edward Abbey

Désert solitaireest paru en 1968. Il a été salué par la critique : le New York Time n'avait pas peur des mots "Un chef-d'oeuvre ... Edward Abbey gardien du monde".
C'était le plus célèbre des écrivains de l'Ouest. L'anarchiste du désert, un poète, un terrible polémiste, et un pionnier de la lutte pour l'environnement : la publication de Désert solitaire en 1968, de ce point de vue, a marqué un tournant décisif.
379 pages.

"Peu de livres ont autant déchainé les passions que celui que vous tenez entre les mains. Publié pour la première fois en 1968, Désert solitaire est en effet de ces rares livres dont on peut affirmer sans exagérer qu’il "changeait les vies" comme l’écrit Doug Peacock.
À la fin des années 1950, Edward Abbey travaille deux saisons comme ranger dans le parc national des Arches, en plein cœur du désert de l’Utah. Lorsqu’il y retourne, une dizaine d’années plus tard, il constate avec effroi que le progrès est aussi passé par là. Cette aventure forme la base d’un récit envoûtant, véritable chant d’amour à la sauvagerie du monde, mais aussi formidable coup de colère du légendaire auteur du Gang de la Clef à Molette.

Chef d'œuvre irrévérencieux et tumultueux, Désert solitaire est un classique du Nature Writing et sans conteste l’un des plus beaux textes jamais inspirés par le désert américain."

Je l'ai commencé. C'est vrai que, dès les premières pages, on tombe en amour pour les paysages, la poésie qui s'en dégage (j'en fais des rimes !!! heu...) et la manière dont les décrit l'auteur.

Ce livre pourrait être barbant ! oui, il est seul dans le désert américain, il observe la faune, la flore, il connait des tas de choses sur la formations des arches de grès, des canions.
Ce fou de la nature sauvage est un philosophe, il déborde d'idées, de révolte aussi ....

La pauvreté des Navajo est guérissable et sera guérie d’une manière ou d’une autre – par la justice ou par la guerre. Il est en revanche peu probable que le mode de vie navajo, distinct des Navajo eux-mêmes, puisse survivre. Inférieurs en nombre, encerclés et débordés, les Navajo se verront sûrement forcés, en réaction d’autodéfense, à se corrompre pour se couler dans le moule imposé par les diktats de l’économie industrielle. Aujourd’hui Noirs à peau rouge, ils doivent apprendre à devenir des Blancs marron à carte de crédit et sensibilité cravatée.
ou encore ...
L'odeur du genévrier qui brûle est la plus belle odeur au monde, à mon humble avis (...). Comme la fragrance de la sauge après la pluie, une simple bouffée de fumée de genévrier suffit à évoquer, par une sorte de catalyse magique comme en produit parfois la musique, l'espace, la lumière, la clarté et l'étrangeté poignante de l'Ouest américain.
Il y a des images belles, des idées fortes dans ces pages-là.

j'ai repris, hier, la lecture de Désert solitaire abandonnée à l'arrivée dans ma vie de couleur corail de Nicole Yrle. Et puis tout un tas de choses m'ont fait retarder ma reprise.
Ce livre est prenant. Pas très facile à lire, mais on est accroché par la conviction et les propos d'Edward Abbey. Je continue et j'en parlerai quand je l'aurai terminé.

j'ai terminé ce livre cette nuit. Il faut maintenant que je réfléchisse:scratch: . Il ne s'agit pas de raconter n'importe quoi sur une oeuvre aussi belle, aussi poétique, pleine de vérité sur le monde sauvage, ce que les américains en ont fait par goût du profit, et que d'autres peuples dont le nôtre, ont copié avec application et imbécilité.

je crois que je vais faire ce compte rendu en plusieurs fois. Ce livre me tient à coeur, ce récit est atypique, montrer la beauté là où elle n'existe pas pour le commun des mortels est une gageure. Il a réussi ce tour de force, avec une poésie, une profondeur étonnantes ! Ses commentaires peuvent sembler parfois bizarres, je ne suis pas toujours en accord avec ses jugements à l'emporte-pièce, mais dans sa solitude, il est en communion si étroite avec le monde sauvage qu'il l'est devenu un peu lui-même.
Se confronter de manière aussi directe au noyau nu de l'existence, à l'élémentaire, au fondamental, au socle de pierre qui nous soutient, relève du prodige.
Dans la deuxième partie, il part sur le fleuve Colorado avec un ami, pour profiter une dernière fois de la beauté intacte de Glen Canyon. Un deuxième barrage va être construit et s'en sera finit de Wilderness (monde sauvage). Ils n'ont que deux canots pneumatiques, des vivres en suffisance, leurs sacs de couchage, de quoi pêcher, leurs pipes et leur tabac !
Ils vont affronter les rapides, découvrir les canyons annexes véritables paradis préservés, parce que peu accessibles à l'homme. Et ces deux là savent regarder, ressentir, admirer, et l'auteur sait transcrire par des mots, l'indicible. Au fond du canyon, bousculés par le flot tumultueux, ils goûtent une rare félicité. J'ai partagé, autant que faire se peut !
Dans la dernière partie, il s'absente de son poste de ranger dans le désert de l'Utha pour se rendre au sommet du mont Tukunikivat (là où le soleil s'attarde) baptisé ainsi par les Utes.
Brûlé par son été dans la fournaise, il aspire à la fraîcheur des sommets encore enneigés, des ruisseaux glacés. En fait, il veut avoir froid ! Et là encore, je l'accompagne dans la neige tout en haut, il décrit son périple avec précision et poésie. C'est une poésie rude, sans mièvrerie, tantôt brûlante, tantôt glacée, émaillée de descriptions très belles et très vraies, entrecoupée de réflexions humoristiques et brutes de décoffrage.
à suivre.

d'accord ! numerote les épisodes 1/3 2/3 etc pour en faire un feuilleton, avec publications successives espacées -comme tu l'entends.

ne raconte pas les peripeties mais traduis le plaisir éprouvé, comme tu fais d'hab.

non ! je ne veux pas faire "un feuilleton" !  juste ajouter un deuxième et dernier volet. Il parle également des indiens Navajo.

2/2
La pauvreté des Navajo est guérissable et sera guérie d’une manière ou d’une autre – par la justice ou par la guerre. Il est en revanche peu probable que le mode de vie navajo, distinct des Navajo eux-mêmes, puisse survivre. Inférieurs en nombre, encerclés et débordés, les Navajo se verront sûrement forcés, en réaction d’autodéfense, à se corrompre pour se couler dans le moule imposé par les diktats de l’économie industrielle. Aujourd’hui Noirs à peau rouge, ils doivent apprendre à devenir des Blancs marron à carte de crédit et sensibilité cravatée."
Il dit cela dans les années 60, et c'est ce qui est arrivé. Mais dans ce livre, il parle de ce peuple avec un respect et une admiration qui sous entend une grande connaissance de ces hommes. Il les a fréquentés, a vécu en osmose avec eux, ils ont travaillé ensemble.
Dans les presque dernières pages, il raconte son passage chez les Havasupai, toujours dans un canyon mais devenu "réserve" ! Il parle avec émotion de leur dignité, de leur village près d'une grande chute d'eau, il est venu en voisin mais ne s'impose pas (on ne l'a pas invité). Il va vivre quelques jours à l'écart, dans une ancienne mine.
j'ai ressenti très fort la sympathie qu'il avait pour eux, sa révolte et son dégoût pour ce que leur ont fait les blancs.
"aurais-je été invité que je n'aurais peut-être pas accepté. Je ne sais pas si j'aimerais que des étrangers regardent de près ma vie quotidienne et mes coutumes, étudient mon langage ..... et évaluent mes chances de survie culturelle."
Il ne s'apitoie pas, ce serait leur faire outrage. Il constate simplement.
Voilà, je m'arrête là. Je crois que je vais penser longtemps à ce livre, à tout ce qu'il contient de beau et de sévère. Penser à ce désert de l'Utah que j'ai vu par ses yeux.
Je vous le recommande, il mérite d'être lu. Si vous ne le faites pas, tant pis ! il y a peu d'ouvrages de ce type, je pense. Il peut être difficile au départ de se trouver en tête avec ce type pas facile, qui balance des vérités comme on balance des pierres, en plein désert de l'Utah, mais qu'est-ce qu'il gagne à être connu !

j'ai terminé de lire ce livre le 5 août, je continue d'y penser....pendant que je me repose, j'écoute le silence de mort du canyon. Pas de vent, pas de brise, pas d'oiseaux, pas d'eau qui coure ; rien que le mouvement de ma respirations.
Seul dans le silence, je comprends, un instant, l'effroi que beaucoup éprouvent en présence du désert primordial, la peur inconsciente qui les pousse à domestiquer, altérer ou détruire ce qu'ils ne peuvent pas comprendre, à réduire le sauvage et le préhumain à des dimensions humaines.
je n'ai pas fini de m'en rappeler des passages, des impressions, je n'en ai pas finit avec ce bouquin ! 

je vais y jeter un oeil, pour que ce fil ne soit pas un désert solitaire:sifl: 

merci mon Excellence, tu es bon ! c'est vrai que je me sens solitaire sur ce fil, je ne suis sans doute pas assez convaincante.... mais il dit tant de belles choses, Edward Abbey, j'en rêve encore..... 

A lire le début, je me rappelle le film "in the wild", sauf qu'ici, en plus du paysage, on a des petites souris et  quelques crotales ou gophères en idylle.
 
Rien de pesant dans les descriptions, tout est integré dans un journal. Walden de thoreau a décidément  marqué les Americains.
 
 
on est  en plein western, sans chevaux, mais avec des fleurs de cactus.
 
 
Gophère polyphème ou Tortue gaufrée. Peu de dialogues évidemment  

oui, il est très marqué par Thoreau, je l'ai noté à plusieurs reprises. Même si j'ai été un peu déroutée au départ, je me suis vite laissée prendre par ses descriptions poétiques , son osmose avec ce milieu particulièrement hostile, mais d'où il tire une satisfaction évidente, et même un bien-être. Il "sait" le désert, il en goûte chaque particularité et nous fait partager son regard sur les êtres vivants et les beautés étranges du paysage.
Il n'est pas dans la facilité : nous admirons les choses douces qui nous entourent, lui il est dans le sauvage absolu, dans le rare, et il nous fait ressentir son émotion, son amour.

L'auteur veut eviter les faciles anthropomorphismes sur les conduites des animaux, même si les comparaisons avec "une jeune fille" viennent parfois sous sa plume. Oui, le désert... 

il regarde souvent le paysage "comme un serpent" ou "à hauteur de serpent" ce qui correspond à "au ras des pâquerettes" dans les lieux autres que désertiques. Cette attitude appropriée l'amène à vitupérer contre les tenants d'un tourisme industriel, à préconiser l'usage du cheval ou de la bicyclette pour une visite certes plus courte, mais plus minutieuse et respectueuse.

Défenseur des pumas et des coyotes, il s'en prend aux bergers pleurnicheurs sur un agneau dévoré, et les présente comme "riches comme des porcs avec des têtes de cochons". Indignation qui soulève son texte. L"'inventaire" qu'il reconnaît présent dans son ouvrage, a pour but de montrer une richesse et une diversité menacées de disparition.

Manifeste écologique ? en tout cas vécu sur le terrain, pas dans un bureau avec des statistiques...

oui, je sais, j'ai trouvé son côté écolo-pur et dur, un peu dérangeant parfois parce qu'il est intraitable. Mais sans adhérer totalement à tous ses diktats, je ne pouvais pas m'empêcher de me dire qu'il avait souvent raison, parce que, ce qu'il dénonçait et prévoyait dans les années 60 s'est bel et bien produit ! je suis allée sur Google pour voir où en étaient actuellement le désert de l'Utah, les canyons, le fleuve Colorado, les indiens .... Ah ! ça doit être super de prendre un gros 4 x 4 pour visiter (en bousillant l'éco systyme), de faire du rafting sur le Colorado "assagi" par les barrages, etc... Il est mort presque à temps, pour ne pas voir ça ! 

il m'a souvent fait sourire quand il disait leurs quatre vérités aux touristes, qui prenaient ça pour des boutades et riaient bêtement,
- des animaux dangereux par ici, ranger ?
- non, seulement des touristes. (Eclat de rire ; dite la vérité, ils ne vous croiront jamais !)

Dans ma médiathèque désert solitaire est rangé au rayon "geographie". Abbey intègre à la relation de son expérience des histoires du lieu.

A l'inverse Olivier Truc dans le dernier lapon, livre à recommander, intègre le paysage et son devenir dans une histoire policière. A noter  

hé oui, tu ranges, toi ! y en a d'autres qui....  

si je puis me permettre, ton Excellence ...  tu ne t'ennuies pas trop dans le désert de l'Utah ?

non, j'ai lu la moitié du livre avec plaisir, puis j'ai dû le rendre à la médiathèque qui m'avertissait d'une réservation en attente.

rhoooooooo ! tu as raté : sa rencontre avec le cheval redevenu sauvage, sa descente du fleuve Colorado avec son ami, son ascension du mont Tukunikivats avec la neige du sommet ! que c'est dommage.... 

tu parleras peut-être plus avant de la partie que tu as lu ? 

je l'ai aperçu en biblio, j-ai eu envie finalement trop gros pour moi en ce moment, mais à retenir !

je vais le réclamer à la médiathèque.... à cors et à cris !
Le mot "outrancier" est cité par toi, Rotko. Oui, je l'ai dit dans mon compte rendu de Désert solitaire, il y a de l'outrance dans ses révoltes, dans ses raisonnements, sa façon radicale d'envisager le monde, mais il est "habité" par ces endroits, plus qu'il ne les habite, toute la sauvagerie de ces espaces, il est en phase avec !

c'est le retour du gang .... que tu as lu ? donc le deuxième ! j'ai cru bon de prendre le premier le gang des clefs à molettes il est vraiment incroyable ! puisque tiré de faits réels ! la vie sans fioritures à la fin des années 50, l'Amérique sauvage volée aux Indiens qui se transforme à coups de pelleteuses, d'engins géants et destructeurs ! et puis les portraits bien brossés des révoltés. Cette fois, il y a beaucoup de dialogues, ils mettent "dans l'ambiance" et rendent compte d'une époque bizarre où des personnages allaient furieusement à l'encontre du gouvernement !