JG Ballard

La face cachée du soleil démarre comme un roman policier :

Un incendie criminel dans une enclave résidentielle sur la Costa del Sol provoque 5 morts. Charles Prentice apprend que le coupable serait son frère Frank, dont il est depuis toujours très proche.

A ses yeux, cette accusation est absurde, mais il n’en revient pas quand il apprend que son frère a décidé de plaider coupable ! Pire, son frère, emprisonné, refuse bientôt de le voir.

Charles doit donc rester dans la résidence - où son frère tenait un club nautique très select, pour le disculper de cette affaire invraisemblable.

En fait avec l’enquête on parcourt un lieu de retraite dorée pour privilégiés, et une réflexion s’amorce sur le « tous loisirs » : les pensionnaires de ces eldorados argentés - sur la costa del Sol, deviennent des consommateurs endormis et mous.

Les méthodes de Bobby Crawford pour les stimuler en aiguisant leurs appétits reposent sur une théorie originale : les épreuves sont nécessaires, la délinquance, la drogue et le sexe sont indispensables à une bonne hygiène individuelle et sociale.

L’argumentation de Ballard surprend. Facile d’y voir une projection relativement proche d’une société de rentiers en chaise longue qui perdent tout dynamisme.

Charles, l’enquêteur se laisse séduire par cette idéologie et le personnage étonnant de Bobby (2 b) Crawford, animateur sans scrupules de sociétés moribondes. On pense à certains livres de Richard Burke : paresse et vertu sont d‘un ennui mortel, rien de tel que la transgression pour vivre pleinement !

Bref, tout est cohérent, roman policier et vision sociale. CQFD.

J’ai lu CRASH , j’avais dit que je le lirais et je l‘ai lu.

Je crois que nous sommes plusieurs sur GDS à l'avoir lu donc nos avis vont se compléter, je commence:

Une suite de phrases et de scènes plus obscènes, plus affreuses, plus écœurantes les unes que les autres.

Je me suis demandé en lisant cela comment un homme pouvait obtenir une telle réputation de « génie » en écrivant ce genre de choses :

Sexes salis, sperme partout, drogue, sodomie, crasse, vomi, coïts dans des cicatrices, d’accidentés de la route, j’en passe….

Si J.G Ballard a voulu lancer un message de détresse contre une société mécanisée et inféodée à l’automobile, il ne m’a pas convaincue , loin de là !

Par contre, je suis sûre d’une chose : je ne lirai plus jamais un autre Ballard.

Plus que du dégoût, j’ai presque éprouvé de la honte pour l’écrivain et même pour les lecteurs (dont moi).

J’espère oublier très vite cette lecture et m’aérer les neurones avec un bon Stephen King, qui jusqu’à maintenant ne sent pas le foutre et la merde . Désolée ces mots sont couramment utilisés dans ce que je viens de lire.
Beurk en un mot !!

JG Ballard, CRASH, Livre de poche


Éros et Thanatos

Les personnages de ce roman servent bien le thème du livre : l’un filme les voitures en crash-test, l’autre est un cascadeur, le troisième, un érotomane qui filme des collisions.

Tous trois ont eu des accidents et conjuguent le rentre-dedans sur roues et sur banquettes ; Notre époque est érotique du fait des nouvelles technologies, les voitures (et les avions) envahissent notre paysage extérieur et intime, au même titre qu’un permanent désir amoureux.

On risque d’être lassé par les descriptions sexuelles qui abondent dans le récit. Pourtant j’ai trouvé l’idée de départ originale. Qu’il y ait un érotisme du bolide, indépendamment de l’usage qu’on peut en faire, me parait évident, la publicité et les salons automobiles avec hôtesses en témoignent suffisamment.

j’ai trouvé dans ce livre des accents nouveaux : les systèmes d’ échangeurs, les cimetières de voitures, les cascades, les lumières de la circulation, autant de domaines qui trouvent ici une utilisation constante. Les tableaux de bords sophistiqués, les leviers de vitesse, les miroirs sont conçus comme des accessoires érotiques. Le conducteur ne s’y méprend pas qui caresse son volant pour mieux épouser les courbes de la route etc…

On a ainsi des pages toute frémissantes de volupté morbide devant les cicatrices et les blessures dues aux accidents de la route, résultats de comportements agressifs et de pulsions non maîtrisées.

S’y ajoute la tonalité morbide propre à l’auteur qui traduit dans l’écrit ce qu’on croyait réservé à l’image. L’accident au ralenti, la description clinique des mouvements des accidentés, l’abandon des corps dans les hôpitaux, les harnais des voitures, prémonitoires des harnais d’handicapés : on les caresse tous à contre courant et dans le sens du poil.

A mes yeux ce livre ouvre des voies nouvelles et je l’apprécie donc pour cette raison

Citation :

Le motocycliste poursuivait sa trajectoire horizontale à travers la glace étoilée. Le rétroviseur déchirait son visage. Son bras gauche se détachait au coude en frappant le montant du pare-brise, s’élèvait parmi la gerbe d’éclats de verre pour rejoindre la moto qui flottait à l’envers un mètre au-dessus de la colonne vertébrale du pilote

[…]

La première, la main se détachait sectionnée par la guillotine de l’essuie -glace; puis c’était l’avant-bras qui frappait le visage de la passagère et était arraché entraînant avec lui la pommette droite de la femme. Le corps du motocycliste glissait élégamment vers la droite comme pour une épreuve de slalom;, ses hanches frappaient le montant du pare-brise et l’incurvaient à son point de soudure, ses jambes s’enroulaient autour du véhicule, ses tibias heurtaient le pilier central.

Moi je préfère les courbes d'une femme aux courbes de la route, surtout que dans ce cas-là je ne prends pas seul le volant. Mais oui, ça peut faire un Crash aussi. J'écrirai... j'écrirai!

Crash! (boum hue) ne m’a pas vraiment emballé… sauf au début ! Oui, j’aimais bien ce petit côté sexuel pervers du bouquin (comme il existe dans Ecstasy de Ryu Murakami), mais à la longue, ça lasse, surtout que l’intrigue laisse franchement à désirer… Je ne m’étonnais de rien à la lecture, je n’avait pas spécialement envie de tourner la page, bref, le mot suspense est tout sauf un qualificatif pour Crash. Lot de consolation : j’ai tilté sur le fait que le prénom du « héros » n’apparaît qu’au début du chapitre 5 (si mes souvenirs sont bons) et qu’on apprend qu’il s’agit carrément de Ballard lui-même… vers la page 100 !

Bon voilà. Sinon le style est fouillé, le rapport sexe-voiture plein de comparaisons – mais franchement, en tant que piéton assidu et « détesteur » de la voiture, je ne m’y retrouve pas du tout. Bref, bref, je suis déçu. Notez que Millenium People, j’aimais bien mais je ne l’ai pas terminé pour plus ou moins les même raisons – monotonie du sujet. Est-ce que les romans de Ballard devraient être des nouvelles ?

Je comprends le dégoût de Marie (je viens de lire vos posts), car sur ce livre, âmes sensibles s'abstenir. Il s'agit souvent plus de pornographie que d'érotisme...

J'ai été carrément transportée par l'écriture de ballard, et même plusieurs fois excitée par ses descriptions érotiques. Suis-je une malade ? Est-ce que je dois avoir honte Marie ? Je trouve que tu vas un peu loin dans tes jugements en parlant de honte de l'auteur... du coup, ça me positionne (et tous les fans de ce livre) comme quelqu'un qui doit se cacher...

enfin bref, retournons au livre. Il est normal qu'il suscite des incompréhensions, celà va de soi.

Tout d'abord jene suis pas persuadée que son but était

Citation :

lancer un message de détresse contre une société mécanisée et inféodée à l’automobile,

il cherchait plutôt les prémices d'une nouvelle sexualité, la manière dont l'homme allait trouver sa place dans un monde de plus en plus mécanisé. Bien sûr il y a des avertissements (l'obsession des personnages montrent qu'il faut attention aux extrèmes), mais il y a aussi la vision d'un nouveau monde.

Bon, le roman j'ai eu un peu de mal au début, et les scènes où il décrit méticuleusement les voitures et divers impacts m'ont parfois complètement dépassés. ne vouant pas un culte aux voitures, et ayant du mal à savoir comment s'appelle telle ou telle partie, j'étais un peu perdue.
Mais la manière organique qu'il avait de faire vivre les engins, leurs pouvoirs hypnotiques sur les personnages étaient si forts, son style d'écriture si ancrée dans la chair que du coup je me retrouvais vite transportée dans un monde étrange et terriblement sensuel.

Son univers m'a vraiment fait penser aux premiers films de cronenberg. Pourtant, c'est étrange mais son adaptation de ce livre ne m'a pas marquée. Enfin maintenant que j'ai lu le livre j'ai vraiment envie de le revoir. Mais je crois que j'avais du mal avec l'acteur principal (james spider) même si aujourd'hui, par rapport au roman je trouve que son jeu était justifié. Et puis Elias Koteas qui joue Vaughan (objet de fantasmes érotiques très parlants dans le livre) m'a complètement laissé indifférente à l'écran. Donc faut que je le revois

Les images du livre m'ont plutôt rappelé des films de cronenberg comme Chromosome 3 ou Videodrome. Des films où la matière, la psychologie parvient à déformer, manipuler, influer sur le corps.
Le côté sado maso aussi est très présent chez ballard et chez cronenberg, la jouissance dans le corps meurtrit.

Je trouvais que là où ballard touchait vraiment très fort c'est lorsqu'il parlait de fantasmes, qu'il montrait comment les mécanismes psychologiques étaient très puissants dans le sexe. Comment une simple pensée (à quelqu'un d'autre, dans un autre contexte) pouvait sublimer l'acte sexuel.

Voilà, donc Queenie : dépravée sexuelle, à tendance sado maso

Seuguh a écrit:

à la longue, ça lasse, surtout que l’intrigue laisse franchement à désirer… Je ne m’étonnais de rien à la lecture, je n’avais pas spécialement envie de tourner la page, bref, le mot suspense est tout sauf un qualificatif pour Crash.

j'ai eu un peu la même lassitude vers le milieu du livre. tant que ballard était un peu "stone" par rapport à sa situation, et c'est vrai que l'auteur a du mal à creuser la psycologie dans ce roman en dehors du sexe... mais après je sais pas, j'ai comme était hypnotisée par ses scènes à répétitions qui allaient de plus en plus loin

je crois vraiment que l'effet hypnotique de ce roman est ce qui m'a le plus marqué

qui a pretendu qu'il s'agissait d'un message de

Citation :

détresse contre une société mecanisée

? n'est-ce pas Ballard lui-même ?

Je ne crois pas, en tout cas, qu'il s'agisse d'une glorification de la voiture mais je voudrais insister sur les liens entre l'erotisme et la voiture dans notre société : voir les salons de l'automobile de Franfort avec les hotesses tres deshabillées, ou encore plus flagrant les images presentant des femmes pulpeuses sur des motos puissantes, BB sur harley davidson, etc..; la publicité repond là a des fantasmes - ou les crée. Est-ce anodin ? je ne le crois pas : on conditionne a tout âge en faveur de la voiture, voire de la façon de conduire, ce qui est mortel !

autre point : les images morbides.

la vraie obscenité publicitaire consiste à montrer un accident et une jolie femme qui sort indemne de la carosserie en reajustant sa chevelure.

Pour contrer ces images - y compris la collision devenue aussi douce, l'air bag aidant, que le contact du sein maternel pour le bébé, la prevention routière doit faire jouer le vrai, ie le morbide :

films d'accidents réels, entretiens avec des handicapés sur le bord d ela route, pourquoi pas s'installer au volant d'une carcasse de voiture ? que penser des bouquets de fleurs rappelant un accident ou des silhouettes representant un mort ? et les pancartes "j'avais dix huit ans et je voulais vivre "?

Il s'agit de stages de reinsertion pour chauffards, et d'avertissements pour le public ordinaire. Ballard force la dose avec les cicatrices et les harnais d'handicapés, mais derrière le culte de la voiture il faut voir les familles en deuil ou la vie des handicapés...

on reparlera de Ballard.

Queenie, si tu aimes un peu ce genre d'ambiance - sexe, drogue, sado-masochisme, fric et amoralité (plus qu'immoralité, pense-je en clin d'oeil à Marie) - je te conseille fortement un livre plus récent, où l'intrigue et le suspense prennent une dimension aussi grande que le "background" et qui personnellement, m'a happé jusqu'à la moëlle tellement se mettre dans la peau des personnages est naturel. Je me répète donc : Ecstasy, de Ryu Murakami (qui constitue le premier volet d'une trilogie, mais les deux suivants je ne les ai pas encore lu, attendant patiemment qu'ils sortent en poche) aux éditions Philippe Piquier. Si j'en ai le temps, je ferai un petit synopsis dans le fil Murakami pour le présenter (mais j'ai un peu peur de mal faire la publicité ).

ah ! le ryu Murakami je n'ai pas lu ses livres réputés les plus scandaleux, mais il est plus complexe que cette image-là.

je reviens à Ballard : son livre la face cachée du soleil que j'ai lu et chroniqué, est original par les vues qu'il y developpe.

L'intrigue est bien ficelée, sans pornographie : une seule scène un peu chaude, pas de quoi effrayer.
En revanche "on"- c'est moi , se demande à la lecture si la conversation peut se poursuivre dans certaines conditions et positions
- question purement théorique et non essentielle, je le précise

Seuguh a écrit:

Queenie, si tu aimes un peu ce genre d'ambiance - sexe, drogue, sado-masochisme, fric et amoralité (plus qu'immoralité, pense-je en clin d'oeil à Marie) - je te conseille fortement un livre plus récent, où l'intrigue et le suspense prennent une dimension aussi grande que le "background" et qui personnellement, m'a happé jusqu'à la moëlle tellement se mettre dans la peau des personnages est naturel. Je me répète donc : Ecstasy, de Ryu Murakami (qui constitue le premier volet d'une trilogie, mais les deux suivants je ne les ai pas encore lu, attendant patiemment qu'ils sortent en poche) aux éditions Philippe Piquier. Si j'en ai le temps, je ferai un petit synopsis dans le fil Murakami pour le présenter (mais j'ai un peu peur de mal faire la publicité ).

j'ai lu parasites de ryu murakami, motivée notamment par cette "réputation" "sulfureuse". J'avais bien accroché à l'ambiance générale, j'essayerai de pousser plus loin, avec ecstasy, peut-être

queenieinlove a écrit:

Suis-je une malade ? Est-ce que je dois avoir honte Marie ? Je trouve que tu vas un peu loin dans tes jugements en parlant de honte de l'auteur... du coup, ça me positionne (et tous les fans de ce livre) comme quelqu'un qui doit se cacher...
Voilà, donc Queenie : dépravée sexuelle, à tendance sado maso

j'ai donné mon avis rien de plus je m'abstiendrai peut-être la prochaine fois ce sera plus simple ... si chaque lecteur se sent personnellement visé par une critique c'est grave ... il vaut mieux effectivement dans ce cas, garder ses sentiments pour soi ce que j'aurais du faire ...

allons donc marie ! on est content de te retrouver, tu donnes ton opinion
librement et personne ne remet en cause ce droit.

ben dis donc marie, pourquoi tant de susceptibilités?? si je l'avais si mal pris, je t'aurais envoyé des terrorristes chez toi
je faisais juste remarquer que tes mots étaient très "virulents" et remettaient en cause le talent de l'auteur (même si tu n'y es pas sensible) et la sensibilité du lecteur...

je sais qu'on n'est pas obligé de prendre de gants entre nous mais bon... quand on lance des phrases aussi directes, il faut s'attendre à des réactions du même acabit non ?

on se croirait dans un débat avec les pour et les contre qui s'engueulent comme l'aime tant la tv... je me sens ridicule du coup...

Allez Queenie quand on interpelle directement Marie, alors qu'elle a parlé en général on doit s'attendre à des réactions non? je suis comme cela entière et directe ( on me le reproche parfois!) mais tant que je dirai les choses c'est que j'ai envie de les dire, c'est quand je me tairai qu'il faudra s'inquiéter bisous ma grande ! et continue à aimer ce que tu veux en lecture et moi à détester peut-être ( ce qui n'est pas systématique heureusement !)

ps: je n'aime pas CE livre de Ballard

je suis bien contente, tu as un caractère bien trempé ! ce qui me gênait ce n'est pas ta réaction : nous nous sommes électrisées l'une l'autre, ce qui m'a dérangé c'est que tu as dit, qu'à cause de ma réaction tu "menaçais" de ne plus dire ton avis sur les livres que tu lis et ça ça m'a nrv !
Je préfère que tu aies honte pour tous les lecteurs de ballard (moi compris forcément) et que je monte au créneau, plutôt que tu ne dises rien du tout

queenieinlove a écrit:

Les images du livre m'ont plutôt rappelé des films de cronenberg comme Chromosome 3 ou Videodrome. Des films où la matière, la psychologie parvient à déformer, manipuler, influer sur le corps.

Le titre original de Chromosome 3 est the Breed qui signifie "la portée" et est adéquat au film, contrairement à "chromosome 3" qui n'a rien à voir. J'ai décidément une dent contre beaucoup de traducteurs foireux.

rotko a écrit:

je reviens à Ballard : son livre la face cachée du soleil que j'ai lu et chroniqué, est original par les vues qu'il y developpe.

L'intrigue est bien ficelée, sans pornographie : une seule scène un peu chaude, pas de quoi effrayer.
En revanche "on"- c'est moi , se demande à la lecture si la conversation peut se poursuivre dans certaines conditions et positions
- question purement théorique et non essentielle, je le précise

Essaie

marie chevalier a écrit:

J’ai lu CRASH , j’avais dit que je le lirais et je l‘ai lu.
[...]
Une suite de phrases et de scènes plus obscènes, plus affreuses, plus écœurantes les unes que les autres.
Je me suis demandé en lisant cela comment un homme pouvait obtenir une telle réputation de « génie » en écrivant ce genre de choses :
Sexes salis, sperme partout, drogue, sodomie, crasse, vomi, coïts dans des cicatrices, d’accidentés de la route, j’en passe….
[...]
Plus que du dégoût, j’ai presque éprouvé de la honte pour l’écrivain et même pour les lecteurs (dont moi).

Cela me fait penser aux "oeuvres" du marquis de Sade.
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Je m'explique : je n'ai pas lu Crash mais les émotions qu'il te procura sont analogues à celles que me procurèrent des textes de Sade.