Lucien Castaing-Taylor,Leviathan

leviathan de Lucien Castaing-Taylor me tente bien; partis pour faire un moby dick, les réalisateurs ont modifié leur projet, les images de la pêche et de l'ocean me donnent envie de voir le fim ;
 
Nous étions fascinés par la mythologie qui entoure la pêche et l'aventure en mer, mais il y a peu de sujets que le cinéma ou la photographie ont autant représentés. Nous nous sommes demandés comment sortir de l'imagerie romantique du pêcheur, du labeur et de la mer...

On n'a pas idée de la dangerosité, de la violence de ce métier. Les tempêtes sont terribles, les chalutiers mal entretenus, prêts à couler à tout moment. Peu à peu, il nous est apparu que nos caméras replaçaient l'homme au cœur d'une immensité, qu'on le filmait réduit, aplati, morcelé, parmi les autres espèces. Qu'on le rattachait aussi à sa bestialité. Les humains sont les seuls animaux à ne pas se voir comme des animaux,  navigué dans le port, dans les tavernes, à boire, à écouter des histoires, et nous avons fini par trouver ce capitaine étonnant. Un type énorme, un véritable chasseur, qui tue des cerfs quand il est à terre et ne pêche pas. Et qui passe sa vie à jouer dans les casinos – il porte un tatouage avec son chiffre fétiche. Il souffre de narcolepsie, il s'endort à la barre.

C'était une rencontre bouleversante et comme dans nos films rien n'est écrit, nous l'avons suivi, nous avons embarqué avec lui. Notre point de vue s'est renversé, nous nous sommes tournés vers la mer, les profondeurs, la lutte des hommes face aux éléments...
 
l-article de telerama + video ;

L'essentiel est dit dans cet article : du cinéma experimental sur un documentaire; avec deux effets

- le premier : on est au coeur des éléments, c'est filmé de très près, on pense à certains moments à un poème dans la volonté de filmer ce bouillon de vie auquel participent les poissons coquillages, oiseaux et êtres humains : couleurs, lumières, cordages, filets.. la bande son de très grande qualité fait vivre les activités. les domaines s'interpénètrent, le bateau prolonge la mer, on est en immersion dans l'ocean, puis en plein ciel, mais les deux univers se touchent. C'est beau et violent

-Pour le spectateur :il a l'impression qu'on lui met la tête sous l'eau et qu'on l'y maintient, avec une sursaturation d'activités, d'eaux qui se répandent partout. Indéniablement le film est à voir, j'étais content de reprendre pied sur terre:) 

tu l'as vu, ton Excellence ? je voudrais bien le voir moi aussi !

oui, je l-ai vu ; on voit peu les humains, mais leurs activités, je suppose qu'il y a des accélérés; L'imporiant n'est pas là, mais filmée de nuit, cette pêche ravit les sens (yeux et oreilles) par un déferlement de sensations créées par des cameras numeriques; A la fin pourtant on demande grâce.

Autant flottaisons de Marcel Dinahet était calme, autant ici c'est torrentiel, sauvage, violent et frénétique. on a l'impression de s'y noyer.

l'avis du Temps

le film est une observation critique d’un système détraqué, exigeant que de pauvres gens risquent chaque jour leur vie sur des rafiots rouillés pour exterminer des millions de poissons, il se garde bien de le dire. Pas un mot n’y est prononcé, hormis les interjections des marins qui s’interpellent. Pas de commentaires, pas de musique, pas de fioritures. Leviathan s’évertue à balancer ses images comme une déferlante sur le pont d’un navire.

Et quelles images ! Parmi les plus impressionnantes de violence (1) et de mystère, on peut pointer les silhouettes colorées des marins sanglés dans leur ciré évoluant dans la nuit gluante, les vols en rangs serrés des mouettes filmées au plus près de la surface de l’eau, comme accrochées par un fil invisible à la poupe du bateau, les corps déchiquetés des poissons après équarrissage, les stalagtites de sang qui se forment sur un bastingage…

Toutes les séquences et bien d’autres racontent une réalité fantasmagorique, monstrueuse et organique dans laquelle hommes, poissons, mer, oiseaux, ferraille sont entremêlés dans un plasma originel, dont le film aurait retrouvé miraculeusement le chemin

(1) les ailerons de raies comme vous ne les mangerez plus....

je voudrais quand même le voir. Je cherche où il passe en ce moment.

deux reactions négatives dans mon entourage :

- l' une critique les effets de nuit comme faciles et dit s'être ennuyée, pendant des sequences trop longues

- l'autre, furieuse, dit en avoir autant vu que dans lesplans du sillage d'un ferry : en clair, des plans fixes trop longs et pris de trop près. A quitté la salle.

Ysandre, museau buté, grattant d'une patte arrière : "veux quand même le voir !"