George Dumézil

Loki (1948) est une excellente introduction à une oeuvre immense. Divinité nordique, Loki est un sale garnement, nabot roublard et meurtrier occasionnel, arrivé jusqu'à nous par des recueils islandais du xiiie siècle. Considérant que trop de folklore s'y mêlait, les historiens avaient renvoyé le cas devant la science des contes. Armé de la méthode comparatiste, Dumézil montre qu'un personnage similaire se trouve dans la religion ossète - peuple caucasien de langue également indo-européenne.

Voilà qui fait penser au nain de la ballade du café triste de Carson McCullers

l'article de l'Express

le grand livre de Dumézil : Mythes et dieux des Indo-Européens, précédé de Loki et Heur et malheur du guerrier chez Flammarion.

De la société indo-européenne, Dumézil dégagea l'ordre structurel, à travers la tripartition fonctionnelle du prêtre, du guerrier et de l'agriculteur. L'influence de cette découverte déborda les études indo-européennes pour s'étendre à l'ethnologie et à l'ensemble des sciences humaines.

Perso, je ne remercierais jamais assez l'ami George, pour m'avoir permis de lire le Mahabharata par procuration. Toute la première partie de Mythe et Épopée I consiste en une analyse transcendantale de l'Iliade indienne, assisté des solides renforts de la mythologie comparée (ah les liens croisés entre les Asvin et Castor et Pollux, l'armure de Karna et celle du héros ossète Sybælc…)

Un jour ou l'autre, je me dis bien qu'il faudra bien que j'attaque ce monument fondateur de la littérature mondiale. Mais, comme il n'existe pas d'éditions intégrales en français, je procrastine, je procrastine…

Voilà pourquoi lire Loki, oeuvre moins ambitieuse et d'une lecture plus facile, devrait te convenir.

J'aime bien ton titre "Dumézil médiateur", puisque ses études permettent de mieux saisir l'ampleur de certains mythes dans la litterature, comme celui du guerrier dans Horace de Corneille.