Thomas Heams-Ogus, Cent seize Chinois et quelques.

Thomas Heams-Ogus, Cent seize Chinois et quelques, Seuil

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Pour un premier roman, c’est une réussite. L’auteur évoque les décisions du fasciste Mussolini, enjoignant de regrouper, dans des camps, tous ceux qui selon lui « étaient hors du temps » , les Juifs, les Asiatiques et les Tziganes. Il y avait même une hiérarchie dans la relégation !

Voici donc les Chinois internés dans les Abruzzes, sidérés par ce qui leur arrive, comme on en a parlé avec les dames de Paulilles de Nicole Yrle.

Grande est la surprise des habitants du cru, auxquels la propagande fasciste, tente de faire croire à la dangerosité de ces pourchassés !

Rien ne le raconterait mieux que ce rappel à l’ordre de Mussolini qui, face à la sympathie grandissante des Abruzzais pour les internés en général, trouverait le moyen de déclarer dans un message aux cellules fascistes locales :

« il semble que l’on considère ces individus comme de pauvres diables qui n’ont commis d’autres fautes que d’être juifs, français ou levantins. Mais ils sont dangereux et il faut leur en faire le procès d’intention ».

On aurait, sans connaissances historiques, du mal à croire à une telle propagande, cynique et stupide ; le lecteur contemporain sait pourtant qu’on désigne du doigt des minorités étiquetées comme dangereuses !

Citation :

On aurait, sans connaissances historiques, du mal à croire à une telle propagande, cynique et stupide ; le lecteur contemporain sait pourtant qu’on désigne du doigt des minorités étiquetées comme dangereuses !

Tu as tout à fait raison. Les agissements de Sarkozy sont dignes de ses prédécesseurs d'extrême-droite.

Thomas Heams-Ogus, Cent seize Chinois et quelques, Seuil.

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Les Chinois bénéficient cependant d’un facteur inattendu qui les tirera de leur passivité résignée : l’arrivée d’un missionnaire parlant leur langue, Tchang, et dont le rôle ne fut point celui d’un prosélyte mal avisé.

Toutefois, l’Église et l’État profitent du désir de conversion au catholicisme de plusieurs internés pour organiser un baptême collectif : est alors organisée une grande cérémonie, censée faire oublier le régime contraint imposé aux victimes.

« Certains tiraient à peu de frais [ un intérêt ] de cette métaphore de l’accueil : pourquoi se priver de donner un visage humain à une politique concentrationnaire, surtout quand cela prenait les couleurs d’une fête mémorable, populaire, et les apparences d’une communion ».

Le passage souligne judicieusement la mauvaise foi des autorités et le cocasse de la situation qui, contre l’attente officielle, déposera un germe de rébellion, à long terme, chez les emprisonnés.

La liste des noms chinois à la fin du livre donne le relief historique souhaité à cette histoire de prisonniers Chinois. Le récit, dont je donne seulement les premiers développements, témoigne que le facteur humain est imprévisible, et que le goût de la liberté ne se laisse pas asphyxier par les manœuvres des fascistes et consorts.

On lit donc une histoire pleine d’imprévus où l’auteur joue avec bonheur, dans sa narration, d’une belle palette de tons.