Jacques Prevert

J'ai paroles. J'aime beaucoup.

Je viens d'achever la lecture de Paroles. Je suis mitigée. Mon poème préféré est dimanche.
Pis j'ai bien aimé le "De deux choses lune. L'autre c'est le soleil."

Dimanche

Entre les rangées d'arbre de l'avenue des Gobelins
Une statue de marbre me conduit par la main
Aujourd'hui c'est dimanche les cinémas sont pleins
Les oiseaux dans les branches regardent les humains
Et la statue m'embrasse mais personne ne me voit
Sauf un enfant aveugle qui nous montre du doigt.

J'aime l'esprit malicieux de Prévert. Ce poème me fait penser à l'univers de Doisneau, il m'évoque aussi La Vénus d'Ille. C'est toujours agréable de se laisser porter par le pouvoir des mots et de se laisser surprendre par la grâce de l'apparente simplicité.

Joli rappel, merci Esperluette

nicyrle a écrit:

Joli rappel, merci Esperluette

Je suis ravie de partager ce poème de Prévert avec toi, Nicyrle (au fait, ce pseudo a une signification précise?)

J'aime bien celui-ci aussi. Cela reste un classique.

Très connu mais très beau aussi et toujours d'actualité, surtout une veille de St Valentin ! J'aime beaucoup également les photos que tu as choisies pour illustrer ces quelques vers.
Mon pseudo est limpide, va faire un tour sur mon site, tu comprendras tout de suite !

nicyrle a écrit:

Très connu mais très beau aussi et toujours d'actualité, surtout une veille de St Valentin ! J'aime beaucoup également les photos que tu as choisies pour illustrer ces quelques vers.
Mon pseudo est limpide, va faire un tour sur mon site, tu comprendras tout de suite !

Je n'ai même pas fait le lien avec la Saint-Valentin. J'ai continué sur ma lancée, mais je vais m'arrêter là où tu vas finir par te poser des questions!
Je ne résiste pas cependant à te/vous laisser ce poème :


L'ambiance est pour le coup un peu plus tragique.

Je suis allée visiter ton site, bravo! Effectivement, ton pseudo est limpide. Enchantée.

Texte aussi beau que terrible. Prévert savait être incisif. Tu me donnes envie de me replonger dans ses recueils pour la nième fois mais qui s'en lasserait ?
Merci
Moi aussi je suis enchantée de ton arrivée sur le forum. A bientôt

Esperluette, c'est de la bonne graine

nicyrle a écrit:

Texte aussi beau que terrible. Prévert savait être incisif. Tu me donnes envie de me replonger dans ses recueils pour la nième fois mais qui s'en lasserait ?
Merci
Moi aussi je suis enchantée de ton arrivée sur le forum. A bientôt

Effectivement, il est impossible de se lasser de Prévert. Je suis contente de découvrir que nous avons la même affinité avec Prévert. A très bientôt donc!

Citation :

Esperluette, c'est de la bonne graine

Ce message est-il volontairement sibyllin? Ou c'est moi, qui interprète mal?
Je suis d'accord avec Rotko, Jacques Prévert, c'est de la bonne graine!

Allez pour fêter les amoureux, je ne résiste pas à partager avec vous :




Poème illustré en ce jour!

Oh ! Les amoureux de Peynet, j'adore J'ai encore quelques poupées qui les représentent et qui, malheureusement résistent mal au temps, j'ai aussi des cartes... qui jaunissent Mais le souvenir reste vif

Nicyrle, je ne connaissais pas Raymond PEYNET, il est superbe! Ses dessins me rappelent Les amoureux des bancs publics de Brassens!

Maya a écrit:

Nicyrle, je ne connaissais pas Raymond PEYNET, il est superbe! Ses dessins me rappelent Les amoureux des bancs publics de Brassens!

Tu ne crois pas si bien dire, il paraît que Brassens s'inspira des amoureux de Peynet et il y a aussi la chanson d'Aznavour "Les amoureux de papier"

nicyrle a écrit:

Maya a écrit:

Nicyrle, je ne connaissais pas Raymond PEYNET, il est superbe! Ses dessins me rappelent Les amoureux des bancs publics de Brassens!

Tu ne crois pas si bien dire, il paraît que Brassens s'inspira des amoureux de Peynet et il y a aussi la chanson d'Aznavour "Les amoureux de papier"

Exact!
J'ai un faible pour les personnages désuets et naïfs de Peynet. Mais il peut se montrer un brin coquin, la preuve en image :

Esperluette a écrit:

J'ai un faible pour les personnages désuets et naïfs de Peynet. Mais il peut se montrer un brin coquin, la preuve en image :

J'ai beaucoup regarde hier un site sur PEYNET, dessins vraiment admirables! Je vais chercher a me documenter ur lui pour faire un petit fil.

Maya a écrit:

Esperluette a écrit:

J'ai un faible pour les personnages désuets et naïfs de Peynet. Mais il peut se montrer un brin coquin, la preuve en image :

J'ai beaucoup regarde hier un site sur PEYNET, dessins vraiment admirables! Je vais chercher a me documenter ur lui pour faire un petit fil.

Très bonne idée Maya.

Je viens de découvrir Promenade de Picasso :

Sur une assiette bien ronde en porcelaine réelle
une pomme pose.
Face à face avec elle
un peintre de la réalité
essaie vainement de peindre
la pomme telle qu'elle est
mais
elle ne se laisse pas faire
la pomme
elle a son mot à dire
et plusieurs tours dans son sac de pomme
la pomme
et la voilà qui tourne
dans une assiette réelle
sournoisement sur elle-même
doucement sans bouger
et comme un duc de Guise qui se déguise en bec de gaz
parce qu'on veut malgré lui lui tirer le portrait
la pomme se déguise en beau bruit déguisé
et c'est alors
que le peintre de la réalité
commence à réaliser
que toutes les apparences de la pomme sont contre lui
et
comme le malheureux indigent
comme le pauvre nécessiteux qui se trouve soudain à la merci de n'importe quelle association bienfaisante et charitable et redoutable de bienfaisance de charité et de redoutabilité
le malheureux peintre de la réalité
se trouve soudain alors être la triste proie
d'une innombrable foule d'associations d'idées.
Et la pomme en tournant évoque le pommier
le Paradis terrestre et Ève et puis Adam
l'arrosoir l'espalier Parmentier l'escalier
le Canada les Hespérides la Normandie la Reinette et l'Api
le serpent du Jeu de Paume le serment du Jus de Pomme
et le péché originel
et les origines de l'art
et la Suisse avec Guillaume Tell
et même Isaac Newton
plusieurs fois primé à l'Exposition de la Gravitation Universelle
et le peintre étourdi perd de vue son modèle
et s'endort.
C'est alors que Picasso
qui passait par là comme il passe partout
chaque jour comme chez lui
voit la pomme et l'assiette et le peintre endormi.
Quelle idée de peindre une pomme
dit Picasso
et Picasso mange la pomme
et la pomme lui dit Merci
et Picasso casse l'assiette
et s'en va en souriant
et le peintre arraché à ses songes
comme une dent
se retrouve tout seul devant sa toile inachevée
avec au beau milieu de sa vaisselle brisée
les terrifiants pépins de la réalité.

Avec un bonus :

Citation :

La réalité ne peut être appréhendée sans un travail de transformation ; ce qui rend l'objet « pomme » impossible à reproduire, et donc l'idée même de la « pomme telle qu'elle est » sans matérialité objectivable, c'est, en premier lieu, qu'il occupe une espace tridimensionnel, qui fait que, même immobile, « sournoisement », il « tourne » et n'est jamais identique à lui-même. Son caractère tridimensionnel va de pair avec le fait que la pomme a une surface visible, qui enveloppe un intérieur de chair et de pépins, inaccessible au regard. L'espace interne de la pomme, c'est ce qui fait qu' « elle a son mot à dire », une autre réalité que le peintre doit s'efforcer de saisir. (...) Survient alors Picasso le pique-assiette, figure du père qui croque la pomme. (...) Le bris de l'assiette, de la vaisselle transgénérationnelle, arrache le sujet au monde des songes « comme une dent ».

Extrait de La psychanalyse : une remise en jeu, de Jean-Paul Matot et René Roussillon

Splendide ce texte, Maya, il était sorti de ma mémoire et c'était fort dommage. Grâce à toi, il est revenu

nicyrle a écrit:

Splendide ce texte, Maya, il était sorti de ma mémoire et c'était fort dommage. Grâce à toi, il est revenu

Luca nicyrle Oui je le trouve magnifique aussi

Luca, pardon, pardon et mille mercis pour ce beau Prévert
Merci aussi à toi, Natalia, toujours aussi vigilante A plus de 22 h. je l'étais beaucoup moins que toi

nicyrle a écrit:

Luca, pardon, pardon et mille mercis pour ce beau Prévert
Merci aussi à toi, Natalia, toujours aussi vigilante A plus de 22 h. je l'étais beaucoup moins que toi

Pas de mal, Nicyrle, le principal c'est que le poème te plaise.
Et puis ça finit tout par a : Maya, Luca... Natalia...

Quelques citations et poèmes relevés dans Fatras

Citation :

« Je termine par quelques phrases de politesse que j’ai le tact, comme le plaisir, de garder secrètes »

Citation :

« Bien sûr, des fois, j’ai pensé à mettre fin à mes jours, mais je ne savais jamais par lequel commencer. »

Citation :

« Mangez sur l’herbe
Dépêchez-vous
Un jour ou l’autre
L’herbe mangera sur vous »

Citation :

« Je suis heureuse
Il m’a dit hier
Qu’il m’aimait
Je suis heureuse et fière
Et libre comme le jour
Il n’a pas ajouté
Que c’était pour toujours. »

Désolé si quelqu'un les a déjà mises !

Merci Kurtyn, même si quelqu'un les a déjà mises ou si on les connaît, c'est toujours un plaisir de les relire

Maya adore aussi ce fameux poeme! Merci, Luca!

Je l'ai ecoute ici recite par Yves Montand.