Philippe Delerm

Bonjour, deux fois que j'essaie et deux fois que je me fais avoir.
J'adore Vincent Delerm et j'aimerai aimer Philippe Delerm itou. J'ai entamé la Première Gorgée de Bière et j'ai décroché. Par contre, j'ai tenu bon aux Amoureux de l'Hotel de Ville et bon... j'adore l'idée et pourtant il y a quelque chose dans sa manière d'écrire qui fait que je le trouve pénible à lire... C'est l'histoire d'un libraire qui se retrouve au chômage et qui en profite pour se rappeler des souvenirs de son enfance, le tout lié à la photographie de Doisneau dont les personnages sont/seraient ses parents.

Je me déciderai pour un troisième Delerm, pour voir si j'y reste encore hermétique.

Roudi

Je comprends tes réticences Roudita. Les livres de Philippe Delerm ont une atmosphère très particulière, certains diront un peu mièvre. S'ils parlent du bonheur (mais pas tous!), je trouve qu'il s'en dégage tout de même une certaine nostalgie. Ils évoquent également une vie provinciale : la cueillette des mûres, l'odeur des pommes , le gâteau du dimanche matin...Lorsqu'il m'est arrivé de parler de cet auteur avec des amis, les avis étaient très partagés et souvent très tranchés. Question de caractère je crois, et peut-être aussi question de génération et de milieu de vie. Mais peut-être est-ce que je me trompe.
Si vous n’avez que très peu de temps à consacrer à un livre en ce moment et si , comme moi, vous goûtez les mots de Philippe Delerm, la musique et les images qu’ils font naître comme dans un rêve, vous pouvez lire « Quiproquo »…

Une petite histoire en apparence très simple mais il s’agit pourtant du bouleversement d’une existence. D’’un changement de cap radical dans le rapport au monde d’un homme qui, passant du Nord au Sud, va jouer, pour lui et pour les autres, un rôle tout différent de celui qu’il jouait antérieurement.
Cet homme est un journaliste du Nord de la France qui part en reportage dans le Sud-Ouest. De passage à Beaumont-de-Lomagne , très vite il est séduit par « les tuiles canal si chaudes et rondes ", " la lumière de la brique rose, le vert profond des pins et des cyprès, le vert pâle des peupliers ". Instants de pure poésie, qui encensent les lieux…
Alors il décide de poser ses valises tout près de là, à Camparolles . « La perfection musicale de ce mot avait un je-ne-sais-quoi de mélancolie dans la richesse mélodique", dit-il.
Arrivé dans ce village, il rencontre une veuve originaire d'Italie, Maria, et ses deux enfants, Stéphane et Alicia. Les jeunes gens ont monté le « Quiproquo Théâtre », ils assurent le spectacle avec des camarades, tandis que la mère est chargée de la cuisine pour les spectateurs…Et ces derniers viennent nombreux !...
Très vite le journaliste fait sa place dans la bande et endosse un nouveau rôle, celui de saltimbanque...Il a l'impression de renaître, de se sentir vivre pleinement…

Poétique et mélancolique, ce livre m’a enchantée (une petite heure seulement …et encore…il est si court !) comme les autres livres de Philippe Delerm que j’ai lus. J’aime son univers attaché à l’insignifiant, aux impressions subtiles, son monde de douceur, de sentiments, de promenades dans les chemins…

Relevées dans "La cinquième saison" ces phrases si sensibles:

-Tu ne revivras pas, mais il y a ce chemin des mots qui mène un peu plus près de ton sourire ; le souvenir ne te rend pas, mais tu sourds quelquefois de cette folie douce de t'écrire, avec au bout le son-vertige de ta voix.

-J'essaie souvent de te rejoindre au fil des nuits dans cette valse qui commence après le choc et le pylône renversé. Le bruit ne m'effraie pas, il est encore dans la vie, mais c'est après la valse lente.

-Elle en parle sans larmes, avec au fond des yeux le poids de l'habitude du chagrin.

-J'apprends comme il est simple et fort d'aimer tout seul.

- Tu viens sur le velours des mots. J'ai acheté un beau cahier pour te parler.

-J'écris pour la musique de tes jours blessés, petite musique à l'encre bleue, coup de griffe sur le temps, sourire blanc sous la chanson des mots.

-Là sur le papier petits carreaux, les lettres bleues s'attachent, se séparent, c'est un chemin qui me bat la chamade, avec des coupes blanches et des instants de toi, le fil de cette vie que je ne savais pas, au tempsd'ensemble de nos corps.

-Il faut partir ou bien rester, cela revient au même gris. Je t'écris ça ce soir avec cette envie de mourir, la fatigue si longue ; le chagrin seul me tient ici, brûlure au creux de la poitrine.

coline a écrit:

Relevées dans "La cinquième saison" ces phrases si sensibles:

-Tu ne revivras pas, mais il y a ce chemin des mots qui mène un peu plus près de ton sourire ; le souvenir ne te rend pas, mais tu sourds quelquefois de cette folie douce de t'écrire, avec au bout le son-vertige de ta voix.

-J'essaie souvent de te rejoindre au fil des nuits dans cette valse qui commence après le choc et le pylône renversé. Le bruit ne m'effraie pas, il est encore dans la vie, mais c'est après la valse lente.

-Elle en parle sans larmes, avec au fond des yeux le poids de l'habitude du chagrin.

-J'apprends comme il est simple et fort d'aimer tout seul.

- Tu viens sur le velours des mots. J'ai acheté un beau cahier pour te parler.

-J'écris pour la musique de tes jours blessés, petite musique à l'encre bleue, coup de griffe sur le temps, sourire blanc sous la chanson des mots.

-Là sur le papier petits carreaux, les lettres bleues s'attachent, se séparent, c'est un chemin qui me bat la chamade, avec des coupes blanches et des instants de toi, le fil de cette vie que je ne savais pas, au tempsd'ensemble de nos corps.

-Il faut partir ou bien rester, cela revient au même gris. Je t'écris ça ce soir avec cette envie de mourir, la fatigue si longue ; le chagrin seul me tient ici, brûlure au creux de la poitrine.

de la mièvrerie c'est ca...? oui on peut dire ca ...

alexnihat a écrit:

de la mièvrerie c'est ca...? oui on peut dire ca ...

Ceux qui évoquent sa mièvrerie font allusion à ses textes sur les petits bonheurs...Celui-ci, qui est mon préféré, n'a évidemment rien de mièvre...Je disais justement qu'il ne parlait pas toujours du bonheur, il aborde aussi les sujets les plus graves...

Nous vivons dans un monde assez méchant...Il faut l'être..et parler des petits bonheurs peut paraître mièvre...Je ne suis pas tout à fait d'accord...Je veux encore y croire!..

coline a écrit:

Relevées dans "La cinquième saison" ces phrases si sensibles:

-Tu ne revivras pas, mais il y a ce chemin des mots qui mène un peu plus près de ton sourire ; le souvenir ne te rend pas, mais tu sourds quelquefois de cette folie douce de t'écrire, avec au bout le son-vertige de ta voix.

-J'essaie souvent de te rejoindre au fil des nuits dans cette valse qui commence après le choc et le pylône renversé. Le bruit ne m'effraie pas, il est encore dans la vie, mais c'est après la valse lente.

-Elle en parle sans larmes, avec au fond des yeux le poids de l'habitude du chagrin.

-J'apprends comme il est simple et fort d'aimer tout seul.

- Tu viens sur le velours des mots. J'ai acheté un beau cahier pour te parler.

-J'écris pour la musique de tes jours blessés, petite musique à l'encre bleue, coup de griffe sur le temps, sourire blanc sous la chanson des mots.

-Là sur le papier petits carreaux, les lettres bleues s'attachent, se séparent, c'est un chemin qui me bat la chamade, avec des coupes blanches et des instants de toi, le fil de cette vie que je ne savais pas, au tempsd'ensemble de nos corps.

-Il faut partir ou bien rester, cela revient au même gris. Je t'écris ça ce soir avec cette envie de mourir, la fatigue si longue ; le chagrin seul me tient ici, brûlure au creux de la poitrine.

Ce que je trouve mièvre, personnellement, c'est le choix des mots qui semble trop artificiel. Je n'aime pas ce procédé d'écriture qui pèse chaque mot et n'en utilise pas un pour un autre. Je ne dis pas que la construction litteraire doit ressembler à un texte de rap mais je préfère un texte dans leqeul les sentiments passent naturellement plutot que de façon maniérée et prise de tête

J'ai moi aussi cette impression de style un peu forcé, avec Delerm, de "procédé". Et souvent cela sonne d'ailleurs très creux, par manque de sincérité et de spontanéité
Mais plus que cela, ce que je n'aime pas, c'est l'idée sous-jacente et générale (j'en ai lu 3) que "c'était mieux avant".
Ce n'est pas pour moi de la nostalgie, c'est quelque chose de plus gênant.
Cela rejoint une tendance actuelle à trouver par exemple que sous Pétain "au moins il y avait des valeurs".
Attention, je ne dis pas que Delerm est pétainiste, ou l'aurait été. Mais il y a tout un mouvement actuellement, et on le voit dans de nombreux livres de photos par exemple, (je n'ai pas de titre précis) qui voudraient nous faire croire que tout était bien mieux avant, que tout était beau, simple et que personne n'avait de problème.

Allez, je vais me faire son avocat !

Comme quoi nos avis ne sont pas tranchés dans le granit et que l'homme peut evoluer

j'ai appris récemment la parution d'un livre :

MAINTENANT, FOUTEZ-MOI LA PAIX !
Lire Léautaud, DE PHILIPPE DELERM paru au Mercure de France en janvir 2006.

Là j'ai été surpris ! et devant cet acte de courage, faire la biographie de Paul Leautaud, cet "écrivain insupportable", je salue Delerm !

Provence a écrit:

Cela rejoint une tendance actuelle à trouver par exemple que sous Pétain "au moins il y avait des valeurs".

Effectivement la comparaison n'est pas des mieux choisies Provence.

Je ne pense pas que le message soit que tout était mieux avant. Mais tout était mieux du temps de l'enfance, du temps où l'on n'était pas responsable du monde adulte, donc d'une certaine douceur de vivre. Et puis à partir de l'âge où l'on peut réellement regarder derrière soi, l'enfance à tout du paradis. Il ne faut pas chercher plus loin.

Arriver à cet âge ou l'on peut regarder en arrière amène par contre à des avis moins tranchés, à plus d'acceptation des autres, de leurs avis, de leur goûts.
Avoir des avis différents n'est pas s'imposer dans le but d'avoir raison, mais bien de faire avancer son opinion en écoutant celle de l'autre, d'éviter le JE d'une manière coupante. (ceci est un avis généraliste hors post)...

moiselle-jeanne a écrit:

Avoir des avis différents n'est pas s'imposer dans le but d'avoir raison, mais bien de faire avancer son opinion en écoutant celle de l'autre, d'éviter le JE d'une manière coupante. ...

Tout dépend de l'interlocuteur. Avec certaines personnes, susciter des réserves à leurs avis les amène à exposer leur point de vue avec plus de netteté. Leur argumentation s'en améliore.

Certainement Rothko, je me suis mal exprimée et parlais de la forme plus que du fond.

Provence a écrit:

Ce n'est pas pour moi de la nostalgie, c'est quelque chose de plus gênant.
Cela rejoint une tendance actuelle à trouver par exemple que sous Pétain "au moins il y avait des valeurs".
Attention, je ne dis pas que Delerm est pétainiste, ou l'aurait été. Mais il y a tout un mouvement actuellement, et on le voit dans de nombreux livres de photos par exemple, (je n'ai pas de titre précis) qui voudraient nous faire croire que tout était bien mieux avant, que tout était beau, simple et que personne n'avait de problème.

y'a pas longtemsp je crois que c'est cavanna qui a sorti un livre sur l'ecole dans les années 50...

Bateman a écrit:

y'a pas longtemsp je crois que c'est cavanna qui a sorti un livre sur l'ecole dans les années 50...

Oui, il vieillit plutôt mal Cavanna

Bon ceci dit, justement, je suis quand même à un âge ou je peux regarder en arrière justement. Et tout n'est pas mieux du côté de l'enfance.
Mais ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, ni ressenti à la lecture de Delerm (et il n'est pas le seul d'ailleurs), mais plutôt que la société était mieux. Se réfugier dans la nostalgie... très peu pour moi. Alors, ceci ajouté au style que je trouve un peu faible. Bref ! Je n'aime pas.

Mais je suis surprise de voir comment Delerm déchaîne les passions et les discussion, comme le dit d'ailleurs Coline plus haut...

Ecoute Vincent Delerm, c'est pas mal.

Je connais..... Mouais, il m'a amusé un peu au début....
J'en ai une bien bonne d'ailleurs à ce sujet : dans le magazine Fluide Glacial (Umour et Bandessinées), il y a une série qui s'appelle "LaTrépidante Vie de Vincent Lederm"... je vais voir si je peux vous scanner la dernière... elle m'a fait mourir de rire.

J'avais oublié mon scanner ne marche pas...
Ben alors allez acheter Fluide Glacial, ou lisez-le en cachette chez votre marchand de journaux. C'est en dernière page du n° 357, mars 2006.
En général Fluide est rangé avec les magazines réservés aux adultes... dans le rayon le plus haut (c'est d'ailleurs n'importe quoi ce rangement !)

Alors là.... tu m'épates carrément, Rotko !!!!

quand va-t-on au ciné ?

reponse en privé

Un essai est paru concernant Philippe Delerm: "Le minimalisme positif". Je ne l'ai pas lu. Je n'ai pas non plus très envie de le lire.
Parfois j'ai besoin d'une leçon de calme et de bonheur de Philippe Delerm, parfois ça m'agace cette façon qu'il a de trouver tout merveilleux, c'est pourquoi je comprends tout ce que vous pouvez en dire...Sa force est peut-être malgré l'économie de ses mots de ne jamais nous laisser insensibles.

Ici quelques indications sur l'essai:
http://www.evene.fr/livres/livre/remi-bertrand-philippe-delerm-et-le-minimalisme-positif-13175.php

Je n'ai pas l'impression, en lisant Delerm, qu'il veuille signifier que tout était "mieux avant"...ce que disent couramment les gens qui avancent dans l'âge (et dont je fais partie): "de mon temps, c'était mieux"...
Je crois que ce qu'il exprime c'est plus une nostalgie de son propre passé que la nostalgie de toute une époque révolue...
Peut-être aussi la nostalgie de gestes ou d'habitudes qui se sont perdus ou raréfiés et qu'on pourrait retrouver, il suffirait d'un rien pour cela:"cueillir des mûres"..."écosser les petits pois"...retrouver "l'odeur des pommes"...
Ce ne sont pas de grandes leçons du passé que nous donnent ses évocations; elles ne nous donnent , il me semble, qu'à apprécier des "petits riens" encore accessibles, à les ramener à notre souvenir, à faire tout à coup songer qu'ils sont là, susceptibles de procurer des courts instants de bonheur...

qu'est-ce qui a pu attirer Delerm chez Paul Leautaud ? j'imagine mal une rencontre d'êtres aussi dissemblables.
Voici un petit échantillon des griffes de Leautaud dont l'amour des chats est légendaire. Sa nouvelle chatte use ses griffes sur les livres ? Ils égratignent et déchirent donc de concert

"

Citation :

Elle dévorait tout. Quand je rentrais le soir, je trouvais mes papiers par terre, en miettes. J'ai cherché dans mes recoins de quoi la satisfaire sans me porter dommage. J'ai trouvé les Ballades de M. Paul Fort, dix, quinze, vingt volumes, plus, même ! avec de nombreuses plaquettes : on sait l'importance de ce grand poète. J'ai donné cela à Mlle Barbette, un volume ou une plaquette par jour ou tous les deux jours, selon sa voracité. Elle a été enchantée. Pas un feuillet n'a subsisté. On a rarement vu une oeuvre littéraire être appréciée à ce point.»

Fragiles

C’est le titre au Seuil.

Quelques lignes, quelques mots sur le temps, la solitude, les souvenirs, l’amitié, le bonheur
Des aquarelles et pastels de Martine Delerm : tendres et délicats, bien agréables à regarder

Ah!...ces Delerm...je me demande si leur vie est aussi polie qu'on pourrait l'imaginer...

je ne sais pas ce que tu sous-entends, toi qui es de la "famille", mais le livre est plein de fraîcheur. A lire avec de jeunes enfants.

Ce que je veux dire (Dieu, que je m'exprime mal! ! ) c'est que chaque fois que l'on évoque un livre des Delerm, on emploie les termes "tendre, délicat, bonheur, amour...Il font un peu envie tout de même...C'est pourquoi je me demande si la vie pour eux est aussi lisse et douce...Tu comprends, je suis un peu jalouse ...