Les mots

les mots
Paroles /Musique : Florent Vintrigner

Approchez, approchez Mesdames et Messieurs
Car aujourd'hui grande vente aux enchères
Dans quelques instants mes deux jeunes apprentis saltimbanques
Vont vous présentationner des.......MOTS

Un mot pour tous, tous pour un mot
Un mot pour tous, tous pour un mot

Des gros mots pour les grossistes
Des maux de tête pour les charlatans
Des jeux de mots pour les artistes
Des mots d'amour pour les amants
Des mots à mots pour les copieurs
Des mots pour mots pour les cafteurs
Des mots savants pour les emmerdeurs
Des mobylettes pour les voleurs

Refrain
Aujourd'hui grande vente aux enchères
On achète des mots d'occasion
Des mots à la page et pas chers
Et puis des mots de collection

Refrain

Des morues pour les poissonniers
Et des mochetés pour les pas bien beaux
Des mots perdus pour les paumés
Des mots en l'air pour les oiseaux
Des mots de passe pour les méfiants
Et des mots clés pour les prisonniers
Des mots pour rire pour les enfants
Des mots tabous pour l'taboulé

Refrain

Des mots croisés pour les retraités
Et des petits mots pour les béguins
Des mots d'ordre pour les ordonnés
Des mots fléchés pour les Indiens
Des momies pour les pyramides
Des demi-mots pour les demi-portions
Des mots courants pour les rapides
Et le mot de la fin pour la chanson.

http://www.sonymusic.fr/larueketanou/cadre_presentation.htm

Et vous ? vous en avez des textes sur les mots ?

Les mots incendies
Paroles : B. Morel ; Musique : E. Philippon ; Arrangements : E. Philippon & P. Payan ; Groupe : La tordue

J'ai pas lu tous les livres
Et je n'suis pas de bois
Et le soir je m'enivre
Dans le lac de tes bras

Dis-moi encore les mots
Les mots incendies
Qui brûlent nos vies nos jours
Et nos nuits

Le désir a ses barques
Sur le flot de ta voix
Et le soir je m'embarque
Pour l'orée de tes bras

Dis-moi encore les mots
Les mots incendies
Qui mettent à feu à sang nos sens
Interdits

Le soir en se couchant
Allume des contre-feux
Des mots se consumant
Dans la nuit de tes yeux

Dis-moi encore les mots
Les mots incendies
Qui brûlent nos vies nos jours
Et nos nuits

Mon amour, la muerte
Quand elle viendra si elle venait
on l'enverra je te promets
Sur les roses se promener

Dis-moi encore les mots
Les mots incendies
Attisant le brasier vivant de nos vies

J'ai pas lu tous les livres
Et je n'suis pas de bois
Et le soir je chavire
Dans le lac de tes bras

Dis-moi encore les mots
Les mots incendies
Qui brûlent nos vies nos jours
Et nos nuits

Avec des mots

Paroles: Ch.Green. Musique: A.Borly 1968



Avec des mots déjà usés
A force d'avoir trop servi
Avec des mots désenchantés
A force d'avoir trop menti
Avec des mots banalisés
Avec des mots de tous les jours
J'aurais bien voulu essayer
D'écrire une chanson d'amour

Tant pis si je ne sais pas faire
Des jolies phrases pour te plaire
Tant pis si mes vers se désolent
Ma chanson sera sans paroles
Avec des mots qui se démodent
Et ne veulent plus rien dire du tout
Avec des mots qu'on raccommode
Et qu'on replace n'importe où
Avec des mots déjà fanés
Avec des mots qui n'ont plus cours
J'aurais bien voulu essayer
D'écrire une chanson d'amour

Tant pis si je ne sais pas faire
De jolies phrases pour te plaire
Tant pis si mes vers désolent
Ma chanson sera sans paroles
Avec mon cœur qui s'émerveille
En écoutant battre ton cœur
Avec ma vie qui s'ensoleille
Et se réchauffe à ton bonheur
Avec mes joies qui se ressemblent
Avec nos joies de chaque jour
Viens nous allons l'écrire ensemble
La plus jolie chanson d'amour
Viens nous allons l'écrire ensemble
La plus jolie chanson d'amour.

LES MOTS


Les mots divins, les mots en vain,
Les mots de plus, les motus
Les mots pour rire, les mots d’amour
les mots dits pour te maudire
Les mots bruissants comme des rameaux
les mots ciselés comme des émaux
la faim de mots, la soif de mots
Qui disent quelque chose


Les mots chéris qui sur mes lèvres
N’ont pas trouvé leur place
Les mots muets, les mots buée
Comme un baiser sur la glace
les mots bouclés, clés de l’espace
Les mots oiseaux qui laissent des traces


les mots qui tuent, les mots qui muent
Les mots tissant l’émotion
Les mots pâlis, les mots salis
les mots de prédilection
Les mots qui te caressent comme des mains
Les mots divins, les mots devins
Les premiers mots
La fin des maux


Claude Nougaro, Album “La note bleue”, Emi

Les mots bleus (Christophe )

Je lui dirai les mots bleus
Les mots qu'on dit avec les yeux
Parler me semble ridicule
Je m'élance et puis je recule
Devant une phrase inutile
Qui briserait l'instant fragile
D'une rencontre
D'une rencontre

Il est six heures au clocher de l'église
Dans le square les fleurs poétisent
Une fille va sortir de la mairie
Comme chaque soir je l'attends
Elle me sourit
Il faudrait que je lui parle
A tout prix

Je lui dirai les mots bleus
Les mots qu'on dit avec les yeux
Parler me semble ridicule
Je m'élance et puis je recule
Devant une phrase inutile
Qui briserait l'instant fragile
D'une rencontre
D'une rencontre

Je lui dirai les mots bleus
Ceux qui rendent les gens heureux
Je l'appellerai sans la nommer
Je suis peut-être démodé
Le vent d'hiver souffle en avril
J'aime le silence immobile
D'une rencontre
D'une rencontre

Il n'y a plus d'horloge, plus de clocher
Dans le square les arbres sont couchés
Je reviens par le train de nuit
Sur le quai je la vois
Qui me sourit
Il faudra bien qu'elle comprenne
A tout prix

Je lui dirai les mots bleus
Les mots qu'on dit avec les yeux
Toutes les excuses que l'on donne
Sont comme les baisers que l'on vole
Il reste une rancœur subtile
Qui gâcherait l'instant fragile
De nos retrouvailles
De nos retrouvailles

Je lui dirai les mots bleus
Ceux qui rendent les gens heureux
Une histoire d'amour sans paroles
N'a pas besoin du protocole
Et tous les longs discours futiles
Terniraient quelque peu le style
De nos retrouvailles
De nos retrouvailles

Je lui dirai les mots bleus
Ceux qui rendent les gens heureux
Je lui dirai tous les mots bleus
Tous ceux qui rendent les gens heureux
Tous les mots bleus

Paroles: Jean-Michel Jarre. Musique: Christophe

Les mots (en duo avec Seal) by mylène Farmer ( fan de cette rousse sulfureuse)

Fixement, le ciel se tord
Quand la bouche engendre un mort
Là, je donnerai ma vie pour t'entendre
Te dire les mots les plus tendres


When all becomes all alone
I'll break my life for a song
And to lives that stoop to notice mine
I know I will say goodbye
But a fraction of this life
I would give anything, anytime


L'univers a ses mystères
Les mots sont nos vies
You could kill a life with words
Soul, how would it feel
Si nos vies sont si fragiles
Words are mysteries
Les mots des sentiments
Les mots d'amour, un temple


If one swept the world away
One could touch the universe
I will tell you how the sun rose, how
We could with a word become one


Et pour tous ces mots qui blessent
Il y a ceux qui nous caressent
Qui illuminent, qui touchent l'infini
Même si le néant existe
For a fraction of this life, we
Will give anything, anytime



L'univers a ses mystères
Les mots sont nos vies
You could kill a life with words
Soul, how would it feel
Si nos vies sont si fragiles
Words are mysteries
Les mots des sentiments
Les mots d'amour, un temple

Raphaël

Des mots

"La réalité"

Des mots des grands mots des tous beaux
Qui vous vont frissonner et qui font craquer la peau
Des mots pour calmer l'âme des pauvres
Pour piquer aux yeux de petits amoureux
Des mots encore et puis toujours
Heureux ou bien saignant ca dépend du discours
Qui crache à leur foi jusqu'en pleine figure
Pour ne dire rien d'autre que mensonges de plus

Si j'avais su {x2}

Des mots dans les bouches les couloirs du métro
Des mots tout chauds de ce qu'on vient nous inventer
Et qu'il va nous en cuire
Qui va nous arriver
Qui raconterons comment on s'est qu'on se ferra bouffer
Des mots des vieux, usés
Des familles
Des mots sur le courage, la vie et puis tout çà
Des mots sur le bonheur qui pour une autre fois
Et puisque y'a rien à dire
Fait le nous ton discours
Des mots pour flatter les petits animaux
Qui sont déjà bien bêtes à bouffer du foin
Des mots qu'on dit pour un bon locataire
Une bonne année pour vous, pour la terre entière

Si j'avais su {x2}

Des mots pour la petite fiancée
Celle qu'on aurait pas du laisser tomber
Avec son petit coeur qui rêve sur le pavé
Son petit regard qui sait plus où se poser
Des mots pour la vente générale
Des mots encore en bouillis ou bien en drame
Des mots tout près pour les grands abattoirs
Et puiqu'il est bien mort
Fait le nous ton discours
Des mots par pleine charrette
Des mots par plein de paquet
Pour nous rassurer

Je ne me battrai plus {x2}

Un homme est mort, Paul Eluard

Un homme est mort

Un homme est mort qui n’avait pour défense
Que ses bras ouverts à la vie
Un homme est mort qui n’avait d’autre route
Que celle où l’on hait les fusils
Un homme est mort qui continue la lutte
Contre la mort contre l’oubli.

Car tout ce qu’il voulait
Nous le voulions aussi
Nous le voulons aujourd’hui
Que le bonheur soit la lumière
Au fond des yeux au fond du cœur
Et la justice sur la terre.

Il y a des mots qui font vivre
Et ce sont des mots innocents
Le mot chaleur le mot confiance
Amour justice et le mot liberté
Le mot enfant et le mot gentillesse
Et certains noms de fleurs et certains noms de fruits
Le mot courage et le mot découvrir
Et le mot frère et le mot camarade
Et certains noms de pays de villages
Et certains noms de femmes et d’amis
Ajoutons-y Péri
Péri est mort pour ce qui nous fait vivre
Tutoyons-le sa poitrine est trouée
Mais grâce à lui nous nous connaissons mieux
Tutoyons-nous son espoir est vivant.

Beau texte, celui de Paul Eluard.

Paroles Mots Pour Maux Sinik


Mots Pour Maux de Sinik

Noyé par les larmes, assoiffé par les armes
Je combats les mots pour les maux
Mieux que le mal par le mal

Les armes : tout le monde en veut c'est dérisoire,
les jeunes adorent en faire usage pour des histoires de territoire

Les larmes : deviennent des flaques puis des rivières
présentent sur les joues de nos mères lorsque nos juges délibèrent

Le drame : c'est qu'on est plus habilité à faire du trafic en sous-sol
que de la comptabilité

Le crack : fait son entrée dans la partie,
c'est tout nouveau bienvenue dans la bad trip de la matrice

Le hall : reste l'endroit où l'on demeure dans les vapeurs
de beu le voisinage est pris de peur

La drogue : certains la fument d'autres la vendent,
l'erreur c'est de penser qu'elle te fait remonter la pente

L'alcool : atténue la vision des choses,
peut te faire croire que tout est rose mais dans le fond tout est faux

La mort : ne préviens pas quand elle s'infiltre,
elle n'envoie pas de sms quand elle s'invite

{Refrain:}
Je voulais vous le dire avec des phrases avec du flow
Oeil pour oeil, dent pour dent, mots pour maux,
Noyé par les larmes, assoiffé par les armes
Je combats les mots pour les maux
Mieux que le mal par le mal

Les flics : même s'ils te tuent sont acquittés mais peuvent
te faire tomber en taule pour quelques graffitis sans graviter

Les films : de plus en plus violents le public aime ce qui choque,
à quand le court métrage sur Guy Georges

Les filles : n'ont plus de respect pour leurs corps,
elles baisent dès le 1er soir avec leur mec ou leur pote

Le fric : fait tourner le ness, fait tourner la tess,
fait tourner le monde mais fait aussi tourner la tête

La haine : fait des ravages dans les tier-quar,
provoque la mort et la bagarre, les incidents et les dégâts

La guerre : détruit les maisons en Irak,
elle tue les femmes et les enfants, les innocents et des G.I.

La peine : te laisse des rides en héritage,
n'importe qui la décèle parce qu'elle se lit sur les visages

La paix : se négocie mais ne vient pas,
se mérite ne se vend pas, s'installe mais ne tient pas
la source est LA

Mes mots sont en prison Qui peut les délivrer ?
Tu voudrais qu’ils s’envolent
Moi je voudrais qu’ils meurent
Qu’ils meurent pour renaître
Purs comme les flocons de décembre
Comme avant
Lorsqu’ils ne faisaient pas de bruit
Et qu’ils savaient voler
Qu’ils aimaient voler
Et s’accrocher au Ciel vanille et doux

Mes mots sont malheureux Qui peut les amuser ?
Tu voudrais qu’ils rigolent
Moi je voudrais qu’ils pleurent
Qu’ils pleurent et puis qu’ils dansent
Légers comme les fleurs de ces grands arbres
Pareilles à des petites grappes de coton
Qui valsent dans la brise d'été
Des campagnes verdoyantes
Comme avant
Lorsqu’il ne faisait pas nuit
Et je savais danser
Et j’aimais tant danser


Emmanuel RASTOUIL (juin 2006) à Matthias Vincenot.

Les mots

Les mots qui sortent vifs de l’esprit du poète
Portent en eux le sang et l’espoir d’un futur
Qu’il entrevoit heureux, à l’aube d’une fête.

Il ne résume pas l’amour dans un cœur pur,
Mais il le magnifie et puis le dévisage
Comme un rêve innocent, bien avant l’âge mûr.

Les mots qui naissent nus dans la bouche du sage
Sont comme des joyaux pas encor dégrossis
Qu’il lui faut tailler fin pour en faire un beau gage.

Son esprit vagabond, autour des galaxies
Décline à l’infini les tourments de son âme
Qu’il déclame à plaisir sans autres facéties.

Les mots vibrent toujours dans le sein de la dame,
D’émotions bercée, à perdre la raison,
Et paraître au final, émue à l’épigramme.

Un élan d’allégresse avant la pâmoison.


Emmanuel RASTOUIL (février 2005).

C'est vraiment très joli Théagène!

coline a écrit:

C'est vraiment très joli Théagène!

la messe est dite ! il est des nôtres

Vous m'en voyez très touché...

Oui...Il est des nôtres!

Il va nous faire decouvrir de nouveaux auteurs en nous parlant de ses lectures

voici un extrait de Grand corps malade :chercheur de phrases

Citation :

Moi j'ai traversé toute la pièce pour atteindre mon petit bureau
Equipé de ma main droite, une feuille et un stylo
Je me prends pour un poète, p't'être un vrai, p't'être un naze
Je suis parmi tant d'autres un simple chercheur de phases
Je retourne toutes les phrases en secouant mon esprit
Je traque la moindre rime et j'en rêve même la nuit
Je soulève chaque syllabe pour voir ce qu'il y a en dessous
Il m'arrive même de chercher jusqu'à m'en rendre saoul
J'ausculte tous les mots pour dénicher la bonne terminaison
Je sais prendre mon temps, la patience guide ma raison

le texte entier est ICI

A noter que sur paroles.net on trouve
les paroles de 16 chansons

Jean-louis Fournier

On a dit du bien du livre "il a tué personne, mon papa" Stock
Rappel c'est ICI

Citation :

Jean louis Fournier a le sens des titres : voyez
Je vais t'apprendre la politesse,p'tit con. livre de poche.
un ton corrosif, noir, irrévérencieux, décalé, caustique, ironique...

dixit GDS*

voici un autre titre :

Fournier (Jean-Louis) - Les Mots des Riches, les Mots des Pauvres chez Anne Carrière

Citation :

A travers une soixantaine de chroniques de la vie quotidienne, l'auteur de la désormais célèbre Grammaire française et impertinente propose une nouvelle espèce de dictionnaire bilingue: Les mots des riches, les mots des pauvres (196 p., Anne Carrière).

Où l'on apprend, entre autres, qu'en «pauvre»
Cahiers du cinéma se dit Télé Z,
«nouveau-né» se traduit par «nouveau pauvre»,
«Tahiti» par «Palavas-les-Flots» et
«indemnités de départ» par «indemnités de licenciement»!

Un ouvrage salutaire en ces temps où l'euphémisme galopant n'a d'égal que l'insolence anémiée

source : Lire.

Ah! à te lire on a envie de connaitre cet auteur ! mais le problème est là ! on n'aura pas le temps de tout lire et il faut sélectionner et c'est cela le plus dificile je crois!

marie chevalier a écrit:

Ah! à te lire on a envie de connaitre cet auteur ! mais le problème est là ! on n'aura pas le temps de tout lire et il faut sélectionner et c'est cela le plus dificile je crois!

Le " Je vais t'apprendre la politesse..." se lit très vite et très facilement. C'est un manuel de savoir-vivre pour les jeunes (et les moins jeunes), et plein d'humour.
Il y a eu une adaptation en série télévisée qui passait vers 2001 sur
la 5 avec Catherine Frot, plus Folcoche que jamais

Quelques petites ctations du bouquin :

Citation :

- A un ministre, écrire sur du papier ministre, à un boucher jamais sur du papier de boucher.
- Prenez une encre bleue ou noire, laissez le rouge au prof. Pas d'encre sympathique, même avec des amis.
- La lettre anonyme, la renvoyer à l'expéditeur.
- Pour faire taire un sourd-muet, on éteint la lumière.
- N'embrasser pas tout le monde, gardez le baiser pour la bonne bouche.

de plus en plus envie de sélectionner ce livre ! merci pour les passages qui sont très drôles!

ps: Oui Rotko tu en parlais sur un autre fil mais c'était la période où j'avais un gros méchant virus dans mon pc et j'ai donc raté cet épisode ! tant mieux il est ressorti ! je viens d'aller voir ce que tu disais sur Fournier

Dans un genre différent, mais que je trouve délicieux, cet extrait de "Le Bleu des pierres" de Pierre Meunier (Editions Solitaires Intempestifs)...

"On lui avait interdit l’accès à la Fonderie.
[…] On le croyait à l’étude ou en train de jouer aux quilles en fonte devant l’écurie. Tapi dans un tonneau tout vermoulu qu’il avait trouvé sous une fenêtre de la Fonderie, il s’exerçait à faire chanter un brin d’herbe ou à imiter le cri de la chouette avec ses mains trop petites. Puis il se hissait dessus pour observer le brûlant corps à corps des hommes et du feu.
[…] Soudain un frisson l’arrachait à sa contemplation, le soir était tombé dans son dos. Vite, courir, regagner sa chambre, changer ses vêtements humides de rosée et déchirés par les ronces, se présenter à l’heure au dîner sans éveiller aucun soupçon.
Il craignait par-dessus tout d’être découvert et qu’une voix d’adulte en colère n’exigeât des explications sur son retard. Il en pleurait d’avance car il savait que les mots qu’il lui aurait fallu employer pour se justifier auraient été par leur maladresse, leur inexactitude, leur inappropriation à évoquer ses sensations, autant d’offenses, voire de trahisons, envers la lumière qui l’inondait en ces moments magiques où, debout sur son tonneau, il assistait aux noces fumantes de l’homme et du fer.
[…] – Autant me couper la langue, pensait Léopold, puisque jamais je n’arriverai à dire.
[…] La rampe du grand escalier qui menait à sa chambre n’était pas une création de Dieu, elle devait son existence à un premier stade informe et flamboyant, carrefour de tous les devenirs.[…] Pour Léopold le mot « rampe » célébrait une forme incandescente parcourue de caillots rouges palpitants, mais il voyait bien que pour tous ceux qui l’employaient il ne s’agissait que du stade final de la chose, froid et empoussiéré, comme un méchant rideau tiré sur la splendeur de l’aube.
Au sortir de la bouche des hommes, les mots n’étaient que des cadavres et chaque phrase une fosse commune. Le massacre était continu, tout le monde était complice.
Dans le salon familial, ses parents et leurs invités passaient des soirées entières à humilier les mots avec des gloussements et des claques sur les cuisses. Leur satisfaction à leur nuire était sans limite.
[…] Léopold, partagé entre l’effroi et le désir de venir en aide aux suppliciés, sanglotait derrière la porte en serrant ses petits poings.
[…] Que pouvait sa force d’enfant contre une telle barbarie ?
Il courait se réfugier dans sa chambre enfouir sa tête sous l’oreiller. A travers le plancher, des éclats de voix lui parvenaient encore, ravivant la même douleur dans la même plaie.
Il lui arrivait parfois de recueillir un de ces mots torturés pour le réconforter dans la chaleur de son lit. Il le baignait de ses larmes, le chuchotait avec une extrême douceur. Il caressait ses consonnes meurtries avec la délicatesse d’une infirmière au chevet d’un blessé de guerre. Puis il disposait l’intérieur de sa bouche en forme de voyelle. Sa mâchoire se détendait, découvrant une tiède caverne tapissée du doux sol de sa langue. Et il attendait.
Ce pouvait être long.
Après avoir observé de loin cette invite à entrer, la voyelle s’approchait, pleine de méfiance en reconnaissant une bouche humaine pareille à celle qui venait de la maltraiter si durement. Il y avait tant de ferveur dans ce visage d’enfant, aucune dureté ne venait l’assombrir, les soupçons étaient vains. Alors la voyelle venait se blottir dans ce creux bienfaisant qui épousait sa forme. Bercée d’un souffle pur, elle retrouvait peu à peu le désir de se faire entendre. Quand il la sentait prête, Léopold faisait vibrer sa gorge. Un son très doux naissait qui le faisait frissonner d’émotion. La voyelle guérie, il passait à une autre, et pour chacune il avait les mêmes délicates attentions.
Le moment venu, il se mettait sur le dos, fermait les yeux, attendait que s’appaisât sa respiration, puis renvoyait au monde ce mot plein d’une force nouvelle.
Il le prononçait d’un souffle, en l’accompagnant de son oreiller qu’il jetait à sa suite. Quand l’oreiller retombait sur sa tête, l’enfant dormait déjà, enfin apaisé.
Te voilà, Léopold, parcourant dans ton sommeil le royaume des mots guéris où se nomme le monde dans toute sa splendeur.
Ils t’acclament, pleins de gratitude pour toi qui leur as redonné vie. Tu ne le sais pas encore, mais ils seront tes plus fidèles alliés…"

(extrait de « Jeunesse de Léopold Von Fliegenstein » : texte de Pierre Meunier)

Chanson

Les mots me traînent
Les mots m’enchaînent
Les mots me peinent
Les mots me viennent
Ils me soutiennent
Ils m’appartiennent
Quoi qu’il advienne
Mes mots me chantent
Mes mots m’enchantent
Me désenchantent
Ils m’ensanglantent
Ils m’ébouillantent
Mots d’épouvante
Je les enfante
Et ils me tuent..

Guy Foissy, L’ Auditoire, éditions du Laquet.

Cette fois-ci je place les chansons dans l'ordre, car vous verrez qu'il y a des reprises.

Chanson

Mes mots me chantent
Mes mots m’enchantent
Me désenchantent
Ils m’ensanglantent
Ils m’ébouillantent
Mots d’épouvante
Je les actionne
Les confectionne
Les affectionne
Les perfectionne
Les assaisonne
Les emprisonne
Les abandonne
Et ils me tuent.

Chanson


Mots que j’adore
Mot que j’abhorre
Que j’élabore
Que je décore
Que je déflore
Que je colore
Que j édulcore
Mots agressifs
Mots subversifs
Mots corrosifs
Mots excessifs
Mots abusifs
Mots convulsifs
Et ils me tuent.