Alice Munro (Canada)

Amadak, j'aime bien ta façon d'appréhender ce texte et ta manière de l'exprimer

j'aime lire vos interprétations. Bien sûr, elles me renvoient à mon insuffisance. Je n'ai pas développé mes impressions, les livrant brutes de décoffrage .. 
Tu as raison, Manic, Amadak fait d'excellentes analyses, s'exprimant dans un très bon français !
Je te rejoins, ma Lointaine, ces enfants-là sont doués pour la musique, pour la tendresse aussi. J'en ai fréquenté un (fils d'une voisine) pendant quelques années. Quel adorable gamin !
Je me demande si, dans la nouvelle, la vieille demoiselle n'avait pas envie de donner une leçon à toutes ces rombières bien-pensantes !

Ysandre a écrit:

j'aime lire vos interprétations. Bien sûr, elles me renvoient à mon insuffisance. Je n'ai pas développé mes impressions, les livrant brutes de décoffrage .. 
Tu as raison, Manic, Amadak fait d'excellentes analyses, s'exprimant dans un très bon français !
Je te rejoins, ma Lointaine, ces enfants-là sont doués pour la musique, pour la tendresse aussi. J'en ai fréquenté un (fils d'une voisine) pendant quelques années. Quel adorable gamin !
Je me demande si, dans la nouvelle, la vieille demoiselle n'avait pas envie de donner une leçon à toutes ces rombières bien-pensantes !

On a envie de le penser ! Et même si cela ne fait pas partie, au départ, des intentions de l'auteur, qu'importe ? Elle a laissé la porte ouverte ! Autant s'y engouffrer !  

MERVEILLEUSE ILLUSTRATION AU TEXTE DE ALICE MUNRO

Je connais LOU depuis qu'il a deux ans. Il est aveugle et autiste et compose musique et paroles de ses chansons

merci ma Sapho, chuis un peu en larmes, mais merci aussi à Lou:salut:  

Très émouvante illustration, Sapho, un grand merci

bonjour,un grand merci à Nicyrle et Ysandre ,vous êtes très gentilles à mon égard.
Pour Sapho: cette vidéo comble d'émotions mon coeur. Combien d'amour à la vie, ce qu'on peut faire pour ces enfants,malgré ce qu'il leur manque.
On a vu des films sur l'autisme, et la lutte pour améliorer leur condition

oui, une video émouvante.

Ne pas confondre pourtant les trisomiques 21 et les autistes, d'ailleurs, à ce que j'ai compris, il y a de multiples formes d'autismes, et je crois qu'on est allé un peu vite en besogne dans certaines émissions en présentant Glenn Gould par exemple comme un autiste.

La vieille demoiselle a-t-elle voulu "faire la leçon" aux familles de ses élèves ? j'en doute, cela ne correspond pas avec son désir de faire plaisir à tout le monde, en douceur.

On peut certes y penser. Les parents quant à eux ne supportent pas la mise en échec de leurs préjugés, fondés sur la "supériorité naturelle" de leurs chers petits.

bah tiens ! des eugénistes en puissance !!! berk !
"on" a dit que Glenn Gould était autiste ?! c'est n'importe quoi ! j'aime beaucoup ses interprétations de Bach, j'ai fureté sur Google souvent, à son propos, je ne savais pas que ce bruit "courait" ! Et même s'il était autiste, quelle importance ? il a un tel talent ! j'adore quand il chantonne en jouant.

je ne crois pas qu'il s'agisse "d'eugénistes en puissance", encore que l'eugénisme soit de fait avec les possibilités d'avorter, ou la thérapie génique.

Alice Munro opère en douceur. Si les parents offrent une mauvaise image d'eux-mêmes, c'est en ne surmontant pas la gêne initiale, en ne reconnaissant pas le talent de la jeune interprète, en se fermant le coeur devant le dévouement de la professeur.

oui, tu as raison, je m'énerve, je m'énerve ! c'est que j'ai trouvé ces bonnes femmes imbuvables, convenables (!), coincées, dures avec cette gentille prof, qui fait quand même des cadeaux alors qu'elle n'a plus les moyens.. des cœurs secs ! des mauvaises ! berk ! incapables de voir la lumière qu'émettent ces enfants différents !
ton Excellence, tu dis "en se fermant le cœur devant le dévouement de la prof"... elles n'avaient pas à le fermer, il l'était déjà d'avance !

Ysandre a écrit:

tu dis "en se fermant le cœur devant le dévouement de la prof"... elles n'avaient pas à le fermer, il l'était déjà d'avance !

c'est juste ! d'un autre côté, nous vivons socialement assez cloisonnés, frequentant des gens "de notre monde", et si notre milieu habituel change, nous en sommes, pris à l'improviste, très mal à l'aise.

Sans pour autant avoir ensuite, espérons-le, le rejet, indiqué implicitement dans le texte, et masqué par les réflexes sociaux de "bonne conduite en société".

oui il y a un côté "désuet" dans ce texte, comme si c'était des gens qui vivaient à la fin du 19ème début du 20ème siècle !
enfin, c'est l'impression que j'ai eue...
j'ai la chance de ne pas ressentir cette gêne quand je passe d'un milieu à l'autre, je m'adapte, quoi ! quand j'étais au journal, il m'arrivait d'interviewer des gens de la terre, je me surprenais à parler comme eux, à emprunter leurs expressions; Mon rédac'chef qui m'accompagnait un jour chez des éleveurs en colère (!) me regardait discuter avec eux avec des yeux comme des billes ! m'a traité de caméléon !!! 
"bonne conduite en société", ah oui ! mais alors, toutes les "sociétés".

Cette "gêne initiale" dont parle Rotko est malheureusement spontanément éprouvée par tout le monde ou presque devant la différence. On ne sait quel comportement adopter, on en devient stupide et maladroit. Dans la situation mise en place par Alice Munro, ce serait presque risible si ce n'était pas pitoyable car tout se passe comme si on n'osait pas reconnaître le talent pourtant évident de la jeune pianiste : parce qu'il n'était pas prévisible, il en devient incongru.

ah oui, Manic, la gêne devant la différence, je l'éprouve, et c'est un sentiment bizarre, une espèce de douleur au plexus et je souris bêtement, comme si ça pouvait arranger quoi que ce soit, si l'on répond a mon sourire, je me sens mieux, c'est plus facile.

Un tout petit texte a déclenché de multiples commentaires, tous intéressants et judicieux. Ce que j’ai trouvé c’est le malaise et la surprise des mères présentes, de voir le talent d’une différente s’exprimer bien en dessus de leurs enfants, médiocres.
Sur ce que vous parlez du pianiste Gleen Gould, qu’il soit autiste, cela ne dérange personne.
J’ai en mémoire l’écrivain japonais Kenzaburo Oé ; Dans son livre « une affaire personnelle » autobiographique, il raconte le drame de sa vie, son enfant d’un aspect effrayant, qu’il n’osait montrer à la mère. L’idée de le tuer ne le quittait pas (ce livre je n’oublierai jamais) et sur le point de le faire, il change d’avis.
Cet enfant avec des soins et amour est devenu pianiste et participé à des concerts avec Marta Argerich, j’ai vu sur youtube.

trop de bonheur chez l'Olivier.
 
Faudrait-il lire deux fois les nouvelles d’Alice Munro ?
 
Visage et des femmes me paraissent demander une attention renouvelée.
 
Dans  Visage
 

Citation :

« Que de circonlocutions et de digressions de ma part avant d’aborder ce sujet »

 
Le narrateur, un jeune garçon, mais aussi adulte à certains moments, évoque son enfance, cet univers disparu, ainsi que les attitudes et comportements de feu son père et sa mère.
 
Une tache de naissance, couleur lie-de-vin, sur le visage, entraîne un rejet du père, et une surprotection de la mère, ce qui met à vif la mésentente entre les parents, et bien des malentendus sur lesquels l’auteur ne jette pas la pleine lumière.
 
Quelles étaient les vraies raisons de la présence d’une jeune femme et de sa petite fille sur la propriété des parents ?
 
Pourquoi une histoire d’enfants est-elle mal interprétée et/ou déformée au point d’engendrer des drames irréversibles et de faire basculer des vies ?
 
Il reste les regrets  de ce «  Grand Drame » qui a entraîné des séquelles chez le petit garçon et la petite fille d’alors, unis par une mutilation du visage.

Des femmes

je ne suis pas certain de la bonne qualité de la traduction, ni de l'orthographe (après-midi n'est pas invariable).

La narratrice a treize ans quand elle entre au service des Crozier, mère et épouse, et elle se souvient de l'expérience au seuil de sa vieillesse. Elle doit s'occuper du jeune Crozier, atteint de leucémie, et sans doute condamné.

Alice Munro laisse une part active au lecteur, car ce que n'a pas compris la fillette n'est pas totalement élucidé par la femme adulte. Elle ne voit pas tout, ne comprend pas trop les enjeux, mais sent bien qu'il y a anguille sous roche et lutte feutrée entre la mère et l'épouse.

C'est pourquoi des échanges d'avis sont intéressants sur ces nouvelles"qui ne nous disent pas tout"  

Dans ce recueil [ trop de bonheur], jeu d'enfant est une vraie réussite

 d'ailleurs les nouvelles se complètent et s'éclairent mutuellement.

tu nous envoies une nouvelle ? si oui, je prends.

36 pages, c'est trop long. empruntez le livre en bibliothèque  j'essaierai de vous mettre l'eau à la bouche avec jeu d'enfant, sans trop en dire  

bon ! ma médiath a trop de bonheur, le problème c'est qu'il vient d'arriver tout neuf, j'ai quand même mis une option.

voici une petite "ouverture". jeu d'enfant.

Chaque année, l'enfant devient quelqu'un d'autre. Généralement à l'automne, au moment de la rentrée scolaire, avec le passage dans la classe supérieure, quand on laisse derrière soi le désordre et la léthargie des vacances d'été.

C'est alors qu'on aperçoit le changement avec la plus grande acuité.

Par la suite, on n'est plus trop sûr du mois ou de l'année mais les changements ne s'en poursuivent pas moins. Pendant très longtemps le passé se détache de nous assez facilement et , selon toute apparence, automatiquement, parfaitement.

Ce n'est pas tant les scènes du passé qui disparaissent mais plutôt qu'elles perdent tout intérêt. Et puis il se produit un retournement, ce qui était terminé et réglé resurgit, réclamant l'attention, réclamant même qu'on tente d'y remédier, alors que l'absence et l'impossibilité absolues de tout remède crèvent les yeux.

jeu d'enfant
 
c'est la nouvelle que je vous conseille dans trop de bonheur.
 
une jeune ado prend en grippe une petite voisine, jusqu'à s'imaginer que cette dernière fait tout pour  "lui pourrir la vie". Elle en parle à une de ses amies, et toutes deux se "montent la tête".
 
les circonstances font que la petite voisine et les deux amies vont se rencontrer dans un camp de vacances, ce qui déclenche un drame.
 
On retrouve dans cette nouvelle, plus complexe que mon bref résumé, un écho de "La Danse des ombres heureuses" ie la violence des réactions "normales" devant des personnes dites "spéciales".

Ne connaissant pas du tout Alice Munro, et après la nouvelle proposée par Rotko, j’ai eu envie de lire un recueil entier. Ce fut Fugitives parce qu’il n’y en avait pas d’autres à la bibliothèque que je fréquente !
Si ma lecture fut agréable, je ne peux pas dire cependant qu’elle m’ait profondément marquée. Sachant qu’Alice Munro avait reçu le Nobel de Littérature, je pense que j’attendais une œuvre plus forte mais sans doute faudrait-il lire d’autres œuvres pour se faire une idée plus juste.

J’aime beaucoup les sonorités du titre anglais : Runaway, fidèlement traduit en Français…
Pour moi, il s’agit plutôt de courts romans que de nouvelles à proprement parler, car A. Munro raconte des tranches de vie souvent assez longues avec même des allers-retours entre passé et présent, et met parfois en scène  un nombre relativement important de personnages. En outre, on assiste à des changements progressifs dans la vie de toutes ces femmes, à des transformations aussi, mais finalement, elles reviennent plus ou moins au point de départ. Elles ont toutes en commun un désir viscéral de fuir, fuir un homme, une situation, un problème mais elles hésitent et en fait c’est après elles-mêmes qu’elles courent. L’analyse des sentiments, sans être jamais pesante est finement précisée. Les mensonges ou les malentendus jouent un rôle important dans presque toutes les histoires. Et quasi immanquablement, l’héroïne féminine qui s’interroge, tergiverse, culpabilise, est livrée à une solitude poignante comme si elle était condamnée à ne jamais exister pleinement comme elle le voudrait et s’y résignait par manque d’audace.

L’auteur n’est pas à proprement parler présente dans ses nouvelles et pourtant, j’ai l’impression de la sentir ! Et je la trouve presque cruelle, d’une cruauté feutrée mais perceptible.

Je n’ai pas tout à fait terminé le recueil mais, pour l’instant, c’est la première nouvelle qui me paraît la plus réussie.

je lirai sans doute fugitives. Il me semble qu'en americain runaway désigne plutôt les fugueurs, quand il s'agit d'aolescents.

je n'avais pas trop accroché à la nouvelle titre de trop de bonheur, à cause de nombreux personnages, et d'une sensation d'éparpillement.