soussou pilier
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| Sujet: Re: l'amitié Lun 18 Nov 2013, 12:35 | |
| Calligraphie de Kyoko Rufin-Mori Calligraphie de Kyoko Rufin-Mori Courrier International “Loue amie à prix raisonnable”. Faut-il admirer l’inventivité des entreprises japonaises ou s’en indigner ? Que ce genre de business puisse devenir une affaire rentable s’avère, en tout cas, pour le moins surprenant. Cynisme d’un capitalisme amoral qui entend faire de la solitude un marché ? Aboutissement logique du secteur tertiaire ? Raffinement ultime de l’esprit de compassion ? Toujours est-il que ce genre d’entreprise met en lumière au moins deux aspects de la société japonaise. D’une part, il souligne le fait que, si l’archipel a mis en place durant les dernières décennies un Etat providence, la place du service public n’est pas aussi grande qu’elle peut l’être dans un pays comme la France. Quelle que soit la nature de la souffrance qui les affecte, se tourner vers l’Etat pour demander protection n’est pas un réflexe naturel chez les Japonais. D’autre part, la possibilité même de penser en termes de “location d’amie” nous informe sur les méandres de la psychologie nippone, où le sentiment de vide mêle solitude, timidité et hantise d’importuner l’autre – même quand il s’agit de proches. C’est sans doute dans ce vaste espace entre l’Etat providence et le vide intérieur que vient se lover ce marché de l’amitié où le client est loin d’être dupe. Lui et son “amie” s’adonneraient bien plutôt à un jeu de simulacre assumé qui, sur le mode tragi-comique, exprime tout à la fois l’insouciance d’une transaction dûment négociée et la gravité du désarroi, bien palpable, de l’Homo japonicus. Quoi qu’il en soit, l’amitié a désormais un prix : 40 euros l’heure. —Kazuhiko Yatabe Calligraphie de Kyoko Rufin-Mori | |
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Ysandre pilier
Nombre de messages : 18014 Age : 121 Localisation : sud ouest Date d'inscription : 25/06/2009
| Sujet: Re: l'amitié Lun 18 Nov 2013, 15:18 | |
| - Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.
- On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi !
Le Petit Prince Saint Exupéry | |
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