Luca pilier
Nombre de messages : 2880 Age : 112 Date d'inscription : 15/06/2011
| Sujet: Pier Paolo Pasolini Dim 11 Déc 2011, 13:20 | |
| À la Fnac de Lyon, le rayon Poésie est tout proche de celui de Psychologie. Ça ne me simplifie pas la vie... J'ai donc craqué sur Poèmes de jeunesse et quelques autres, de Pier Paolo Pasolini. J'y découvre ses Poèmes posthumes (1950-1951). I.
Tandis que dans le silence des jardins brûlés par le frais soleil, dans le ciel embrumé par la périphérie, se forme la figure de mon nouveau destin, atroce, dur, que fais-je, moi, pour ne pas le mériter, pour être défendu, au moins dans mon cœur, contre le mal que le monde a décrété pour moi ?
Je ne peux que trembler : et je tremble, du plus profond de mes entrailles, moi, exclu par le monde que je ne sais pas haïr ni donc aimer, qui est finalement devenu ombre magnifique, irréelle - désormais seulement capable de m'écraser, non plus de déterminer ma vie par sa vie. Impur et peut-être pas encore perdu dans ma pureté qui n'a pas d'âge, le monde ne sait, donc, que me punir, et moi je ne peux que trembler.
VIII.
Je me lève avec les paupières en feu. L'enfance blême sous la barbe poussée pendant le sommeil, sous ma chair amaigrie, se scrute avec la lumière fondue dans mes yeux consumés. Je finis ainsi dans le sombre incendie d'une jeunesse détournée de l'éternité ; je me brûle ainsi, il est inutile - si l'on y pense - d'être autrement, d'imposer des limites au désordre : c'est ainsi que m'entraîne toujours plus fruste, avec un visage desséché dans son aspect d'enfance, vers un ordre calme et fous, le poids de mes jours perdus en de muettes heures de gaieté, en de muets instants de terreur...
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