Stendhal

Citation :

Cette méditation sur ce qui avait pu faire peur à l'homme heureux et puissant contre lequel, une heure auparavant, il était bouillant de colère, acheva de rasséréner(3) l'âme de Julien. Il fut presque sensible un moment à la beauté ravissante des bois au milieu desquels il marchait. D'énormes quartiers de roches nues étaient tombés jadis au milieu de la forêt du côté de la montagne. De grands hêtres s'élevaient presque aussi haut que ces rochers dont l'ombre donnait une fraîcheur délicieuse à trois pas des endroits où la chaleur des rayons du soleil eût rendu impossible de s'arrêter.

Julien prenait haleine un instant à l'ombre de ces grandes roches, et puis se remettait à monter. Bientôt par un étroit sentier à peine marqué et qui sert seulement aux gardiens de chèvres, il se trouva debout sur un roc immense, sûr d'être séparé de tous les hommes. Cette position physique le fit sourire, elle lui peignait la position qu'il brûlait d'atteindre au moral. L'air pur de ces montagnes élevées communiqua la sérénité et même la joie à son âme. Le maire de Verrières était bien toujours, à ses yeux, le représentant de tous les riches et de tous les insolents de la terre ; mais Julien sentait que la haine qui venait de l'agiter, malgré la violence de ses mouvements, n'avait rien de personnel. S'il eût cessé de voir M. de Rênal, en huit jours il l'eût oublié, lui, son château, ses chiens, ses enfants et toute sa famille. Je l'ai forcé, je ne sais comment, à faire le plus grand sacrifice. Quoi ! plus de cinquante écus par an ! Un instant auparavant, je m'étais tiré du plus grand danger. Voilà deux victoires en un jour, la seconde est sans mérite, il faudrait en deviner le comment. Mais à demain les pénibles recherches.

Julien, debout sur son grand rocher, regardait le ciel, embrasé par un soleil d'août. Les cigales chantaient dans le champ au-dessous du rocher, quand elles se taisaient tout était silence autour de lui. Il voyait à ses pieds vingt lieues de pays. Quelque épervier parti des grandes roches au-dessus de sa tête était aperçu par lui, de temps à autre, décrivant en silence ses cercles immenses. L'œil de Julien suivait machinalement l'oiseau de proie. Ses mouvements tranquilles et puissants le frappaient, il enviait cette force, il enviait cet isolement.

C'était la destinée de Napoléon, serait-ce un jour la sienne ?

Stendhal,Le Rouge et le Noir,I,10. Dans ce texte Stendhal fait une description minutieuse de la nature des bois et quelle tranquillite elle apporte au caractere du protagoniste " Julien Sorel".
Stendhal par son esprit realiste leche beaucoup de details sur la place ce qui rend la scene visuelle mais aussi il eprouve ici un grand amour pour la nature.
Enfin,Sorel se compare à Napoleon ce qui met en relief son caractere fascine par le grandeur de Bonaparte.

Un bel exemple de la notion et du sentiment d'altitude chez Stendhal, qu'on retrouve dans plusieurs romans : la tour Farnèse dans la chartreuse, ce texte et le clocher dans le Rouge etc.

Ce sentiment de l'altitude est bien développé chez Jean Pierre Richard, et les premières pages du Rouge montrent Julien à lire dans un arbre. Ce perchoir en altitude révèle la recherche du refuge, le retrait d'un monde dont les bassesses et les contingences, perdent, vues de haut leur caractère menaçant.

Enfin, même si Julien Sorel veut s'elever dans la hierarchie sociale en se mêlant au monde, il éprouve souvent, comme Lucien Leuwen, le besoin de s'abstraire de la société pour reposer et cultiver son moi intime. Une préoccupation du bonheur personnel héritée de J.J Rousseau, souvent cité par Stendhal.

Exactement, Rotko, dans le passage precedent on trouve des themes romantiques comme son refuge dans la nature et son besoin d'etre seul loin de la societe corrompue (on peut trouver ici une similarite avec les idees de J.J.Rousseau : l'homme nait bon et c'est la societe qui le corrompe). De meme il denonce les personnages riches et egoistes comme M.Renal mais ca n'empeche pas son desir arriviste et la grandeur de ses ambitions (c'est un trait realiste)

Encore quelques bonnes frequentations de GDS* et tes notes en litté française s'amelioreront.

Stendhal n'est pas chateaubriand ou Lamartine, et je doute que tu trouves des paysages romantiques, avec bois et lune du soir. Il mentionne un décor, qui n'est pas à mon sens un refuge dans la nature, mais un refuge loin de la mesquinerie des hommes.

Dans la chartreuse, c'est, je crois, le même propos, et si Fabrice se choisit un arbre, c'est en réponse à une coutume locale.

Lucien Leuwen quitte Nancy pour des promenades à cheval : il s'agit pour lui de s'éloigner de cette ville et de ses petites intrigues et tracas, et non de communiquer avec la terre, les bois ou quoi que ce soit

On lira d'autres textes de Stendhal, ce serait bien pour nous que tu participes à ces lectures.

Merci à toi rotko ce forum m'a bien aide de m'ameliorer dans la litterature francaise (au moins j'utilise la langue ) a propos de Stendhal , oui je sais qu'il n'est pas Lamartine ou Chateaubriand mais dans les ecrits de Stendhal on trouve certaine dualite entre le romantisme et le realisme . si cette oeuvre (Le Rouge et Le Noir) est realiste mais on peut trouver certain trait romantique ce qui prouve qu'un courant ne disparait jamais.

Chroniques italiennes.

Vittoria Accoramboni fait partie de ces récits qui visent « à la vérité » (1)« sans auréole d’affectation », où « l’auteur dit tout, explique tout, ne laisse rien à faire à l’imagination du lecteur. »
Autrement dit, une leçon de style pour Stendhal, bien éloigné des images ronflantes - et peu sincères, d’un Chateaubriand.

La scène se passe dans l’Italie du XVIe siècle, avec des personnages audacieux, retors et cruels. Rien à voir avec les bourgeois de la Monarchie de Juillet et l’hypocrisie du « juste milieu ».

Ici, Vittoria Accoramboni, de noble famille, excite les appétits des jeunes cavaliers romains jusqu’à son mariage dans la famille du cardinal Montalto, lui-même proche du pape Grégoire XIII.

La tragédie de Vittoria commence avec le guet-apens tendu à son mari ; le meurtre déclenche des machinations, des intrigues et des affrontements guerriers. Les cadavres s’alignent, les ruines s’accumulent. Les punitions deviennent spectacle :

Citation :

« Son corps fut transporté sans délai à la cathédrale, accompagné par le clergé de cette église et par les pères jésuites. Il fut laissé toute la journée sur une table au milieu de l’église pour servir de spectacle au peuple et de miroir aux inexpérimentés ».

Stendhal n’en rajoute pas, il va droit aux faits. Aux « émotions entraînantes d’un roman de George Sand » dont il se moque discrètement, il préfère la scène précise et sans fioritures où un assassin tue Vittoria.

Citation :

« Sans lui accorder un moment, encore qu’elle demandât de se recommander à Dieu, il la perça au-dessous du sein gauche, et, agitant le poignard en tous sens, le cruel demanda plusieurs fois à la malheureuse de lui dire s’il lui touchait le cœur ; enfin elle rendit le dernier soupir ».

(1)

Citation :

la vérité, l’âpre vérité

, maxime de Danton, en exergue à un chapitre dans le rouge et le noir.

23 mars 1842 : décès de Stendhal (Henri Beyle), écrivain français (° 23 janvier 1783).
je pense mettre en route la lecture de "le juif" en fin de semaine,

en cours de lecture : Strendhal - volume 2 dans la pléiade

terminé le juif, oeuvre inachevée
Filippo Ebreo, bel homme, marchand habile conte ses malheurs
depuis le décès de son père jusqu’à son retour en Italie, où, revenu de France, il se retrouve, bigame, criminel et aussi pauvre que le jour où il a quitté sa famille et son pays.

bien qu'il ne semble pas que Stendhal ait eu des idées antisémites, on retrouve tout de même les cliches habituels sur les juifs... amour exclusif de l'argent, etc

terminé Chroniques italiennes

terminé San Francesco a Ripa
dans l'entourage du pape, les amours de ses deux nièces rivales en amour pour un français...

terminé le lac de Genèvre

terminé Paul Sergar, une page seulement... début de roman ?

terminé une position sociale, pas sans rappeler Balzac et ses études de la bonne société.

il me reste à lire : Maria Fortuna - Anecdote italienne - Vita di D. Ruggiero - Vittoria Accoramboni - Tamira Wanghen - Le Rose et le Vert - Les Cenci - Histoire de Mme Tarin - Le Conspirateur

lecture prévue en fin de mois ou en juin