Bernard Comment

Il était aux écrivains en bord de mer :
Bernard Comment est né en 1960, en Suisse. Romancier, essayiste, critique, éditeur (dirige la collection Fiction & Cie au Seuil), coscénariste avec Alain Tanner et traducteur d’Antonio Tabucchi.
Son dernier recueil de nouvelles, Tout passe 140 p. publié chez Christian Bourgois éditeur a obtenu le prix Goncourt de la nouvelle 2011.


C'est le 4e recueil de nouvelles de l'auteur : il préfère, dit-il, la perception morcelée de plusieurs nouvelles à la tentative d'un regard global que veut le roman.

La thématique de l'oeuvre : la transmission, l'héritage ou à l'inverse la volonté de tout soustraire aux successeurs.

9 récits, dont la première nouvelle est la matrice, les autres présentant des situations diverses qui se font échos ou contrastes.

Dans la correction avant-dernière nouvelle du recueil, un journaliste rend visite à un grand écrivain, un peu éloigné du monde de l'actualité, et auprès duquel il entend obtenir des révélations sur le "prochain romain".

Le dialogue s'éloigne, sans doute volontairement, du projet initial du journaliste, pour parler des anciens manuscrits, du goût actuel pour les archives : paradoxe de notre société à la recherche des archives et des sources, et qui par le traitement de texte et la diffusion numérique détruit de fait les premiers jets, les repentirs, les variantes du texte.

La Correction forme un diptyque contrasté avec Saudade, comme le livre, à l'ère numérique, opposition que l'auteur propose à son lecteur, sans prendre parti.

La première nouvelle, à l'origine du recueil, met en scène "une vieille dame qui s’apprête à partir avec ses secrets, dans le calme d’une piscine". Elle connaît seule la vérité sur un épisode tragique, et cette vérité disparaîtra avec elle.

La langue est parfaite, le passage du récit au dialogue se fait insensiblement, créant un monde intérieur transmis au lecteur.

Décidément, j’aime bien Bernard Comment.

Je l’ai entendu à plusieurs reprises, parler de Kérouac ou de ses propres œuvres, il ne parle pas et n écrit pas pour ne rien dire !

« tout passe » est un recueil construit, au sens où une thématique commande toutes les nouvelles. Ce n’est pas un fourre-tout de textes hétéroclites. Ici le thème est l'héritage (dans tous les domaines).

Le fils raconte une expérience : le narrateur, un « je » bien troublant, raconte l’enterrement d’un père et le contact avec le notaire : « voici ce qu’il vous a légué », dit ce dernier au Fils qui dresse aussi le bilan de ses relations avec un père distant ;

Un texte franc mais sans hargne, un texte d’adulte à l’écoute de ce qu’on lui apprend. Je recommande cette nouvelle.

Un livre aussi de cet auteur interessant de 1990 : " L' Ombre de mémoire " ( Folio) .

Je vous retranscris l'épologue du livre que je redécouvre et que j'ai sous les yeux :

" Le narrateur , un jeune homme perdu et maladroit , est obsédé par la mémoire qui lui fait cruellement défaut , celle du livre

de la peinture , celle du Savoir .

Il voudrait retenir les mots , les images , qui toujours lui échappent .

La rencontre avec Rober sera décisive , un vieillard qui semble avoir tout lu , tout vu , même ce qui a disparu depuis

longtemps et n'existe plus que par des témoiugnages , des esquisses , des brouillons . Entre ces deux personnages , une

jeune femme , pleine de vie , de poésie , de tristesse aussi : Mattilda .

Que d'îlots de bonheur à découvrir ou a revoir par le biais de GDS .

A l'intérieur de cet étrange et impossible trio qui se rédui le plus souvent à des duels , que peut-il se passer ?

La mémoire peut-être . Mais aà quel prix ? ."