Dans le noir

cet auteur écrit pour son plaisir en espagnol, des contes que je trouve talentueux, donc j'ai traduit l'un des meilleurs, à mon avis. Il fait partie de mes amis et il m'autorise à vous l'envoyer.

à la suite le conte:" Dans le Noir"

Quand la panne d’électricité s’est produite et je suis resté cloué dans l’ascenseur, j’ai apprécié de la hauteur qu’il avait atteint la beauté de la ville de Buenos Aires, malgré l’obscurité.
La nuit était splendide et la clarté lunaire suffisait à comparer les contours des édifices les plus importants, qui se détachaient du reste. En bas les phares des automobiles ressemblaient à des vers luisants voltigeant et pour un bon bout de temps, ils furent le seul indice lumineux du quartier. Le reste des habitants, privés du fluide vital, avaient quitté la ville presque à l’unisson.
De temps en temps de quelques fenêtres se dégageait une faible lumière, des bougies peut-être, qui rappelaient une étrange procession.

Ce fut alors que j’ai entendu le cri, terrible, exaspérant, surgi des entrailles même, d’une personne dont la crainte avait complètement débordé.
Absorbé comme j’étais à la contemplation du phénomène qui s’étendait sur Buenos Aires, je me croyais seul. Par le contour de son corps, j’ai saisi qu’il s’agissait d’une femme jeune, peut-être plus jeune que moi, chez qui le fait d’être enfermée, avait déclenché une crise de panique hystérique ou proche de la folie.

Elle était appuyée sur l’un des murs de l’ascenseur, les ongles enfoncées, comme cherchant un appui.
C’était l’image de la désolation et de l’épouvante, qui éveillait de la pitié.

Après un accès de cris effrayants venaient des sanglots profonds, faibles, au début, puis gagnant de l’intensité, difficiles à supporter
Je ne savais pas comment réagir, être enfermé dans un ascenseur, même aux murs transparents, n’était pas gai, mais ne me produisait aucune crainte exagérée .

Les ordres émanant de mon cerveau étaient clairs :- tu te trouves dans une situation passagère qui tôt ou tard finira sans conséquences, donc le plus convenable est de rester tranquille.-

Face à moi, par contre le cas était bien différent , j’ai commencé à craindre que cette crise qui l’affligeait ne laisse en elle un trauma irréparable. Je devais faire quelque chose, quoi que ce soit, mais vite pour remédier à cette situation.

Je m’approchais d’elle, hésitant, craignant de produire une réaction adverse. Je commençais à appliquer la même technique qu’on emploie avec un bébé, quand rouge de furie, il réclame à grands cris pour ses droits. J’ai commencé à lui caresser les cheveux, noirs et luisants, une sorte d’attitude paternelle, murmurant quelques mots insensés dans le but de la calmer. Je n’ai pas obtenu de résultats, mais au moins je suis arrivé à la conclusion qu’elle ne me repoussait pas.

Je me suis approché un peu plus, jusqu’à la saisir par les deux bras et à serrer l’étreinte ; je l’embrassais finalement durant quelques minutes jusqu’à ce que j’aie perçu qu’elle avait cessé de crier et que restaient seulement quelques sanglots entrecoupés. La crise déchirante calmée, un torrent de larmes tombait sur ses joues que j’essuyais avec mes doigts. Instinctivement elle a cherché à appuyer sa tête sur mon épaule et j’ai creusé le bras pour lui faire plus de place.
(suite)

Ainsi je l’ai soutenue un bon moment, contemplant sous la clarté de la lune, la perfection de ses traits, j’arrangeais un peu ses cheveux mouillés par ses pleurs. Elle laissait faire tandis que son calme petit à petit revenait.
J’ai mis un baiser de tendresse sur son front, inexplicable, et je me suis vraiment inquiété quand l’idée m’est venue, qu’il n’y avait aucun besoin que la lumière revienne.
Je me demandais -ce que je faisais avec une inconnue dans mes bras que j’avais aidée dans un moment pénible et que maintenant me produisait une sensation de plénitude incomparable. Je la serrais plus fort jusqu’à sentir ses seins sur ma poitrine, j’étais éperdu quand j’ai effleuré mes lèvres sur les siennes procurant calmer mes désirs presque irrésistibles de posséder la proie.

J’ai continué à avancer presque sans opposition, mais sans trouver en elle aucune réponse positive.
Elle se laissait faire, simplement. La question était jusqu’où suivre sans que le fait ne prenne une apparence de viol ; une seule caresse de sa part aurait donné lieu au dénouement Rien n’est venu.
Soudain…. , la lumière s’est faite ; elle nous a trouvés embrassés, serrés comme des amants, elle déjà calmée encore dans mes bras. Elle a ouvert ses yeux, soutenant encore l’étreinte et murmurant à mi-voix une sorte de remerciement, puis elle s’est desserrée…. , moi j’avais de la peine à le faire, mais c’était sa volonté.

Elle a appuyé sur « sortie » et l’ascenseur s’est mis en mouvement.
Nous descendions les vingt étages en silence.
J’essayais d’analyser mes sentiments à toute vitesse et je n’arrivais pas à sortir de ma confusion .J’avais vécu en peu de minutes une conjonction de sentiments platoniques mêlés à la plus forte irruption d’hormones dans mon sang dont je me souvienne.

Lorsque nous sommes arrivés au rez de chaussée et que la porte s’est ouverte automatiquement, j’ai senti ma tête comme un volcan ; un désir impulsif me poussait à ne pas la laisser partir tandis qu’une sensation de paralysie totale m’empêchait de bouger.

Elle sortit à la hâte vers la rue ; elle arrêta un taxi, monta rapidement, donna les ordres au chauffeur, puis baissa la vitre, en souriant pour me saluer. J’étais cloué à peu de mètres sur le trottoir à la regarder. Le bruit des automobiles était intense, mais je jure que j’ai entendu ce qu’elle m’a dit, tandis que la voiture démarrait « Pourquoi tu n’as pas continué ? ».

Moi, je me suis torturé des mois entiers en me posant la même question.
Je ne l’ai jamais revue.

Auteur Izzi Slomo
Traduction de l’espagnol
Amadak

J'aime beaucoup la sobriété de ce texte. D'un fait divers, on ressent beaucoup de choses, une histoire qui aurait pu continuer sympa !

merci de tes bons mots: c'est vrai l'histoire aurait pu finir autrement, mais combien de fois le manque de courage détruit nos désirs et nous plonge dans le regret.

Très bien.

Félicite l'auteur, son histoire me plaît beaucoup, et j'aime aussi la fin qui laisse ce qui précedait dans l'ambiguité et fait comprendre les regrets à la suite de l'épisode.

Merci d'avoir pris la peine de faire la traduction : on sent bien à quelques tournures que cette histoire a été traduite d'une langue étrangère : c'est bien car il faut une petite distance entre le lecteur et cette histoire, pour qu'on ait l'impression d'être à Buenos Aires et non dans le quartier latin !

Un grand merci, je suis ravie que le conte ait plu. Ce n'est pas facile de traduire et de ne pas trahir le texte. Vous êtes à Buenos Aires où les pannes d'éléctricité son monnaie-courantes, et des situations pareilles peuvent arriver.

J'ai réféchi sur le conte. Si ce fait n'est pas arrivé à l'auteur, il a peut-être rêvé d'une situation pareille, et les fantaisies érotiques sont universelles.

Et l'auteur, c'est toi... ?

Sans indiscrétion...?

Apparemment, Amadak est la traductrice.

Merci d'avoir lu ce conte, je ne suis pas l'auteur, je suis incapable d'écrire un texte, mais j'aime traduire le talent d'autrui. Ce Mr, l'un de mes amis, ne sais pas un mot de français, mais je lui ai envoyé le conte, il est troublé dit-il de le voir en une langue étrangère et ce conte va voyager chez sa belle mère qui est Algérienne et parle Français. Et moi je suis contente de lui avoir procuré ce plaisir
Un peu de temps plus tard , je traduirais un autre plus court, mais aussi bon que celui là.