lecture de textes

Selon bibliobs, les écrivains ne savent paslireleurs textes; Annie Ernaux serait une exception avec «l'Autre Fille»:

Citation :

«C'est mon unique texte à la deuxième personne, et il touche aux morts. J'étais la seule à pouvoir le lire. C'était aller au bout de la démarche que j'avais en l'écrivant: m'adresser à cette soeur que je n'ai pas connue. C'était difficile au début, puis je l'ai lu d'une traite, en une demi-journée, pour garder le souffle. J'ai vite oublié le micro. J'en suis sortie assez émue, avec le sentiment du devoir accompli.»

Je ne suis pas d'accord avec bibliobs : certains auteurs sont incapables de lire leurs textes, j'en conviens, j'ai d'ailleurs tendance à penser qu'ils ne savent pas non plus lire ceux des autres, du moins à voix haute.
J'ai encore en mémoire, et dans ma collection de disques précieux, Camus lisant L'étranger , c'est indicible, unique, bref, c'est sa lecture, ô combien éclairante sur ses intentions d'auteur.

je me suis habituée très tôt à lire des passages de livres à voix haute. La poésie, toujours. Les mots, le rythme des phrases, ont toujours été musique pour moi.
Le premier enregistrement à été très déstabilisant : je n'aimais pas ma voix. Ensuite, je m'y suis habituée (je ne l'aime toujours pas, mais je fais avec). Mon fils, musicien, me dit que je pourrais tirer davantage de cette voix basse. Oui, peut être, mais alors, ce serait du trafiqué ? donner aux mots autre chose que ce que je ressens ?  non ! j'ai toujours aimé les gens de théatre ou du cinéma qui parlaient avec "leur vraie voix, avec leurs tripes". Je dis des textes avec ma vraie voix, je pense tous les mots, j'y apporte ce que je ressens. Alors pourquoi mettre autre chose ? je sais parler avec une voix d'aéroport !   il parait que ça "énerve" les hommes ! une voix qui tombe dans leur bas ventre, m'a dit un ami !

j'ai entendu de bons textes lus par des écrivains, et parmi ceux-ci Maylis de Kerangal qui donnait l'incipit de Corniche Kennedy. Excellent, et le texte ne démentait pas cette lecture.

En revanche j'ai entendu François Bon lire des passages de son Dylan d'une manière très rythmée, ce que je n'ai pas retrouvé dans le texte.

bonne lecture aussi de Mathias Enard dans le voleur.

Il arrive souvent que le texte soit lu par un comédien ou une comedienne pour laisser un temps libre à l'auteur, qui doit ensuite répondre aux questions, ou prend un temps de repos après avoir lu lui-même un texte de son choix dans sa langue maternelle.

le choix du texte, les inflexions et les sonorités donnent des indications intéressantes au lecteur/écouteur, pause salutaire parfois dans des entretiens laborieux ou convenus. Enfin du concret  

il faut bien s'imprégner du texte pour "le rendre" au plus près des intentions de l'auteur.