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 Ouzbekistan

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Thierry
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Thierry


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MessageSujet: Re: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptyMer 05 Oct 2011, 19:42

René Cagnat par lui-même, extrait de son site personnel
http://www.rene-cagnat.com/contact.htm



Citation :
A tous ceux qu'intéresse l'Asie centrale

Né en 1942 à Madagascar, ayant parcouru le monde au fil d'une carrière d'officier et de diplomate, rien ne me prédisposait à l'Asie centrale. Si finalement je m'y suis retiré - j'y vis à longueur d'année depuis douze ans -, c'est qu'elle m'est apparue comme la plus belle et la plus captivante des contrées.

Depuis trente ans, je n'ai jamais cessé d'étudier et de parcourir ce mini-continent caché au fond des déserts et des montagnes, afin de mieux comprendre cette secrète alchimie qui crée un type d'Homme à partir d'un climat, d'une errance ou d'un terroir.
Les circuits que je propose vous permettront de partir à votre tour à sa découverte, de l'Aral au Xinjiang, du Pamir aux steppes.

Outre un doctorat de sciences politiques, j'ai consacré à l'Asie centrale plusieurs ouvrages : deux essais, un roman, un guide et deux albums de photographie.

Un autre lien

http://kirghizistan.free.fr/PagesActus/Cagnat.html

Je l'avais découvert lorsque j'ai commencé à m'intéresser à l'Asie Centrale.
J'avais dévoré "La rumeur des steppes"

Ouzbekistan - Page 2 9782228894487FS

et le magnifique

Ouzbekistan - Page 2 9782913955103FS

Peut-être Quetschup l'a t-elle rencontré?
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rotko
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MessageSujet: Re: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptyJeu 06 Oct 2011, 04:22

la rumeur des steppes est dans ma mediathèque mais quelqu'un a volé Le Milieu des Empires ou le Destin de l'Asie centrale -- René Cagnat, Michel Jan
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Quetschup
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MessageSujet: Re: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptyJeu 06 Oct 2011, 06:31

Eh non Thierry , je ne crois pas avoir rencontré ce Monsieur , mais tu es la deuxième personne à me parler de ce livre , que je vais me procurer.
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Ysandre
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Ysandre


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MessageSujet: les coups de coeur par thèmes :: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptyJeu 06 Oct 2011, 07:56

Merci Quetschup d'avoir éclairé ma lanterne sur des points qui me demeuraient obscures. Je n'avais pas vu ce fil (parce que sur mon ordi, le portail dérape et se bloque !). Continues à nous faire parvenir "ta lumière"
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rotko
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MessageSujet: Re: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptyVen 07 Oct 2011, 05:20

Au niveau culturel, y a -t-il des cinemas et quel genre de films ?

Sinon quelles sont les fêtes populaires,ie frequentées par la population, et de son plein gré ?
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MessageSujet: Re: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptyVen 07 Oct 2011, 06:04

Niveau cinéma ,on peut voir quasiment tous les films , en général grosses productions mais bien entendu , de nombreuses scènes sont coupées à la mode soviétique...
c'est à dire qu'il y a un blanc en plein film et ça reprend...La censure est toujours d'actualité bien evidemment.
En revanche , on trouve beaucoup de films DVD dans les boutiques "nirvana" du film russe , americain et parfois même du cinéma français.
La plupart sont je pense des films pirates puisqu'ici le piratage se vend ouvertement et en commerce (idem pour la musique , on trouve en Mp3 les complètes d'un peu près tous les artistes) ceci dit c'est très courant en Asie également.

En ce qui concerne les fêtes populaires , il y a Navrouz ( la fête du printemps) qui est une fête iranienne à la base mais fêtée dans toute l'Asie centrale et Afghanistan (mois de mars ).
En général elle dure 2 jours.

L' Hait , la fin du ramadan , qui se fête également durant deux jours.

Mustakilliq kuni qui est la fête de l'indépendance de l'ouzbekistan par rapport à L'URSS

Noel ne se fête ici que par les Orthodoxes , mais plus tard que chez nous (le 6 et 7 janvier ), et les Ouzbeks fêtent le jour de l'an le 1er janvier.

Les fêtes ici se fêtent en famille la plupart du temps , il ne se passe pas grand chose dans les rues , étant donné que les rassemblements de masse sont interdits.


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MessageSujet: Re: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptyVen 07 Oct 2011, 09:14

Quelle est le genre de scènes qui sont censurées?
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MessageSujet: Re: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptyVen 07 Oct 2011, 09:24

Tout ce qui est violent , ou à caractère pornographique voire même érotique simplement ainsi que certaines scènes qui pourraient contester la politique générale du Parti.
Tout comme internet , L'Ouzbekistan fait partie des 15 pays ennemis du Net et la censure existe au même titre que le cinéma.
Beaucoup de sites sont en ligne de mire par l'état , comme facebook..
Certains expats ont crée des blogs , parlant de la politique du pays et du quotidien des Ouzbeks , ils se sont fait extradés.
Le journal Rue 89 sort à peine d'un procès avec l'Ouzbekistan ...



Dernière édition par Quetschup le Ven 07 Oct 2011, 09:37, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptyVen 07 Oct 2011, 09:32

Et je rajoute les scènes d'homosexualité puisqu'elle est interdite ici et fortement réprimée ...
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Thierry
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MessageSujet: Re: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptyVen 07 Oct 2011, 10:06

Toute cette censure n'empêche pas selon un de tes messages précédent de voir des gens heureux.
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MessageSujet: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptyVen 07 Oct 2011, 10:14

Comme c'est intéressant de suivre votre conversation ! kado
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MessageSujet: Re: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptyVen 07 Oct 2011, 10:46

Non Thierry , déjà parce que le cinéma , tu imagines bien que c'est un petit nombre de la population qui peut y prétendre...Le net encore moins.
Et deuxièmement , avant la culture , ils cherchent déjà à vivre...Ce n'est pas ancrée la culture ici, ce n'est donc pas un besoin.


Dernière édition par Quetschup le Dim 09 Oct 2011, 07:07, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptyVen 07 Oct 2011, 10:50

En fait dans beaucoup de pays précaires , c'est une chose que j'ai remarqué, les gens sont heureux dès qu'ils peuvent subvenir "aux besoins fondamentaux".
Le reste n'a que peu d'importance.
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MessageSujet: Re: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptySam 08 Oct 2011, 05:25


On comprend bien que la censure, ici très visible, tente d'autres régimes : il suffit de voir l'actuel projet de loi à l'étude en Italie :

. Le texte préparé par le gouvernement de Silvio Berlusconi prévoit l’obligation pour tous les sites internet de publier, dans un délai de 48 heures et sans aucun commentaire, toute rectification qu’une quelconque personne peut demander contre un contenu qu’elle juge préjudiciable à son égard.

L'objectif visé étant de protéger Berlusconi de la dénonciation de ses frasques, par ailleurs connues de tous.

Sur ce thème de la censure, je renvoie à En censurant un roman d'amour iranien de
Shariar Mandanipour.
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MessageSujet: Re: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptyLun 10 Oct 2011, 04:07

Igor Savitski

Fruit de la remarquable activité d'un artiste moscovite, Igor Savitski, la collection du Musée des Beaux-Arts de la République du Karakalpakstan existe depuis un peu plus de trente ans. Le destin et le poids des circonstances historiques ont voulu que cette collection, l'une des plus importantes et désormais l'une des plus connues à l'échelle mondiale, fût située dans une zone qui, à l'heure actuelle, fait l'objet d'un intérêt tout particulier de la part de la communauté internationale. Le Musée de Noukous est en effet l'un des pôles d'attraction majeurs de la région de l'Aral et l'on vient aujourd'hui au Karakalpakstan pour deux phénomènes parfaitement antithétiques : les conséquences de la terrible catastrophe écologique liée à l'assèchement de la mer d'Aral, et cette extraordinaire collection qu'on se plaît à baptiser « le miracle du désert », « l'oasis dans les sables », « la perle de l'Aral ».

Le « Musée national des Beaux-Arts de la République du Karakalpakstan I.V. Savitski » est un véritable trésor illustrant une tranche culturelle qui va du IIP siècle avant notre ère à l'époque contemporaine. On y trouve des objets reflétant la culture matérielle et spirituelle de la Chorasmie antique aussi bien que l'art populaire et traditionnel des Karakalpaks, petit groupe ethnique du nord-ouest de l'Ouzbékistan, autrefois semi-nomade, qui possède une histoire et des traditions culturelles très originales et d'une très grande ancienneté. Quant à la section des arts plastiques du musée, c'est une mine, une révélation artistique de première importance.

On y trouve représentée non seulement l'école d'art nationale du Karakalpakstan, mais aussi une concentration exceptionnelle d'œuvres d'artistes fondateurs de la culture picturale en Ouzbékistan, des artistes d'origines très diverses qui ont travaillé en Asie centrale au début du XXe siècle. De l'avis des spécialistes, la collection de l'avant-garde russe de Noukous occupe, par son importance et par son ampleur, la deuxième place après le très célèbre Musée russe à Saint-Pétersbourg.

En un temps incroyablement court, le musée de Noukous s'est retrouvé à la tête d'une collection riche de plus de 82 000 numéros d'inventaire. C'est là un fait sans précédent dans l'histoire des collections de musées. Dès le début des années 1970, le musée karakalpak est devenu une sorte de Mecque pour les spécialistes et les amateurs d'art. Cet essor phénoménal, est dû à un homme de génie : Igor Vitalievitch Savitski, le fondateur du Musée de Noukous.



Une enfance dans la tourmente

Igor Vitalievitch Savitski est né le 4 août 1915 à Kiev, dans la famille d'un juriste. Son grand-père, Timofeï Dmitrievitch Florinski, était membre-correspondant de l'Académie des sciences de Russie, professeur à l'université de Kiev. C'était un slaviste renommé, auteur de nombreuses études et fondateur d'une école scientifique. Dans son enfance, le jeune Igor reçut une excellente éducation. La famille avait une gouvernante française. La demeure familiale était pleine d'objets anciens qui contribuèrent à former le goût des enfants. Les parents avaient voyagé en Europe et suivaient l'actualité de la vie culturelle en France, en Autriche, en Allemagne. Le coup d'État d'Octobre et tout ce qui s'ensuivit, le pillage des propriétés, l'anéantissement de la culture russe, les tragédies personnelles, aussi, liées à la destruction des familles, tout cela laissa une empreinte douloureuse dans la vie d'Igor Savitski. Par la suite, il ne put rester indifférent aux processus de perte des cultures nationales, et la force des circonstances fit de lui l'authentique sauveur de la culture karakalpaque, puis ouzbèque, et, au bout du compte, de la culture russe du début du XXe siècle.

Au début des années 1920, la famille Savitski s'installa à Moscou. Le petit Igor était très proche de sa grand-mère, V. Florenskaïa. Elle fit tout pour encourager son goût pour le dessin et, plus tard, après leur séparation, elle lui envoyait de l'étranger le matériel nécessaire pour dessiner. Sous la pression des circonstances, le jeune Igor poursuivit de front des leçons particulières auprès des peintres R. Mazel et E. Sakhnovskaïa, et des études au collège d'apprentissage de l'usine « Faucille et Marteau », où il reçut une formation dans le domaine de l'installation électrique.

A partir de 1934, Savitski étudia d'abord dans la section graphique de l'Institut polygraphique, puis à l'École d'art « 1905 ». De 1938 à 1941, il poursuivit ses études à l'Institut de perfectionnement des artistes, dans l'atelier de Lev Kramarenko avec lequel il fit des voyages d'études en Crimée et dans le Caucase. Une grande communauté d'intérêts et de points de vue rapprocha Savitski de la famille Kramarenko. Soulignons dès à présent, en anticipant quelque peu, qu'Irina Jdanko, l'épouse de L. Kramarenko, fit beaucoup par la suite pour la constitution de la collection de Noukous. Non seulement elle indiquait à Savitski à quels artistes s'adresser, mais elle l'introduisait auprès des propriétaires des tableaux lorsqu'il se présentait chez eux afin de compléter les collections du musée. I. Jdanko elle-même fit don au musée de toute une série d'œuvres très précieuses, parmi lesquelles la série de compositions de Lioubov Popova.



La révélation de l'Asie centrale

De 1941 à 1946, Savitski est étudiant à l'Institut Sourikov. Il échappe miraculeusement à la guerre pour raisons de santé. En 1942, il est évacué avec l'Institut à Samarcande. Malgré la faim, la maladie, toutes les difficultés du temps de guerre, ce sera là une période déterminante pour l'avenir du jeune homme. À Samarcande, Savitski noue des liens d'amitié avec le célèbre peintre R. Falk, il prend des leçons auprès de N. Oulianov. En outre, la véritable révélation qu'est pour lui l'Asie centrale lui apporte beaucoup en termes de compréhension de ce que doit être l'art.

En 1950, Savitski accepte avec joie la proposition de Tatiana Jdanko, ethnographe connue et sœur de I. Jdanko, de participer à l'Expédition archéologique et ethnographique du Khorezm, en Karakalpakie. De 1950 à 1957, il travaille de façon permanente comme peintre attaché à cette expédition de l'Institut d'ethnographie de l'Académie des sciences de l'URSS. L'activité de cette mission très fameuse qui découvrit, dans les années 1930, l'antique civilisation chorasmienne est connue dans le monde entier. Elle était dirigée par une personnalité de stature internationale, membre-correspondant de l'Académie des sciences de l'URSS, le professeur Sergueï Pavlovitch Tolstov. Son apport est incontestablement à mettre au même rang que les découvertes faites à Troie par Schliemann, les fouilles des tombeaux égyptiens par Carter et Carnavon ou encore la découverte, par Stephens et Thomson, des antiques cités mayas. L'expédition du Khorezm fut l'une des plus grandes découvertes de ce siècle et permit de restituer l'histoire d'une des plus anciennes civilisations, tout comme les entreprises des prédécesseurs de Tolstov avaient permis de restituer l'histoire des civilisations de la Grèce, de l'Egypte, de Babylone, du Mexique.

Durant ces années de travail au sein de l'expédition, outre ses obligations immédiates de dessinateur et de peintre, Savitski participe à des tournées dans les villages de Karakalpakie pour rassembler des spécimens de l'art populaire. Ces objets sont étudiés et transmis aux collections des musées de Moscou et de Leningrad. Mais, petit à petit, ce travail le captive au point qu'il s'interroge très sérieusement sur le sort de cet art, ignoré de tous, d'un petit peuple vivant au milieu des sables, à l'embouchure de l'Amou-Daria. Et il prend la décision de s'installer à Noukous, abandonnant son appartement en plein centre de Moscou, sur l'Arbat. Tout d'abord, il travaille dans la filiale karakalpaque de l'Académie des sciences d'Ouzbékistan que dirige un jeune savant local, Marat Nourmoukhamedov. Savitski trouve en lui un ami fidèle et un soutien pour toutes ses entreprises. Ce soutien rendra possible par la suite la réalisation de nombreux projets de Savitski. La période 1957-1966 voit la collecte intensive d'objets d'art populaire karakalpak. Savitski et ses acolytes parcourent à pied et en voiture tout le nord de la Karakalpakie et rassemblent une collection qui reflète, dans son essence même, le noyau génétique de la culture karakalpaque. Dans ces années-là, rares sont ceux qui comprennent l'intérêt de tels objets. Bijoux, tapis, costumes merveilleusement brodés, éléments de yourte ou de harnachement, tout cela commence à sortir de l'usage tant pour des raisons politiques que du fait de l'intrusion d'une civilisation apportant la relève d'un travail à la machine, avec des teintures artificielles, des vêtements à l'européenne et autres « bienfaits ». La jeune génération qui a presque perdu sa culture ne comprend pas pourquoi cet homme étrange, aux yeux de braise, a besoin de toutes ces guenilles. On va jusqu'à le traiter de chiffonnier. Il déniche des vieilleries dans les étables, en sort des canaux d'irrigation lorsqu'on colmate une écluse avec un vieux tapis. Tout cela est restauré, souvent avec l'aide de spécialistes moscovites.

Savitski n'abandonne par pour autant la peinture, il peint les splendides paysages de cette terre devenue pour lui ce qu'était la Polynésie pour Gauguin. Il veille à l'éducation des premiers peintres karakalpaks et s'applique à développer leur talent artistique. Il parvient à convaincre les autorités que la Karakalpakie a besoin d'un musée des arts et, en 1966, il est nommé directeur du Musée des Beaux-Arts de Noukous, ouvert à son initiative.



Archéologue et collectionneur

Durant ces mêmes années, Savitski participe aux fouilles archéologiques des sites de la Chorasmie antique et, bientôt, il en dirige lui-même. Les trouvailles provenant de ces fouilles ainsi que le matériel transmis par l'Académie des sciences de l'URSS constituent l'une des collections les plus intéressantes du musée. Malheureusement, devenu directeur du lieu, Savitski renonce à la peinture, déclarant qu'il est impossible de concilier les deux activités. Il met désormais en œuvre sa compréhension de ce qu'est l'art, son goût sans faille, dans le choix des pièces destinées aux collections. Son objectif est de fonder un musée d'un type nouveau, sans reproduire le principe des galeries Tretiakov en miniature, que l'on trouve partout en URSS. Il veut aussi montrer aux jeunes artistes karakalpaks ce qu'a été l'itinéraire de leurs prédécesseurs à Moscou et à Tachkent dans les années 1920-1930. Les premiers temps, Savitski collectionne les travaux d'artistes liés à l'Asie centrale (A. Issoupov, L. Kramarenko, N. Oulianov, R. Falk, M. Volochine et d'autres) et de ceux qui sont à l'origine de la formation d'une école artistique centrasiatique (R. Mazel), notamment de l'école ouzbéque (comme A. Volkov, M. Kourzine, N. Karakhan, O. Tansykbaïev, Y. Oufimtsev). Néanmoins, ayant vu de ses yeux ce qu'a été la politique culturelle depuis l'époque du stalinisme, il ne peut faire comme si de rien n'était et laisser de côté un pan entier d'une culture russe agonisante dont à l'époque, dans les années 1960, tous se désintéressent en URSS. Et Savitski se met à faire venir dans le lointain Noukous, à mille lieues des épicentres politiques, des centaines, des milliers, des dizaines de milliers de travaux de peintres oubliés, taxés de formalisme, abandonnés à eux-mêmes, proscrits.

Il paie avec les deniers de l'État, mais parfois sur plusieurs années. Son souci majeur est de trouver l'argent pour acheter les tableaux et les dessins qu'il rassemble. Tous les propriétaires ne sont pas également patients. Les veuves d'artistes qui vivent dans un extrême dénuement et que, bien souvent, il sauve ainsi de la faim, font preuve de beaucoup de compréhension à son égard. Les plus durs sont les jeunes héritiers. Parfois, l'affaire va jusqu'au tribunal. Mais après la mort de Savitski, en 1984, beaucoup de propriétaires feront généreusement don des œuvres au musée, en signe de respect pour sa mémoire. Le reste des dettes sera « éteint » par ses élèves et successeurs.



Le sauvetage d'un art russe bafoué

Ainsi le Karakalpakstan devient-il, avec le musée de sa capitale, un refuge imprévu pour beaucoup de grands artistes, la fine fleur de la culture russe qui, de leur vivant, avaient été foulés au pied. L'avant-garde russe, on le sait, fut, des années durant, persécutée dans sa propre Patrie et maints artistes trouvèrent refuge avec leurs œuvres hors des frontières de l'URSS. Bon nombre de ceux qui sont représentés au Musée de Noukous étaient déjà reconnus de leur vivant dans les pays d'Europe occidentale. Ils avaient pris une part active aux expositions internationales et avaient été formés dans les ateliers de Paris ou de Munich. Particulièrement forts étaient les liens avec la France, protectrice des arts renommée à toutes les époques et pour tous les peuples. Des noms comme ceux de Kliment Redko, Lioubov Popova, Vera Moukhina, Ivan Koudriachov, Robert Falk apparaissent au début du XXe siècle dans les catalogues de nombre d'expositions parisiennes. Des dizaines d'artistes qui ont vécu et étudié en France sont présents sur les cimaises et dans les réserves du musée. Et l'on y trouve des œuvres qui correspondent précisément à cette époque de leur vie. Mais pour ce qui est de l'ex-Union soviétique, cette période, si brillante dans l'histoire de la culture et rejetée hors du champ de vision des principaux musées, n'est nulle part illustrée plus pleinement et plus objectivement qu'au Musée de Noukous.

Dès les premières années d'existence du musée, Savitski connaît une certaine notoriété - une gloire qui reste pourtant quasiment clandestine. En 1968-1969, sa collection est exposée à Moscou, au Musée de l'Orient. Commence alors une suite triomphale d'expositions dans les villes d'URSS : Tallinn, Lvov, Leningrad, Alma-Ata, Oufa, Kazan, Tachkent et d'autres encore. A partir des années 1970, de grandes expositions à l'étranger font appel à la collection du musée.

L'autorité de Savitski croît au point qu'on commence à le prendre en considération aussi à Moscou. Le ministère de la Culture de l'URSS lui apporte peu à peu son soutien, finançant ses acquisitions. Devant lui s'ouvrent les portes des archives artistiques les plus précieuses. Comment ne pas évoquer ici la façon dont, en 1975, il lui est proposé de choisir pour son musée une partie de la collection d'œuvres d'art offertes au ministère de la Culture de l'URSS par la veuve de Fernand Léger, Nadia ? La proposition est faite au moment où l'on s'apprête à fêter l'anniversaire de Savitski. De sorte qu'au musée, l'on baptisera la collection - qu'il a choisie - de soixante-dix-neuf moulages réalisés par les ateliers du Louvre à partir des plus grands chefs d'œuvre mondiaux : le « cadeau d'anniversaire de Savitski ».



Le prix de la notoriété

En 1981, le Club des historiens d'art de l'Union des artistes de Moscou (MOSKh) organise une Soirée du Musée de Noukous dans la salle du Kouznetski Most. C'est, pour le musée, un véritable triomphe.

Il ne faudrait pas en conclure pour autant que la route de Savitski fut constamment jonchée de lauriers. Les difficultés furent énormes et son entreprise fit l'objet de violentes attaques, de la jalousie des historiens d'art, de l'incompréhension des officiels, de machinations et de lettres anonymes de la part de certains artistes qui exigeaient l'intervention de commissions d'enquêtes visant à mettre fin à son activité. Et les commissions venaient, elles enquêtaient et donnaient des avertissements dans ce sens. Tout cela n'était pas sans laisser de marques. Savitski souffrait beaucoup de ces coups bas, tout particulièrement lorsque ces « zélateurs » étaient ceux-là mêmes qui lui devaient le plus. Il n'était déjà plus très jeune et, de surcroît, malade. Il travaillait jusqu'à l'épuisement, ne dormait pas plus de quatre ou cinq heures par nuit, ne prenait pas de vacances et ne portait aucune attention à sa santé. Il se retrouva à plusieurs reprises à l'hôpital, dans un état alarmant.

Même ses maladies sortaient de l'ordinaire. Il n'était sauvé que par son exceptionnelle volonté, la force de son esprit et la ferveur de sa passion pour son enfant, le musée, ainsi que par la patience toute particulière des médecins qui comprenaient l'importance de leur patient. Comment ne pas mentionner ici avec gratitude le nom de Sergueï Naoumovitch Efouni, directeur du Centre d'oxygénation qui veilla sur la santé de Savitski durant les dernières années de sa vie ? Il supporta patiemment toutes les transgressions de ce patient indomptable et lui aménagea des conditions spéciales au sein du service de soins dont il avait la charge. Il transforma la chambre d'hôpital en cabinet de travail. Savitski y rédigeait des notices scientifiques, il écrivait des articles pour des revues (enfin, il avait du temps pour cela), donnait ses instructions au musée, bombardait différentes institutions et responsables de la République de demandes répétées. Fait remarquable, Savitski arrivait à rendre utiles à sa cause ses maladies elles-mêmes. Ainsi, écrivant au Comité régional karakalpak du Parti pour solliciter une aide financière, il évoquait le fait que les médecins avaient diagnostiqué chez lui une tuberculose, espérant ainsi attendrir la Direction. Il ne s'agissait pourtant pas d'une tuberculose et le diagnostic se révéla bien plus terrible... Savitski n'en écrivait pas moins à ses collaborateurs : « ... Ne dites pas au Comité régional que je ne suis pas tuberculeux, sinon ils ne nous donneront rien pour nos achats... » Depuis son lit d'hôpital, il obtint un rendez-vous avec I. Antonova, directeur du Musée des Beaux-Arts Pouchkine à Moscou, négocia, avec leurs propriétaires, l'acquisition de nouvelles œuvres pour les collections et s'occupa des problèmes du musée. A sa sortie de l'hôpital, au lieu d'aller, comme on le lui recommandait, se reposer dans un sanatorium, il entreprit une nouvelle collecte, découvrant de nouveaux artistes, réitérant _ses visites aux anciennes adresses. En résultat de quoi il se retrouva de nouveau, par deux fois, à l'hôpital. La troisième fois, hélas, fut la dernière. Le 27 juillet 1984, Savitski mourait dans un hôpital de Moscou.

Ses dernières trouvailles (peinture et œuvres graphiques, mobilier ancien, objets d'art, livres rares et revues pour la bibliothèque du musée) remplissaient deux containers que les collaborateurs du musée emportèrent après sa mort. Ses amis de Moscou, artistes, historiens et critiques d'art, lui dirent un dernier adieu au Musée d'État des Peuples de l'Orient. Lors des funérailles civiles, S.N. Efouni devait comparer l'apport de Savitski à la culture russe à l'action des Tretiakov, Chtchoukine et Morozov. Rappelons toutefois que ces derniers disposaient de moyens financiers importants, alors que Savitski n'avait, lui, que sa passion et ses convictions. Et cela donne un poids plus grand encore à ce qu'il a accompli.

Igor Vitalievitch Savitski est enterré à Noukous. Ses cendres reposent dans cette terre qui était devenue pour lui une seconde patrie.



L'ouverture au monde

II faudra pourtant attendre 1985 et la perestroïka pour que l'action de Savitski et la collection par lui rassemblée soient véritablement reconnues. Et ce n'est que depuis 1991, date de l'indépendance de l'Ouzbékistan, que la route de Noukous s'est ouverte aux journalistes et aux spécialistes, aux diplomates étrangers et aux membres des organisations internationales, permettant que le musée devienne véritablement populaire. Dès lors, on se mit à parler un peu partout du phénomène que représentait le « musée dans le désert ». Les correspondants de différents médias et les journalistes de la grande presse entreprirent de «démêler» les fils de l'étonnante histoire du musée qui figure désormais dans nombre de répertoires célèbres.

Il n'en demeure pas moins que, situé à l'écart des grands centres, le musée reste peu accessible au grand public. L'exposition de Caen ne pourra qu'augmenter le nombre de ses admirateurs.

Savitski avait coutume de dire, comme un rêve, qu'un jour, on viendrait de Paris visiter le musée. Ce jour-là, n'en doutons pas, est arrivé.

Par Marinika BABANAZAROVA, Directrice du Musée des Beaux-Arts de Noukous , femme d'exception qui se bat pour maintenir ce musée au quotidien.

Il est important d'en parler , afin que cette richesse survive et que les dettes de Mr Igor Savitski , accumulées lors du sauvetage de milliers d'oeuvres ne soient plus que de l'histoire ancienne.
A ce jour , un film a été tourné à Noukous , je vous laisse le lien.


http://www.desertofforbiddenart.com/about


Dernière édition par Quetschup le Lun 10 Oct 2011, 04:17, édité 1 fois
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MessageSujet: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptyLun 10 Oct 2011, 04:15

Merci ma Quetschup, c'est merveilleux tout ce que tu nous apprends.
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MessageSujet: Re: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptyLun 10 Oct 2011, 06:41


Je viens de parcourir le fil et je remercie et j'admire a mon tour notre amie Quetschup nous pour avoir offert une si brillante approche des pays d'Asie Centrale et surtout d'Ouzbekistan. chapeau J'en suis ravie et emue!

Citation :
Peut-être bien parce que je vais surement choquer quelques personnes , mais depuis 3 ans bientôt que je vis ici , je vois les gens heureux...parce qu'ils n'ont jamais connu la societé de consommation , ils vivent pour leur famille , pour leurs voisins , ils font la fête , ils se marrent tout le temps , ne se posent pas de question et le quotidien difficile dans les provinces , eh bien , ils ne connaissent que ça , comment peuvent ils savoir que leur situation est révoltante? ( d'un point de vue occidental

Cela, je le connais bien, c'est propre aux bulgares aussi, ne sont-ils pas assez mures pour la democratie? 70% de la population regrettent le passe, la dictature communiste ou l'on ne faisait que survivre sans voir combien les 22 dernieres annees nous ont apporte du progres dans tous les domaines. Est-ce du a l'origine des BULGARES? Ou aux longues siecles de domination ottomane? Ou au 45 ans de regime communiste?

Je vais encore relire le fil, c'est passionnant et nouveau pour moi, moi qui adore le nouveau et l'inconnu, j'en suis comblee! Happy
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MessageSujet: Re: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptyLun 10 Oct 2011, 06:49

Je pense souvent à toi Maya lors de l'écriture de ce fil , ainsi que dans mes dernières lectures sur les goulags soviétiques.
Je suis persuadée que tu aurais beaucoup de choses à m'apprendre , peut-être un jour nous en aurons l'occasion^^
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MessageSujet: Re: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptyMer 12 Oct 2011, 04:30

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MessageSujet: Re: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptyMer 12 Oct 2011, 06:53


Ce que c'est beau! Le petit garcon est formidable! La musique, les danses, c'est joyeux, remontant, ce peule doit avoir le gout pour faire la fete. Je n'apprendrai jamais une danse comme ca, mais la musique me suffit, c'est gai, typique! Merci Quetschup!
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MessageSujet: Re: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptyMer 12 Oct 2011, 06:56

Quetschup a écrit:
Je pense souvent à toi Maya lors de l'écriture de ce fil , ainsi que dans mes dernières lectures sur les goulags soviétiques.
Je suis persuadée que tu aurais beaucoup de choses à m'apprendre , peut-être un jour nous en aurons l'occasion^^

Moi aussi, chere Quetschup, j'espere pouvoir echanger l'experience sur mon pays et ceux d'Asie que tu as bien connu^^. Il est possible que tu as deja parle d'ecrivains d'Ouzbekistan, y en a-t-il qui sont traduits en francais?
En bulgare, surement, je dois fouiller a la bibliotheque la semaine prochaine quand je serai au travail.
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MessageSujet: Re: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptyMer 12 Oct 2011, 07:14

Oui tu as Hamid Ismaïlov qui est un écrivain ouzbek et qui a été expulsé d'Ouzbékistan pour des idées démocratiques.
Il vit à Londres actuellement et travaille à la BBC , ou il continue d'oeuvrer pour ses idées concernant l'Asie centrale.
Il a publié plusieurs livres , dont en françaisContes du chemin de fer et un recueil de poésie "le Vagabond chatoyant"

Mamadali Mahmoudov , Evril touran son nom d'ecrivain , emprisonné pour une période de 14 ans après avoir dénoncé la politique du président actuel .
Un de ses livres traduits en français est "la montagne eternelle"

Je n'en connais pas d'autres...il est dangereux d'être écrivain en Ouzbekistan , voire metteur en scène.
Voici un exemple , et une grande perte .

Ouzbekistan - Page 2 U77-no10

Comme Anna Polikovskaïa et tant d'autres empêcheurs de tourner en rond des dictatures postsoviétiques, Mark Weil, le metteur en scène et directeur de la compagnie Ilkhom à Tachkent (Ouzbékistan) a été assassiné au pied de son immeuble. Les assassins l'ont laissé mourant. Le metteur en scène s'est éteint à l'hôpital dans la nuit du 7 septembre. Il avait 55 ans.

Avant de mourir, Mark Weil a eu le temps de dire qu'on ne lui avait rien volé et qu'il ne connaissait pas les visages de ceux qui l'ont massacré. Un assassinat qui fait inévitablement penser à un acte commandité dans un pays comme l'Ouzbékistan où il ne fait pas bon s'opposer, même de loin, au pouvoir en place du président Karimov, venu au pouvoir après avoir été secrétaire général du parti communiste de l'Ouzbékistan au temps de l'URSS.

Mark Weil, juif russe né à Tachkent, avait fondé son théâtre, probablement le premier théâtre indépendant de l'ex-empire soviétique, au milieu des années 70 et lui avait donné le nom d'Ilkhom ( » inspiration » en langue ouzbek) travaillant avec des acteurs russes et ouzbeks. Juif , il n'avait jamais voulu émigrer en Israël et prônait un théâtre disparate où cohabitaient des acteurs de différentes nations et différents styles.

A la faveur de la perestroïka, il avait pu nouer des relations avec plusieurs pays, en particulier les Etats Unis et la ville de Seattle, où il avait séjourné avec sa famille lorsque sa vie était menacée à Tachkent, au début des années 90. Puis il était retourné en Ouzbékistan où, depuis, il naviguait entre les gouttes. Cette dernière saison, le théâtre Ilkhom avait été invité au Japon, en Israël, en Allemagne et à Seattle, et avait créé, à Tachkent, un spectacle coproduit par le British council.

Il était venu en France au festival Passages à Nancy en 2002, où il présenta un « Ubu roi » , pièce qui prenait encore plus de relief lorsqu'elle était jouée à Tachkent. Abordant des thèmes comme l'homosexualité (passible de prison en Ouzbékistan), le fanatisme religieux et l'autoritarisme, Mark Weil continuait sa ligne de vie d'artiste : celle d'un homme épris de théâtre libre.

Sur son lit d'agonie, il adressa ces mots à ses acteurs : « Quoi qu'il arrive, j'ouvrirai demain la saison. » Ses derniers mots auront été ceux d'un homme de combat. La 32e saison du théâtre Ilkhom devait s'ouvrir le 7 septembre avec leur dernière création : « l'Orestie “ . Une trilogie d'Eschyle dont la seconde pièce ‘ Les Choéphores’ commence avec ces mots d'Oreste :

” Hermès infernal, attache ton regard sur mon père abattu, et deviens le sauveur, l'allié que j'implore. Je rentre en ce pays et je reviens d'exil... Sur le tertre de cette tombe, je somme mon père de me prêter l'oreille et d'entendre... » .

Jean-pierre thibauda.
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MessageSujet: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptyMer 12 Oct 2011, 07:20

Il y a des "homme-lumière", il y en a toujours eu. Celui-ci en est un. Paix à son âme, comme on dit en France, parfois.... et surtout, que personne n'oublie sa lumière et son courage.
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MessageSujet: Re: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptyMer 12 Oct 2011, 07:23

Aujourdhui le théâtre Ilkhom est toujours en activité , la lignée de Mark Weil n'est pas éteinte.
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MessageSujet: Re: Ouzbekistan   Ouzbekistan - Page 2 EmptyMer 12 Oct 2011, 11:00


Bouleversants, l'histoire de Marc Weil, son chemin de combattant de la culture, ses paroles de brave et son travail de createurs du nouveau dans la culture de son pays, un heros de talent et de grande envergure.
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