leon Daudet, Proust et Cie : portraits.

Voici Comment Léon Daudet décrit sa première rencontre avec Proust :

"Vers 7 heures et demie arrivait chez Weber un jeune homme pâle, aux yeux de biche, suçant ou tripotant une moitié de sa moustache brune et tombante, entouré de lainages comme un bibelot chinois. Il demandait une grappe de raisin, un verre d’eau et déclarait qu’il venait de se lever , qu’il avait la grippe, qu’il s’allait recoucher, que le bruit lui faisait mal, jetait autour de lui des regards inquiets, puis moqueurs, en fin de compte éclatait d’un rire enchanté et restait. Bientôt sortaient de ses lèvres, proférées sur un ton hésitant et hâtif, des remarques d’une extraordinaire nouveauté et des aperçus d’une finesse diabolique.

Ses images imprévues voletaient à la cime des choses et des gens, ainsi qu’une musique supérieure, comme on raconte qu’il arrivait à la taverne du Globe, entre les compagnons du divin Shakespeare. Il tenait de Mercutio et de Puck, suivant plusieurs pensées à la fois, agile à s’excuser d’être aimable, rongé de scrupules ironiques, naturellement complexe, frémissant et soyeux. C’était l’auteur de ce livre original, souvent ahurissant, plein de promesses : Du côté de chez Swann, c’était Marcel Proust. »

Bon, pour le coup ce portrait n'est pas corrosif, mais il reste toutefois excellent.

Bonjour Nestor,
En fait, si j'ai posté ce message sur le fil "Les connaissez-vous?", c'est surtout pour l'écriture de Léon Daudet. Voici un autre portrait de cet auteur, certes réactionnaire, mais féru de littérature moderne et audacieuse.

Voici un autre de ces fameux portraits "magnifiquement atroce":

« Robert de Montesquiou, qui s’est depuis terriblement banalisé et galvaudé – conséquence fatale de l’amour de la célébrité – passait pour un être rare, lointain, distant et fermé (…) L’homme était mystérieux comme l’auteur, long et mince, sans âge, tel que verni pour l’éternité, les rides du front savamment déplissées, habillé avec ce goût rarissime qui aboutit à un ensemble neutre par l’harmonie, le fondu de détails voyants, fleuri quant à la boutonnière, et aussi quant au discours.

Il racontait, comme pour des adeptes, de longues et fastidieuses anecdotes consacrées à des arcanes mondains, méprisables mais inaccessibles, bafoués, mais à la façon des idoles ; puis, vers la fin de son monologue, le comte à écouter debout éclatait d’un rire aigu de femme pâmée.

Aussitôt, comme pris de remords, il mettait sa main devant sa bouche et cambrait le torse en arrière, jusqu’à ce que son incompréhensible joie fût éteinte, comme s’il eût lâché un gaz hilarant. »

de Léon Daudet je n'ai rien lu, mais de son frère Alphonse Daudet, j'ai lus beaucoups de livres, et déversé beaucoup de larmes aussi: Le Petit Chose" "Jack, deux volumes, à pleurer et ne pouvoir quitter la lecture, "Numa Roumestan" et puis pour s'égayer un peu "Tartarin de Tarascon" cela formait partie de mes lectures à l'Alliance Française de Buenos Aires.

Léon Daudet, fils aîné d'Alphonse Daudet, s'il a hérité de l'antisémitisme de son père (et oui! Il y aurait à en dire sur lui), a suivi une toute autre voie dans la littérature. Si le style de Daudet est plutôt enjoué, celui de son fils est beaucoup plus corrosif.

Excusez mon ignorance, je croyais qu'il était le frère de Alphonse, j'avais parlé des bons livres que j'avais lus de lui, j'ajoute "les lettres de mon moulin" littérature de mes cours de français. Je n'avais jamais vu de l'antisémitisme dans ses livres, comme j'ai une bonne mémoire je me souviens seulement d'une de ses phrases qui m'avait choquée, dans un récit ou il parle d'un individu, méprisable, ivrogne, qui bat sa femme, et lui en écoutant les cris, pense : son vote vaut autant que le mien!!
Sur Léon Daudet ,je me suis renseignée ,et j'avoue que ni l'auteur ni la personne
feront partie de mon choix
Je me permets de mettre quelques lignes sur sa trajectoire:

Léon Daudet, écrivain]

C’est dans son œuvre de mémorialiste que ses dons d’écrivain paraissent aujourd’hui les plus éclatants.

Il entreprend la rédaction de ses mémoires à quarante-sept ans en 1914, voulant offrir à ses lecteurs « un tableau véridique sans l’atténuation qu’apporte aux jugements un âge avancé ». Il les intitule Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux. Il a, dès son enfance, côtoyé des écrivains (du salon d’Alphonse Daudet au grenier Goncourt, du salon de Mme de Loynes à la création de l'Académie Goncourt), des scientifiques, des hommes politiques, des journalistes (du Gaulois au Figaro) , des hommes de théâtre, et aura été proche de nombre d'entre eux. Son sens de l'observation, son style enlevé et sa férocité lui ont permis de graver à l’eau forte des milliers de pages de portraits et d’anecdotes qu'on dirait saisis sur le vif.

« Nul n’a su comme lui faire le portrait au vitriol de ses contemporains, esquisser une silhouette en quelques traits mordants, décerner des surnoms qui collent à la peau, trouver la formule assassine qui étend raide l’adversaire, décrire avec une verve prodigieuse les ridicules d’un salon, d’une académie, d’une assemblée parlementaire, d’un tribunal, évoquer l’ambiance hallucinante des hôpitaux de sa jeunesse. Tout un monde, toute une époque, ressurgissent sous sa plume, avec les couleurs de la vie même. », rappelle Bernard Oudin, qui a établi les notes de l'édition de Léon Daudet : souvenirs et polémiques dans la collection Bouquins (1992).

Si ses romans - il poursuivra toute sa vie une carrière de romancier avec un insuccès littéraire à peu près total - ont beaucoup vieilli, si son œuvre de polémiste ne suscite plus l'intérêt, ses Souvenirs restent une mine pour tous ceux que la IIIe République intéresse. Ils révèlent un réel bonheur d'écriture, surtout lorsqu'il s'agit de traîner dans la boue tel ou tel de ses ennemis politiques, notamment parmi les juifs et les dreyfusards. Comme si son incontestable talent ne pouvait s'épanouir que sur le terreau de la contestation, de la contradiction.

Mais ses jugements à l'emporte-pièce et ses partis pris souvent dictés par ses haines politiques n'empêchent pas des opinions originales et un anticonformisme qui l’a parfois fait classer dans les « anarchistes de droite » lui a même permis de défendre des œuvres ou des auteurs auxquels son entourage traditionaliste était hostile. Ainsi a-t-il fait obtenir en 1919 le Prix Goncourt à Marcel Proust (pourtant de mère juive et surtout dreyfusard) qui le lisait et restera son ami (il lui dédie « Le côté de Guermantes »), tentera-t-il sans succès de le faire attribuer à Céline pour « Voyage au bout de la nuit », ouvrage alors honni par les patriotes, ainsi écrira-t-il, au grand dam de son clan, un article élogieux sur André Gide, louera-t-il Picasso et confiera-t-il (le comble pour un antisémite) « qu'il n'a pas connu d'idéaliste plus complet que Marcel Schwob ».

Source Wikipédia

Moi aussi je suis tombée de haut lorsque j'ai appris que Alphonse Daudet était antisémite. Je trouvais plutôt de l'humanisme dans ses oeuvres, à part quelques termes passablement racistes, mais à cette époque tout cela était politiquement correct.
Pour la petite histoire, c'est Alphonse Daudet qui prêta l'argent à Drumont pour qu'il publie "La France Juive", pamphlet antisémite qui connut, hélas, un véritable succès populaire.

J'ai toujours dissocié les personnages à leurs oeuvres. Car s'il ne fallait apprécier que les auteurs moralement irréprochables, on n'aurait pas grand chose à "se mettre sous la dent" en littérature.
J'ai lu quelque part, mais je ne me souviens plus où (hélas! ma mémoire ne m'a jamais été fidèle), que certaines nouvelles des "Lettres de mon moulin"
n'étaient pas de lui. Daudet père utilisait des "ghost writers" ( terme anglais plus joli que le terme français : "nègre").

Mais dès que je remets la main sur l'article, je le poste sur le forum.

Il est vrai que les portraits de Daudet fils sont assez méchants, mais il faut l'avouer avec un style particulièrement talentueux.

Pou r Giugiu:
moi ,je pense qu'on aurait assez d'auteurs de valeur `"a se mettre sous la dent" dans la littérature Française q ue je connais et celle du monde entier. Je vois que tu es nouvelle sur "grain de sel" je t'assure que tu trouveras de quoi te contenter. Moi je ne lis pas Céline, j'ais "le voyage au bout de la nuit" et pour moi cet auteur n'existe pas . Je ne peux pas séparer l'écrivain de l'être humain, et Céline fait partie de ceux que je méprise. Peut-être que d'autres ne seront pas d'accord avec moi, mais j'ai le droit d'exprimer ma pensée.
Hier j'avais trouvé un joli poème à envoyer sur le fil "poésie inaterrompue"
d'u poète inconnu de moi "François C oopée" j'ai cherché qui il était et sa trajectoire m'a décue profondément, et je ne vais pas lui donner une place, qui à mes yeux il ne mérite pas
Combien de poètes merveilleux possêde la France depuis tous les temps, les lecteurs pourront bien se passer de François Coopée