Jean-Marc Ligny

Aqua (tm) de JM Ligny - éditeur Atalante
Prix Rosny 2007



Un excellent roman, que je ne dirais pas de SF mais plutôt de fiction tout court....

Ce qu'on nous promet à partir de réchauffement de la planète, détaillé à propos de cas personnels (du "vécu", quoi...)

ca fait froid dans le dos, très froid....

A part 10 pages de "c..." qui sont de rigueur dans les publcations actuelles et n'apportent rien, et une autre histoire d'antéchrist made in USA, rien à jeter....

Je viens moi aussi de le lire, et je suis un peu plus nuancée, notamment sur le style (très inégal je trouve), les personnages (peu intéressants), et la longueur (abusive), notamment la fin, grand-guignolesque et sans intérêt.
Par contre, ses extrapolations sont d'une finesse, d'une cohérence et d'une crédibilité... qui fait froid dans le dos! La question de l'eau, les drogues (audio)visuelles, les (dés)équilibres écologiques, les luttes d'influence économique... Contrairement à toi, je trouve que c'est de la vraie et excellente science-fiction: une analyse intelligente et poussée de notre présent, transposée dans un futur qui permet de l'envisager avec un peu de recul.

je résume un entretien de Jean marc ligny sur la science fiction

On est plus des explorateurs du présent que du futur, parce qu’on va imaginer le futur à partir des éléments qu’on trouve dans le présent : qu’est-ce qui va faire sens, qu’est-ce qui va faire date dans l’histoire humaine en général et dans des sociétés en particulier ?
Même si on écrit une histoire galactique qui se passe dans les étoiles dans cinq siècles, on est obligé d’imaginer une évolution de l’humanité qui tienne compte des facteurs présents.
Tous les auteurs décrivent peu ou prou une situation, une analyse de notre société et de certains de ses travers. L’auteur s’est emparé des éléments du réel pour bâtir un futur imaginaire qu’il s’efforce de rendre plausible.

Il y a deux images de la science-fiction qui se télescopent et qui se brouillent. D’une part, il y a ce que j’appelle la science-fiction commerciale, représentée par des films du genre Star Wars et par toutes les bandes dessinées, les gadgets, les novellisations qui vont autour. C’est une grosse quincaillerie

Et il y a la science-fiction un peu sérieuse, qui est surtout représentée par la littérature, et qui elle va aborder les vrais problèmes de notre temps. Si on considère que c’est une littérature essentielle pour comprendre le monde, on a du mal à en sortir, voire même à trouver autant d’intérêt à d’autres formes littéraires.

je signale aussi Cosmic Erotica une anthologie féminine rassemblant 17 auteurs féminins.

Selon l’editeur

Citation :

Amour-plaisir, amour-souffrance, amours éphémères ou impossibles, amour-passion, amour-frisson : 17 écrivaines européennes et américaines, 17 auteures de science-fiction, de fantastique ou de fantasy vous offrent leurs visions de l'amour. Sans tabous ni contraintes, elles dévoilent ici les recoins les plus secrets de leur âme, de leurs désirs, de leur inspiration

jean marc ligny présente en parallèle Eros millenium une anthologie masculine parue elle aussi chez j'ai lu millenaires. Y figurent des auteurs americains certes mais aussi des Francais : RC Wagner avec La quête du zamal , Pierre Bordage, Juliet, Jean-Claude Dunyach, Voleurs de silence Patrick Eris, La promesse rompue etc.

je rapatrie ces textes d'un fil sciencefiction sur GDS*. Certaines nouvelles de Cosmic Erotica sont sur le rayon érotique pages 5 et 6

rotko a écrit:

On est plus des explorateurs du présent que du futur, parce qu’on va imaginer le futur à partir des éléments qu’on trouve dans le présent : qu’est-ce qui va faire sens, qu’est-ce qui va faire date dans l’histoire humaine en général et dans des sociétés en particulier ?
Même si on écrit une histoire galactique qui se passe dans les étoiles dans cinq siècles, on est obligé d’imaginer une évolution de l’humanité qui tienne compte des facteurs présents.
Tous les auteurs décrivent peu ou prou une situation, une analyse de notre société et de certains de ses travers. L’auteur s’est emparé des éléments du réel pour bâtir un futur imaginaire qu’il s’efforce de rendre plausible.

Il y a deux images de la science-fiction qui se télescopent et qui se brouillent. D’une part, il y a ce que j’appelle la science-fiction commerciale, représentée par des films du genre Star Wars et par toutes les bandes dessinées, les gadgets, les novellisations qui vont autour. C’est une grosse quincaillerie

Et il y a la science-fiction un peu sérieuse, qui est surtout représentée par la littérature, et qui elle va aborder les vrais problèmes de notre temps. Si on considère que c’est une littérature essentielle pour comprendre le monde, on a du mal à en sortir, voire même à trouver autant d’intérêt à d’autres formes littéraires.

Très pertinente, à mon avis, cette analyse de la SF et de ses enjeux par Ligny.

Dommage qu'il emploie l'artillerie lourde pour dézinguer la "mauvaise" SF (les pailles... les poutres...).

Erkwerkwe, tu dis la même chose que moi, sauf que je n'ai pas détaillé et que je suis moins douée pour l'analyse

mais à recommander quand même....

dans la foulée je relis "La mère des tempêtes" de John Barnes, sur le même sujet écologique...
Un grand moment!

Hélas, je connais peu de très gros lecteurs de SF prêts à se perdre dans un bouquin aussi volumineux... Mais tu as raison fontelle, il mériterait d'être lu, et pas que par des amateurs de SF (vieux combat).

Je ne regrette pas d'avoir relu" La mère des tempêtes", même thème du réchauffement de la planète (ici par dégagement de poches de méthane sous marin, dû à un envoi de missiles "de semonce").

Le thème est bien traité, le livre fourmillant de personnages (quelquefois trop)...

Le"moins" c'est beaucoup plus de sexe que ce que je ne me rappelais, surtout violent.
Cela a beau faire partie du thème de l'addiction des gens à la XS (télé sensorielle), c'est souvent un peu trop appuyé :cho:

rotko a écrit:

Et il y a la science-fiction un peu sérieuse, qui est surtout représentée par la littérature, et qui elle va aborder les vrais problèmes de notre temps. Si on considère que c’est une littérature essentielle pour comprendre le monde, on a du mal à en sortir, voire même à trouver autant d’intérêt à d’autres formes littéraires.

Oui, de notre temps; je ne pense pas que la SF se donne forcement comme mission de nous offrir une anticipation la plus plausible, mais plutôt les possibles qui sont déjà bien présents.
Je pense aux auteurs cyberpunks par exemple : il me semble presque lire cela comme un avertissemnt contre un système déjà enraciné même si pas encore autant visible

Analyse fort juste, Anharmo

J'aimerais que tu sois plus précis car les "auteurs cyberpunks" pour moi, je ne vois pas de quoi tu parles.

Sur les problèmes de notre temps, on pourrait penser à J.G Ballard.

ce serait peut-être aussi l'occasion d'attirer notre attention sur certains auteurs et certains thèmes : autant s'instruire

Yurlunggur (1987)

Citation :

Dans le quartier de la Défense, Fox et Flamme vivent minablement en dealant de la cocaïne que leur fournit Joao, un mystérieux immigré. Flamme ne rêve que d'Australie, Fox du gros coup qui les mettra enfin à l'abri des galères. Un soir, le trafic tourne mal... Et voilà que la réalité elle-même se détraque. Car les "Tueurs de la Nouvelle Lune" lancés aux trousses des deux jeunes gens ne sont pas des voyous ordinaires. Au-dessus d'eux plane l'ombre de Yurlunggur, le Serpent du Rêve, dont la magie se perpétue dans la France d'aujourd'hui chez les descendants d'une tribu d'aborigènes australiens. Cauchemar engendré par la drogue ? Pour Fox et Flamme, une seule chose est sûre : le choc des cultures fait parfois très mal...

(source : http://www.noosfere.net/ligny/Romans.adul.2.html)

On lit Yurlunggur comme on voit un film. Le décors est vite planté : ciel gris, tours du quartier de La Défense et zones coupe-gorges. L'écriture est limpide. L'histoire de fond un peu tortueuse et mince sert tout de même bien l'ambiance : car le rythme du thriller et de l'écriture s'emmêle avec certains "tableaux", de moment plus contemplatifs comme certaines scènes avec l'immuable Joao.

«

Citation :

Quand le Temps du Rêve pénètre le monde de la cocaïne, la réalité n'a plus de sens, et le lecteur, privé de tout repère rationnel, de flashes sur les personnages en étapes d'un voyage peut-être initiatique, se laisse emporter par cette brusque et brutale vague de violence jusqu'aux rivages d'un monde nouveau.

»
(Source : C. Ters, La Quinzaine Universitaire, août 1987.)

rotko a écrit:

J'aimerais que tu sois plus précis car les "auteurs cyberpunks" pour moi, je ne vois pas de quoi tu parles.

https://grain-de-sel.1fr1.net/science-fiction-f26/cyberpunk-t5467.htm pour le lien.

D.A.R.K. (1988)

Citation :

D.A.R.K., c'est l'ombre de la guerre noire comme l'hiver, comme la peur, la misère, les nuits sans lendemain et les machines à tuer. Comment survivre sous la pluie de missiles et de bombes lâchées d'on ne sait où ? Partir à la recherche des responsables ou au moins d'un ennemi ? Prendre le pouvoir pour relever le défi ? Se vouer à sa foi pour ne pas perdre l'esprit ? Errer dans la brumes de l'oubli ? Quatre trajectoires aléatoires et violentes qui s'entrecroisent en une tapisserie où se lisent les retombées de telle ou telle guerre absurde dont les médias nous livrent le feuilleton.

(Source : http://www.noosfere.net/ligny/D.A.R.K.HTML)

Les deux critiques présentes sur le lien disent, ma foi, bien les choses : Une petite histoire classique, peut-être même trop ;
le roman tire sur de grosses ficelles. On y retrouve le décors post-apocalyptique "académiques" avec son lot de ruines (architecturales et humaines), ses marginaux, toxico, pillards (à la campagne comme à la ville) et autres piétailles mutantes.

Ce qui le sort un peu de cette masse serait le montage du récit des pérégrinations des quatre protagonistes médiocres dont les destins s'entrecroisent : parfois simple aperçu, parfois analyse plus profonde de ce qui les tourmente. Flashs d'action ou pause méditative nourrissent les multiples chapitres.

Bref, une ballade reposante dans un univers familier