Louise Labé

La Femme éternelle: Louise Labé et les vieux barbons

Louise Labé , souvenez-vous,
ou le panégyrique du cocu

Je ne peux résister au plaisir de vous donner en partage quelques lignes de notre éternellement jeune Louise Labé, maîtresse de nos coeurs à travers le temps... Il s 'agit-là d' une description du mari , vieux barbon du XVI° siècle :
"(...) Il vaut mieux en dire un mot, afin de connoitre combien est mal plaisante et miserable la vie de ceus, qui se sont exemptez d' Amour. Ils dient que ce sont gens mornes, sans esprit, qui n'ont aucune grace à parler, une voix rude, un aller pensif, un visaige de mauvaise rencontre, un oeil baissé, creintifs, avares, impitoyables, ignorans et n' estimant personne: Loups garous. Quand ils entrent en leur maison, ils creingnent que quelcun les regarde. Incontinent qu' ils sont entrez, barrent leur porte, serrent les fenetres, mangent sallement sans compagnie, la maison mal en ordre: se couchent en chapon le morceau au bec*. Et lors à beaus gros bonnets gras de deus doits d' espais, la camisole atachee avec espingle enrouillees jusques au dessous du nombril, grandes chausses de laine venans à my-cuisse, un oreiller bien chaufé et sentant sa gresse fondue: le dormir acompagé de toux, et autres tels excremens dont ils remplissent les courtines. Un lever pesant s' il n' y a quelque argent à recevoir: vieilles chausses repetassees : solier de païsant: pourpoint de drap fourré : long saye mal ataché devant : la robbe qui pend par derriere jusques aus espaules:plus de fourrures et pelisses: calottes et larges bonnets couvrans les cheveus mal pignez: gens plus fades à voir, qu' un potage sans sel à humer.(...)
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(*) Se couche avec les poules , un bout de viande entre les dents
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De nos jours, le macho à l' esprit de coelacanthe regarde la télé au cours du repas ou lit le journal s' il sait lire ou répond au portable en langage codé avec sa maîtresse ou son homo ou parle la bouche pleine pour réclamer du rab et critiquer la cuisine de sa pauvre épouse qui à ce régime le fait rapidement cocu: justice immanente de Dieu.
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(Louise Labbé Lionnoise , 1555. Oeuvres complètes . Droz , édit. 11 rue Massot Genève ou , en français d' aujurd'hui , chez un éditeur dont je ne retrouve pas le nom . Mes excuses!

On dirait presque l'ancêtre du langage SMS !

Je préfère tout de même les Sonnets et Elégies de la Belle Cordière :

Citation :

Tant que mes yeux pourront larmes épandre,
A l'heur passée avec toi regretter :
Et qu'aus sanglots et soupirs résister
Pourra ma voix, et un peu faire entendre :
Tant que ma main pourra les cordes tendre
Du mignart Lut, pour tes graces chanter :
Tant que l'esprit se voudra contenter
De ne vouloir rien fors que toy comprendre :
Je ne souhaite encore point mourir.
Mais quand mes yeus je sentirai tarir,
Ma voix cassée, et ma main impuissante,
Et mon esprit en ce mortel séjour
Ne pouvant plus montrer signe d'amante :
Priray la Mort noircir mon plus cler jour.

jacques.gorau a écrit:

(Louise Labbé Lionnoise , en français d' aujurd'hui , chez un éditeur dont je ne retrouve pas le nom . Mes excuses!

283 pages chez Flammarion; Collection : Garnier Flammarion / Poésie française.

J' ai voulu rappeler que Louise Labé était féministe avant l' heure, dotée d'une plume d'une rare sensibilité, fine observatrice de son époque et là, elle ne nous apprend rien de nouveau; elle aura passé son temps à aimer. Nous y reviendrons, et, Nicyrle, je partage votre opinion.