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| | Ferrandez/Camus, l"Etranger | |
| | Auteur | Message |
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rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Ferrandez/Camus, l"Etranger Ven 31 Jan 2014, 16:15 | |
| Camus présente un homme insaisissable amené à commettre un crime et qui assiste, indifférent, à son procès et à sa condamnation à mort.je connais mal l'étranger de Camus, l'adaptation de Ferrandez est très agréable à lire pour son dessin soigné, ses vignettes qui passent d'une page sur l'autre et sa connaissance de l'oeuvre de Camus. On y trouve plusieurs de ses thèmes. Meursault est un très jeune homme qui vit naturellement son aspiration au bonheur (piscine, plages, filles) comme dans Noces, même si dans les relations humaines il se montre détaché, indifférent. Ce qu'exprime son silence, et son acceptation des situations et des personnages, surtout dans la première partie - jusqu'au meurtre. L'attachement d'un vieil homme et de son chien renvoie directement à la Peste, tout comme la faune asociale des cafés( "le Céleste"!) La prison, le tribunal représentent des formes d'oppression dont l'individu est victime. La Mort, avec son cérémonial est une injustice sociale, la peine de mort un scandale humain et un insupportable châtiment de la condition humaine; (La Peste) Meursault, comme Ferrandez/Camus, refuse violemment les injonctions religieuses du Juge et du Prêtre, épisodes traités sur plusieurs pages : point de salut dans l'au-delà, point de repentance et d'agenouillement. Seul recours, la Révolte. La première "version des faits" précède trois autres versions qui seront données au tribunal, entraînant l'adhésion d'un public versatile au gré des interventions. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Ferrandez/Camus, l"Etranger Ven 31 Jan 2014, 16:21 | |
| la vie à Alger, la chaleur qui joue un très grand rôle dans le récit, apparaissent dans les planches du dessinateur, soucieux de restituer l'image d'un pays aimé charnellement. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Ferrandez/Camus, l"Etranger Mer 05 Fév 2014, 15:51 | |
| SANS ISSUE, l'expression revient plusieurs fois dans la Bd de jacques Ferrandez sur l'EtrangerMunoz a illustré le texte de Camus clic ! avec des dessins en noir et blanc. c'est lui, aussi qui a illustré le premier homme dans la collaboration des éditeurs Gallimard et futuropolis. | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Ferrandez/Camus, l"Etranger Mer 05 Fév 2014, 23:50 | |
| Pourvu que je trouve cette BD demain à la bibliothèque ! Elle m'attire mais en même temps j'ai peur d'être déçue | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Ferrandez/Camus, l"Etranger Jeu 06 Fév 2014, 05:37 | |
| Il faut courir le risque. J'ai bien apprécié l'Hôte en BD, avant de lire la nouvelle de Camus, je prends le même chemin avec l'Etranger que j'ai pris dans ce grand format illustré par José Munoz, itinéraires qui ne ne me sont pas du tout habituels. | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Ferrandez/Camus, l"Etranger Lun 24 Fév 2014, 17:19 | |
| Je termine de lire et de regarder la BD de Jacques Ferrandez sur L’Étranger. Il fallait une audace peu commune pour « s’attaquer » à pareille œuvre ! Globalement, je trouve que c’est une réussite. À mes yeux c’est une lecture de L’étranger par Ferrandez plus qu’une BD d’après le roman de Camus, comme indiqué sur la couverture.
Une lecture intelligente, très respectueuse du texte mais une adaptation personnelle par le biais des images. J’ai été surprise par la silhouette et le visage d’adolescent choisis par le dessinateur. Dans ma représentation personnelle, Meursault n’est pas un adolescent. Il a la trentaine, comme le suggère d’ailleurs une expression utilisée par Camus dans les dernières pages (reprise dans la BD), je l’ai toujours perçu ainsi et je crois bien que je lui donne à peu près les traits de Camus lui-même autour de la trentaine ! Je note d’ailleurs que dans la 2e partie et surtout dans les dernières pages, le dessinateur lui donne une allure et un visage bien plus virils comme pour signifier qu’il a gagné en maturité. Or, il ne s’écoule qu’environ un an entre le meurtre et le procès ; par ailleurs, rien ne permet de penser que Meursault a changé physiquement, et moralement, il est resté le même, il vivait dans l’absurde sans le savoir, à la fin, il en a une pleine conscience.
En revanche, je trouve astucieux l’effacement de la 1ère personne omniprésente dans le roman car, de la sorte, les dialogues (tirés de l'œuvre) sont privilégiés et ce sont les images qui racontent. Des pages entières sont sans vignettes mais ne sont pas muettes pour autant, il faut les regarder avec attention pour comprendre par exemple l’importance du soleil pendant l’enterrement ou sur la plage. La 1ère personne n’apparaît que vers la fin et cherche peut-être à donner plus d’intensité aux échanges avec l’aumônier, aux propos intérieurs de Meursault et aux images dans la prison : je ne suis pas sûre que ce soit un choix heureux.
J’attendais avec curiosité la fin et j’ai été très déçue : à mon avis, la « traduction » des deux dernières pages du roman est complètement manquée, leur symbolique n’apparaît pas du tout. Cela dit, je ne sais pas comment il aurait fallu les représenter. Dans ma tête, quand je lis ces lignes magistrales, je suis profondément émue, troublée, j’ai une sensation d’élargissement, d’espace infini… Comment les dessiner ?
Ultime question : comment des lecteurs qui ne connaissent pas le roman de Camus, je pense surtout à des jeunes, reçoivent-ils cette BD ? L'apprécient-ils ? Ont-ils envie ensuite de lire le roman ? !
Si j'étais encore en activité, je crois que je proposerais à mes élèves une comparaison des deux œuvres. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Ferrandez/Camus, l"Etranger Lun 24 Fév 2014, 17:55 | |
| oui, entièrement d'accord avec toi sur l'apparence trop juvénile de Meursault au début ; Ferrandez a voulu sans doute montrer la transformation psychologique du personnage en le montrant plus vieux par la suite. Munoz lui donne dans les illustrations de l'etranger le même visage que Camus | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Ferrandez/Camus, l"Etranger Lun 24 Fév 2014, 17:57 | |
| - rotko a écrit:
- oui, entièrement d'accord avec toi sur l'apparence trop juvénile de Meursault au début ; Ferrandez a voulu sans doute montrer la transformation psychologique du personnage en le montrant plus vieux par la suite. Munoz lui donne dans les illustrations de l'etranger le même visage que Camus
Je préfère. | |
| | | Amadak pilier
Nombre de messages : 3859 Localisation : Buenos-Aires Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: Fernandez/Camus,l'Etranger" Mar 25 Fév 2014, 01:00 | |
| moi,j'ai reçu un choc en voyant seulement la première image: Merlsaut sur la plage,marchant sous ce soleil ardent,qui finira par lui brûler la cervelle. C'est ainsi que je l'imaginais dans ma lecture. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Ferrandez/Camus, l"Etranger Dim 02 Mar 2014, 12:22 | |
| Finalement, j'aime bien la BD, au risque même de la préférer au roman ! Le "je" de la Bd me paraît avoir plus de distance face au lecteur, qui lit et voit quelqu'un d'autre. Comment pourrais-je avoir une écoute bienveillante avec le "je" du roman ? il a un détachement que je ne partage pas, et ses compromissions ne sont pas les miennes Dans le début, particulièrement, je n'éprouve guère de sympathie pour son écoute complaisante de ses voisins, celui qui injurie et frappe son chien, celui qui bat sa concubine et veut se venger d'elle de manière ignoble. J'ai écrit beaucoup de lettres pour rendre service, je ne servirais pas de plume à un maquereau sournois et vindicatif. - Citation :
- A ce moment est entré mon deuxième voisin de palier. Dans le quartier on dit qu'il vit des femmes. Quand on lui demande son métier, pourtant, il est "magasinier". En général, il n'est guère aimé. Mais il me parle souvent et quelquefois il passe un moment chez moi parce que je l'écoute. Je trouve ce qu'il dit intéressant.
ah ! voyons donc ! - Citation :
- Il l'avait battue jusqu'au sang.
Auparavant il ne la battait pas.
"je la tapais, mais tendrement pour ainsi dire. Elle criait un peu. Je fermais les volets et ça finissait comme toujours. Mais maintenant c'est sérieux. Et pour moi, je ne l'ai pas assez punie" Ces scènes et ces propos, je les recevrais pas avec détachement ou complaisance. Un bon point pour Futuropolis de Gallimard, avec les dessins de Munoz : le texte intégral de Camus y est disposé selon une autre présentation typographique que dans le livre de poche. | |
| | | Amadak pilier
Nombre de messages : 3859 Localisation : Buenos-Aires Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: Fernandez/Camus,l'Etranger" Dim 02 Mar 2014, 21:37 | |
| moi,je ne suis pas fan des bandes dessinées,mais le premier dessin où on voit le personnage marchant sous le soleil m'a frappé par son authenticité,tel que je l'imaginais | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Ferrandez/Camus, l"Etranger Dim 02 Mar 2014, 22:39 | |
| - rotko a écrit:
Ces scènes et ces propos, je les recevrais pas avec détachement ou complaisance. Je ne crois pas qu'on puisse parler de "complaisance". Du "détachement", oui, et cela peut surprendre, déstabiliser même. C'est d'ailleurs bien cette attitude-là qui, ensuite, va coûter très cher à Meursault. De même, la réflexion " Je trouve ce qu'il dit intéressant" est un simple constat de sa part, sans jugement de valeur, à aucun moment, sur l'homme. Que cela nous surprenne, c'est certain, mais Meursault est ainsi et chercher à le comprendre demande un effort qu'on n'a pas forcément envie de faire ! Des détails ou indices de ce genre préparent la seconde partie du roman. | |
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