Grain de sel - Forum littéraire et culturel
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 Le carnet noir

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H. P.
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MessageSujet: Le carnet noir   Le carnet noir EmptySam 27 Jan 2007, 22:58

Nous étions sur le point de prendre l’avion pour Pékin.

Pékin 2000, c’était le nom mystique qu’avait attribué l’association Chaozhou Huiguan pour ce séjour linguistique. Cette année, pour célébrer l’an deux mille, l’association a proposé un séjour de quatre-vingt-dix jours au lieu de soixante, pour quatre-vingt adolescents et préadolescents au lieu de quarante-cinq.

L’invention la chance viendrait donc de l’invention des chiffres ? Si certains hommes étaient aussi intelligents que certains animaux, il n’y aurait pas de religion ; et sans superstition, l’homme n’aurait pas à lutter contre l’ilotisme car il ne se rendrait pas compte qu’il est dans le noir.

Malheureusement, tout le monde joue au même jeu, et sont disqualifiés ceux qui refusent les règles. J’en fis partie. J’étais bête comme un enfant, quant à mon père, il était trop spirituel pour ne rien entendre des sciences ésotériques.

Je connaissais fort peu de gens ce jour-là. Mon père avait tout préparé sans m’en avoir prévenu du tout. C’était certainement la raison qui explique mes froideurs lors de nos adieux.

Il n’y avait que Suzanne que je n’ignorais pas tout à fait. Les autres, je ne les connaissais point du tout.

Dara s’était jointe à nous parce que ses parents connaissaient les nôtres. Hormis cela, rien ne nous liait davantage à elle.

Dara était la fille d’un riche commerçant qui tirait sa richesse de par quelques tours d’adresses. Son père était dans le commerce de gros, dans l’informatique. Toute la finesse de son jeu résidait dans sa perfidie. Sur les puces de processeur était gravé 1Ghz, en réalité c’était un microprocesseur de 833Mhz dont l’horloge a été trafiquée. Cette subtilité se révélait indétectable, insoupçonnable du fait qu’elle était soutenue par les Mafias de Hong Kong.

Par cet après-midi d’été que le soleil enchante, nous étions en train de nous rendre compte des mécomptes de la vie. Quelle pire désillusion existe-il pour l’adolescent que celui de devoir chercher, et ce, par ses propres moyens, le chemin qui mène au hall 5 de l’aéroport ?

Aucun de nous trois ne n’était particulièrement loquace. Nous étions à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, quelque peu dépassés par les événements, nous faisions ce qu’il était demandé de faire jusqu’à monter dans l’avion. A bord, j’étais censé être à côté de Dara, occasion de faire plus ample connaissance. Je dois avouer qu’en dépit de son physique quelconque, je trouvais cette fille de quinze ans assez à mon goût. Mes goûts étaient simples, ils étaient propres. Je ne savais pas que c’était elle qui devait être à ma droite. J’ai gratuitement troqué ma place côté hublot contre celle d’un imprudent. Il était comme moi, il me ressemblait comme un frère et je le détestais déjà si fort. Ainsi, je me suis retrouvé à côté d’un petit bonhomme aux yeux énormes qui l’étaient d’autant plus à cause de ses verres que lui avaient choisis sa mère, dans le rang central de l’avion. A l’époque, je répondais tantôt oui, tantôt non du moment qu’on me laissât tranquille. Tant que le rire est à portée de main, réfléchir de la bouche d’un enfant est un mot qu’on oubliait.

Dara me regardait partir sans un mot. Elle ne m’a pas retenu, elle m’a regardé partir, je l’ai regardée s’éloigner.

Le voyage ne m’a pas paru trop ennuyeux alors que le long du trajet, j’étais une image dans mon siège.

Quand nous sommes arrivés, j’avais abandonné Suzanne et Dara. Avec nos petits bras et nos petites jambes, nous nous s’occupions de nous-même du mieux que possible. Il y avait les bagages, les titres de transports à faire vérifier, se repérer dans l’aérogare etc., pour les bambins que nous étions une phrase résonnait dans nos têtes : « L’animateur a éventuellement perdu une personne, mais l’animateur n’a pas perdu le groupe ! » D’où notre crainte perpétuelle d’être délaissés loin du troupeau.

Au pied de l’université, je me retrouvais sans ami. Tout le monde avait l’air de déjà se connaître depuis bien longtemps, et ceux qui ne se connaissaient pas avaient sans doute eut l’occasion de faire connaissance durant le vol.

Délaissé parmi la foule, j’imitais celui qui attendait des amis en retard. Alors un jeune homme grand et maigre, quoique robuste, était venu vers moi.

– Tu seras mon colocataire. Prends les clefs, il me reste des affaires à apporter.

Sans me laisser le temps de répondre, il était déjà reparti.

Dès lors, nous avions la chambre 121, que l’on prononce yao er yi, l’une des rares du réfectoire à se trouver au rez-de-chaussée. Elle n’avait rien de particulier si ce n’était une nuisance sonore moindre. Daniel, l’organisateur du voyage, nous apporta Alain. Un garçon de mon âge, lui aussi un peu déboussolé par les fuseaux horaires décalés. Contrairement à moi, lui avait une grande sœur de 17 ans qui veillait journellement sur lui.

Le premier jour, nous avions tous les trois longuement discuté. Le grand s’appelait Johnny. Il nous racontait son histoire que nous écoutions avec toutes nos oreilles. Il disait qu’il était d’un milieu assez difficile, qu’il traînait avec des voyous de la banlieue. Son grand frère faisait quelques cambriolages par-ci par-là, quant à lui, ses missions étaient de faire le guet. Il parlait aussi des rassemblements dans son trou à rats où, fréquemment, il y avait des conflits inter-cités, et il fallait qu’il défendît son quartier, par les poings, par les pieds et par les mots. C’était un malandrin ? pour moi c’était un découragé, un désespéré avant toute chose. Même jeune, on pouvait éprouver de la peine. On savait voir, on savait écouter, on connaissait le monde mieux que n’importe quel adulte. Ce sont pauvres, issus de milieux précaires ; on les blâme, on les déteste, on les méprise pour une raison, pour des raisons, et quelles raisons ! qu’on ne veut pas dire, parce que, on l’explique, ça, sans risque, ce qui ne vous tue pas, vous rend plus fort.

Daniel nous a rassemblés pour que nous assistions à une conférence, c’était le message de bienvenue du directeur de l’université chinoise. Les effets de la fatigue sortaient discrètement des coulisses malgré nous ; et au même moment, sans même avoir eu le temps d’un peu de repos, nous constations avec énervement qu’un test de langue était à l’ordre du jour. Bon nombre d’entre nous peinaient à garder leurs yeux ouverts, quand bien même, la nécessité de nous classer par groupes de niveau relevait d’une urgence plus haute encore. Johnny a été rangé dans la classe de grands débutants. Alain dans la classe-2, et moi dans la classe-1. Plusieurs jours ont passé, je n’ai eu de nouvelles ni de Suzanne ni de Dara.



***


Il m'arrive d'écrire, mais de montrer ce que j'écris, jamais.

Comme il y a un début à tout, je vais commencer par cette nouvelle, qui a quand même un certaine longueur comparée aux nouvelles que l'on retrouve sur Internet. De fait, je ne la "publierai" pas d'un coup, car je suis certain qu'on ne la lira pas, mais en plusieurs épisodes.
Un par semaine, qu'en dites-vous ?

Je suis ouvert aux critiques, remarques, commentaires etc. Je ne demande qu'à progresser dans l'écriture.

Merci de m'avoir lu.
Smile


Dernière édition par le Ven 02 Fév 2007, 20:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le carnet noir   Le carnet noir EmptyDim 28 Jan 2007, 00:33

Citation :
je ne la "publierai" pas d'un coup, car je suis certain qu'on ne la lira pas, mais en plusieurs épisodes.
Un par semaine, qu'en dites-vous ?

d'accord. Tu sais prendre le lecteur par la douceur en présentant bien ton texte. Tu as aussi raison de t'entrainer. Bonne écriture !
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H. P.
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MessageSujet: Re: Le carnet noir   Le carnet noir EmptyLun 05 Fév 2007, 22:40

Pour la durée du séjour, j’étais résolu à changer d’altitude, pourquoi pas de caractère ou même de personnalité m’étais-je demandé. Être autre chose que ce trop timide que l’on embêtait sans cesse. Mon intention était de me livrer à toutes sortes de fantaisies que je n’aurais jamais osé exécuter en présence de mes parents. Le ton était donné, le voyage linguistique allait être un voyage vers la débauche. Pékin 2000 était une parenthèse dans ma vie où toute sorte de débilitées me seraient pardonnées. Une occasion en or, voilà ce que c’était. Ces gens que je rencontrais, n’allais-je point les revoir encore ?

Enfermant ma timidité dans un coin, je me suis familiarisé avec les habitants de l’étage-0. Je leurs parlais, on discutait, de grasses plaisanteries, je n’hésitais pas à chercher de faux-fuyants pour attirer leur écoute. Je suis passé d’un extrême à l’autre, l’étape semble impossible mais le premier pas prouve le contraire, que les choses vont d’elles-mêmes. La difficulté était d’arriver à garder leur attention. Pour cela, il suffisait de se payer la tête de x, se gaudir de l’interlocuteur, parler de soi-même avec mépris, toute vilenie était bonne à sortir pourvu que l’attention de l’ensemble fût dans vos mains. En règle générale, j’essayais de ne pas trop offenser les autres de peur des représailles. Il arrivait de temps à autre que je me misse à dos avec certaines personnes. Pour rétablir la dialogue, je me mettais à leur place et pensais à quel sal coup ils me tendraient, en fonction de quoi je jouais le rôle approprier de façon à ce que l’on redevînt bons amis.

La plupart d’entre eux avaient entre 15 et 17 ans, seul Léon était moins âgé que moi. Celui-ci avait dernièrement changé de chambre pour rejoindre la notre.

Léon est le dernier enfant d’une grande fortune. Son père est un pilier important du YKK group. On l’avait d’ailleurs donné un sobriquet : « le p’tit riche » ou « Léon-Richard ». Il n’avait pas vraiment l’apparence d’un privilégié. De surcroît, il n’était certainement pas le plus galetteux de la communauté ; mais ça se sentait, on devinait qu’il « puait le fric. » Même si on lui a appris à dissimuler les signes ostentatoires de richesse, il suffisait de lui poser des questions sur sa famille, son histoire ou simplement sur lui pour comprendre qu’il n’était pas du même rang que nous autres. Du fait de son jeune âge, il répondait avec désinvolture sans se rendre compte que parler de ci ou de ça révélait les traits de son origine sociale.

Léon avait été rejeté par ses soi-disant amis. Au début du voyage, il était à l’étage du dessus, comme personne ne voulait du petit rejeton criard, ceux du haut nous l’ont proposé. Cependant, même au rez-de-chaussée il n’était pas attendu. Ainsi, Daniel lui a prêté main forte. En fin de compte ce fut Johnny qui lui céda sa place par pitié pour le gaillard –ou pour lui-même d’être avec nous– il lui a laissé son lit et est allé s’installer dans la chambre des momichons.

La plupart du temps, Léon était doux et affectueux, fors quand on le caressait du mauvais poil, il devenait plus ronchon, alors il était ignoré, à la suite de quoi il causait doublement de trouble ou rentrait dans un mutisme ridicule. Je lui prêtais juste assez d’attention pour qu’il ne vînt pas m’agacer. Alain était notre souffre-douleur. Je dois admettre que je préférais m’allier à Léon que de l’avoir contre moi. Par chance, je n’ai pas eu à porter la marque du faux ami bien que je le fusse évidemment. D’un coup j’étais le pire ennemi d’Untel, d’un autre j’étais son meilleur ami. Comme je savais rendre service partout, ma loyauté me permettait d’accomplir les vices les meilleurs. Pour dire vrai, les gens du « bas étages » étaient pareils à des seigneurs sans valetaille. Chacun voulait le beau rôle, c’était celui qui joua le thuriféraire qui avait le masque le plus beau.

En classe, du moins dans la une, j’étais le moins vieux. C’est sans doute grâce à cette caractéristique que je n’étais pas considéré comme un surdoué au vu de mon allure mais plutôt comme un petit nouveau un peu perdu. De ce temps, j’étais le seul qui écrivasse et qui lusse le Fanti Zhi, l’écriture traditionnelle chinoise encore pratiquée à Taiwan, au rebours du Jianti Zhi, l’écriture simplifiée de la Nouvelle Chine. Je m’y suis vite fait, il était plus difficile de passer du Jianti au Fanti que l’inverse.

C’était donc la première fois qu’on me considérait pour ce que j’étais réellement : un garçon normal. Une accusation injuste telle que prendre un élève médiocre pour un virtuose revenait à condamner un innocent pour meurtre. Même si l’un subissait une sanction et l’autre une gratitude, il n’en reste pas moins qu’il y a un disfonctionnement, le sujet n’était plus reconnu pour ce qu’il était. La personne en question doit-elle reconnaître le jugement des autres ou est-ce les autres qui doivent se soumettre à son jugement ? Avoir raison seul, c’est ne pas avoir raison. Alors que faire ?

D’habitude, puisque j’étais calme et avais un air d’un petit garçon sérieux. Je portais immédiatement l’étiquette de premier de la classe, ce qui n’était pas tout à fait le cas. De cette façon, je m’efforçais à bien étudier pour ne pas faire de leur mirage une illusion. Qui n’a jamais remarqué que la flatterie pour un enfant était source de motivation ? Un bon élève n’est pas fatalement un élève travailleur. Dans les classes de collèges, on pouvait se permettre d’avoir de bonnes notes sans trop de difficultés. Il était encore possible de comprendre et d’exécuter, sans trop de fautes, sans pratique. Tandis qu’au fil du temps, les enseignements devenaient plus lourds, et donc retenir d’un battement de cil l’intégralité des cours était plus laborieux. C’est ainsi que certains élèves se retrouvaient sur la lune quand ils devaient être en classe. Hormis, la veille d’une interrogation où ils révisaient comme des forcenés pour obtenir la meilleure note. A chaque fois que l’institutrice interrogeait un élève au hasard, tous avaient une peur panique d’être désigné. Ils baissaient la tête, fermaient les yeux et priaient nerveusement. « Pas moi, pas moi, pas moi, pas moi. » C’était la peur de ne pas répondre aux attentes, plus que la peur de « se taper la honte. » Etudier était un réel divertissement à côté de l’oisiveté, de même que l’étaient les jeux à côté des études.
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MessageSujet: Re: Le carnet noir   Le carnet noir EmptyVen 09 Fév 2007, 14:41

On sent bien la volonté d'écrire "comme il faut", et tes subjonctifs imparfaits m'ont amusé, bien qu'ils fussent parfaitement corrects, sauf un. Soigner la langue n'est pas un défaut, au contraire.
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H. P.
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MessageSujet: Re: Le carnet noir   Le carnet noir EmptyLun 12 Fév 2007, 23:09

Les week-ends, l’association proposait une sortie dite « culturelle ». Un samedi, on était allé dans une sorte de Cité des Sciences, ça n’avait rien à voir avec celle de Paris La Villette. De l’extérieur, le complexe était futuriste : bâtiments en verre, espaces verts, les couleurs y étaient vives, l’architecture y était originale. Or, ce que nous, petit groupe de touristes français, allions visiter était autre. Après nous être faufilés dans les ruelles tortues, des petits passages secrets cachés derrière la superstructure, nous nous retrouvions dans un jardin plutôt vieillot, sinistre serait un terme plus adéquat. Les immeubles y étaient rares, quand il y en avait ils étaient laids.

Un gringalet maigrichon avec une casquette noire, désœuvré comme un officier, nous expliqua non sans rechigner que la visite n’aura lieu qu’un peu plus tard dans la journée, motif : le groupe d’avant a du retard.

Nous patientions au-devant du vieux bâtiment en nous amusant malgré les 41 degrés. Le vent fiévreux, brûlant les yeux comme le sable du désert, le souffle ardent du soleil vous empêchait de bien respirer. Les premières batailles d’eaux n’attendirent pas longtemps pour éclater, les éclats de rire suivirent. Beaucoup étaient trempés lorsqu’ils pénétrèrent l’enceinte de la vieille bâtisse. Le groupe de chinois qui précédait regardait le groupe de français d’un œil étonné, peut-être envieux d’une telle liberté dans la vie et dans les mœurs ou peut-être de la méfiance.
Je n’avais pas participé au jeu d’eau. J’étais avec quatre camarades de l’étage-0. On discutait, on se moquait, on critiquait, par moments quelques ricanements.

A l’intérieur, la décoration laissait à désirer. Sans mentir davantage, c’était triste comme la pluie, c’était insalubre : le sol jonché de détritus n’était plus entretenu depuis des lustres, les murs tapissés de blessures, les équipements ne dataient pas de la dernière goutte. On s’y plut, on ne s’y plut pas, tout dépendait si de la Chine ou de l’étranger les visiteurs étaient originaire. L’horloge était une vraie larve, on s’ennuyait à en mourir. Avec si peu d’activités, comment était-il possible d’y dépenser toute une après-midi ? Ce qu’il faut savoir c’est que certains cites proposés par le tour opérateur chinois sont des lieux inscrits d’office, imposés par l’état chinois. A l’époque, on aurait peut-être préféré faire comme Suzanne et Dara, ainsi que d’autres, c’est-à-dire sécher la sortie.

Le temps avait coulé jusqu’à cinq heures. J’eus envie d’aller aux sanitaires. L’endroit était si bien fait qu’il n’y avait pas de latrines pour messieurs. Je me suis donc infiltré dans celles des dames, où j’y ai entendu bruits étranges, des bruits d’épuisement. Curieux petit garçon que j’étais, j’ai remonté la source afin de découvrir le mystère.

Des quatre cabines, une seule avait la porte fermée. Ces cabines étaient formées de 4 parois : le mur et 3 planches de bois qui laissaient entrevoir les pieds pour x raison. Je me suis baissé pour y voir plus clair et que vis-je ? à ma grande joie, c’était une bête fantastique de quatre pattes bien vivante gesticulant vivement. Je suis resté un petit moment à déchiffrer leur langage. Comme l’envie pressante d’aller faire pipi me ramenait à la raison, j’y suis allé. J’ai choisi la cabine juste à côté pour mieux y tendre l’oreille. L’animal comme effarouché remarqua ma présence et murmura quelques phrases incompréhensibles. Après avoir tiré la chasse, je sortis de la cabine sans pour autant quitter les toilettes, espérant découvrir le visage de cette chimère. Etait-ce un centaure comme je rêvais d’en voir ? L’esprit fureteur, je m’apprêtais à ouvrir la porte sans verrou.

– Aah !

Cri de stupeur, c’était Marie-Rose. Elle venait de faire une entrée fracassante dans ces lieux d’aisances. Ne sachant que dire, je parlais quand même.

– Mais c’est les toilettes des garçons ici !
– Les garçons portent des jupes maintenant ?

Elle montrait le pictogramme du doigt. Ma feinte n’avait pas fonctionné comme prévu. Après m’être excusé, je pris mes jambes à mon cou pour rejoindre mes amis les homo sapiens.
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