Lucie en septembre.

Si vous n'y voyez pas d'inconvenient, je vous propose "l'essai de plume" .

En tout j'ai 494 mots, mais je préfére livrer cette petite nouvelle en deux parties.

Ce serait plus pratique, pour éviter les embouteillages, que chacun poste son texte quand il veut, avant le 19 avril.

je devance donc largement l'appel

Occupé ! (nouvelle)

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L’endroit était propret. Une collerette en moquette bouclée entourait le pied de la cuvette, et j’y reposais mes pieds, tandis qu’assis je contemplais les affiches collées aux murs : un jeu d’orgues, un poème de Musset de circonstance, et une citation de Racine :

Citation :

ce cabinet superbe et solitaire
Des secrets de Titus est le dépositaire. ...

J’étais décidément chez des « littéraires », comme me l’avait assuré la mère d’Éva, fière d’avoir tout lu « Marcel » Camus, dans sa jeunesse. Il y avait longtemps. Le pire avait été quand le père d’Éva, un composé de témoin de Jéhovah et de représentant de commerce, m’avait raconté la rencontre de sa boulotte d’épouse, sa grossesse, et le difficile accouchement d’Éva, la « prunelle de ses yeux », qu’il ne quittait pas du regard. Elle, Éva souriait avec indulgence, et caressait Chiquito, son « caniche chéri » qui héritait des mots indistincts qu’elle murmurait pendant nos galipettes.
C’était insupportable.

. J’avais donc quitté la table à 13 h 30, aussitôt après les radis, avec mon Ipod, pressentant que j’en aurais pour un bon moment.

Chiquito vint le premier gratter à la porte, avec des couinements d’impatience. Il m’avait sans doute adopté, lui aussi. Mais j’ai horreur des adoptions, des témoins de Jéhovah qui se déboutonnent, et des caniches qui portent un bourgeon terminal sur une queue tondue. Je mis aussitôt le volume plus fort.

Éva vint ensuite, me demandant « si ça allait ». Elle paraissait inquiète. « Parfait » ai-je dit, sans entendre la suite car Toscanini noie tout dans les fortissimo. Avec ce premier mouvement, je retrouvais un peu de tonus.

, Une plage de silence, juste avant l’andante, me permit d’entendre des voix courroucées : le témoin de Jéhovah récriminait, la boulotte s’énervait, Éva semblait se défendre mollement. Ils attendaient sans doute le rôti !

J’eus envie de crier par la porte entrebâillée
« continuez sans moi ! ».

. Je n’aime pas les repas dominicaux. Pas étonnant donc que j‘aie mal au ventre. Leur dimanche était foutu. Même le caniche semblait énervé, et ça me fit ricaner.

Occupé ! (nouvelle)

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J’avais rencontré Éva à la piscine : elle nageait mal, la tête hors de l’eau, avec un bonnet de bain vert à fleurs en plastique. Elle m’avait souri, se méprenant sur mon intérêt. Elle n’avait pas nagé depuis son brevet de 25 mètres, m’avait-elle expliqué.

Son visage était fin, elle souriait tout le temps, je ne quittais pas ses yeux noisette : on aurait dit un petit écureuil apeuré ; Je la raccompagnai à son appart ; elle avait fait ce qu’il fallait pour me retenir.

Mais ce dimanche chez ses parents, quelle traîtrise !

Je ruminai ma colère, et je pris ma décision à 14 h 10.

Je sortirais à 14 h 30, je soulèverais ses cheveux en lui caressant doucement la nuque, un peu triste à l’idée que, ce soir, et les suivants, elle regarderait seule, « Plus belle la vie ! ».

J'aime bien, ça sent le VQ.

Ne serais tu pas un peu macho Rotko ?
Ton personnage tronant sur la cuvette me fait l'effet d'un carnassier qui, après s'être repu de sa proie, décide froidement de la renvoyer chez elle... ou plutôt de l'y laisser, vu les circonstances de ce repas familal...


J'aime bien cette écriture.

C'est super drole!! Le repas de famille dominical qui soule tout le monde s'y retrouve,tu t'attaques à un sujet universel. Comme dirait Maxime le Forestier on choisit pas ses parents on choisit pas sa famille...

Je te trouve bien dur avec cette pauvre Éva. Ce n'est pas sa faute, après tout...

le je n'est pas l'auteur, il réagit comme il peut

C'est vrai qu'il y a une odeur de vécu; et c'est drôle. Merci

en fait tout finit souvent par une rupture mais toi Rotko, tu nous as tourné cela de telle manière que même la pauvre Eva seule devant son feuilleton fait rire
bravo!! tu en as d'autres? cachottier !!!(avec un ou deux t? )

marie chevalier a écrit:

cachottier !!!(avec un ou deux t? )

Deux, comme "chiottes" !

merci Troglo je savais que je pouvais compter sur toi et vice versa

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Garges Le 8 avril 1750

A Monsieur le Comte de Chaumes
Lieutenant-Colonel du 4é régiment de Cavalerie
à Saumur





Monsieur le Comte,

Comme d’habitude je vous envoie un billet sur les apprentissages de votre nièce dont je suis satisfait dans l’ensemble. Elle apprend bien et elle a fait de grands progrès en écriture et en lecture depuis que vous me l’avez confiée. Elle saisit bien les nuances de la pensée, sait argumenter, se montre sensible à la prose poétique de François de Sales par exemple, et comprend bien la démarche et les raisonnements de Fénelon.
En revanche, elle se montre peu encline aux sciences d’observation et réticente aux mathématiques : ce sont là des disciplines généralement étrangères à son sexe et dont elle se servira peu dans sa vie courante.

Je voudrais cependant attirer votre attention sur des lectures qui ne conviennent ni à son âge ni à son état ; je pense à Laclos, à Crébillon et à Diderot , qu’elle a trouvés dans votre bibliothèque, et qui sont peu indiqués pour une jeune fille de son état. La plupart de ces livres, ainsi que ceux de Voltaire, sont à l’index, et s’il m’est loisible d’émettre un avis, il serait bon de les mettre sous clé pour qu’elle n’y ait plus accès.

Mademoiselle Angélique se montre en effet fort curieuse, et vous n’ignorez pas que sa beauté, son rang, son intelligence et sa fortune l’exposent plus que d’autres aux entreprises des jeunes gens du voisinage. Me sera-t-il permis de vous dire que son soi-disant cousin Jean Honoré F., très assidu depuis peu au château, semble avoir sur elle une fâcheuse influence ? je sais par le curé de Grasse qu’il a mauvaise réputation et qu’il fréquente des personnes douteuses : il prétend penser par lui-même, va très peu l’église, sinon pour y faire des rencontres. Sans trahir les secrets de la confession j’oserais dire que votre nièce a pour lui de l’attachement et qu’il serait bon d’y mettre un terme. Ce n’est pas un parti convenable pour elle.

Angélique découvrira-t-elle l'index ecclésiastique ?

attends ! on verra si tu trouves le tableau dans le 2é épisode.

alors? la suite ?

Faudrait qu'elle porte des lunettes "la liseuse",elle va s'abimer ses petits yeux à force

il se fait désirer comme une jolie femme Rotko !!

2/2

Quand vous êtes venu dimanche, vous avez pu voir que pendant la séance de balançoire dans le parc, Jean Honoré était vraiment très échauffé ; Angélique, encore fraîche et naïve, se montre trop confiante avec lui et je vous mets en garde. Je lui trouve un air sournois, des regards vicieux, une attitude insolente et beaucoup de prétention. Il voudrait être peintre, dit-il, mais son naturel oisif et son dédain pour la nature, œuvre du Créateur, ne laissent pas envisager une quelconque carrière artistique.

J’ose espérer que vous pardonnerez ma franchise ; elle m’apparaît indispensable à la tâche que vous m’avez confiée de donner une éducation morale, intellectuelle et spirituelle à votre nièce.

Croyez bien, Monsieur le Comte, que je suis conscient de mes devoirs, et très flatté d’être votre fidèle et dévoué serviteur,

Abbé Bidard, curé de Garges-les-Gonesse.

quel est le tableau ?

Je pense au peintre Fragonard

ah non c'est pas du jeu ça !!! tu dois mettre le tableau même en "poilé" mais tu le mets !! je t'ai dit que je ne connaissais rien en peinture

le voici, bravo à qui a trouvé !

Spoiler:

superbe et la description très bien rendue

bravo Soussou