Alexandre DA CUNHA

C'est un artiste brésilien qui vit à Londres.

J'ai commencé la visite par "une imposante tenture aux allures tribales", intitulée Kentucky Pied de poule II


Ceux qui aiment les franges des écharpes (moi, par exemple) apprécieront ces épaisseurs de tissus qui en font une tapisserie vivante, qu'on aurait envie de soulever, comme on fait avec les queues de cheval des filles.

Mais il n'est pas permis de toucher (je parle de la tenture), règle absolue dont la maison rouge fait une application plus souple et qui me convient mieux.

Ensuite des "marmites à béton", ou récipients, posés sur des socles.


Il s'agit là de récipients usagés, ils ont une vie derrière eux, certains contenant encore le béton qu'ils étaient destinés à recevoir. Parfois ils sont restés en l'état, d'autres fois ils ont été martelés, ou prennent des teintes de vieux vases antiques, alors qu'ils sont des signes de la modernité betonnière des villes.

"on se croirait dans une exposition archeologique" me disait Zoé Gray, commissaire de l'exposition, très agréable dans la conversation, et qui soulignait le côté ludique de ces transformations de l'objet du présent en fac-similé d'un vase antique.

L'humour est encore plus patent lorsque voisinent à côté d'une petite urne (on pense à une urne funeraire, ou à un ciboire tarabiscoté) des ventouses de débouche-evier, collées bouche à bouche, une fois que les manches ont été enlevés.



L'humour réside dans le materiau méprisé (pensez donc du caouchouc !), la reconnaissance des éléments (j'ai le même pour déboucher les ch... !) et fait penser à l'urinoir de Duchamp, pourvu d'une nouvelle dignité dans un cadre muséal.

autre point, les cannes de bois

posées sur le sol, tête-bêche, elles sont d'abord deux, puis six, puis (x par n), formant des assemblages inattendus et pleins d'humour auxquels vous donnerez la signification que vous puiserez dans votre enfance ou votre vieillesse, selon les cannes cas !


ces transformations juxtaposées font intervenir un rythme intéressant pour votre découverte progressive.

j'en reviens à l'image du bar


des silhouettes filiformes recouvertes de franges de serpillères, sortes de voiles modernes pour femmes actuelles ayant abandonné la pratique du balai qui leur était assignée

des questions ? si oui, je parlerai des socles.

je suis désolée mais pour moi ce sont de gros phallus ouais bon j'ai peut-être l'esprit mal tourné après tout

ah ! des phallus pleins de poils ou parés d'une digne toge tribale, pourquoi pas ?

Ca ne me parle pas du tout!

Faudrait aller voir toute l'exposition pour se faire une idée sur sa représentation du monde!

tu as raison, des illustrations lointaines ne rendent pas bien le contact des oeuvres.

Ainsi la dernière vue, les silhouettes, donne une apparence de raideur, mais elle est corrigée par les" franges de la serpillère" qui habillent, de manière souple, le support.

Oui, c'est intéressant. Je trouve que l'artiste a réussi à anoblir les ventouses à WC, posées ainsi on les remarque à peine en tant que telles et on oublie leur fonction première.

En ce qui concerne les phallus de Nat; sur la photo, je pourrais penser à des parasols refermés, usés par la pluie.

Et l'assemblage de cannes me renvoie à un truc très glauque: vous savez les dessins que fait la police judiciaire pour tracer l'emplacement d'un cadavre.

Aglaé a écrit:

Oui, c'est intéressant. Je trouve que l'artiste a réussi à anoblir les ventouses à WC, posées ainsi on les remarque à peine en tant que telles et on oublie leur fonction première.

En ce qui concerne les phallus de Nat; sur la photo, je pourrais penser à des parasols refermés, usés par la pluie.

Et l'assemblage de cannes me renvoie à un truc très glauque: vous savez les dessins que fait la police judiciaire pour tracer l'emplacement d'un cadavre.

les phallus, sont recouverts de franges de couleurs différentes. Les fibres textiles, comme des brins delaine, n'apparaissent pas assez sur la photoOn peut y voir de petits totems.

Pour les cannes, effectivement. Certains y voient des piscines vues d'en haut, ou des tripes à l'air ou des instruments de musique.