JG Ballard

Citation :

Ballard se signale surtout en 1973 par la publication de deux ouvrages fondamentaux dans son ouvre que sont "L'Ile de Béton", où il embrasse les thèmes écologistes qu'on retrouvera ensuite dans "La Course au Paradis" (1994), et surtout "Crash", qui a été redécouvert par la très bonne adaptation qu'en a fait David Cronenberg. Dans "Crash", on retrouve ce qui nous intéresse ici, à savoir une tentative d'embrasser par le biais d'une description intimiste (celle d'un couple et de sa vie sexuelle) une problématique beaucoup plus ambitieuse qui est celle du devenir de l'homme, et de son corps, dans un monde de machines et de froideur métallique

.
dixit fluctuat

questions en rafales

Connaissez-vous Ballard ?
Quels titres avez-vous lus ?
quels titres conseillez-vous ?
avez-vous envie de lire des oeuvres de ballard ?

lesquelles ?

J'ai lu Millenium people. Je cite ici www.lire.fr :

Citation :

Il met en scène, dans Millenium People, la rébellion des classes moyennes. Ces cadres instruits - et endettés jusqu'au cou pour devenir, conformément à l'injonction sociale des temps modernes, propriétaires de leurs lofts garnis de toiles de maîtres, de leurs voitures ou de leurs jardinets - forment la structure et l'axe même de la société. Ils sont devenus le lumpenproletariat du XXIe siècle: «Les classes moyennes sont censées être la grande ancre sociale, avec tous ces devoirs et toutes ces responsabilités, écrit Ballard. Mais les chaînes se tendent. Les qualifications professionnelles ne valent plus rien - une maîtrise de lettres ou un diplôme d'origami, c'est la même chose. Quant à la sécurité, terminé. Un quelconque ordinateur de la banque centrale décide que les taux d'intérêt devraient monter d'un point et je dois à la banque une dure année de travail en plus.» Que se passerait-il si ces prisonniers décidaient de s'affranchir de leurs chaînes?

Leurs chaînes, ce sont leur confort matériel, leurs liens familiaux, leurs enfants et sans doute surtout la banalité de leur quotidien. En quelque sorte, les révoltés de la middle class dans ce livre sont des mécontents du bonheur formaté.

J'ai trouvé un détail fort amusant dans ce livre : J.G. Ballard imagine un accessoire pour 4x4 permettant à son propriétaire de faire croire qu'il a été dans les petits chemins de campagne. C'est un aérosol qui diffuse de la boue... (à mettre sur les roues et la carrosserie.) Quelques mois après avoir lu le bouquin, un journal m'apprend l'invention d'un nouveau produit pour les amateurs de 4x4...

Un véritable roman d'anticipation

Seuguh a écrit:

J'ai trouvé un détail fort amusant dans ce livre : J.G. Ballard imagine un accessoire pour 4x4 permettant à son propriétaire de faire croire qu'il a été dans les petits chemins de campagne. C'est un aérosol qui diffuse de la boue... (à mettre sur les roues et la carrosserie.) Quelques mois après avoir lu le bouquin, un journal m'apprend l'invention d'un nouveau produit pour les amateurs de 4x4...

D'autres "clients" se chargent d'ailleurs de rappeler aux conducteurs de 4X4 la vocation première de leur vehicule avec l'adage : si ton 4X4 ne va pas à la campagne, il est naturel que la campagne vienne à lui sous la forme de salissures déposées -ou projetées, délibérement sur le parebrise ! je rappelle le lien 4X4 pour échanger eventuellement sur ce sujet.

j'ai envie de lire un Ballard : on le fait à plusieurs en se mettant d'accord sur un titre ou en laissant à chacun le soin de le choisir ? un Ballard au menu rencontre-t-il votre adhesion - libre et spontanée bien sûr ?

Connais pas précise Rotko? est ce un livre? un titre? je prends le jocker appel à un ami

tu as bien fait d'intervenir car je m'etais trompé de nom ! il fallait lire Ballard et non Bordage comme je l'avais ecrit.

Tous deux sont ecrivains de SF.
De Bordage je lirai un de ces jours les derniers hommes que recommande Aristarque, plus réservé m'a t-il semblé sur d'autres romans comme L'Enjomineur - 1792, L'Enjomineur - 1793, L'Enjomineur - 1794 trilogie fantastique sur fond de guerre de vendée, eh oui ! de plus ses livres sont des pavés !

voici le postulat de départ des derniers hommes selon l'editeur

Citation :

Dans une Europe post-apocalyptique, quelques tribus humaines, nomades, subsistent encore. En fonction de ses origines et de sa culture, chacune possède certaines spécialités qui lui permettent de commercer et troquer des denrées souvent indispensables avec les autres

et un article d'Aristarque

ici même sur l'ange de l'abîme suite de l'evangile du serpent

Donc je voulais dire J.G Ballard, l'auteur de Crash adapté au cinéma par david Cronenberg, un film qui avait fait du bruit.

dixit JG Ballard :

"

Citation :

Je m'intéresse à ce qui touche au plus profond de la psychologie humaine, ce besoin concomitant de sécurité et de violence extrême. On vit par exemple dans un monde où l'automobile est reine, alors qu'elle fait un million de morts chaque année. Ça me passionne d'essayer de comprendre pourquoi les hommes sont fascinés et pervertis par les machines.

"

Sur le film voir ce qu'on en dit ici

extrait :CRASH de Cronenberg

Citation :

C’est un conte d’avertissement sur les dangers de la technologie contemporaine, dont la voiture représente l’emblême le plus symptomatique, dans lequel, des personnages désincarnés s’adonnent à une sexualité perverse polymorphe qui intègre la machine (la voiture) dans son projet de fusion avec l’homme. L’un des enjeux de l’oeuvre est de dévoiler les mécanismes psychiques par lesquels l’homme, au contact d’un crash routier , va développer une nouvelle cartographie des stratégies du désir, à l’aune du troisième millénaire

bizarre, hein ?

je me dis que dans un livre ce sera moins pesant que dans un film où les images peuvent "matraquer" le spectateur...

Tu proposes quoi? moi je n'en ai lu aucun alors crash m'intéresserait à priori?

je suis sur amazon et ils l'ont
je commande celui là ou un autre?

Bon je dois y aller - stop-
je re tout à l'heure -stop- si pas de réponses stop j'achète "crash" stop-

allons-y pour crash, on verra bien; je ne l'ai pas lu.

J.G Ballard, le massacre de Pangbourne, Belfond

Carnets d’enquête

Trente-deux morts, treize enfants disparus.
Le docteur Gréville, psychiatre suit l’enquête et finit par s’en mêler pour déchiffrer ce mystère en lieu clos : non plus une chambre, mais un quartier résidentiel où tout était concerté pour assurer le bonheur des privilégiés.

On a l’impression de feuilleter un dossier, ce qui, en l’occurrence n’est pas palpitant - en d’autres occasions, ce pourrait être un bon mode de présentation.

Toutes les hypothèses sur ce massacre sont successivement envisagées, puis réfutées dans la foulée, autant dire qu’on a envie de sauter des passages.

Au milieu du livre - 60 pages sur 120, on sait à quoi s’en tenir.

Reste que le problème soulevé mériterait des échanges, comme dans Virgin suicides de jeffrey Eugenides, mais impossible d’en dire plus pour l’instant.

J'ai reçu "crash "ce matin je le commence ce soir....

D'accord, ne poste rien avant qu'on ait fini la lecture ou vu le film :-)
ça va te faire oublier ta dent.

ne t'inquiète pas il a l'air écrit petit !!

Je viens d'acheter le premier bouquin de Ballard qui était exposé à la librairie: Millenium People. Afin de combler cette lacune de ne pas le connaître, cet auteur.

Citation :

Une réplique tridimensionnelle d’un tableau d’ Edward Hopper était visible sous le store en toile. Les occupants, trois hommes d’une cinquantaine d’années et une femme d’une trentaine d’années, étaient assis dans la pièce silencieuse, leurs visages éclairés par la lueur tremblante d’un écran de télévision.

Aucune expression ne passait dans leur regard, comme si les ombres imprécises projetées sur les murs tendus de jute qui les entouraient étaient depuis longtemps devenues un substitut acceptable de la pensée.

J. G. Ballard, la face cachée du soleil, Fayard.

Titre originel : Cocaïne nights.

Couverture : d’après Gens au soleil, d’Edward Hopper.

La face cachée du soleil démarre comme un roman policier :

Un incendie criminel dans une enclave résidentielle sur la Costa del Sol provoque 5 morts. Charles Prentice apprend que le coupable serait son frère Frank, dont il est depuis toujours très proche.

A ses yeux, cette accusation est absurde, mais il n’en revient pas quand il apprend que son frère a décidé de plaider coupable ! Pire, son frère, emprisonné, refuse bientôt de le voir.

Charles doit donc rester dans la résidence - où son frère tenait un club nautique très select, pour le disculper de cette affaire invraisemblable.

En fait avec l’enquête on parcourt un lieu de retraite dorée pour privilégiés, et une réflexion s’amorce sur le « tous loisirs » : les pensionnaires de ces eldorados argentés - sur la costa del Sol, deviennent des consommateurs endormis et mous.

Les méthodes de Bobby Crawford pour les stimuler en aiguisant leurs appétits reposent sur une théorie originale : les épreuves sont nécessaires, la délinquance, la drogue et le sexe sont indispensables à une bonne hygiène individuelle et sociale.

L’argumentation de Ballard surprend. Facile d’y voir une projection relativement proche d’une société de rentiers en chaise longue qui perdent tout dynamisme.

Charles, l’enquêteur se laisse séduire par cette idéologie et le personnage étonnant de Bobby (2 b) Crawford, animateur sans scrupules de sociétés moribondes. On pense à certains livres de Richard Burke : paresse et vertu sont d‘un ennui mortel, rien de tel que la transgression pour vivre pleinement !

Bref, tout est cohérent, roman policier et vision sociale. CQFD.

J’ai lu CRASH , j’avais dit que je le lirais et je l‘ai lu.

Je crois que nous sommes plusieurs sur GDS à l'avoir lu donc nos avis vont se compléter, je commence:

Une suite de phrases et de scènes plus obscènes, plus affreuses, plus écœurantes les unes que les autres.

Je me suis demandé en lisant cela comment un homme pouvait obtenir une telle réputation de « génie » en écrivant ce genre de choses :

Sexes salis, sperme partout, drogue, sodomie, crasse, vomi, coïts dans des cicatrices, d’accidentés de la route, j’en passe….

Si J.G Ballard a voulu lancer un message de détresse contre une société mécanisée et inféodée à l’automobile, il ne m’a pas convaincue , loin de là !

Par contre, je suis sûre d’une chose : je ne lirai plus jamais un autre Ballard.

Plus que du dégoût, j’ai presque éprouvé de la honte pour l’écrivain et même pour les lecteurs (dont moi).

J’espère oublier très vite cette lecture et m’aérer les neurones avec un bon Stephen King, qui jusqu’à maintenant ne sent pas le foutre et la merde . Désolée ces mots sont couramment utilisés dans ce que je viens de lire.
Beurk en un mot !!

JG Ballard, CRASH, Livre de poche


Éros et Thanatos

Les personnages de ce roman servent bien le thème du livre : l’un filme les voitures en crash-test, l’autre est un cascadeur, le troisième, un érotomane qui filme des collisions.

Tous trois ont eu des accidents et conjuguent le rentre-dedans sur roues et sur banquettes ; Notre époque est érotique du fait des nouvelles technologies, les voitures (et les avions) envahissent notre paysage extérieur et intime, au même titre qu’un permanent désir amoureux.

On risque d’être lassé par les descriptions sexuelles qui abondent dans le récit. Pourtant j’ai trouvé l’idée de départ originale. Qu’il y ait un érotisme du bolide, indépendamment de l’usage qu’on peut en faire, me parait évident, la publicité et les salons automobiles avec hôtesses en témoignent suffisamment.

j’ai trouvé dans ce livre des accents nouveaux : les systèmes d’ échangeurs, les cimetières de voitures, les cascades, les lumières de la circulation, autant de domaines qui trouvent ici une utilisation constante. Les tableaux de bords sophistiqués, les leviers de vitesse, les miroirs sont conçus comme des accessoires érotiques. Le conducteur ne s’y méprend pas qui caresse son volant pour mieux épouser les courbes de la route etc…

On a ainsi des pages toute frémissantes de volupté morbide devant les cicatrices et les blessures dues aux accidents de la route, résultats de comportements agressifs et de pulsions non maîtrisées.

S’y ajoute la tonalité morbide propre à l’auteur qui traduit dans l’écrit ce qu’on croyait réservé à l’image. L’accident au ralenti, la description clinique des mouvements des accidentés, l’abandon des corps dans les hôpitaux, les harnais des voitures, prémonitoires des harnais d’handicapés : on les caresse tous à contre courant et dans le sens du poil.

A mes yeux ce livre ouvre des voies nouvelles et je l’apprécie donc pour cette raison

Citation :

Le motocycliste poursuivait sa trajectoire horizontale à travers la glace étoilée. Le rétroviseur déchirait son visage. Son bras gauche se détachait au coude en frappant le montant du pare-brise, s’élèvait parmi la gerbe d’éclats de verre pour rejoindre la moto qui flottait à l’envers un mètre au-dessus de la colonne vertébrale du pilote

[…]

La première, la main se détachait sectionnée par la guillotine de l’essuie -glace; puis c’était l’avant-bras qui frappait le visage de la passagère et était arraché entraînant avec lui la pommette droite de la femme. Le corps du motocycliste glissait élégamment vers la droite comme pour une épreuve de slalom;, ses hanches frappaient le montant du pare-brise et l’incurvaient à son point de soudure, ses jambes s’enroulaient autour du véhicule, ses tibias heurtaient le pilier central.

Moi je préfère les courbes d'une femme aux courbes de la route, surtout que dans ce cas-là je ne prends pas seul le volant. Mais oui, ça peut faire un Crash aussi. J'écrirai... j'écrirai!

Crash! (boum hue) ne m’a pas vraiment emballé… sauf au début ! Oui, j’aimais bien ce petit côté sexuel pervers du bouquin (comme il existe dans Ecstasy de Ryu Murakami), mais à la longue, ça lasse, surtout que l’intrigue laisse franchement à désirer… Je ne m’étonnais de rien à la lecture, je n’avait pas spécialement envie de tourner la page, bref, le mot suspense est tout sauf un qualificatif pour Crash. Lot de consolation : j’ai tilté sur le fait que le prénom du « héros » n’apparaît qu’au début du chapitre 5 (si mes souvenirs sont bons) et qu’on apprend qu’il s’agit carrément de Ballard lui-même… vers la page 100 !

Bon voilà. Sinon le style est fouillé, le rapport sexe-voiture plein de comparaisons – mais franchement, en tant que piéton assidu et « détesteur » de la voiture, je ne m’y retrouve pas du tout. Bref, bref, je suis déçu. Notez que Millenium People, j’aimais bien mais je ne l’ai pas terminé pour plus ou moins les même raisons – monotonie du sujet. Est-ce que les romans de Ballard devraient être des nouvelles ?

Je comprends le dégoût de Marie (je viens de lire vos posts), car sur ce livre, âmes sensibles s'abstenir. Il s'agit souvent plus de pornographie que d'érotisme...