Les mystifications littéraires

Ce livre est le fruit de nombreuses lectures, d'une réflexion sur la notion de plagiat (Histoire, définition. défense, conséquence, sociologie) et sur des cas remarquables de mystifications littéraires : apocryphes, partiels ou intégraux, les affaires Rimbaud, le journal de Jack l'Eventreur, MacPherson, Mérimée, Adoré Floupette, Khayyam, les 1001 nuits, Lovecraft, le Necrononticon. les Protocoles des Sages de Sion... etc

Jacques Finné - Des mystifications littéraires (José Corti, coll. Les Essais, 2010) 517 pages
cf aussi le fil deRoland de Chaudenay, dictionnaire des plagiaires, chez Perrin.

On y parle de Misha Defonseca, de son vrai nom Monique De Wael, est une écrivaine belge née le 12 mai 1937 à Etterbeek de parents catholiques.

Elle est connue pour s'être présentée comme la protagoniste de l’« incroyable histoire vraie d’une rescapée de la Shoah », le récit d’une petite fille qui aurait traversé l’Europe à pied et parcouru 3 000 km, à la recherche de ses parents, protégée par des loups. Cette histoire a été retracée dans un livre à succès, Survivre avec les loups, écrit en collaboration avec Vera Lee, et un film français du même nom.

Voir l'article du figaro qui se termine judicieusement par une communion avec la nature et les bêtes :

Citation :

Misha Defonseca vit à présent dans une petite maison au fond des bois, au milieu du Massachusetts, où elle élève toutes sortes d'animaux, des chats, des chiens, des putois, des renards, des coyotes, des crabes et des bernard-l'hermite dans un terrarium.

Vous en connaissez d'autres, des mystifications ?

Emile Ajar qui était Romain Gary, ce qui lui a valu d'obtenir deux fois le prix Goncourt.
Calixthe Belaya a eu aussi des soucis avec les tribunaux pour "Le petit prince de Belleville."

Je n'en connais pas en littérature, mais revanche j'en ai exhumé une en musique : le prétendu compositeur du film Willow a tout bonnement copié le thème principal de sa partition dans le premier mouvement de la symphonie n°3 de Robert Schumann. Indubitable...

Il y avait également Alphonse Daudet, qui écrivait les "lettres de mon moulin "de Paris, et qui a "oublié" de mentionner le nom de Paul Arène dans la réédition.

Willy qui signait seul les romans co-écrits avec sa femme.

Mimouset a écrit:

Je n'en connais pas en littérature, mais revanche j'en ai exhumé une en musique : le prétendu compositeur du film Willow a tout bonnement copié le thème principal de sa partition dans le premier mouvement de la symphonie n°3 de Robert Schumann. Indubitable...

Gainsbourg n'a t-il pas fait la même chose avec " lemon incest " qui est copié sur un thème de Chopin. Destinée, chantée par Guy Marchand et BO du film les sous doués est la musique de " l'été indien" à l'envers

La différence, Hexagone, c'est que Gainsbourg mentionnait son emprunt, tandis que le compositeur de Willow a toujours fait croire que la musique était de lui. Le procédé de Gainsbourg est celui des variations sur un thème, ou bien des transcriptions d'une œuvre pour un instrument, dont les exemples les plus fameux sont chez Liszt.

Ok,

Misha Defonseca survivre avec les loups

Elle prétendait dans son livre être juive et avoir échappé aux nazis en se mêlant à une meute de loups dans les forêts d'Europe.

Vous avez peut-être vu le film de Véra Belmont avec Mathilde Goffart, Benno Fürmann,

l'épilogue judiciaire après onze ans de procès, c'est dans cet article sur bibliobs

Ce n'est pas exactement une mystification (mais à mon avis c'est un genre de mystification), mais j'ai pensé en lisant ce sujet de Rotko au thème de la barrière invisible qui apparaît soudainement et des conséquences sur ceux qui sont ainsi séparés du monde… Par exemple Under the Dome (2009) de Stephen King qui emprunte des éléments à Die Wand (Le Mur invisible, 1963) de Marlen Haushofer sans qu'il ait jamais même parlé d'elle dans les rééditions de son livre sur l'écriture (On Writing, première éd. 2000) ou dans ses interviews. Bien sûr le roman de M. Haushofer est troublant et inoubliable alors que celui de S. King est… américain et prévisible. Reste la possibilité que S. King ne l'ait jamais lu.

Tu veux parler de plagiat ?

le fil n'est pas ouvert, et le sujet est interessant. A toi l'initiative

rotko a écrit:

Tu veux parler de plagiat ?

Plutôt d'influence non avouée ou en tout cas, non reconnue.

rotko a écrit:

le fil n'est pas ouvert, et le sujet est intéressant. À toi l'initiative

Je vais y penser demain ; il me faudra trouver des exemples, etc. et c'est beaucoup de travail pour peu de réactions si je considère le nombre de réponses à des billets très élaborés mis sur le forum par moi et par d'autres.

Plagiat chez des professionnels.

Joseph Mace-Scaron que l'on peut voir régulièrement sur Canal Plus, entendre sur RTL et qui est directeur adjoint de Marianne et même directeur du très sérieux Magazine littéraire reconnaît avoir plagié dans ticket d'entrée

les passages incriminés.

Après Poivre D'Arvor, le tableau s'alourdit.

Poivre d'Arvor devant le juge mercredi 7 septembre.

Fragments d'une femme perdue : le journaliste avait réutilisé des extraits de sa correspondance avec Agathe Borne, et il a été mis en cause en janvier dernier, Me Nathalie Dubois ayant porté plainte pour violation de vie privée.

En juin dernier, l'avocate avait déclaré que PPDA, dans son ouvrage, s'était appliqué à ce que sa cliente
« soit parfaitement reconnaissable ». Et les points communs entre l'héroïne, Juliette, et Agathe Borne se multipliaient.

Le livre s'est vendu à 75.000 exemplaires, la cliente réclame 150.000 € de dommages-intérêts pour le préjudice.

C'est Mazel qui a indiqué ce lien d'Actua-Litté.

PPDA a manqué totalement d'élégance dans cette histoire, je trouve.

et ben dites donc

retour à Macé Scaron mais cette fois le journaliste article de l'express

Voilà le verdict pour PPDA.
Intéressant de savoir que nos lettres d'amour sont encore considérées comme privées !

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PPDA condamné pour « atteinte à la vie privée » et « contrefaçon »
Le tribunal de grande instance de Paris a considéré que la fiction de Patrick Poivre d’Arvor, Fragments d’une femme perdue, dans laquelle il racontait l’histoire d’une liaison tumultueuse entre un journaliste de télévision célèbre et une belle jeune femme, constituait bien une « atteinte à la vie privée » et une « contrefaçon ». Il a en conséquence condamné son auteur à 33 000 euros de dommages et intérêts, ainsi qu’à l’interdiction de toute reproduction du livre.

Patrick Poivre d’Arvor était poursuivi par son ex-compagne, Agathe Borne, qui indiquait qu’elle s’était reconnue dans le livre, lequel comporte de multiples détails très crus et très identifiables de leur liaison. Elle contestait, en outre, le droit son ex-amant à reproduire de larges extraits de la correspondance amoureuse qu’elle avait échangée avec lui.

Au vu de tous les éléments produits à l’audience du 9 juin par la défense d’Agathe Borne, le tribunal a considéré que « les procédés littéraires utilisés ne permettent pas au lecteur de différencier les personnages de la réalité, de sorte que l’œuvre ne peut être qualifiée de fictionnelle ».

Il estime également que la reproduction de lettres d’amour dans le roman constitue bien une « contrefaçon » et viole les droits de son auteur, puisque aucune correspondance ne saurait être diffusée sans l’autorisation de celui ou de celle qui l’a rédigée.

« Compte tenu de la gravité des atteintes à la vie privée portant sur des aspects particulièrement intimes ou douloureux, comme la publication de lettres d’amour touchant au plus profond de l’intimité, ainsi que de l’importante diffusion de l’ouvrage [75 000 exemplaires], le tribunal accorde 33 000 euros de dommages et intérêts à Agathe Borne, qui en demandait 150 000.


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Dites-moi : y a 75 000 débiles qui ont acheté ce truc ?

La réponse cinglante de PPDA, sur son blog :

Il est piquant d’observer qu’une femme qui disait ne pas vouloir être reconnue se mette à crier sur tous les toits : « C’est moi ! », avec l’espoir d’entrer ainsi en littérature dans la peau d’une héroïne. Mais n’est pas héroïne qui veut, surtout pas avec des SMS ou des brouillons de lettres d’amour.



J'aime l'expression "entrer en littérature". N'est pas qu'un peu présomptueux, le gars...


http://www.poivredarvor.com/news/news.php/news/vie-privee

inélégant, le PPDA.

rotko a écrit:

inélégant, le PPDA.

Ce n'est pas la première fois.

Agathe Borne... maintenant, il l'appellera Agathe Zeblouz.

Mais petite question au risque de paraitre naive...
Un auteur ne peut pas narrer une histoire relatant un fait réel sans avoir l'autorisation de la personne concernée , daccord, mais si le nom de la personne reste caché?
En quoi est-ce attaquable?

je ne connais pas les détails de l'histoire, mais il semblerait que dans l'affaire, PPDA ait utilisé les billets mêmes écrits par la personne, qu'il ait donné des détails précis permettant de l'identifier ;

or le couple était connu puisqu'il aurait fait la couverture de Paris-Match et ait eu une existence mondaine : présence aux festivals, de Cannes etc.

C'est donc une sorte de roman à clefs, portant préjudice à la personne concernée puisque "salie et humiliée" par la plume de l'auteur. C'est aussi l'utilisation de ses propres écrits privés jetés dans la sphère publique.

Inélégant au possible, et que l'auteur continue ses remarques rancunières sur son blog n'est pas à son honneur, à mon avis.

Kornell Filipowicz raconte une histoire semblable dans romance provinciale, où l'auteur raconte une histoire d'amour privée au détriment de la jeune fille concernée. On appelle ce genre d'hommes des goujats.

Certes mais est-il attaquable?

Oui, car on s'empare de tes écrits (sentimentaux et strictement privés) et on les reproduit publiquement.

De quel droit ?

Comment réagirais-tu si un amant te faisait cela ?

Et si en outre, il signe le livre de son nom, comme s'il avait tout écrit lui-même ?

Bref, après l'affaire Hemingway, qui visiblement ne lui a pas assez collé la honte, il continue avec son histoire personnelle, qu'il instrumentalise largement.

J'avoue que ce type (déjà plein aux as !) m'est insupportable.

Il patronne pourtant le musée des lettres et manuscrits, à Paris.

Pffff...

Crevette a écrit:

Pffff...

Non mais j'ai bien compris que c'etait parfaitement degueulasse et ignoble.
La question n'est pas comment moi je prendrais la chose , ou encore s'il est correct de publier un bouquin en tant qu'auteur lorsqu'on publie des écrits d'autrui , mais est'il attaquable aux yeux de la loi n'ayant pas nommé la personne ?
alors on va me dire oui, atteinte à la vie privée ...
Mais encore faut-il le prouver , d'ou ma question !