Gerard Garouste

petit diaporama

Citation :

Ce qui m'intéresse, ce sont deux choses : d'un côté il y a la métaphysique, et de l'autre, on pourrait appeler ça tout simplement la politique. Mais la politique au sens philosophique du terme, c'est à dire le citoyen dans la cité, ce rapport de l'être à l'être. A partir de ça, de cette pierre d'angle, tout se construit chez moi.

Gérard Garouste.

" Je suis le fils d'un salopard qui m'aimait. Mon père était un marchand de meubles qui récupéra les biens des Juifs déportés. Mot par mot, il m'a fallu démonter cette grande duperie que fut mon éducation.

À vingt-huit ans, j'ai connu une première crise de délire, puis d'autres. Je fais des séjours réguliers en hôpital psychiatrique. Pas sûr que tout cela ait un rapport, mais l'enfance et la folie sont à mes trousses. Longtemps je n'ai été qu'une somme de questions.

Aujourd'hui, j'ai soixante-trois ans, je ne suis pas un sage, je ne suis pas guéri, je suis peintre. Et je crois pouvoir transmettre ce que j'ai compris. "

Ce ne sont pas les phrases surprenantes qui manquent dans l'intranquille
chez l'iconoclaste (sic !).

la mort du père.

Citation :

« je n’étais pas venu depuis trois ans. La dernière fois, ou l’avant dernière, nous nous étions battus. Je suis donc arrivé sans larmes. J’ai constaté la mort de mon père ».

Le cerisier de Bourg-la-Reine. 

Citation :

« A la fin de l’été, les branches se couvraient de hannetons mangeurs de feuilles, espèce aujourd’hui disparue, ils étaient gros, gluants comme du miel, et j’avais appris à ne pas les retirer lorsqu’ils s’agrippaient à ma peau car leur pattes restaient plantées dans la chair. Ils m’effrayaient, mais j’étais toujours mieux là qu’à table avec mes parents ou dans ma chambre trop près de la leur. »

L’oncle Casso et le curé bourguignon.

Citation :

« Une autre fois, il [le curé] décida de mettre un calvaire en haut de la montagne. Il voulait porter seul la croix, il n’emmena que mon oncle, parce qu’il fallait un maçon pour la sceller une fois au sommet. Tout le monde regarda partir les deux plus grands alcooliques déguisés en missionnaires.

Ils n’arrivèrent jamais là-haut, ils tombèrent ivres morts à mi-chemin. Le village eut alors très peur d’être damné. »

Etrange , il a quelque chose de S.Dali.

Dans l' Intranquille, Garouste illustre à ses dépens ce que dit Vivianne Kovess-Masfety dans n'importe qui peut péter un câble :

dix ans de dépression, ou de" troubles bipolaires" comme on dit, avec internement psychiatrique, fugues, vol et gaspillage de l'argent familial distribué à tout va, extravagances, agressivités publiques, laliste est bien fournie.

il analyse aussi son cas

Citation :

" j'avais fugué pour fuir l'enfant dans le ventre de ma femme, il allait faire de moi un adulte"

on comprend que l'image de son propre père le poursuit.

D'autres passages sont révélateurs :

Citation :

"la sortie [ de l'hopital psychiatrique] n'est pas une libératio,n, c'est une punition. [...] J'avais envie de faire le chemin inverse, de retrouver l'univers irréel qui me protégait, l'hopital, ses habitudes, son réfectoire, son protocole etc".

des troubles qui relèvent des crises paniques caractéristiques, selon Kovess-Masfety , de l'agoraphobie par exemple et de ce qu'elle appelle "les troubles sociaux".

Empreintes”.vendredi 12 avril A 21h30 sur France 5

Peintre majeur de l’art contemporain français, Gérard Garouste mène une sorte de double vie. Sa peinture occupe la première moitié de sa semaine, mais la seconde, il la consacre à La Source, association qu’il a fondée en 1991 pour venir en aide aux enfants en difficulté. Ce nom ne doit rien au hasard. La quête des origines est centrale dans l’ oeuvre de Garouste. Sur ses toiles, ses souvenirs personnels se mêlent aux mythes et aux grandes thématiques classiques de l’histoire de l’art. Ainsi, le film de Joël Calmettes nous invite à voyager avec l’artiste sur les traces de son passé et, par conséquent, de celui de l’humanité.

Dans ce documentaire, le peintre se confronte directement à ses sources d’inspiration, qu’elles soient techniques ou spirituelles. A Venise, devant “l’Enlèvement du corps de saint Marc”, du Tintoret, il explique que les clairs-obscurs du maître italien influencent encore et toujours son pinceau. A Megiddo, puis à Jérusalem, face aux manuscrits de la mer Morte, c’est l’aspect mythologique de son oeuvre qui est exploré.

Pour Gerard Garouste, les mains commandent l'esprit créateur, avec des dessins automatiques qu'il retrouve dans son carnet et qu'il développe plus tard, à loisir. Le tableau, d'une dimension donnée, est un espace contraint où il exprime sa liberté. Il représente une enigme que le regardeur doit s'approprier, interprèter, comme on le fait d'un mythe.

Ses sources : des oeuvres littéraires, le Quichotte, mais aussi Goethe, Dante, Rabelais et son quart-livre. Par son éducation chrétienne et un antisemitisme familial contre lequel il réagit, il explore la Bible, le talmud, le nouveau testament, avec des épisodes qui figurent sur les vitraux de Talant.


Il a fait des décors de théâtre pour son ami Jean Michel Ribes

Au cours de l'émission, il commentait les peintures de la grotte chauvet.

Garouste, un peintre figuratif, d'abord influencé par des contemporains comme Duchamp, et qui revient se pencher sur des peintures de Tintoret, trouvant un style personnel, nourri d'expériences personnelles douloureuses mais surmontées.

Citation :

« Dans les détails d'une vie, s'inscrivent les dysfonctionnements d'une société toute entière. En un sens, ce malade dont je peins les aventures est le pur produit de son époque. La question de la transmission de la connaissance représente pour moi le point crucial.

Enfant j'ai été élevé dans le mensonge familial et l'hypocrisie de la religion. Cette grande duperie que fut mon éducation est aujourd'hui un moteur. Je lui dois mon obsession pour le démontage des images comme des mots, et mon intérêt pour l'idée d'origine. Même si l'origine est une utopie. Reste la recherche de la vérité. »

Il commentait ce tableau, à partir d'un incident qu'il avait crée dans un église, pendant un mariage...