Dominique Figarella

- Première surprise :
L’artiste utilise des matériaux souvent réputés impropres à la peinture (Plexiglas, chewing-gum, bois, sparadrap) ou des objets inattendus (balles de tennis, ventouses).

- Il produit des effets de relief : c'est un gant de boxe qui du centre du tableau semble vouloir, en nette protuberance, vous viser le nez !
A moins que ce soit un gros bubon, maintenu par des sparadraps, qui enfle au milieu de la toile.

- Parfois on a l'effet d'un tableau qui célébre sa naissance : dans un coin, on voit l'embryon photographié qui a donné naissance à l'oeuvre définitive.

L'exposition était conçue de telle sorte que les oeuvres récentes figuraient au début de l'exposition et qu'on remontait ensuite aux productions antérieures : sans doute pour mieux comprendre, dans l'exposition comme parfois à l'interieur de tableaux, la genèse des oeuvres actuelles.

Ici quelques effets de prospection, avec une scène comme intérieure à la matière du tableau.

Ma deuxième visite chez conforte l’intérêt ressenti à la première vision.

Le peintre-photographe, - car il maîtrise les deux disciplines et les mêle dans ses tableaux ,se montre soucieux des effets de relief :

- Épaisseur temporelle lorsque dans le tableau s’insère une petite fenêtre montrant l ‘œuvre en miniature (effet d‘abyme), tenue par l’artiste dont on voit seulement les mains ou le pied : en déduira-t-on que l’œuvre renvoie à un créateur qui s’exprime masqué ?

Autre effet de relief : j’ai déjà parlé du « gant de boxe » et du « bubon », la présence dans les « cercles bleus » d’une lucarne : on y voit des pinceaux parcourant une circonférence, ou bien les doigts mêmes de l’artiste, plongés dans la peinture bleue !

Comme si le tableau portait en lui-même son modus operandi.

Troisième point, des effets ludiques de trompe-l’œil.

Ainsi une surface plane donne l’impression d’un triptyque se refermant. S’y ajoutent, face au spectateur, de vrais débouche éviers, sans doute pour nous ouvrir l’esprit !

Ce que j’ai aussi apprécié : deux panneaux de bois où émergent, comme indécis, les reliefs d’un travail ancien. On pense à ces pupitres d’écolier gardant des silhouettes de dessins à l’encre.

Au retour de cette exposition, je suis passé en voir une autre, de Guillaume Leblond.

Pièce maîtresse, une peau de chat noir et blanc, étalée à plat.
Pourquoi pas ? certains en font autant avec un tigre, ou un mouton ou un pauvre lapin.

Mais l'horrible était la tête, en relief et qui vous regarde ! on baisse les yeux.

Cette oeuvre s'appelle "dans la chambre à coucher de madame". J'espère que le mari y dort tranquille...