Colette

En fait dans ton post tu faisais la demande et la réponse :

Citation :

Y a-t-il effectivement des messages à saisir ou Colette ne fait-elle que décrire ce qui l'entoure?

Citation :

elle se positionne en observatrice

Citation :

Vous êtes la fière impudeur, le sage plaisir, la dure intelligence, l’insolente liberté

Citation :

une inaptitude à départir le bien du mal la situait dans un état d’innocence.

Et comme le dit Fontelle

Citation :

vivez votre vie en jouissant au maximum de vos sens , au jour le jour

,

Colette ignore la notion de péché.

On m'avait prété deux Claudine. Je n'ai pas reussi à les finir (et ce n'est pas souvent que ça m'arrive). J'avais déjà passé l'adolescence, hélàs ?
Son style ne me touche pas spécialement. Et les histoires furent un véritable calvaire. Que c'est niais.
J'aurais voulu faire manger le roman à Claudine, pour qu'enfin, elle se taise.

C'est effectivement vers le "pur et l'impur" que je me tournerai un jour. Pour me laisser une chance de comprendre comment elle a tant pu marquer.

Je n'ai pas lu les Claudine. Essaie les vrilles de la vigne et Sido, les deux oeuvres sont regroupées dans le livre de poche.

Une langue à savourer.

Les "Claudine" ne sont pas de Colette en entier, mais de Willy (son premier mari) qui exploita la toute jeune Colette sa femme, pour ses qualités littéraires en lui dictant ce qsu'elle devait écrire..
En tout cas, rien à voir avec es écrits de Colette seule

Il y a sur ce site de nombreux extraits de l'oeuvre ce Colette, et là
un passage de Journal à rebours que j'aime bien.

Les Claudine, en effet...
Ce que je préfère de Colette, c'est son Journal, les recueils de ses articles, L'étoile Vesper, le Fanal bleu, etc...

C'est vraiment de la belle langue, très musicale. Lisez tout haut, vous verrez bien, on ne s'essouffle jamais.

aux editions du félin, Billets de théâtre : Ballets russes, Guitry, Mistinguett... , les chroniques litteraires de Colette journaliste.

Stephen Frears avait présenté au dernier Festival de Berlin en avant-première mondiale «Chéri», adaptation du roman de Colette.

Le film sortira en France le 8 avril.



avec Michelle Pfeiffer.

Chéri,livre de poche



Une scène de chamaillerie amoureuse ouvre le récit de la dernière idylle de Léa, la cocotte de luxe, avec un beau garçon qu’elle a connu enfant.

Citation :

« Devant les rideaux roses traversés de soleil, il dansait, tout noir, comme un gracieux diable sur fond de fournaise. Mais quand il recula vers le lit il redevint tout blanc, du pyjama de soie aux babouches de daim ».

Le regard de Colette inspecte le décor, montre le luxe et le toc, des cet appartement de femme entretenue où se sont prélassés des oisifs corrompus, dans des senteurs de musc et de stupre.
Elle dissèque les comportements du jeune insolent et de la cocotte qui cache ses émois sous une indifférence blasée.

Colette excelle dans les conversations qui égratignent, et dans les tableaux qui montrent des « beautés sur le retour » :

Citation :

Assises à une table de jeu, la baronne de la Berche et Mme Aldonza jouaient au piquet. Mme Aldonza, une très vieille danseuse, aux jambes emmaillotées, souffrait de rhumatisme déformant, et portait de travers sa perruque d’un noir laqué. En face d’elle et la dominant d’une tête et demie, la baronne de la Berche carrait d’inflexibles épaules de curé paysan, un grand visage que la vieillesse virilisait à faire peur. Elle ‘était que poils dans les oreilles, buissons dans le nez et sur la lèvre, phalanges velues…

La finesse de l’observation psychologique fait que derrière les petites touches de Colette, Maupassant apparaîtrait pataud.

Chéri

On se prend à espérer qu’au cinéma la camera saura rendre la présence des miroirs qu’interroge sans cesse Léa, à la fois reflet et scrutatrice.
Pour le réalisateur la difficulté est de rendre ce mélange d’observations fines et d’images révélatrices qui témoignent du talent de Colette écrivain.

Citation :

« A mesure qu’elle parlait, elle accroissait son mal, le changeait en un chagrin cuisant, agressif et jaloux, un chagrin bavard de jeune femme. Le fard sur ses joues, devenait lie-de-vin, une mèche de cheveux, tordue par le fer, descendit sur sa nuque comme un petit serpent sec. »

Ma foi, tout ceci me donne envie d'aller plus loin ! Notamment tous les extraits cités par rotko

Pour ma part, je viens de finir La Maison de Claudine. C'est un pur hasard, en un sens, qui m'a amenée à lire ce livre. Disons que je n'étais pas allée à la bibliothèque municipale de chez mon père depuis des mois ; je voulais y emprunter quelques livres, j'avais des noms d'auteurs en tête, et je ne pensais pas à Colette, mais il faut croire qu'un fan de cette auteur a légué toute sa collection à la dite bibliothèque car toute une rangée de livres est occupée par les livres de cette femme, ce qui n'est pas anodin dans une bibliothèque aussi petite. Je ne savais pas qu'elle en avait écrits autant, en tout cas ! Etant donné que je ne connais rien de Colette, si ce n'est que lorsque les profs ou les manuels parlent d'elle, c'est à La Maison de Claudine qu'ils font allusion, j'ai décidé d'emprunter ce livre-là.

Je n'ai pas été déçue ; j'ai beaucoup aimé sa plume, qu'il est en effet agréable de lire à haute voix. Voici un petit extrait :

Et elle riait, ma mère en deuil, elle riait de son rire aigu de jeune fille, et frappait dans ses mains devant le petit chat... Le souvenir fulgurant tarit cette cascade brillante, sécha dans les yeux de ma mère les larmes du rire. Pourtant, elle ne s'excusa pas d'avoir ri, ce jour-là, ni ceux qui suivirent, car elle nous fit cette grâce, ayant perdu celui qu'elle aimait d'amour, de demeurer parmi nous toute pareille à elle-même, acceptant sa douleur ainsi qu'elle eût accepté l'avènement d'une saison lugubre et longue, mais recevant de toutes parts la bénédiction passagère de la joie - elle vécut balayée d'ombres et de lumière, courbée sous des tourmentes, résignée, changeante et généreuse, parée d'enfants, de fleurs et d'animaux comme un domaine nourriciers.

Je suis du même avis que Rotko lorsqu'il dit :

Citation :

Pour moi, l'essentiel est son écriture : une prose poétique qui sait varier les rythmes et donner des images, une langue qui "donne à voir et à ressentir".

Et je pense que cette prose poétique lui permet de rendre un magnifique hommage à sa mère, exactement comme Albert Cohen, dans Le Livre de ma mère. L'ensemble de l'oeuvre ressemble à un tissu plutôt décousu retenu par ce fil de l'hommage. Colette évoque la vie de sa mère, sa manière de penser, et lorsqu'elle s'intéresse à des animaux, nous sommes encore dans l'ordre de l'hommage, puisque cet amour de la nature qui caractérise l'auteur, c'est de sa mère qu'il lui vient, celle-ci n'étant pas même capable d'ôter la vie à une chenille ou même à une araignée.

A cette prose poétique s'adjoint de nombreuses marques d'humour ; en témoigne par exemple une scène entre la mère et le curé :

Elle se hérissa comme une poule batailleuse :
"Mon chien ! Mettre mon chien à la porte de l'église ! Qu'est-ce que vous craignez donc qu'il y apprenne ?
- Il n'est pas question de...
- Un chien qui est un modèle de tenue ! Un chien qui se lève et s'assied en même temps que tous vos fidèles !
- Ma chère madame, tout cela est vrai. N'empêche que dimanche dernier il a grondé pendant l'élévation !
- Mais certainement, il a grondé pendant l'élévation ! Je voudrais bien savoir qu'il n'ait pas grondé pendant l'élévation ! Un chien que j'ai dressé moi-même pour la garde et qui doit aboyer dès qu'il entend une sonnette !"

On sent l'engagement de la féministe poindre à certains endroits :

"Tout ça n'est pas bien grave, assurait mon père.
- Oh ! toi... Pourvu qu'on ne trouble pas ta cigarette d'après-déjeuner et ta partie de dominos... Tu ne songes même pas qu'à présent la petite couche en haut, et qu'un étage, la salle à manger, le corridor, le salon, la séparent de ma chambre. J'en ai assez de trembler tout le temps pour mes filles. Déjà l'aînée qui est partie avec ce monsieur...
- Comment, partie ?
- Oui, enfin, mariée. Mariée ou pas mariée, elle est tout de même partie avec un monsieur qu'elle connaît à peine."

Colette s'intéresse beaucoup aux simples détails, des détails qui ont une importance pour elle qui nécessairement nous dépasse ; là encore, j'ai eu le sentiment de retrouver Le Livre de ma mère, avec ce dialogue intimiste entre l'enfant et sa mère. "Lecteur, je te permets d'entrer, mais ne nous dérange pas." Parfois, Colette semble même dialoguer juste avec elle-même.

Elle reconnaît ses défauts de mémoire, la mémoire... L'un des points majeurs lorsque l'on touche à l'autobiographique :

La suite de cet entretien manque à ma mémoire. La coupure est aussi brutale que si je fusse, à ce moment, devenue sourde. C'est qu'indifférente à la Fille-de-mon-père, je laissai ma mère tirer de l'oubli les morts qu'elle aimait, et je restait rêveusement suspendue à un parfum, à une imagine suscités : l'odeur de chocolat en briques molles, la fleur creuse éclose sous les pattes du chat errant...

Enfin, elle n'hésite pas à se laisser aller à la fantaisie, s'amusant ainsi à faire parler un chien ou à interpréter les actions des chats.

Bref, bref, bref, Colette ne va pas avoir la chance de se débarrasser de moi ; elle aura de mes nouvelles !
J'ai beaucoup apprécié cette lecture, et je ne compte pas en rester là.

Citation :

"Maman, pourquoi est-ce que je ne peux pas lire Zola ?"
Les yeux gris, si malhabiles à mentir, me montraient leur perplexité :
"J'aime mieux, évidemment, que tu ne lises pas certains Zola...
- Alors, donne-moi ceux qui ne sont pas "certains"?"
Elle me donna La Faute de l'abbé Mouret, Le Docteur Pascal et Germinal. Mais je voulus, blessé qu'on verrouillât, en défiance de moi, un coin de cette maison où les portes battaient, où les chats entraient la nuit, où la cave et le pot à beurre se vidaient mystérieusement - je voulus les autres. Je les eus. Si elle en garde, après, de la honte, une fille de quatorze ans n'a ni peine ni mérite à tromper des parents au coeur pur. Je m'en allais au jardin, avec mon premier livre dérobé. Une assez douceâtre histoire d'hérédité l'emplissait, mon Dieu, comme plusieurs autres Zola. La cousine robuste et bonne cédait son cousin aimé à une malingre amie, et tout se fût passé comme sous Ohnet, ma foi, si la chétive épouse n'avait connu la joie de mettre un enfant au monde. Elle lui donnait le jour soudain, avec un luxe brusque et cru de détails, une minutie anatomique, une complaisance dans la couleur, l'odeur, l'attitude, le cri, où je ne reconnus rien de ma tranquille compétence de jeune fille des champs. Je me sentis crédule, effarée, menacée dans mon destin de petite femelle...

Ca me fait penser à la scène d'accouchement dans Pot-Bouille. Il me semble que j'avais lu quelque part que certains lecteurs de l'époque auraient littéralement vomi à la lecture de ce texte lol

Pour Chéri, le film, voir le fil de stephen Frears.

j'ai pu faire la comparaison car j'ai lu le récit juste avant d'aller voir le film .

Le 9 novembre 2010 à 20 h 30.Spectacle Colette au Théâtre du Châtelet, Paris 1er.

Il s'agit de sauver la maison natale de l'ecrivain, mise en vente par ses derniers propriétaires, pour , à plus ou moins long terme (attente des "phynances" !), en faire un lieu d'hommage ouvert au public.

Participent à cette opération de sauvetage : Mathieu Amalric, Carole Bouquet, Leslie Caron, Arielle Dombasle, Andréa Ferréol, mais encore Guillaume Gallienne, Sabine Haudepin, Juliette, Judith Magre, François Marthouret, Didier Sandre.

Si je me rappelle bien, il y a un musée Colette à Saint Sauveur, pas très loin de sa maison natale qui était jusque là occupé par des particuliers.
Il est sûr qu'on a envie de relire les textes de cette auteure dans cette maison, mais ça risque de faire doublon pour une petite commune...

une petite retrospective Colette dans l'Express.

je crois que l'article noircit le tableau, Colette a-t-elle vraiment connu un discrédit ? moi j'ai toujours aimé sa facon d'écrire dans ce que j'ai lu (pas lu les Claudine, c'est vrai)


Gérard Bonal, Frédéric Maget, les cahiers de l'herne.

Moi aussi, j'ai toujours aimé Colette, je me rappelle avoir lu en cachette Le blé en herbe !
Je crois que l'article de l'Express ne noircit pas tant que ça le tableau : il a longtemps été de bon ton de dénigrer Colette ou, au moins, d'en parler avec condescendance, je me souviens de quelques remarques apitoyées de collègues profs qui s'étonnaient de mon goût pour cet écrivain. Il est vrai qu'au fil des ans, j'ai entendu le même genre de propos sur... V. Hugo !

je l'aimais passionnément quand j'avais 13 ans. Je l'aime toujours mais il y a longtemps que je ne me suis pas replongée dans ses livres. Vous me donnez envie de retourner marcher dans ses pas.
Je n'avais pas commencé par les Claudine.. mais par Sido, j'y retrouvais ma grand-mère décédée récemment, je goûtais cette poésie olfactive qui correspondait si bien à mon état d'esprit d'alors... La chatte m'interpelait gravement... mon amour pour les animaux y trouvait son compte. Et puis, il y a eu les autres, les vrilles de la vigne, Chéri, le blé en herbe, des nouvelles, des titres dont je ne me souviens plus.. quand j'ai voulu entreprendre les Claudine... je me suis arrêtée au premier ! même aussi jeune que je l'étais alors, j'avais senti un décalage, flairé une autre odeur... qui ne me plaisait pas ! j'ai lu plus tard l'histoire avec son mari Willy.
je vais à la médiathèque cet après midi. Pourvu qu'ils aient Colette

Ces femmes libres qui vivaient leur sexualité avec fantaisie inquiètent toujours! J'aime également Colette qui a un style vif et alerte. J'ai appris que sa maison natale qui appartenait à un médecin vient d'être rachetée par ??? la mairie? le conseil Général?? je ne sais, mais pour en faire un lieu de visite.

J'ai retrouvé son style inégalable, foisonnant, pur, mêlé de sensualité fraîche... son don d'observation au service de la nature, des êtres et des animaux. C'est un vrai régal !
la chatte, Sido, les vrilles de la vignes pour l'instant. Quand je vais retourner à la médiathèque, je vais en reprendre d'autres (livres d'elle).
Le problème, est que ses nouveaux lecteurs, ceux qui là découvrent, commencent souvent par les Claudine. Grosse erreur, on n'y trouve que son style, puisque c'est son premier mari, Willy, qui lui en a donné la trame.
Je relis plus que je ne découvre, mais en prenant connaissance des messages ci dessus, je m'aperçois que je n'ai pas tout lu ! notamment, Le pur et l'impur, je vais vite remédier à cette carence.

Citation :

ne commence surtout pas par lire les Claudine beaucoup le font et ils s'arrêtent là. C'est son premier mari qui lui donnait la trame ! un dénommé Willy qui ne valait pas tripette. Elles ont eu du succès parce qu'il y avait un parfum de soufre et l'inimitable style de Colette.

Une amie me l'a conseillée même si c'est comme elle dit un peu "cul-cul la praline"(j'ai vérifié sur le net pour l'orthographe).....

Retour de la promenade sur la plage, pas un nuage et une mer d'huile.......les gens ramassent des morceaux d'arbres à la tronçonneuse, curieuse image.

cleo a écrit:

Citation :

ne commence surtout pas par lire les Claudine beaucoup le font et ils s'arrêtent là. C'est son premier mari qui lui donnait la trame ! un dénommé Willy qui ne valait pas tripette. Elles ont eu du succès parce qu'il y avait un parfum de soufre et l'inimitable style de Colette.

Une amie me l'a conseillée même si c'est comme elle dit un peu "cul-cul la praline"(j'ai vérifié sur le net pour l'orthographe).....

Retour de la promenade sur la plage, pas un nuage et une mer d'huile.......les gens ramassent des morceaux d'arbres à la tronçonneuse, curieuse image.

moi j'aime bien les "Claudine" un peu coquin.... Mais dialogue de bêtes est un régal, ses contes également. Parmi les romans, je n'ai pas tout lu, mais j'ai un faible pour Le blé en herbe.

celle ou celui qui t'as dit que c'était cucul la praline n'a surement lu que les Claudine toujours le même problème avec Colette ! son premier mari Willy qui lui a dicté ses premiers livres !!!!
ça m'énerve !
il faut aller plus loin, que diable ! lire tout ce qu'elle a écrit en dehors de ces m....
elle a été prix Goncourt, et secrétaire du Goncourt (à l'époque, il n'y avait pas de femmes !)
Athée, divorcé plusieurs fois, elle n'a pas eu droit à un enterrement chétien, mais c'est la première femme a avoir eu des funérailles nationales. et puis, aussi, Rotko en a parlé en bien, ce qui me conforte dans mes idées. C'était aussi une grande amie de Jean Cocteau, ce n'est pas une référence, ça ?

Je crois avoir à peu près tout lu de Colette et on s'aperçoit qu'elle a écrit des choses très différentes dans un style très personnel que, personnellement, j'ai toujours aimé. Elle a été élue à l'Académie Goncourt et en a même été la présidente mais je ne crois pas qu'elle ait eu le prix du même nom.

si, il me semble Nic elle a eu le prix Goncourt, je ne suis pas allée voir dans Wiki, et il doit y avoir là des choses qu'y m'ont échappé.