sylvain coher

Sylvain Coher est né en 1971. Il vit à Paris et à Nantes, selon le vent et l'état de la mer. Il a été pensionnaire à la Villa Médicis en 2005-2006.
Romancier : Hors saison (Joca Seria, 2002 ; Babel n° 1071), La Recette de Stein (Joca Seria, 2004), Facing (Joca Seria, 2005), Fidéicommis
(Naïve, 2006), Les Effacés (Argol, 2008) et Carénage (Actes Sud, 2011), il écrit également pour le théâtre et l'opéra

Carénage qui paraîtra en Août chez Actes Sud devrait plaire aux motards comme aux non-motards

Le personnage principal a deux passions, dans l'ordre ; sa moto Triumph, "Élégante" et sa copine. La nuit, entre 4 h et 8 h du matin, il se fait des plaisirs et des frayeurs en roulant à fond la caisse sur la route de crêtes des Vosges.

L'auteur s'est documenté, a fréquenté les motards et leurs blogs, il a su donner des mots à leurs sensations, décrire leurs comportements, leurs ivresses de vitesse et leurs esprits de clan.

D'où des duels entre ces motards de l'extrême qui jouent avec la mort : L'auteur a du style, et l'écouter un vrai plaisir, moins dangereux que sur le bitume.

La petite amie est bien entendu jalouse de la moto...

La moto représente un fantasme, et nous en jouissons par procuration.

La moto représente un fantasme, et nous en jouissons par procuration.

Citation :

« la vitesse est vécue comme un gouffre »

On plongera dans le livre avec le même plaisir… mais sans appréhension.

à Sylvain l'écrivain,

je viens de dévorer votre ouvrage( collectif) CULTURE POP . Bravo!

Il me semble que vous avez su vous effacer( efficacement ) pour laisser apparaitre la parole authentique des participants. C'est une grande qualité.

J'aurais préféré un peu plus de photos comme celle de Fabienne Jouanny : ces mains crispées ? sur la casquette page 79 . Cette photo reflète bien une attention de l'homme qui écoute, qui regarde ? sans lâcher sa précieuse casquette.

et puis, j'ai appris une expres​sion(page 69) : la perruque . J'y ai été sensible car je viens de terminer un travail, que je veux artistique, avec des éléments de chêne massif qui a servi à la construction des paquebots , que j'ai débités, poncés, embellis .... Ce bois ancien a été récupéré par un membre de ma famille il y a très longtemps, sûrement au moment de la construction du paquebot FRANCE aux Chantiers.

bonne route sur le chemin de la culture!

Carénage présente un début éblouissant qui, dans la pratique extrême de la moto, mêle le rêve et l'action. Le dormeur s'imagine sur sa machine, et en maltraite draps et couettes. Tout à sa passion, il passe à l'acte, se lève et enfourche son "terrible engin" pour une course nocturne.

La fascination du défi et le corps à corps avec la moto pour épouser les courbes, Sylvain Coher sait bien les rendre, comme les différentes sensations (chaleur, odeurs) ressenties dans ces folles équipées.

Par la suite, une intervention de la "belle du motard" retrace la genèse de la passion d'Anton, sans négliger les motivations d'Eleen pour cette idylle. Chacun comprend que la moto est une rivale avec laquelle il faut compter -et rivaliser en partageant les enthousiasmes. "l'homme machine" a-t-il un coeur ?

Au passage, Sylvain Coher règle le compte aux motards de bistrot, qui abusent plus de vocabulaire technique que de la pratique. Parfois une discrète ironie pointe son nez dans le texte, avec des expressions savoureuses, comme "user la selle jusqu'à la mousse".

La passion de la moto introduit dans un univers que le style a su "pénétrer"   .

Carénage

La passion dévorante pour la mécanique, la fringale de la route , l’amour immodéré du risque - comme des sensations - olfactives, tactiles, sonores, qui s’y rattachent, créent un sorte d’ubris, la démesure moderne qui s’empare de l’homme mécanique - et scandalise le monde de la campagne, et des tracteurs.

Citation :

«  les motos empoisonnent nos nuits »

A moins que les hommes « ordinaires » ne deviennent la proie de la jalousie, que la passion rende le motard monstrueux dans son égoïsme, comme Leen pourrait le penser, amoureuse reléguée au second plan.

Toute performance est risquée, devient défi pour l’engin, comme pour le motard pris dans son ivresse dionysiaque, allumant des rivalités, des compétitions fantasmatiques ou/et hallucinatoires. On ne joue pas sa vie sans convoquer le fantastique, sans réveiller des spectres, sans quitter à vive allure, le monde humain.

Des signes prémonitoires perturbent le psychisme d’Anton, s’introduisent dans ses rêves, dans son passé, même dans le garage collectif où son engin paraît narguer des « caisses » trop sages.

Carénage, un roman qui a du souffle, du rythme, et de fulgurantes reprises….

Peinture hallucinée d’un univers où se retrouvent la folle locomotive de la bête humaine, les rêves érotiques de Mandiargues, l’envol loin de la pesanteur et du plancher des vaches ! !