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2 participants
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L'Effarouchée
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L'Effarouchée


Nombre de messages : 44
Date d'inscription : 25/12/2009

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MessageSujet: Portraits   Portraits EmptyDim 04 Avr 2010, 19:45

L'homme à la lanterne.



Bon nombre de ceux qui songent à embrasser la carrière des lettres le font par vanité et ce parce qu’ils se considèrent comme une élite éclairée. Ils pensent avoir un talent fou, savoir à merveille jongler avec les verbes, jouer avec les mots. Ils se rêvent en poètes assemblant des images (à la place de leur télévision), s’imaginent être des créateurs de mondes merveilleux (au fond de leurs salons), s’estiment romanciers bâtisseurs (de châteaux de cartes). Leurs esprits s'enivrent de grandioses desseins lorsque suffisance et ambition viennent à ne faire qu'un. Avez-vous essayé de leur parler de littérature ? Les grands esprits s'emballent, leur belle langue se met à gloser proustement, à caqueter à tort et à tra-vers. Le génie biliaire de la critique les anime ! Pour ces esprits lumineux, écriture rime pauvrement avec culture. Aspirant à être incompris, ils se flagellent avec des plumes d’une autre époque, se maudissent tant et s’y bien qu’ils ne vivent plus. Ils s’enferment alors dans le fantasme littéraire, ces spectres assoiffés d’édition, errent à la recherche de ce qu’ils pensent être l’inspiration. Leur lugubre égotisme les rend aveugle au réel, ils en deviennent des purs esprits, dont même l’ombre échoue à s’imprimer sur le papier.

A trop regarder vers les hauteurs de la pensée, ils tombent dans l’abime du « je» . Ces apprentis écrivains ignorent tout de l’intelligence du corps, de la grâce de vivre qui meut certains êtres. Ne sachant pas observer autrui, ils n’accèdent jamais à la beauté. L’artiste est celui qui envisage : tributaire de sa place de sujet, il n’en cherche pas moins l’universel. La lanterne qui l’éclaire est celle de l’autre ; soucieux de la maintenir allumée il vit et fait vivre autour de lui. Oh, l’intensité du feu de joie peut bien décroitre ! Le morceau de vie qu’elle aura révélé restera pour toujours sur le papier.



Hadrien Bortot





Metz




Ô quel souvenir funeste que celui de ces mornes allées d'un Vendredi Saint. La cathédrale Saint Etienne sonne dix heures, déjà la foule endimanchée se presse aux portes de la reine gothique. Metz, la religieuse, s'éveille. La place d'armes s'anime, les notables troquent leurs habits républicains pour ceux de chrétiens. J'aime Metz par ses contrastes. Ses rues aux doux noms de généraux rappellent son passé militaire, quand ce ne sont pas des voies en l'honneur des fascistes Deroulède et Barrès. Nos récents politiques n'ont pas trahi le passé, avec l'inauguration de la place Jean Paul II et même celle d'une avenue François Mitterand qui est, il fallait le faire, parallèle à l'ancienne Adolf Hitler Strasse. Ce parfum nauséabond contraste à merveille avec les figures tutélaires de Bossuet et de Rabelais. Le sermonneur et le défroqué, belle synthèse qui s'égraine au fil de tes promenades sur les bords de la Moselle. Profane et sacré se mêlent à l'arrière d'une prétentieuse esplanade. Les stances grégorienne de Saint Pierre répondent à la cadence de l'Arsenal. Là perché, le mystère des templiers s'apprête à ressurgir. Metz évoque, elle est plus qu'une ville de culture; c'est une ville d'artistes dont les secrets percent à travers les vitraux de Chagall. Je t'aime Metz la verlainienne, toi qui transforme sans sourire la maison du poète en repaire d'invertis. Ô Metz dont le pavé bat au rythme de Gabriel Pierné. Ville bourgeoise au cœur d'une région ouvrière noircie par le charbon; ta pierre Jaune prédisait déjà le clair obscur du grand De la Tour. Metz la médiévale fière de son histoire au porte de l'Empire. Ville du double jeu c'est Koltès qui vient clore ton Panthéon. Sous une toile blanche qui sort à peine de terre, toi l'antique tu laisses réapparaitre des pierres d'amphithéâtre. Il est onze heures, loin du tumulte religieux, sur la place Saint Jacques, ta jeunesse se remet de sa nuit de fête. Adolescents rêveurs qui apprécient ta chaleur, ils te rêvent grande et capitale. Metz, c'est à pas de géant que tu as traversé ces trois mille ans, nul ne s'en est rendu compte. Ville de tous les orgueils tu es un fantasme de poète. La flamme n'est pas éteinte, je reste un imbécile heureux qui aurait aimé être né quelque part.



Hadrien Bortot
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L'émane
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L'émane


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Date d'inscription : 20/05/2009

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MessageSujet: Re: Portraits   Portraits EmptySam 10 Avr 2010, 13:06

Pour "L'homme à la lanterne"

Je trouve qu'il y a un style interessant. C'est plus ou moins captivant, à certains passages.

Sur le plan idéologique (oh là là, le gros mot NB : C'est faute d'un meilleur terme bien entendu) je suis pas carrément d'accord avec toi. Cela me donne l'impression que tu as tendances à généraliser, et à vouloir définir de façon fixe (un naturel humain) ce que peut-être un écrivain/artiste. Après, c'est vrai qu'il y en a qui fonctionnent ainsi. Mais peut-être que je me trompe.

"L'artiste est celui..." Si je te cite. Peut-être un peu péremptoire ?

"parce qu’ils se considèrent comme une élite éclairée." Je ne peux m'empêcher de te faire part que ce passage me gène. Eclairée... tu veux dire comme le proclamait les auteurs du 18ème siècle ? Avoir la lumière, l'intelligence avec soi ? Je pense que ça concerne une catégorie très limitée d'auteurs. Bon nombres d'auteurs ont horreur de cet érudition, de cette intelligence, dont beaucoup de monde parlent.

J'aime beaucoup ce passage là, en revanche : " trop regarder vers les hauteurs de la pensée, ils tombent dans l’abime du « je» . Ces apprentis écrivains ignorent tout de l’intelligence du corps, de la grâce de vivre qui meut certains êtres."

Bonne continuation.
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