John Irving

Irving a une imagination débordante et un très fort sens de l'observation psychologique, il a le don d'emporter le lecteur dans des endroits et des recoins de l'âme qu'il n'aurait jamais imaginés.

J'ai aimé bien sûr Garp et Le monde selon Owen, mais celui qui m'a sans doute le plus marqué (et effrayé à la fois), c'est La quatrième main, une histoire assez stupéfiante sur les effets inattendus d'une amputation.

C'est ce coté là aussi que j'ai bien aimé dans "La quatrième main'. Il y a un petit coté "fanstique" dans la voix qui "envoute" et dans les effets de l'amputation et ce qui s'en suit qui est étonnant et inhabituel chez Irving. Mais c'est aussi ce qui paradoxalement m'a gêné parce que je ne retrouvais pas ce pourquoi j'aime Irving c'est à dire quand il part dans des descriptions trés pointues comme par exemple dans la veuve de papier ou on découvre le personnage principal au milieu du livre^^. Avant ça on a une foule de details sur tous les autres perso.

je ne vais pas reparler d'Irving, dont je suis une fana....

Euh, si, : juste pour dire qu'on oublie "Un enfant de la balle" et "l'épopée du buveur d'eau", qui ,selon moi, valent bien mieux que "la quatrième main" et "je te retrouverai"....

Il semble qu'Irving soit un incontournable de la littérature américaine contemporaine et pourtant jusqu'à présent je l'ai toujours contourné. En voyant la couverture et le titre de son dernier roman (je te retrouverai), j'ai failli partir en courant. Si ce n'était le nombre de pages conséquent du roman, j'aurais bien été tentée de le mettre dans le même panier que les Musso, les Lévi ou les Brown, c'est-à-dire ce que j'appelle la littérature fast food.

Heureusement, les blogs et forums littéraires ont tant vanté cet auteur que je me suis enfin décidée à passer outre mes préjugés. Et pour ce faire, j'ai jeté mon dévolu sur Le Monde selon Garp.

J'ai commencé le livre dans des circonstances bien peu favorables (hospitalisation de l'être aimé, état de fatigue générale, mise en pratique de la fameuse mesure " travailler beaucoup plus, pour gagner une misère en plus"), ce qui fait que j'ai trouvé quelques longueurs à ce roman (sans parler de ses plus de 600 pages).

Je n'ai été que moyennement intéressée par l'enfance de Garp et son échappée belle à Vienne. Cependant, j'ai suffisamment apprécié l'humour et l'imagination fertile d'Irving pour m'accrocher à ma lecture.

Finalement, j'ai été récompensée de mes efforts (un mois et demi pour en venir à bout) car c'est presque à regret que j'ai refermé le livre. Irving n'a pas son pareil pour rendre sympathiques et émouvants ses personnages, tout en se moquant de leurs faiblesses et de leur banalité.

Un début encourageant donc. Ma psy m'a conseillé l'oeuvre de Dieu, la part du diable. Je dois être en plein transfert positif parce que j'ai hâte de m'y coller.

FONCE....
Et ensuite : "une prière pour Owen"

Oh oui, parce que OWEN MEANY est là pour tous nous sauver .....

"Ne m'étais-je pas, toute ma vie, entraîné à soulever Owen Meany ?"

Une Prière pour Owen, pour moi, le livre le plus EXTRAORDINAIRE de tous les temps. Je sais, je suis hyperbolique, mais aucun livre ne m'a bouleversée à ce point.

Vous n'avez pas trouvé extraordinaire le passage au début de Je te retrouverai où la mère de Jack fait l'amour avec un tout petit soldat qui a une drôle de voix....? Ce genre de clin d'oeil, je trouve ça génial, c'est quand même pas si répandu de créer une oeuvre si immense qu'on peut se permettre de se faire des clins d'oeil à soi-même....

Oui, et c'est fait avec beaucoup d'auto-dérision.. C'est assez typique chez les auteurs américains, mais pas en France; Enfin, je vais pas relancer le débat sur les auteurs français marquant ici, il y a un fil pour ça qui est très interessant... Hein Rotko !

Bulma a écrit:

"Ne m'étais-je pas, toute ma vie, entraîné à soulever Owen Meany ?"

Une Prière pour Owen, pour moi, le livre le plus EXTRAORDINAIRE de tous les temps. Je sais, je suis hyperbolique, mais aucun livre ne m'a bouleversée à ce point.

Merci Bulma de nous communiquer ton enthousiasme!
Je l'avais commencé il y a quelques années puis abandonné (mais pas du tout parce que je n'aimais pas, simplement du fait des aléas de la lecture - les livres qui surgissent et prennent indument la place de ceux qu'on est en train de lire). Je m'y remettrai sûrement dès que j'aurai un peu de temps...

Une prière pour Owen de John Irving :
Chassé-croisé des souvenirs d’enfance de John Weelwright, articulés autour du personnage d’Owen Meany, son ami, qui croit dur comme fer qu’il est l’instrument de Dieu. Owen a 11 ans au début de l’histoire, mais en paraît six. Personnage doté d’une volonté de fer et d’une foi inébranlable, Owen veut avant tout accomplir son destin. Nous suivons les personnages à travers leur enfance, le collège et la guerre du Viet-Nam, jusqu’à l’inévitable conclusion.
Il faut savoir que ce livre est souvent le préferé de ceux d'Irving notamment à cause de deux particularités récurrentes dans la forme et le fond :
L'une est syntaxique : lorsque Owen Meany parle, c'est en lettres majuscules. En effet, il a une voix très spéciale, éraillée et puissante qui fait que le lecteur imagine vraiment avoir le personnage devant lui.
L'autre particularité, c'est que, semblable en cela à La Recherche de Proust, lorsqu'on termine la dernière phrase du livre, on a qu'une envie, c'est de le relire une seconde fois, tant cette phrase fait écho à la première de l'histoire.
Bénis soient les graines qui ne l'ont pas encore lu et relu, vous êtes chanceux d'avoir ça devant vous !

Donc, si je comprends bien, je peux ajouter Une Prière pour Owen à ma liste des livres à acheter...

En première place...
Avec en second Le Monde selon Garp du même auteur, roman formidable qui théorise l'acte d'écrire et qui intéressera plusieurs graines de ma connaissance... (adapté au cinéma avec Robin Williams en Garp).
On pourrait disserter à l'infini sur les personnages d'Irving, qui sont des doubles de lui-même et qu'il met en scène avec beaucoup d'humour et de recul sur soi. Garp est un lutteur de petite taille comme Irving, et possède également son attirance maintes fois avouée pour les grandes femmes blondes à forte poitrine (comme Owen et aussi le héros de L'Epopée du Buveur d'Eau)

Je vois qu'il y a de nombreux amateurs de John Irving ici . Très sympa ce grain de sel !

Je suis d'accord avec toi Jude, après Une prière pour Owen, c'est Le monde selon Garp qui m'a le plus plu.

Je n'ai pas encore lu L'oeuvre de Dieu, la part du diable. Il est sur une étagère à me faire de l'oeil, mais j'attends de pouvoir le savourer à sa juste valeur.

Rotko, j'ai vu que tu te plains du nombre de pages...j'ai lui une prière pour owen en une après-midi et une nuit d'affilée (je crois que ça ne m'est jamais arrivé pour un autre livre..). Quand on aime on ne compte pas (les pages) .

Citation :

En première place...

Peux pas...
Sinon Lîlâ, elle va me gronder.
Elle m'a déjà mis Siddharta de Hermann Hesse en haut de ma liste.

Bon bah deuxième... Mais parce que Siddharta le vaut bien..
L'Oeuvre de Dieu la Part du Diable, j'ai aussi attendu avant de le lire... Et j'ai retrouvé les mêmes sensations que dans Garp, notamment par le biais des deux infirmières qui veillent sur Homer au début du livre... Tu verras tu comprendras vite ce que je veux dire... Cette idée que les héros de Irving subissent leur destin avec passivité, et ont toujours cette chance de démarrer la vie avec des fées qui veillent sur eux.. Ou des infirmières !

Je suis contente de ne pas l'avoir déjà lu

Toujours un peu triste à la fin des bons romans (qu'est-ce que je vais lire maintenant ?? snif...)

Un petit Russell Banks ? Voisins par l'écriture et par l'espace (habitants du Maine tous les deux)... Pas de regrets possibles !

Effectivement, Une prière pour Owen est une structure en boucle : la fin fait écho au début, et même à de nombreux détails disséminés dans le roman. A la fin, tout s'éclaire ! Et c'est vraiment fait avec virtuosité. A mon avis, il faut le lire au moins 2 fois pour tout saisir. C'est pour ça que je l'emmènerais sur une île déserte : c'est un roman inépuisable !

Jude : Je ne connais pas cet auteur, mais je le mets moi aussi sur ma liste
(miam miam).

Bon appétit !

Un enfant de la balle.

Ce roman est tellement dense qu'il m'a fallu trois semaines pour en venir à bout, entrecoupé d'autres lectures.

La multiplication des personnages, tout aussi étranges, fascinants les uns que les autres ; le foisonnement des situations ; la complexité des destins qui se croisent ; la peinture des mœurs de mondes qui cohabitent et se frôlent sans parvenir vraiment à se comprendre ; l'Inde, le cirque, le cinéma, l'orthopédie, les clubs anglais, le canada, les crimes en séries et les éléphants ... Autant d'éléments disparates qui finissent par trouver une cohérence au prix d'une écriture virtuose et d'un humour particulièrement réjouissant.

Le docteur Daruwalla, médecin indien, grand spécialiste de l'orthopédie, formé en Autriche, citoyen canadien, revient régulièrement à Bombay, sa ville natale. Ses diverses origines et appartenances font qu'il ne trouve jamais vraiment la place qui lui revient. Bienfaiteur, père adoptif, fils complexé, ancien converti au catholicisme, scénariste caché de films policiers, chercheur ... il adopte tous ces rôles sans jamais être satisfait de ses actes.

Au côté de Daruwalla évoluent un acteur énigmatique, un nain garde du corps, un inspecteur de police, un zélote jésuite, un maitre d'hôtel sourcilleux , un zénana en cours de féminisation et tout autour Bombay qui grouille, vit, meurt, viole, frappe, vomit, manifeste

A lire si on a besoin d'être dépaysé, amusé, parfois révulsé, diverti.

Je te retrouverai de John Irving



4è de couverture:

Dans ce nouveau roman, John lrving nous raconte l'histoire de l'acteur Jack Burns, fils d'Alice, tatoueuse professionnelle, et de William Burns, organiste et grand amateur de tatouages envolé à la naissance de son enfant. Agé de quatre ans, Jack sillonne avec sa mère tous les ports de la mer du Nord, à la poursuite du père fugitif. Un périple qui le marquera à jamais. Tandis que William le séducteur fait tonner les orgues de Scandinavie et des Pays-Bas, Alice le talonne et gagne sa vie en tatouant sur des épidermes consentants des coeurs brisés, des fleurs voluptueuses et des serments de fidélité. Déçus dans leur quête, mère et fils s'embarquent bientôt pour le Nouveau Monde où l'enfant va grandir hanté par le fantôme de ce père auquel il redoute, et s'efforce pourtant, de ressembler. Des femmes plus âgées abuseront de lui, il en séduira bien d'autres. Car à vingt ans Jack est bien décidé à tirer parti de son visage d'ange et de sa mémoire prodigieuse pour faire carrière à Hollywood. Sauf que, privé des modèles de mère et de père, il excelle dans des rôles de travesti. Quant à sa mémoire, n'est-elle pas sous influence ?


Mon avis:

C'est mon premier roman de cet auteur dont je découvre l'écriture.
La première partie m'a semblé assez longue et j'ai eu du mal à continuer la lecture avec ces longues descriptions du monde du tatouage et des diverses villes visitées par l'enfant et sa mère.
Nous suivons les pérégrinations de ces deux êtres croyant comprendre leur histoire mais la deuxième partie du livre est une révélation!
Nous découvrons en même temps que l'auteur "la vérité", nous ressentons sa colère et son dépit.Tous les schémas que nous avons construits au début de la lecture de ce livre s'effondrent.

Il semblerait qu'il y ait une part autobiographique dans le roman qui explique à mon sens la justesse de la description du ressenti et la narration chronologique rejoint le type de thérapie pratiquée par la psychiatre de Jack dans le livre.

Pauvre petit Jack balloté parmi des personnages féminins, découvrant la sexualité avec toutes ces femmes.Cette partie du roman nous rappelle que l'abus sexuel sur mineurs n'est pas l'apanage de l'homme et qu'il existe des femmes abuseuses!
J'ai remarqué que les relations qui ont duré sont celles qu'il a eues avec des femmes avec lesquelles il n'a pas eu de rapports sexuels.Qu'en pensez-vous?
Par ailleurs, le tatouage qui prend une grande place dans ce roman a sûrement une symbolique que je ne saisis que partiellement.Le côté indélébile et douloureux de cette pratique a probablement un lien avec le vécu des protagonistes.
La fin quant elle est à mon avis assez bâclée .Je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus élaboré.

En somme, un roman et un auteur qui méritent d'être découverts.

rabiblio a écrit:

le tatouage qui prend une grande place dans ce roman a sûrement une symbolique que je ne saisis que partiellement.Le côté indélébile et douloureux de cette pratique a probablement un lien avec le vécu des protagonistes.

pour en savoir plus sur le tatouage et les piercings

je te retrouverai, je remets ta question

rabiblio a écrit:

J'ai remarqué que les relations qui ont duré sont celles qu'il a eues avec des femmes avec lesquelles il n'a pas eu de rapports sexuels.Qu'en pensez-vous?

rotko a écrit:

rabiblio a écrit:

le tatouage qui prend une grande place dans ce roman a sûrement une symbolique que je ne saisis que partiellement.Le côté indélébile et douloureux de cette pratique a probablement un lien avec le vécu des protagonistes.

pour en savoir plus sur le tatouage et les piercings

je te retrouverai, je remets ta question

rabiblio a écrit:

J'ai remarqué que les relations qui ont duré sont celles qu'il a eues avec des femmes avec lesquelles il n'a pas eu de rapports sexuels.Qu'en pensez-vous?

Merci Rotko! j'en apprends des choses.