Samuel Beckett

Un document assez long sur Samuel Beckett de l'adpf à lire Ici

Cet ouvrage est aussi disponible sur :

http://www.adpf.asso.fr

Isbn : 2 914 935 64 1

-----

Je reviendrai au sujet des pièces de Beckett

Interview de Charles Juliet...où il est question de Beckett:

JLT - Combien de fois avez-vous rencontré Samuel Beckett ?

CJ - Quatre fois.

JLT - Quel genre d'homme était-il ?

CJ - Il était impressionnant, singulier, extrêmement grave et concentré. Il parlait très peu et répondait à une question en trois mots. Je me souviens [rires] lui avoir posé une question sur Molloy et, là, il était resté pendant à peut-être deux minutes plongé en lui-même, complètement étranger au monde extérieur. Je ne savais pas quoi faire, s'il avait oublié la question et si je devais lui en poser une autre, si je devais rester silencieux et attendre. Et puis, tout à coup, Beckett revint au monde extérieur et me dit : " Je ne m'y sens plus chez moi. " C'était sa réponse. Toutes ses réponses étaient extrêmement brèves mais percutantes, et à plusieurs reprises, je percevais le génie de Beckett dans ces quelques mots.

JLT - Comment l'avez-vous rencontré ?

CJ - J'étais un ami du peintre Bram van Velde, qui avait très bien connu Beckett avant la guerre. Bram van Velde m'avait incité à écrire à Beckett et à aller le voir. Les choses se sont ainsi faites. De moi-même, je n'y serais pas allé. Je n'aurais pas osé.

JLT - Vous êtes allé le voir pour lui parler de ce que vous faisiez ?

CJ - Non, pas du tout. Je ne parle pas de moi quand je rencontre quelqu'un.

JLT - Pour quelles raisons vouliez-vous le rencontrer ?

CJ - J'avais des questions à lui poser. Je l'avais beaucoup lu. Son œuvre était très présente en moi.

JLT - Vous vous étiez reconnu dans ses ouvrages ?

CJ - Oui.

JLT - Stylistiquement ?

CJ - Ah, non, non, non. Sur un plan ontologique. Pendant des années, j'étais en pleine détresse et je me sentais forcément proche de ces personnages déglingués que l'on rencontre dans ses livres.

Il y a un livre sur les 4 rencontres de Charles Juliet avec Beckett :

Rencontres avec Samuel Beckett ~ Charles Juliet. - Editions : P.O.L., 1999. - ISBN 2-86744-701-1

NOTE DE L'ÉDITEUR :
Ce livre contient le récit des quatre rencontres de Charles Juliet avec Samuel Beckett, en 1968, 1973, 1975 et 1977. La parole de l'écrivain — le récit de ses doutes, l'histoire de sa longue ascèse — y est scrupuleusement recueillie mais ses gestes, ses regards y sont aussi décrits avec précision, ses attitudes, tout ce qui faisait de lui un homme hors du commun, plongé dans une recherche sans terme ni bornes, immédiatement sensible à sa lecture comme à son contact.

J’ai vu la dernière bande de Beckett, un monologue qui se rattacherait assez bien à Oh ! les beaux jours, alors qu'il devait accompagner fin de partie.

Un vieillard écoute 30 ans plus tard l’enregistrement qu’il fit le jour de l’anniversaire de ses trente neuf ans. Il est déjà désabusé et amateur de bananes mais aujourd’hui , alors qu'il est ronchon et s'enerve pour un rien, il ne lui reste qu’un souvenir bien mince de ce bonheur qu’il refusait déjà.

L’utilisation d’un magnétophone à bande permet à l’acteur principal de jouer les mimiques du grand blasé qui écoute les fragments d’une vie dérisoire, avec pourtant ces petits moments…

Écrit d’abord en anglais, ce texte, traduit en français par l’auteur
fut créée au théâtre Récamier à Paris en 1960 dans une mise en scène de Roger Blin.

la séance avait lieu dans un garage auquel on accédait en passant par des couloirs de cave Fallait ensuite remonter par un escabeau en bois, pour atteindre au rez-de-chaussée ce qui aurait pu passer pour une chambre de bonne !

le matériel était aussi vieux que le personnage, mais la voix était parfaitement audible, les meubles étaient d'époque sinon d'avant
et l'acteur - dont c'était le rôle, ne nous méprenons pas ! soulevait de temps en temps un grand rideau pour déboucher dans les arrières une tite bouteille. Il buvait "en suisse" et revenait en s'essuyant les babines.

On a attendu la fin pour boire un coup ensemble, une "boisson fraîche", car la température était d'ambiance

bravo à bernard Chanteux - alias Krapp dans la pièce, pour cette bonne soirée.

Je n'ai lu que En attendant Godot et j'en garde de mauvais souvenirs donc je ne pense pas lire un autre de ces livres !

A voir, à lire, à voir, à lire ...



"Fin de partie" de Beckett par Charles Berling au Théâtre de l’Atelier

Mise en scène: Charles Berling avec la collaboration de Christiane Cohendy
Avec: Charles Berling, Dominique Pinon, Gilles Segal, Dominique Marcas.

Vous pouvez voir des filages sur le blog d'Arte !

J'aime bien Ionesco. Aussi, je pensais avoir le même état pour Samuel Beckett avec sa pièce, en attendant Godot. Je me suis ennuyée, puis une indignation et enfin de l'ennui. Si l'auteur a voulu démontrer qu'attendre est chiant, il a réussi !

En quelques mots l'histoire :

Vladimir et Estragon sont deux clochards attendant, après Godot qui ne viendra jamais, dans la cambrousse où il n'y a qu'un arbre mort pour décor. Ils ne le connaissent pas et ne savent pas pourquoi ils sont là. En l'attendant, il tue le temps.

L'auteur utilise toute une suite d'expressions courantes qui doit être amusante, mais auquelle je reste fermée. Prenons le fait de remercier quelqu'un.

Extrait de Livre a écrit:

Pozzo : et merci
Vladimir : merci à vous
Pozzo : de rien
Estragon : mais si
Pozzo : mais non
Valdimir : mais si
Estragon : mais non"

De plus, la répétition de cette réplique

Extrait de Livre a écrit:

"Allons nous en !
Non, on ne peut pas.
Pourquoi ?
On attend Godot !"

est devenu lourd à la fin. Au début, c'est drôle, mais ensuite...

Dans cette pièce, il y a beaucoup d'innocence, d'incertitude et des décisions jamais réalisées.

Ce qui m'a le plus mise en colère est l'arrivée de Pozzo et de Lucky. Pozzo a réduit en esclavage Lucky. Déjà, cela ne passe pas trop. Le plus dur a été la réaction des deux. Ils ont été indignés, mais ont-ils réagi pour empêcher ? Non. Allons, on va faire ceci ou cela. Cependant, personne ne met en action ce qu'elle dit. Cela me rappelle la réaction de certaines personnes de notre agréable société.

Bon, c'est du théâtre de l'absurde après tout. Je ne dois pas être tombée dans la bonne période pour le lire

As-tu vu cette pièce au théâtre ?

elle est très jouée, et souvent par des troupes d'amateurs, car elle nécessite peu de personnages et un décor minimaliste comme tu le dis.

Les répétitions sur la façon de remercier, on les trouve déjà chez Molière, c'est un jeu de répliques. On peut les expliquer de bien des façons : les personnages prolongent des paroles vaines pour ne pas tomber dans le silence, ce qui serait sombre, ou c'est l'échange habituel et formel de politesses en société, avec des formules mécaniques dont la répétition engendre le comique.

Dans les films à gags (chez Chaplin par exemple) on voit ainsi les personnages se laisser le passage et franchir ensemble la porte en se bousculant...

Quant aux situations d'attente, ne font-elles pas partie de la vie courante, promesses de buts dérisoires ? tel qui attend une promotion, un plaisir, sans jamais l'atteindre ou qui se montre décevant une fois obtenu ? comique et cruelle situation.

La tirade de lucky, il faut l'entendre, pas la lire. Elle montre la vanité/vacuité d'un langage aux formules creuses. N'en avons nous pas des exemples avec les discours de sous-préfectures ?

Citation :

Prononcer toute l'année des discours convaincants

En tant qu'élu local, les occasions de prononcer des discours ne manquent pas. Pas si simple d'avoir l'inspiration pour rédiger... et encore moins pour se renouveler ! C'est pourquoi toutes les situations pour lesquelles vous devez intervenir en public ont été passées au crible.

Résultat : un guide et son CD-Rom de 330 modèles de discours "prêts à prononcer", quel que soit votre auditoire. Retrouvez tous les modèles sur le CD-Rom : il suffit personnaliser votre document, imprimez... C'est fait !

Commencez votre discours par la case en haut à gauche, puis enchainez avec n'importe quelle case en colonne 2
puis avec n'importe quelle case en colonne 3,
puis n'importe laquelle en 4
et revenez ensuite où bon vous semble en colonne 1 pour enchainez au hasard.


Mais surtout n'oubliez pas d'y mettre l'intonation et la force de conviction



On devrait se tordre de rire devant les discours !

Stella a écrit:

En quelques mots l'histoire :
Vladimir et Estragon sont deux clochards attendant, après Godot qui ne viendra jamais, dans la cambrousse où il n'y a qu'un arbre mort pour décor. Ils ne le connaissent pas et ne savent pas pourquoi ils sont là. En l'attendant, il tue le temps.

C'est un peu plus compliqué que ce résumé, chacun peut y faire de multiples adaptations.
Cela pourrait être l'histoire de deux humains qui attendent la mort par exemple.

Citation :

Extrait de Livre a écrit:

Pozzo : et merci
Vladimir : merci à vous
Pozzo : de rien
Estragon : mais si
Pozzo : mais non
Valdimir : mais si
Estragon : mais non"

De plus, la répétition de cette réplique

Extrait de Livre a écrit:

"Allons nous en !
Non, on ne peut pas.
Pourquoi ?
On attend Godot !"

est devenu lourd à la fin. Au début, c'est drôle, mais ensuite...

Et pourtant cela ressemble tellement à la vie... métro, boulot, dodo, c'est lourd la vie d'humain, les textes de Beckett sont ainsi, un regard sur nos vies.

Citation :

Ce qui m'a le plus mise en colère est l'arrivée de Pozzo et de Lucky. Pozzo a réduit en esclavage Lucky. Déjà, cela ne passe pas trop. Le plus dur a été la réaction des deux. Ils ont été indignés, mais ont-ils réagi pour empêcher ? Non. Allons, on va faire ceci ou cela. Cependant, personne ne met en action ce qu'elle dit. Cela me rappelle la réaction de certaines personnes de notre agréable société.

N'est-ce pas le reflet de notre société, nous, tous, toi, moi ?
Personnellement, je pense que si.

Citation :

Bon, c'est du théâtre de l'absurde après tout. Je ne dois pas être tombée dans la bonne période pour le lire

Le théâtre de l'absurde ne fait pas dans la dentelle et heureusement, d'autres s'y consacrent, son expression est un regard sur notre monde, acide, employant humour noir et rire grinçant comme Ionesco.

Ps : je ne comprends pas pourquoi Beckett est dédoublé en expression française et en théâtre, c'est un homme de théâtre, le dédoublement nuit à mon idée.

Bekcett est un auteur intéressant, tout comme Ionesco. Ce sont deux auteurs que j'apprécie énormément. J'ai joué une pièce de Ionesco une fois, un souvenir fantastique. Je conseille fortement Ionesco. Cela dit, je ne comprends pas ton désarroi face à Beckett chère étoile (Stella... ). C'est un auteur qui tourne aussi en dérision le monde, il cherche à montrer le temps qui passe (bon c'est vrai que quand tu lis la pièce tu le sens passer ce temps... ^^) mais quand on la vois jouer, tout est différent. Le théâtre à cet avantage d'être à la fois un art qui brille pour son écriture qu'un art qui brille pour sa représentation. Beckett met en place un comique qui se traduit en scène, selon la virtuosité des acteurs.

Utopie a écrit:

Ps : je ne comprends pas pourquoi Beckett est dédoublé en expression française et en théâtre, c'est un homme de théâtre, le dédoublement nuit à mon idée.

Il n' a pas écrit que du théâtre ?

et si on le rend aux Irlandais, et Ionesco aux Roumains, on vide nos scènes !

Je n'ai jamais vu la pièce effectivement. Cela serait plus distrayant, plus intéressant que de la lire. Parce qu'il vrai, comme le dit Rotko, il y a des passages qui sont plus à entendre qu'à lire, car ils sont lourds à la lecture.

Cependant, je préfère Ionesco à Beckett .

C'est tout le problème du theâtre, surtout contemporain : la mise en scène devient essentielle, une vraie lecture de l'oeuvre, autrement d'accès difficile.

on n'avait pas ces difficultés, ou moins avec les pièces classiques, romantiques, ou avec les melos et le boulevard.

Avec Quad, , pièce majeure de la série des « œuvres pour la télévision » réalisées dans les années 80, Beckett explore les recherches formelles et y associe la démarche des grands minimalistes tels que Sol LeWitt, Robert Ryman ou Richard Serra

Quad est le mot tronqué pour quadrat. En effet, la pièce se résume au presque rien de quatre danseurs aux silhouettes analogues. Couverts d’un long manteau à capuche, ils bougent au rythme de percussions le long des côtés d’un carré invisible au sol.

Chaque danseur sort pour un moment du noir, suit son parcours et retourne au noir qui l’engloutit. La caméra fixe surplombe l’action des quatre figures qui dure une vingtaine de minutes. Le carré abstrait, les figures analogues, l’absence totale de parole, le mouvement de sortie des danseurs à la lumière et de retour à l’obscurité, sont propres à la dernière esthétique de Beckett, de plus en plus réduite à des idées essentielles.

Le retour aux ténèbres, après le bref intervalle sur la scène, est un mouvement qui peut traduire celui de la vie.

source : l'expo du centre Pompidou

Autre quad, encore plus dépouillée.

Et voici un tableau

quad

pour vos yeux, qui naît aussi dans vos oreilles.

rotko a écrit:

Il n' a pas écrit que du théâtre ?

Il n'a pas écrit que du théâtre, Molloy en début de fil est un roman et il en a écrit quelques autres, mais tous les autres messages vous parlez de ses pièces de théâtre, d'autres en parlent en section théâtre, regrouper pour simplifier l'accès.

Citation :

et si on le rend aux Irlandais, et Ionesco aux Roumains, on vide nos scènes !

Mazette ! Ce "on" et "nos", la culture française est décidément bien possessive, mais là n'était pas du tout mon propos (voir l'explication ci-dessus), je n'aborde plus ce sujet, il faut savoir tout de même que Samuel Beckett a écrit autant en anglais qu'en français.

Il me semble qu'il a aussi écrit Quoi, où non? Je crois que j'ai ça qui traîne quelque part, mais honnêtement son style d'écriture est très éradique et comprendre sa pensée est tâche ardue.

Beckett a écrit l'un des plus poèmes qu'il m'ait été donné de lire.

Je suis une inconditionnelle

Lire "l'innommable" ....

"Mais quelle est cette histoire de ne pouvoir mourir, vivre, naître, ça doit jouer un rôle, cette histoire de rester là où l'on se trouve, mourant, vivant, naissant, sans pouvoir avancer, ni reculer, ignorant d'où on vient, où on est, où on va, et qu'il soit possible d'être ailleurs, d'être autrement, sans rien supposer, rien se demander, on ne peut pas, on est là, on ne sait qui, on ne sait où, la chose reste là, rien ne change, en elle autour d'elle, apparemment, apparemment. Il faut attendre la fin, il faut que la fin vienne, et dans la fin ce sera, dans la fin enfin ce sera peut-être la même chose qu'avant, que pendant le long temps où il fallait aller vers elle, ou s'en éloigner, ou l'attendre en tremblant, ou joyeusement, averti, résigné, ayant assez fait, assez été la même chose, pour qui n'a rien su faire, rien être."

"Fin de partie" de Samuel Beckett. Mise en scène : Alain Françon. Avec Jean-Quentin Châtelain, Serge Merlin, Michel Robin Théâtre de la Madeleine, 19, rue de Surène, Paris 8e.

Une situation totalement extravagante. Un homme, Hamm, paralysé et aveugle. Un autre, Clov, qui a des jambes et des yeux, mais un corps si distordu par l'usure qu'il ne peut pas s'asseoir. Deux vieillards réduits à deux têtes émergeant de poubelles. Et que font-ils, tous les quatre ? Apparemment, rien. Ils n'attendent même pas un quelconque Godot. Le lieu qu'ils habitent ressemble à un trou : une pièce fermée avec deux petites fenêtres si hautes qu'il faut un escabeau pour y accéder. L'une donne sur la mer, l'autre sur la terre, mais de l'une et de l'autre, il ne reste pas grand-chose, nous dit Beckett.

un article très élogieux du Monde

Ce dimanche, je vais aller voir cette pièce, Fin de partie, au théâtre de la Madeleine. Je suis impatiente de voir des acteurs jouer cette pièce, cela me permettra d'avoir une vision beaucoup plus posée et centrée de la pièce et de son déroulement. Notamment voir comment les silences, les un temps incessament répétés, pèsent sur l'existence des personnages.