Lea Belek, C’est un secret entre nous...

Lea Belek, C’est un secret entre nous, chez Michalon.

Le titre se présente comme un « témoignage », et on a vite fait de comprendre qu’il s’agit d'abus sexuels et d'inceste. L’écriture est très sobre, sous une forme de calendrier, de 5 ans à 34 ans pour 150 pages, c’est dire qu’on en reste à l’essentiel.

Tout ce qui était accepté avec innocence, paraissait naturel, et même aux yeux d’autrui des marques d’affection. Pour moi il était intéressant de lire ce livre, vu que j’avais été choqué par les applaudissements qui avaient suivi la prestation de Régis Jauffret dans Claustria. Mais il faut admettre que le public même cultivé et avisé, peut se tromper.

Entrent en ligne de jeu de multiples facteurs, dont la sympathie, la solidarité familiale… le discrédit est vite jeté sur qui dévoile le pot aux roses.

Pourtant ce n’est guère facile, et après cette lecture, on comprend mieux la difficulté à parler, les retards « incompréhensibles » dans la plainte, les accusations mal orientées, les sentiments complexes et contradictoires qui se tissent entre des personnes.

Des références sont faites aux secrets de famille de serge Tisseron - ce n’est pas le meilleur ouvrage sur le sujet, et au merveilleux malheur de Boris Cyrulnik.

Compte tenu du sujet, le livre est vite lu, mais je le crois très utile.

L'association Mon coin de ciel bleu vient en aide aux familles engluée dans le silence.

Citation :

« Il ne faut plus que ce soit un tabou. C'est un crime, le pire qui soit, et un crime bien plus fréquent qu'on le pense. »

Imprescriptible aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et dans les pays du Common Law, l'inceste l'est aussi désormais en Suisse qui vient de le décider par référendum. La France a beau avoir introduit le terme « d'inceste » dans le Code civil et rallongé le délai de prescription à vingt ans après la majorité de la victime, on ne peut plus obtenir justice si on se libère de son secret… après l'âge de 38 ans.

Citation :

« Si l'inceste était imprescriptible, les victimes se sentiraient libres de parler quand elles le souhaitent et le peuvent, conclut Léa. Ça se mûrit sur une vie entière parfois. »

in Le Parisien.

Vous avez peut-être vu ce film ? la fille préférée

série, Combats de femmes, de Lou Jeunet
fiction 1999 couleur 1h45min

Le retour d'Agnès après neuf années d'exil dans sa famille à l'occasion des trente ans de mariage de ses parents. Cette réunion familiale réveillera un passé douloureux et des souvenirs refoulés. Les relations incestueuses entre père et fille sont traitées dans leurs répercussions individuelles et familiales. L'interprétation de Laurence Côte toute en retenue est remarquable. Cette série se fonde sur des histoires vraies et s'appuie sur des enquêtes journalistiques.