4 EmptySam 18 Juin 2011, 10:41

Ils ont été composés vers 1923-24, et avaient été publiés dans des revues.

source : bibliobs
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