Ursula K. Le Guin

Ursula Le Guin. Loin, très loin de tout, Actes Sud.

J'aime les romans d'amour !

Court et pudique, ce récit fait vivre deux adolescents de 18-19 ans qui se rencontrent sans s'être cherchés. Magie des premiers moments d'échanges :

Citation :

"Nous faisions couler le sable entre nos doigts autour de nous, cherchant un des morceaux de jade et d'agate. Natalie a trouvé une pierre noire et plate, d'un ovale parfait, polie par le sable. Moi, une agate en forme de lentille, blanche et jaune, au travers de laquelle on voyait le soleil. Elle m'a donné la pierre noire et je lui ai donné l'agate".

Moments des confidences et du bonheur hésitant. Moments des impairs et des gaffes. C'est alors la solitude, on perd l'envie de tout. Les jardins secrets sont vides. Aura-t-on une deuxième chance ?

On vit cette histoire, qui refuse mièvrerie, attendrissements, et péripéties.

Je connaissais - de nom, Ursula Le Guin, en SF comme auteur du Cycle de Terremer .
Au fait, en Science-Fiction ? des avis sur elle ?

voir ICI

Bon, puisque Rotko me renvoie directement sur ce thread, je me sens un peu obligée de vous vanter les mérites de la grande prêtresse de la SF, Ursula, considérée comme l'un des meilleurs auteurs en ce domaine. C'est même un peu réducteur, puisque sa grande spécialité, c'est en fait la vie, rien de moins. Que ce soit dans son cycle de Terremer (les trois premiers) ou ses romans plus SF (La main gauche de la nuit, Les dépossédés, Le nom du monde est forêt, le Dit d'Aka, etc.), Ursula parle de nous, êtres imparfaits et merveilleux, explore de nouvelles pistes pour vivre ensemble, entre personnes différentes. C'est de l'humanisme, du vrai bon comme on en rêve, sans être ennuyeux, didactique, ou cucul-la-praline comme vous pourriez en avoir l'impression en me lisant (c'est bien dommage, mais je n'ai pas son talent). Dans les années 70, Gérard Klein a même publié un essai (me semble-t-il), dans lequel il salue le renouvellement des thématiques SF qu'elle a initié, sortant le genre de l'ornière catastrophe écologique/aventures post-apocalyptiques. Bref, elle est brillante, et ses livres se lisent très facilement (ils ne sont d'ailleurs pas tous volumineux).
Je n'ai pas d'avis sur Loin, très loin de tout, je n'en ai entendu parler (en bien) que très récemment, je sais seulement que ce n'est pas un roman SF.
De façon générale, je reste assez lucide pour trouver que ses livres ne sont pas tous du même niveau, mais j'ai du mal à imaginer que l'on puisse perdre son temps même avec un Ursula très moyen. Lisez, lisez, lisez Ursula Le Guin!
En plus, je me ferai un plaisir de livrer des combats d'experts sur ce thread!

Quel est ton livre favori d'Ursula le Guin ?
je veux dire un livre qui soit autonome, pas partie d'un cycle.

Le "vrai" cycle de Terremer ne comporte que les trois premiers tomes, c'est-à-dire l'équivalent d'un pavé standard: c'est très gérable. C'est ce que le dame a écrit de plus cohérent, je pense, de plus achevé. Donc c'est ce que je conseillerais en "découverte", sachant qu'il est plutôt classé en fantasy (magie, dragons...), mais comme je le postais plus haut, chez Ursula cette catégorisation n'est pas forcément très parlante (ceux qui détestent la fantasy peuvent aimer quand même!!).
Sinon mes deux chouchous (indépartageables) sont La main gauche de la nuit et Les dépossédés. Ceci dit, je conseillerais de commencer plutôt par Le nom du monde est forêt, ou Planète d'exil - c'est paradoxal, je sais, mais je pense qu'il vaut mieux commencer par les moins ambitieux (qui sont quand même très très bien).
Tous ces livres à tendance SF font partie d'un vaste cycle, mais ils se lisent indépendamment les uns des autres.

ekwerkwe a écrit:

je conseillerais de commencer plutôt par Le nom du monde est forêt, ou Planète d'exil - mais je pense qu'il vaut mieux commencer par les moins ambitieux (qui sont quand même très très bien).

Va pour Planète d'exil

Il commence comme un conte de Noël

Citation :

Aux derniers jours de la dernière phase lunaire d’automne, le vent soufflait des terres du Nord dans les forêts mourantes d’Askatevar, un vent froid qui sentait la fumée et la neige. Frêle et vêtue de fourrures légères, tel un animal qui fuit dans l’ombre, la jeune Rolerie se glissait par les bois ; Dans une tempête de feuilles mortes, elle s’éloignait des murs qui, pierre à pierre, s’élevaient sur le versant de la colline de Tévar et des champs où l’on s’affairait autour d la dernière moisson. Elle allait seule et personne ne criait son nom derrière elle.

Je suis en train de lire « Maître des arts » de William Rotsler. Son premier roman. C’est un livre centré sur deux thèmes : l’esthétisme (à travers l’art et la femme – mis en parallèle) et l’argent. Bon, il mériterait un post.

Mais ici, je rebondis sur la préface, qui fait allusion à une conférence d’Ursula. (Londres – Institut des arts contemporains). Elle soulignait que la science fiction, comme genre, était affligé d’une « tare », d’une faiblesse : la pauvreté des personnages.

Manque de texture, de sentiments… Héros réduits à être des figurants au milieu d’autres espaces-temps.

Elle a posé la question à son auditoire « Vous souvenez-vous des noms qui se trouvaient dans tous les romans de SF que vous avez lus ? ».

Silence embarrassé de la salle…

Qu’en dites-vous ?

Silence embarrassé du forum...

Non, je blague !

Alors, je réponds moi-même à ma propre question.

Après mûre et profonde réflexion, je crois qu'elle a raison. Si je prends l'exemple de Dune, qui est sans doute LE monument de la SF, j'ai été captivée mais je suis incapable de vous citer un seul nom. Et pourtant, les personnages sont travaillés.

L'approfondissement psychologique est sans doute davantage du domaine du roman.

Nous en parlons actuellement dans le cadre d'une probable lecture commune en octobre avec le titre La Main gauche de la nuit appartenant au cycle de Hain . J'étais persuadée d'avoir déjà entendu ou lu ce nom quelque part et, hop voilà que je me souviens de l'éditeur L'Atalante et que le titre de Lavinia fait tout à coup echo. Lavinia est sorti en France en 2011 chez L'Atalante collection La dentelle du cygne

Citation :

Comme Hélène de Sparte j’ai causé une guerre. La sienne, ce fut en se laissant prendre par les hommes qui la voulaient ; la mienne, en refusant d’être donnée, d’être prise, en choisissant mon homme et mon destin. L’homme était illustre, le destin obscur : un bon équilibre.
Dans l’Énéide, Virgile ne la cite qu’une fois. Jamais il ne lui donne la parole. Prise dans les filets du poète qui n’écrira l’épopée des origines de Rome que des siècles plus tard et sans avoir le temps de l’achever avant sa mort, Lavinia transforme sa condition en destin. De ce qui sera écrit elle fait une vie de son choix. Et cela dans la douceur amère et la passion maîtrisée que suscite son improbable position : elle se veut libre mais tout est dit.

Lavinia a obtenu le Locus Award 2009, le prix de la plus prestigieuse revue américaine consacrée au domaine de l’imaginaire.

Une petite biographie trouvée sur le site de l'éditeur
Née en 1929 en Californie, Ursula Kroeber écrit sa première nouvelle à l’âge de onze ans. Elle obtient un MA de Langues et Littératures en 1952 puis épouse Charles Le Guin, d’origine bretonne, en 1954. Après avoir enseigné quelque temps le français à l’université, elle s’installe à Portland,dans l’Oregon et se consacre alors à l’écriture.
Dès 1964, elle se plonge dans la fantasy avec La Règle des noms mais c’est surtout son cycle de Terremer qui la révèle au public. Avec le cycle de Hain, elle aborde également la science-fiction et obtient grâce ses romans deux prix Nebula, deux prix Hugo et un prix Locus.

En 2007, elle remporte également le Grand Prix de l’Imaginaire pour le recueil Quatrechemins de pardon.

Son œuvre comporte aussi un cycle pour la jeunesse : Les Chats volants.

Ah, justement ! J'ai acheté The Left Hand of Darkness tout récemment, un de mes derniers achats en librairie... et je n'arrive plus à mettre la main dessus ! Il est perdu quelque part chez nous. Si je le retrouve, je participerai avec plaisir à la lecture commune.

Y a-t-il une discussion spécifique pour chaque lecture commune ? Ou bien on peut venir en parler directement ici ?

oui, toujours sur le fil de l'auteur, donc ici.

Merci ! À bientôt dans ce cas.

je me demande ce qu'on va trouver comme caractéristiques du sexe dans la main gauche de la nuit; Pour l'instant, parmi des précisions qui ne me paraissent pas toutes nécessaires, le narrateur et personnage principal est un terrien en vadrouille, chargé de mission etc.

Or ceux à qui il rend visite sont des androgynes, et le terrien, mâle certainement, émet quelque gêne devant l'attitude de son interlocuteur où "la part féminine" semble lui inspirer de la prudence/méfiance !

Citation :

l'esprit tortueux effeminé

p 24 de l'un, fait le pendant à la technique de dissimulation de l'autre

Citation :

Il partit d'un rire strident, celui d'une femme qui feint d'être amusée pour masquer sa colère.

Vu que l'auteur est une femme (Ursula, c'est bien féminin, non ? ), on verra si elle désavoue ou non son personnage.

mais oui c'est une femme j'ai mis une biographie succincte juste un peu plus haut rotko

je n'en suis pas encore à sa lecture, j'entame Le baiser de la pieuvre

et d'abord si tu me cherches, tu vas finir par me trouver rotko... non mais, impudent va

Dieu merci, je l'ai rapidement retrouvé et dévoré en quelques jours ! Très belle découverte pour moi, ça me donne envie d'en lire plus de cette auteure (même si j'ignore quand cela arrivera, avec tout ce qui m'attend déjà sur mes étagères...).

Je trouve l'aspect androgyne des Gethéniens assez fascinant, surtout quand on s'intéresse aux problématiques féministes et de genre comme c'est mon cas. D'un autre côté, ce n'est pas non plus LE thème principal de ce roman à mon avis, mais après tout, comment cela pourrait-il l'être ? Le genre/la sexualité est une chose qui change à la fois tout, et pas grand chose.

Je trouve que l'auteure (une femme, en effet) a bien réussi à rendre son narrateur masculin (du moins pour ce que j'en perçois, étant une femme moi-même), notamment dans le fait que si ce roman soulève des questionnements, il est finalement étonnamment dépourvu d'un message féministe... Je me demande si le livre a vieilli à cet égard : il semble difficile de s'imaginer une société aussi évoluée que celle dont Genly semble venir, voire de s'imaginer Genly comme l'un de ses membres cultivés/privilégiés, et de constater son attitude relativement primitive/naïve face au genre.

Rotko, tu soulignes un passage (et ce n'est pas le seul) où le narrateur parvient à distinguer des éléments "féminins" et "masculins" avec un peu trop d'évidence. Même si le lecteur comprend de quoi il s'agit, je pense qu'on le comprend davantage grâce à l'immensité de la culture patriarcale dans laquelle nous sommes nés que grâce à notre propre expérience, dans les annés 2000, de ce qui est propre aux femmes et aux hommes que nous côtoyons. Rien que le petit intermède scientifique, qui m'a beaucoup amusée et qui devrait être cité, dit :

Citation :

The fact that everyone between seventeen and thirty-five or so is liable to be (as Nim put it) "tied down to childbearing," implies that no one is quite so thoroughly "tied down" here as women, elsewhere, are likely to be--psychologically or physically.

Cet argument a une validité explicative en ce qui concerne la tendance inégalitaire globale et historique entre les hommes et le femmes, mais soyons honnête, dans nos sociétés, les femmes ne sont plus aussi "tied down" que cela par la possibilité de tomber enceintes (et tant mieux). Ce "chapitre" est d'ailleurs censé avoir été rédigé par une femme, je crois, et à la fin du livre apparaît également une femme spationaute : sont-elles réellement "tied down" ? Sans nier que l'inégalité persiste structurellement au-delà des progrès apparents de l'égalité, cela semble difficile à croire au niveau individuel.

Cela dit, c'est un livre qui date justement de 1969, et ça ne m'a pas empêché de beaucoup aimer sa lecture. J'en ai fait une petite chronique sur mon blog, mais qui reste plus au stade de la présentation : The Left Hand of Darkness, de Ursula K. Le Guin.

Merci Laska, nous n'avons pas eu la même lecture, mais c'est justement l'interêt de ton avis.

je me réjouis que ce livre t’ait plu, car, comme tu peux le voir sur ce fil, j’avais bien aimé un roman d’amour d'Ursula Le Guin.

Or ici j’ai été déçu : la thématique sexuelle - que j’attendais, a mis bien du temps à apparaître, et n’apportait rien de nouveau. Aussi ai-je abandonné la lecture au bout de 105 pages, en me disant qu’un livre dit « féministe » ou un traité du genre me stimulerait davantage les neurones.

J'ai eu l’impression de parcourir un roman d’aventures, avec des itinéraires difficiles au milieu de paysages longuement décrits. Où est passée l’imagination ? Sans doute y a-t-il par-ci par-là des mentalités différentes mais n’importe quel livre d’ethnologie m’en apporterait plus.

Il semblerait d’ailleurs que les codes d’introduction et de présentation des personnages dans ces nouveaux milieux soient identiques à nos modèles occidentaux, et mêmes français ! Il y aurait donc plus d’exotisme dans un assemblée africaine que sur ces mondes galactiques ? !

J’ai trouvé un arsenal de clichés bien usés sur le paranormal, la télépathie, et en revanche des oracles à la réponse ambiguë, comme dans toutes nos tragédies.

Quant aux valeurs de la société qui met au pinacle l’Ignorance et l’Inactivité, c’est le simple contre-pied de ce que nous pratiquons :

Ces gens-là vivaient une vie introspective, indépendante, stagnante, saturée de cette singulière « ignorance » si fort prisée par les Handarata, soumise à leur impératif d’inactivité et de non intervention; Cette philosophie (exprimée par le mot nous-souf que je suis obligé de traduire par « ça ne fait rien ») est essentielle.

Des considérations bien abstraites sur le sexe, avec des concepts vagues tels que la Perversion :

Une prolongation anormale de la phase du gemme et un déséquilibre hormonal permanent à prédominance mâle ou femelle produisent ce qu’ils appellent la perversion. Ce n’est pas un cas rare : trois à quatre pour cent des adultes dirais-je, souffrent ainsi de perversion sexuelle. Ce sont des anormaux qui chez nous seraient considérés comme des être normaux. Ils ne sont pas exclus de la société mais considérés avec un certain mépris, comme les homosexuels dans maintes société bisexuéees [...]

Le Perverti, après m’avoir fixé, au début, d’un long regard étrange, ne s’intéresse plus qu’à une seule personne, son voisin le sage -en gemma dont la sexualité de plus en plus active sera encore excitée, exacerbée, par la virilité incitante exagérée du Perverti, jusqu’à atteindre finalement son plein épanouissement dans le rôle féminin.

Verrait-on les femmes comme de potentielles femelles en chaleur ? potentielles, car il faut reconnaître que le livre est bien prude.

Je n’ai rien compris à certaines phrases comme page 81, ce qui me paraît du « galimatias »

« Les forces emphatiques et para verbales confuses et d’une puissance colossale, mises en action par la perversion et la frustration sexuelles, par une folie qui fausse le cours du temps et par une discipline effarante de concentration et d’appréhension de la réalité immédiate sont telles que je suis bien incapable de les contenir et de les maîtriser. »

Si tu me donnes dans un MP ton courriel, je t'enverrai demain soir une nouvelle de SF (6 pages) parfaitement compréhensible.

oh ! ton Excellence ! tu es décourageant .... mais je vais le lire quand même !

Tu as raison, on pourra donc en discuter.

Une des faiblesses du roman serait pour moi que l'acteur principal/narrateur est déja un homme des galaxies.

En général c'est un terrien comme Ysandre ou moi qui rend compte des différences aperçues dans d'autres populations galactiques ou intersidérales : on peut donc lui faire confiance, faire nôtre son point de vue.

S'il est lui-même un être différent, ses points de repères nous seront étrangers, et l'histoire deviendra incomprehensible, avec un homme étrange qui découvre des choses et des êtres encore plus étranges...

Vous avez dit étrange ?

Or pour rester crédible, Ursula Le Guin propose un narrateur "un peu comme nous", alors que ni Ysandre ni moi n'avons la moindre expérience intersidérale, si on excepte les sejours d'Ysandre au Zoo (1)

(1) comprenez ses visites au lémurien, évidemment !

méééé ! ton excellence ! je ne suis pas un terrien, je suis un lémurien de la planète HKL59 un peu plus loin qu'Aldébaran, dans la 5ème lumière, et à gauche du bistrot du coin (si tu tournes après l'église) !!!!

Citation :

En général c'est un terrien comme Ysandre ou moi

dixit Rotko

Dès qu'on quitte notre pays, les rites sociaux (présentation, rites du repas ou de l'entrevue )apparaissent différents; Comment penser qu'ils soient à peu près semblables dans d'autres univers avec des êtres différents ? je pense qu'il y a là un vrai pb pour les auteurs de SF.

Selon l'apparence des extras-terrestres, leur environnement, leur mode de pensée, etc.... les rites sociaux sont obligatoirement différents. Certains auteurs de SF en tiennent compte (je n'ai pas les noms en tête..).
Il est vrai que l'humain à tendance à vouloir calquer ses pensées, son quotidien, lorsqu'il tente d'imaginer un autre univers, une autre conception de l'existence... il faut beaucoup d'imagination !

Je termine La main gauche de la nuit.
Etant peu familière du genre de la science-fiction, j’ai abordé ce livre avec naïveté certainement.

Ma première surprise a été de constater qu’il y a peu d’action, comme quoi j'avais des idées toutes faites sur ce genre littéraire. En outre, le thème d’un Envoyé sur une autre planète qui en trois ans rencontre surtout de l’hostilité chez ceux qu’il essaie de convaincre de lui faire confiance paraît un thème convenu de nos jours ; il est vrai que le roman remonte à plus de quarante ans.

Ma seconde surprise a été de trouver tout de même de l’intérêt à cette histoire. L’auteur parvient à créer un climat à la fois mystérieux et poétique grâce à des descriptions précises et imagées (un peu longues parfois !) qui mettent surtout l’accent sur la difficulté de l’Envoyé à survivre dans ce monde glacial qui n’est pas fait pour lui, parmi des êtres qui le considèrent comme un « monstre » parce qu’il est différent d’eux sexuellement.

Après avoir refermé le livre, j’ai eu le sentiment aussi qu’en somme et de façon un peu inattendue, nous était racontée l’histoire d’une amitié au départ plus qu’improbable entre Genly Aï et Estraven. À la fin, la traversée harassante du désert glacé donne lieu à de belles pages et met surtout en valeur le rapprochement de plus en plus subtil des deux héros.
Une mention particulière aussi pour les pauses dans la lecture ménagées par l’insertion de légendes qui contribuent à ce que l’imagination du lecteur trouve matière à s’évader et à rêver.

Au total, un livre que je ne regrette pas d’avoir lu même si, je l’avoue, j’ai trouvé parfois le rythme un peu lent, les analyses psychologiques presque trop minutieuses.

Tu n'a pas lu les chroniques martiennes de Ray Bradbury ? un chef d'œuvre (à mon sens) de la poésie fiction.

J'ai hâte de lire, le jour, avec ma main droite, la main gauche de la nuit.

Bonne nuit ma Nic

Ysandre a écrit:

Tu n'a pas lu les chroniques martiennes de Ray Bradbury ? un chef d'œuvre (à mon sens) de la poésie fiction.

J'ai hâte de lire, le jour, avec ma main droite, la main gauche de la nuit.

Bonne nuit ma Nic

Si bien sûr, j'ai lu Les chroniques martiennes, j'ai même fait étudier ce livre en classe plusieurs fois ! J'ai lu aussi, avec le même plaisir Fahrenheit 451 et Un coup de tonnerre (des nouvelles).
Bonne nuit à toi aussi

la main gauche de la nuit
Résumé

Au fond de l'espace, une planète glacée, Gethen, nommée Nivôse par l'Ekumen, qui est une fédération très souple de civilisations. Sur cette planète, des enquêteurs sont déjà venus, incognito, et au vu de leur rapport l'Ekumen a décidé que le temps était venu pour Gethen d'apprendre l'existence des autres mondes humains par la visite d'un Envoyé.

Celui-ci, Genly Aï, est celui qui raconte l'histoire : Je donnerai à mon rapport la forme d'un récit romancé. C'est que l'on m'a appris lorsque j'étais petit, sur ma planète natale, que la Vérité est affaire d'imagination. Un fait irréfutable peut être accepté ou refusé suivant le style dans lequel il est présenté [...] De ce récit je ne serai ni le "héros" ni l'unique narrateur. Et même je ne saurais dire avec certitude quelle est la personne dont il conte l'histoire. A vous d'en juger.
L'Envoyé commence son séjour par des mois en Karhaïde, l'une des nations dominantes de la planète, gouvernée par un roi fou, dont le premier ministre, Therem Harth rem ir Estraven, croit à ses dires, et réussit à lui obtenir une audience auprès du Roi, avant d'être condamné à l'exil. Il réussit à gagner l'Orgoreyn, autre nation voisine et rivale de la Karhaïde, dont la forme de gouvernement et "l'ambiance" évoquent un peu l'ex-URSS. C'est là également qu'arrive l'Envoyé, auquel le remplaçant d'Estraven n'est pas favorable. Malheureusement, les Commensaux qui gouvernent l'Orgoreyn estiment leur pouvoir menacé par sa présence, et l'emprisonnent dans une de leurs Fermes de Travail (sorte de goulag), d'où Estraven, qui se sent responsable de son sort, le tire. Tous deux vont devoir traverser la calotte glaciaire pour regagner la "civilisation".

Pas facile à résumer, j'ai pris celui qui semblait donner le meilleu aperçu. Et moi, je vais essayer de vous dire ce que je pense de ce livre (pas facile non plus )
Le récit est un peu lent, surtout dans laa première partie. Une petite précision : l'Ekumen (du grec : j'habite) est la Ligue de tous les mondes. elle est détentrice de l'éthique du transfert de la connaissance, sans imposer quoi que ce soit. Il ne s'agit pas de coloniser mais d'échanger.
Genly Aï va se heurter à un problème de taille ! sur Nivose, l'évolution génétique a fait que les habitants ne sont ni hommes ni femme Ils passent d'un état à l'autre au cours du "kemma" période où leur sexualité se réveille La société est basée sur ce fonctionnement, ce qui implique qu'elle est très différente de celle des terriens.
Genly Aï dont les hormones fonctionnent en continu passe pour un monstre, un pervers. S'adresser à un être qu'il ne peut situer en "il" ou en "elle" le destabilise.
Ursula Le Guin fait preuve d'une inconntable finesse dans ses analyses psychologiques
(suite plus tard, je dois m'absenter, veuillez m'excuser)