Gérard Manset

Oui et tout à coup mais ça n'a aucun rapport avec le nom du groupe cité ci-dessus... je pensais à Gérard Manset

Dix-neuvième album de Gérard Manset depuis Animal on est mal, paru en 1968, Manitoba ne répond plus c'est d'abord le sentiment d'être en familiarité avec une oeuvre au long cours. Manset a pu la chambouler de temps à autre (poussées très électriques de 2870 en 1978 et de Matrice en 1989) mais pas ici. Des violons, la voix qui a fait de l'usage de la réverbération (effet qui donne de l'écho, une ampleur) une part de son identité, et cette avancée dans la suite des meilleurs moments d'Obok, disque de respiration (Le Monde du 16 mai 2006), atténuant le Manset statufié en sombre maudit.

En 8 minutes et quelques secondes, Manset débute son nouvel album avec Comme un Lego, chanson déjà explorée par Bashung. Une montée lente, de la sobriété d'un piano et d'une guitare vers un orgue soul et des choeurs gospel. On la souhaiterait presque pouvoir s'étendre à l'infini, entrée fastueuse dans ce Manitoba de belle allure, sans perte d'attention et d'intention. Dix titres, pour la plupart dans le paradoxe d'une densité, d'un soin d'écriture - textes et arrangements - qui s'imposent par une sensation sonore de légèreté et d'espace ouvert. Et quand le final de Pays de la liberté prend un peu d'emphase, c'est pour mieux jouer du contraste avec la rigueur d'une ambiance de blues des champs dans Aux fontaines j'ai bu.

Au coeur du disque, Genre humain, dans l'aveu de celui qui "s'est fâché avec le genre humain". Manset, homme du lyrisme, se tient vocalement entre cette forme de parlé-chanté qui est sa marque et dans des modulations plus rares chez lui, en un aigu qui se brise. En bout de piste de ce nouveau voyage, un piano, la voix, une guitare, un son de cathédrale pour l'une de ses chansons les plus sereines, de plein ravissement, Dans mon berceau j'entends.

Le Monde - 12.09.2008

J'ai tellement envie d'écouter Manitoba ne répond plus qui vient de paraître.

Si l'un ou l'une d'entre vous peut partager et donner son sentiment !
Super !

Merci Mouton'S

Tu peux déjà trouver des impressions sur le forum de ses fans. Personnellement, je ne suis pas pressée d'écouter Manitoba ne répond plus tant Obok m'a déçue. Mais la critique semble bonne pour ce nouvel album.

J'ai tous les albums de Manset mais je l'écoute assez rarement désormais.

Citation :

Aucune apparition en scène, peu de photos qui le représentent, l'écrivain-musicien-photographe, artisan solitaire de tous ses disques, est un exégète rigoureux de son oeuvre - "mon cheptel", dit-il. Le berger voyageur est aujourd'hui apaisé. "Je prends davantage de plaisir maintenant, je suis en règle avec moi-même." Mais il corrige en disant qu'il était "déjà vigilant" au temps des albums Lumières (1984) ou Matrice (1989).

Manset est très politique dans sa défense des innocences, des mondes perdus, des charmes - celui de l'Asie par exemple - qui donnent le sel au monde.

dit le Monde dans son article

Alain Baschung dans son dernier album "bleu pétrole" reprend cette magnifique chanson écrite par Gérard Manset:
voyage en solitaire. une vraie merveille.


Il voyage en solitaire
Et nul ne l'oblige à se taire.
Il chante la terre.
Il chante la terre

Et c'est une vie sans mystère
Qui se passe de commentaires.
Pendant des journées entières,
Il chante la terre.

Mais il est seul.
Un jour,
L'amour
L'a quitté, s'en est allé
Faire un tour de l'autre côté
D'une ville où y'avait pas de place
Pour se garer.

Il voyage en solitaire
Et nul ne l'oblige à se taire.
Il sait ce qu'il a à faire.
Il chante la terre.

Il reste le seul volontaire
Et, puisqu'il n'a plus rien à faire,
Plus fort qu'un armée entière,
Il chante la terre

Mais il est seul.
Un jour,
L'amour
L'a quitté, s'en est allé
Faire un tour de l'autre côté
D'une ville où y'avait pas de place
Pour se garer
Et voilà le miracle en somme,
C'est lorsque sa chanson est bonne,
Car c'est pour la joie qu'elle lui donne
Qu'il chante la terre.

Marie,

Des tas et des tas et des tas de chansons de Manset sont de vraies merveilles. Il n'y a pas que "Le Voyage en solitaire". Pourquoi toujours "Le Voyage en solitaire" alors qu'il y a aussi "La Mort d'Orion", "Vivent les hommes", "Ils", "Le Paradis terrestre", "Elégie funèbre", "Chambres d'Asie", "Mauvais Karma", "Et l'or de leur corps", "Les îles de la Sonde", "Manteau rouge", "Le masque sur le mur", "L'enfant qui vole", "Comme un guerrier", "La mer rouge", "Y'a une route", "Attends que le temps te vide", "Un homme étrange", "C'est un parc", "Les vases bleus", "Rouge-gorge", "Amis", "Que deviens-tu ?", "La route de terre", "Pour un joueur de guitare", "Vies monotones", "Entrez dans le rêve", "Pavillon sous la neige", "Ton âme heureuse", "Royaume de Siam", "Balancé", "La mer n'a pas fini de descendre", "La neige est blanche", "Fini d'y croire", "Le jour où tu voudras partir", "Seul et chauve", "Matrice", "Golgotha", "Le lieu désiré", "Long long chemin", "Ne change pas", "Celui qui sera demain", "Celui qui marche devant", "L'oiseau de paradis", "Donne-moi", "Jeanne"... ???

tout à fait d'accord
mais voyage en solitaire est surement le plus connu?
j'ai le cd prisonnier de l'inutile qui est une merveille
j'ai parlé de ce voyage car je viens d'écouter bashung c'est pour cela, mais les deux m'interpellent.
quel talent surtout pour l'écriture car la voix de Gérard Manset est quand même moins belle que ses paroles

Oui, je peux comprendre qu'on n'aime pas sa voix. On ne peut pas dire qu'elle soit belle, cristalline, mélodieuse, harmonieuse mais personnellement, elle m'a toujours envoûtée. Eddy Marnay a écrit quelque chose à propos de la voix de Frida Boccara qui pourrait tout autant définir celle de Manset :

"La voix de Frida n'était pas de chez nous.

Elle venait du Ciel ou des profondeurs de la Terre, mais certainement pas de nos rues, de nos villes ou de nos campagnes.

Lorqu'elle émanait de son corps, elle ne laissait d'espace qu'au Silence, pas même à la Respiration.

[...]

La voix de Frida n'était pas de chez nous, mais elle éveillait en nous ce qu'il y avait de plus noble et de plus sacré."

j'aime Gérard Manset ce que je voulais dire c'est que sa voix n'est pas traditionnelle mais je suis d'accord avec toi, elle est envoutante. et puis ces voix qui coincent m'émeuvent toujours.

Ah Manset!!!

Ma préférée c'est le pont, et une des dernières Quand une femme.
Je l'écoute dans le RER et grâce à lui je m'évade de tout ce stress ambiant. C'est un grand artiste qui ne cherche pas à vendre sa soupe comme tant d'autres.

Je découvre, seulement...
Je suis un peu lent à la détente, alors découvrir un album sorti en 1970 ne me fait pas peur.

La Mort d'Orion.

L'un des premiers "album-concept" français. Les album-concept, c'est mon truc, alors forcément j'aime. C'est comme si je partais pour un long voyage... Je ferme les yeux, et je suis ailleurs...

Vous partez avec moi ? alors Bon voyage :bye!:


1. La mort d'Orion
2. Vivent les hommes
3. Ils
4. Le paradis terrestre
5. Élégie funèbre

Je crois bien que La Mort d'Orion est l'album de Manset que j'aime le plus. Essaie de te procurer aussi L'album blanc (on l'appelle ainsi mais son titre exact est Long long chemin je crois). Il est sans doute difficile de l'entendre maintenant car Manset l'a mis au pilon et donc il n'est plus commercialisé. Il ne faut pas non plus passer à côté des albums Y'a une route, Royaume de Siam, Comme un guerrier, Lumières ou encore Revivre. Peut-être devrais-je aussi te conseiller Matrice. C'est l'album préféré de certains de ses fans.

Je pense que pour découvrir Manset, son triple album best of Platinum est parfait. C'est ce que je possède de Manset, et la plupart des chansons sont magnifiques. Après toutes celles citées, je rajouterai "Les Jardins du XXIe s.".

D'ailleurs, sur le dernier (malheureusement...) chef-d'œuvre de Bashung, celui-ci chante "Comme un légo", écrite par Manset. Pour l'avoir vu en concert, cette chanson était placée en ouverture et contenait une puissance envoûtante indescriptible. C'est sans doute l'une des plus belles chansons sur la petitesse de la condition humaine. D'ailleurs, après coup, Manset voulait en faire le titre de son dernier album, mais il avait déjà cédé les droits à Bashung; et il disait qu'après l'avoir vue chantée par le grand Alain, l'idée de la chanter à son tour s'était évanouie.

Gerard Manset,
il voyage en solitaire

Citation :

"Il voyage en solitaire
Et nul ne l'oblige à se taire
Il chante la terre
Il chante la terre
Et c'est une vie sans mystère
Qui se passe de commentaire
Pendant des journées entières
Il chante la terre
Mais il est seul
Un jour
L'amour
L'a quitté, s'en est allé
Faire un tour
D'l'autr' côté
D'une ville où y avait pas de places pour se garer.

Spoiler:

il faut écouter Matrice et en particulier le titre du meme nom , c'est avec cet album de 1989 que je suis "revenu" vers GM .

j'ai compris que la vie n'est qu'une grande tragédie qui conduit tout droit à la mort. Alors j'essaie d'en faire parfois une comédie.......

ecouter également banlieue nord , çà n'a pas vieilli ......

je reviendrai vous parler de GM !!

michel27 a écrit:

ecouter également banlieue nord , çà n'a pas vieilli ......

Ça n'a en effet pas vieilli, et à mon avis n'est pas près de vieillir.

voila le texte de 1989

On passe au bord d'une grande cheminée
De brique et de pierre.
La pluie la neige se sont mises à tomber
Sur les manteaux d'hiver.
Plus moyen de voir autre chose que la misère
Dans cette ville de hasard et de parkings déserts.
Les enfants des îles qui dansent sous la lumière,
Sous la grande lumière
Des parkings déserts,
Où
Reviennent
Traîner le long des épaves
Les chevelures sans foulard
Dans filles grandies trop tard
Qui s'endorment sur le sol,
Dans les caves, les entresols,
Revivant toujours l'histoire
Prises par les gamins du square.
{Refrain:}
Mon dieu, montrez-vous quand même,
Le jour des communions, des baptêmes.
Bénissez les robes blanches
Que les souillures un jour balayeront
Comme une avalanche.
On passe au pied d'une grande tour carrée
Avec ses miradors.
La pluie, la neige se sont mises à tomber.
On y pense encore.
C'est là qu'on a vécu et, de toute manière,
Les enfants des îles étaient tous nos frères
Et qu'on le veuille ou non, on n'peux plus s'en défaire,
Sous la grande lumière
Des parkings déserts
Où
Reviennent,
Comme des chats tombés d'une gouttière,
Les visages tristes et sans paupières
Des enfants qui jettent des pierres.
{au Refrain}
Et la nuit, dans les draps,
La seule chose qu'on n'veux pas
Et qu'on craigne encore,
Mais qui nous glace d'effroi,
C'est banlieue nord.
On a beau tout faire,
Quand on remue la terre
Et ça bouge encore.
C'était banlieue nord
Et ça saigne encore.

faudra que je prenne le disque ; j'ai de la veine, Matrice est dans ma mediathèque : on met Manset en écoute de juillet ?

Ouais, c'est ça, je propose pleins de titre d'albums, t'écoute pas. Michel arrive, il dit d'écouter Matrice et tu vas emprunter cet album. Pfff...

En juillet, une chose est sûre, je découvre enfin son dernier album.

je suis ouvert à toute proposition d'album

il faut aussi que je le trouve dans ma mediathèque, c'est pourquoi j'ai noté Matrice.

je brûle de curiosité et d'interêt

Je ne possède aucun véritable album, mais j'ai son Platinum Collection, best of 3 CDs

finalement j'emprunte l'album du guerrier. Comme un guerrier.

Comme un guerrier
Qui perd son bras
Son oeil au combat
A chercher le choc
Fendre le roc
Comme un guerrier qui tombe
Un pied dans la tombe

On se fait mal
Et sifflent les balles
Le vent la mitraille
Le pont les rails
Dessous la rivière
Rapide et fière
Rapide et fière

Une barque t'attend
Et l'indienne est dedans
Avec ses cheveux noirs
Ses dents d'ivoire
On a rien à se dire
Ensemble on va fuir
Ensemble on va fuir

Comme un guerrier
Le crâne bandé
Qu'a plus qu'une heure à vivre
Sur la toile du sac
Au fond du hamac
Quand la fièvre monte
C'est comme un guerrier qui raconte sa vie

Nous prendrons nos fusils
Nous marcherons sur l'Asie
Afin de voir s'ils sont heureux
Afin de voir s'ils sont heureux

Spoiler:

https://www.youtube.com/watch?v=ky2lzCBwAz4


une belle chanson et un clip réussi.

Matrice
merci pour ces superbes paroles et cette très belle chanson.

Est-ce ainsi que les hommes meurent ?

Depuis bien longtemps déjà j'ai cessé d'écrire,
Cessé de lever les yeux, cessé de relire.
Dans le parc devant la grille, les homme arrivent
Et juste une trace de pas, le long des rives.
Depuis bien longtemps je ne dirige plus les musiciens.
Depuis bien longtemps laissé pendu l'habit de magicien.
Dans le parc, devant la mer les robes blanches.
Enfants fragiles comme du verre jouent sous les branches.
Enfants fragiles comme du verre jouent sous les branches...
Est-ce ainsi que les hommes meurent ?
Et leur parfum au loin demeure.

Depuis bien longtemps déjà j'ai cessé de vivre,
De toucher du bout des doigts la tranche des livres.
Dans le parc, devant la rive, des bruits étranges...
Bruissements d'ailes, lumières, cheveux des anges...
Le bruissement des ailes, les lumières, les cheveux des anges...
Depuis bien longtemps déjà, le seul souvenir
D'une miette de vie encore que je respire.
Dans le parc devant l'allée, le vide immense.
Bruits de pas sur le gravier de mon enfance.
Les bruits de pas sur le gravier, les ombres dansent...
Est-ce ainsi que les homme meurent ?
Et leur parfum, au loin, demeure...
Et leur parfum, au loin, demeure.