Ecrit collectif : Mésaventures érotico-cyclistes

A un moment, elle resta troublée.
Il lui semblait bien reconnaître la voix du confesseur.
Une voix grave, onctueuse...

Bon sang, mais c'est bien sûr ! Elle reconnut Jojo la molette !

Un biker dont elle était tombée éperdument amoureuse à 14 ans ! Il revenait d'Argentine où il avait un petit commerce de diamants et d'émeraudes et la couvrait de cadeaux magnifiques.

En contrepartie, elle lui prêtait son corps, pour quelques accords harmonieux...

Mais que faisait-il là ?

Dans une église ? Les deux hommes se connaissaient donc ?

Elle attendit le départ de Rodjo et entra dans le confessionnal.

Il était en extase et ses tatouages flamboyaient dans la pénombre.

- Jojo ! cria t-elle ?

- Oh Civette ! Toi ici ? Après tant d'années ?

Tandis que la belle dardait un oeil gourmand sur ses biceps, il raconta son incroyable parcours. Et lui avoua que le cartel Argentin l'avait missionné pour négocier auprès du Vatican quelques contrats juteux.

Un espion clandestin comme elle adorait.

Il l'invita à dîner...

Rotko lance "au matin du vendredi, sa décision (la décision de Civette) était prise" tandis que Crevette part dans "elle attendit le départ de Rodjo et entra dans le confessionnal", ce qui doit se situer le jeudi soir. On va dire que c'est ce même jeudi soir que Civette dîne avec l'ami Molette, et que pour certaines raisons, le vendredi matin qui suit, elle décide d'inviter Rodjo pour rouler à tandem. Ainsi les interventions de Rotko et de Crevette s'imbriquent parfaitement.

Jojo la molette prit Civette, dont le teint avait été patiné par les années, et dont les cuisses avaient gagné en tonicité par les nombreuses génuflexions de la dévotion, de la dépravation et du cyclisme, par la main, et la conduisit par un chemin dérobé à son presbytère. Là, il héla sa bonne et la somma de leur concocter un dîner au cierge.

Jojo, après avoir fermé les volets du salon, déboucha furtivement une bouteille de Châteauneuf-du-Pape, dont il but une bonne rasade à la mode Sud-Américaine ; il émit une éructation qui fit vibrer des cordes du piano poussiéreux, puis lança la bouteille à Civette fascinée par ses manières cavalières et sa cicatrice de ruffian.

Ce visage buriné par les intempéries, cuit par le soleil, aux yeux plissés de désir charnel, aux lèvres voraces, aux rides épanouies, faisait avec l'austérité de l'habit sacerdotal qu'il surmontait un contraste qui ne pouvait laisser froid le coeur de collégienne de Civette, ce petit coeur qui battait derrière une poitrine maintes fois malaxée par l'adolescent boutonneux.

Le Jojo la molette qu'elle connaissait, qui l'avait souvent emmenée à l'arrière de sa Harley, qui à l'époque avait pu impressionner la gamine qu'elle était, ce Jojo n'était alors qu'un simple Antonio Banderas des bars de l'Atlantique Sud, un minet frimeur à la bouche en cul-de-poule. Le Jojo qu'elle avait ce soir devant elle, après avoir survécu à de terribles épreuves sur un continent suintant la férocité, après avoir vendu son âme au démon du profit illicite et du sexe payant, avait acquis une dimension quasi surhumaine. Il avait la laideur subjugante du prédateur velu. Son désir le plus sincère était que ce membre de cartel l'écartelât sans un mot.

A la lueur vacillante de la flamme du cierge le repas se déroula très vite pour une Civette pétrifiée par sa soumission totale à ce faux prêtre qui allait probablement lui faire partager ce que les Amazones érogènes n'avaient pas manqué de lui enseigner.

Si tu veux que nous fassions l'amour, lui confia-t-il au dessert, tu devras accepter que j'utilise un godemiché de ceinture car les indiens Jivaros depuis quelques années, suivant l'avis de leur Cour de Castration, laquelle suit la recommandation de l'ONU de 1987, au lieu de réduire les têtes des étrangers, se contentent de leur prélever les organes génitaux.

La décence m'interdit de dévoiler les détails de ce qui se passa cette nuit-là entre Civette et Jojo, mais contrairement à l'opinion populaire le plastique ce n'est pas fantastique, et au matin du vendredi, sa décision était prise : elle inviterait l’obsédé du vélo et de la galipette, à une séance de tandem, le samedi matin.

troglodyte a écrit:

Si tu veux que nous fassions l'amour, lui confia-t-il au dessert, tu devras accepter que j'utilise un godemiché de ceinture car les indiens Jivaros depuis quelques années, suivant l'avis de leur Cour de Castration, laquelle suit la recommandation de l'ONU de 1987, au lieu de réduire les têtes des étrangers, se contentent de leur prélever les organes génitaux.

... et qui mieux que JoJo la Mollette pouvait gloser sur le sujet: le pauvre homme parlait d'expérience, étant tombé lui-même entre les pattes des Jivaros, qui n'ont fait ni un ni deux et lui ont prélevé son trophée viril pour le réduire à l'état de figue séchée. On comprend dès lors la décision de Civette de se tourner vers un Rodjo bien plus prometteur, pour une balade en tandem-di-dam-di-dom... ♪ ♫

La nuit du vendredi à samedi fut agitée :

De violentes averses giflèrent les carreaux, des arbres tombèrent, on entendit des cris étranges.

La représentation de Macbeth par les enfants des écoles chrétiennes fut différée, aucune des trois sorcières n’étant présente pour la représentation.

Une vache fut foudroyée dans un herbage, et des porcs battirent la campagne. Les habitants du bocage se dénoncèrent mutuellement, au curé et au procureur de la république, ce qui entraîna une surcharge de travail pour les préposes au courrier ; Devant l’afflux des lettres, ceux-ci décidèrent en assemblée générale une grève totale et illimitée.

Beaucoup de citadins eurent des cauchemars, et nos protagonistes furent les premiers atteints.

A 2 h 59, Civette se réveilla en sursaut : elle qui avait caressé voluptueusement la pointe raide d’une selle de vélo, s’était vue poursuivie par un Jivaro armé d’un gigantesque Achouar, hachoir « made in Poland ».

A 3 h 15 Rodjo tomba du lit : il avait caressé voluptueusement la partie postérieure d’une selle de vélo, et s’était vu projeté au sol par un Franciscain dans un film de George Romero.

Plus tard, tous deux consultèrent un psychanalyste qui, troublé par le récit de leurs rêves, ordonna une "analyse" de (la) selle.



Au matin du samedi, Rodjo souffrait d’un torticilos(sic) et Civette découvrait avec horreur dans son miroir, à la base de l’aile gauche de son nez, un bouton surmonté d’une pustule blanche.

Spoiler:

Spoiler:

A cela s'ajoute la quasi-paralysie de Civette, suite aux divers exercices nocturnes avec le turbulent Jojo.

Incapable de marcher, elle fut déclarée invalide à 80 % pour un mois par la Sécurité Sociale.

Qu'à cela ne tienne ! Notre opiniâtre jouvencelle décida d'annuler la séance en tandem avec Rodjo et lui proposa une visite au hammam local.

Hammam fort bien entretenu par Rachid, son ami Turc, qu'elle connut grâce à une de ses bonnes relations call-girl, Didget, dont nous reparlerons en temps voulu. Didget étant en effet une sommité des nuits chaudes sud-méditerranéennes...

Rachid fut si heureux de revoir Civette qu'il considéra l'évènement à sa juste portée exceptionnelle et entreprit d'aider la belle à conquérir - enfin ! - le chétif Rodjo.

Il décida de concocter une boisson aphrodisiaque, dont la recette toute personnelle lui venait de sa grand-mère (celle qui vendait des armes aux Grecs) et d'en proposer sournoisement à l'amant vélléitaire.

Sans omettre de la tester d'abord sur Civette, qui quoique invalide, avait toujours ses jolies lèvres de cerise...

Les Turcs raffolent des cerises, comme chacun sait...


Civette fixa le rendez-vous à 15 heures le lundi suivant. Rodjo, fort anxieux de cette troublante entrevue, passa le week-end aux toilettes...

Le jour arriva...

Civette avait jusqu'au lundi suivant, 15h, pour se débarrasser de l'affreux bouton purulent qui ornait l'aile de son nez.

Elle se rendit donc chez Didget, reine des nuits stambouliotes, pour qui les pustules et autres furoncles n'avaient aucun secret.

- "Ah ma pauvre Civette!" s'écria Didget quand elle vit arriver la pauvre Civette, dont le pustule avait encore fleuri depuis, laissant couler un petit suc blanchâtre. "C'est le mal français que tu as attrapé là. Quel est donc l'enfant de salaud qui t'a flanqué cette cochonnerie? Les hommes sont tous des cochons, à ton âge, tu devrais tout de même le savoir! Heureusement que Didget a plus d'une recette dans son sac. Voilà ce que tu vas faire:

1) des bains de siège quotidiens dans une décoction de pets-de-nonne
2) des massages à l'huile de coude
3) l'apprentissage de tous les verbes irréguliers grecs, anciens et modernes, à l'endroit et à l'envers (une maille de chaque)
4) le tout assise sur une selle de vélo bien dure, placée au bon endroit, suivez mon regard, ça te fera de l'entraînement.

Ainsi, tu devrais être guérie à temps et fin prête pour accueillir ton rodjo d'amour"

Pendant que Civette se refaisait une beauté grâce à la matoise Didget, Rodjo n’en menait pas large.

Affligé de douleurs abdominales tonitruantes, il avait pris rendez-vous avec son médecin pour tenter de trouver un remède rapide.

Il faut dire deux mots sur le médecin en question, surnommé par la profession Trogloglo, et bien connu pour son passé de baroudeur, en divers endroits de ce globe.

Trogloglo, l’homme aux 1000 vies !

Avant de devenir médecin à un âge raisonnable, il avait tenu un bar à Bangkok (surtout célèbre pour son arrière boutique et ses jeux de hasard), une épicerie à Alger (réputée pour ses gâteaux au miel et au soja – spécialité de son cru), une blanchisserie à Oslo (les gens du Nord sont de grands maniaques de la propreté, contrairement à ces cradingues de Français…), puis une pharmacie en Sicile. Bon, disons qu’il était plutôt apothicaire. Bon, plutôt chimiste. Avec un vrai laboratoire et de savantes préparations médicamenteuses, à base de plantes. De plantes Colombiennes surtout. Il fit fortune.

Puis, un jour, le bel homme fut victime d’un sale coup du sort : il tomba amoureux ! Et d’une Française encore !

Pour conquérir la demoiselle, une bourgeoise fort bien installée à St Germain des Prés, il décida d’acquérir une respectabilité de notable : il se fit médecin (en truandant un peu les examens, il est vrai…).

Ainsi, Trogloglo avait du flair et quand il vit Rodjo, il devina ses états d’âme.

- Alors, cher Monsieur, c’est parce qu’on va tremper son biscuit ce soir qu’on angoisse comme ça ?

Rodjo, éberlué par tant de familiarité, resta coi.

Il en bafouilla..

- Non, non, j’ai dû manger quelque chose de pas frais.

- Allons, allons, entre hommes, on peut se parler non ? Bon, comment est-elle cette petite peste qui vous fait tourner la tête ? Toutes des garces, hein ? Il faut les mater ! Les asservir ! Les faire ramper ! Voulez-vous quelques conseils ?

Rodjo, abruti par sa douleur, tendit toutefois l’oreille car enfin, l’idée de dompter la volcanique Civette lui échauffa les hormones.

Il écouta attentivement…

[ça commence à ressembler à un roman à clé ou je me trompe...???]

Trogloglo s'exprima en ces termes :

"Tout d'abord, monsieur Rodjo, vous ne devez pas vous laisser divertir par les crises de mysticisme de la sus-dite Civette. Je la connais par personne interposée ; elle a suivi un traitement chez mon confrère le docteur Routagnole, qui, lors d'une soirée arrosée, a violé la règle sacro-sainte du secret médical et m'a clairement fait comprendre que Civette, fondamentalement assoiffée de plaisirs charnels, ne fait néanmoins pas parti de ce corps d'élite de celles qui, comme Shoey la Thaïlandaise, dont je vous parlerai plus tard si vous le souhaitez, et qui, employée dans mon bar, n'astiquait pas que les verres, de ce corps d'élite, disais-je, composé de celles qui se jettent à corps perdu dans la luxure. En effet, à son corps défendant, Civette est parfois submergée par le remord et peut dans ces moments de délire supplier son amant de cesser de la fréquenter. Vous devrez passer outre cette épreuve, qu'elle pourrait très bien vous infliger dès le début de votre entrevue..."

Trogloglo s'interrompit car Rodjo avait sorti une orange de sa poche et, après en avoir incisé la peau avec un soin maniaque et un couteau suisse, avec force déplaisants bruits de succion, s'évertuait à la manger de l'intérieur. Sa langue semblait s'allonger démesurément, son oeil exorbité fixait le fruit, son menton fébrile dégouttait de jus ; il semblait dément.

"qu'elle pourrait très bien vous infliger dès le début de votre entrevue, de façon instinctive, telle la seiche effrayée par le barracuda, lorsqu'elle vous verra vous exciter de la sorte sur une orange !" poursuivit-il en arrachant l'agrume des griffes de l'homme.

Rodjo se ressaisit et avoua l'angoisse profonde qui lui vrillait les entrailles en pensant à l'image puérile que sa relative inexpérience pourrait donner de lui-même à cette femme rompue à tous les exercices physiques. Trogloglo eut alors un rire de comptoir périgourdin, et, comme tout bon personnage de roman de gare destiné au lecteur masculin des années 70, il exposa en quelques mots l'étendue de son savoir-faire pour convaincre son patient de sa capacité à le guérir :

"J'ai palpé de la croupe norvégienne, j'ai léché du miel sur du nichon d'Algérie, j'ai fait grimper au rideau de la bourgeoise française et j'ai porté de la Thaï dans ma brouette espagnole de notaire, alors croyez-moi, en deux heures je vais vous enseigner de quoi éblouir votre dulcinée."

Il passèrent dans un bureau attenant où trônait un impressionnant sofa sur lequel reposait, bien sagement calée sur son postérieur de silicone, une poupée grandeur nature vêtue de manière sexy.

La poupée avait la tête de Mireille Mathieu car Trogloglo nourrissait une passion secrète pour l’interprète vedette des 1000 colombes.

Que la paix soit sur le monde, et bla bla bla, Amen, et bla bla bla…

Il rêvait de la …. sur le pont d’Avignon.
Mais, bon, nous nous égarons.

Rappelons simplement le goût du brave médecin pour les coupes capillaires dites « en bol », épaisses au toucher et moelleuses à souhait. Sur ce terrain, Mireille est une reine…

Bref.

Mais l’attention de Rodjo fut surtout attirée par l’extraordinaire collection de chaussures disséminées autour du sofa, aussi bigarrées que rutilantes et incarnant le pied dans tous ses états.

Voilà un homme qui cherche à prendre son pied ! se serait exclamé le disciple Freudien de base - idiot donc – en voyant tant d’attributs érotiques, ou pseudo-érotiques, enfin, on ne sait plus, ces Freudiens nous enfument le cerveau depuis 2 siècles !

Un Lacanien y eut plutôt analysé la dérive fétichiste de l’apothicaire…

Trogloglo, fier de l’effet produit sur le délicat Rodjo, énonça sa théorie : on mesure le potentiel sexuel d’une femme à ses chaussures.

Oui, mon brave !

A ses pompes, ses godasses, ses groles, ses tatanes… C’est toujours la première chose à étudier chez une femme !

Rodjo se souvint alors de sa rencontre avec Civette. Un flash sur la route : des sandales esseulées au parfum douteux…

- Docteur, doit-on analyser l’odeur aussi pour évaluer le potentiel ?

- Excellent, Rodjo ! En effet, tout compte et surtout…l’enivrante essence corporelle.

Ce disant, Trogloglo commençait à suer et à s’exciter… Quelles odeurs avaient les pantoufles de Mireille ?

Il se posta devant un tableau blanc afin d’enseigner son art : le décryptage de la godasse.

Rodjo en bavait de désir…




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Bridget Jones a écrit:

[ça commence à ressembler à un roman à clé ou je me trompe...???]

Toute ressemblance avec des membres de GDS*est tout sauf fortuite...

« Vas-y, ça me dit, maintenant ! » dis-je, alors qu’il rentrait son tandem dans le garage de sa grand’mère.

J’avais eu soin de prendre la place du guidon, pour bien signifier que je menais les opérations à ma guise. Lui forcément, il suivrait. Je riais en pensant qu’il ne quitterait pas des yeux mes arrières, juste ce qu’il fallait pour le faire saliver. Je lui apparaîtrais de dos comme un violoncelle, et le connaissant, je savais pertinemment exciter son archet.

Nous voilà donc, pédalant de concert, nos jambes comme des bielles animées de haut en bas, comme nous les ferions jouer bientôt de bas en haut. Charmante perspective !

Nous avions le vent en poupe, le chuintement des pneus sur l’asphalte faisait une chanson douce.

Finalement, me disais-je, je le trouve mignon, un peu naïf certes, mais incapable d’un coup fourré, si je puis dire. Avoir confiance en quelqu'un, n’est-ce pas confortable ?

Ma vie avait été aventureuse, et j’en avais souffert. Avec lui, je me sentirais tranquille, ça flattait mon côté fleur bleue.

Je serais sa petite fleur, il prendrait soin de moi…

rotko a écrit:

mais incapable d’un coup fourré, si je puis dire.

Le "je", c'est la Civette ?


(ou j'ai encore rien capté ?)

oui, j'ai fait exprès de prendre un rôle de composition

Mais signerais-tu là la fin de cette histoire mythique qui nous tient en haleine depuis des mois ?

?

Je ne veux pas me séparer de tous ces sympathiques personnages !



Allez, qui rebondit ??

Crevette a écrit:

Mais signerais-tu là la fin de cette histoire mythique qui nous tient en haleine depuis des mois ?

?

Je ne veux pas me séparer de tous ces sympathiques personnages !



Allez, qui rebondit ??

je ne signe pas du tout la fin, j'ouvre des perspectives dans ma première phrase.

Citation :

« Vas-y, ça me dit, maintenant ! » dis-je, alors qu’il rentrait son tandem dans le garage de sa grand’mère.

(1)

(1) c'est précisément un samedi

Ensuite c'est un flash-back

Quand soudain, bon sang, badaboum !

Et les voilà jambes en l'air, à voir 36 chandelles, entendant des pas précipités et des voix affolées : "vite, vite une ambulance ! Le gars a l'air sonné !"

Vroum, vroum...

Pin-pon, pin-pon...


Toute sirène hurlante, voilà qu'arrive l'urgentiste en chef, Hubert de son prénom, prompt à bondir de sa machine à 4 roues pour porter secours à ce curieux couple en tandem et surtout en souffrance, étalé sur le bitume comme un oeuf sur le plat.

Et Civette de s'exclamer : "Que s'est-il passé ? Tout a été très vite, je n'ai rien compris".

Emergeant d'un semi-coma, son ami Rodjo s'écriant : "la portière, la portière, j'ai pris la portière en pleine tronche !"


De fait, un automobiliste paniqué tentait de retrouver sa respiration, après la frayeur causée par le choc. Le brave homme, imprudent certes, mais n'y pensant pas à mal, venait d'ouvrir un peu brutalement sa portière de voiture.

Mais voilà, arrivait à ce moment là notre célèbre duo, tout fier d'aller en tandem...

et plaf !


la tuile...


la romance éclate...


... une fois de plus !


Maudit destin !








PS : Afin d'épargner une nuit d'angoisse à nos aimables lecteurs de GDS*, je les rassure de suite sur le fait qu'à cette heure, Civette et Rodjo sont tirés d'affaire. Rodjo est sous sédatif et roupille, tandis que Civette arpente les couloirs impersonnels de l'hôpital, pour retrouver remercier le très serviable Hubert...

Citation :

« Nous avions le vent en poupe, le chuintement des pneus sur l’asphalte faisait une chanson douce. »

Ça ne s’était pas vraiment passé ainsi, et dans l’ambulance, il remâchait sa déception et faut-il le dire, son amertume !

De « chanson douce », point, sinon les stridences de la sirène ; l’ambulance allait lentement, lui semblait-il, et on aurait dit que tous les cahots de la route retentissaient dans son squelette.

- « où était-elle ? »

Il n’en avait aucune idée, et quand il se retrouva - qu‘est-ce que je fais-là ? on dirait une coupure dans la trame de l’histoire, -



dans une salle toute blanche, sous les bras repliés d’une lampe comme pour les opérations, il eut un moment de panique.

« La poisse ! elle lui portait la poisse… »

Une porte s’ouvrit, et une jeune fille en blouse entra dans la pièce, l’air affairé.

- « bonjour ! » lui dit-il, d’une voix qu’il voulait de velours. En fait il entendit à peine son salut charmeur. C’était le début de son chemin de croix…

rotko a écrit:

[...] qu’il voulait de velours. [...]

Le bon docteur Trogloglo fut immédiatement informé de l'accident de son patient et décida de se rendre à l'hôpital.
Cela lui permettrait de jeter un oeil discret sur cette fameuse Civette, sans nul doute responsable du malheur de Rodjo.

Cette engeance féminine, il faut la mater, la museler !

En un mot, la chosifier.

Quand il arriva à l'accueil, une blonde aussi fade qu'une cuvette de latrines le fit patienter un bon moment. Même en se forçant, aucun fantasme ne naquit à la vue de cette insignifiante souillon.

(Elle ne chaussait que des escarpins usés, ceci explique cela...)

Somnolent, il attendit.

Quand soudain, il entendit le bruit de talons aiguilles sur le sol.

Une telle sonorité ne pouvait manquer de le stimuler !

Il ouvrit les yeux et fut ébloui par la vision d'une svelte silhouette féminine, aussi sensuelle que dynamique, dont la voix grave demandait où se trouvait la chambre de Civette : Didget venait d'arriver.

Trogloglo fut foudroyé par cette apparition qui portait des souliers bicolores, orange et noir, ce qui laissait présager un tempérament, comment dire..., sanguin !

D'un coup amoureux et en rut, il suivit discrètement le croupion alerte de ladite demoiselle, qui s'apprêtait à prendre l'ascenseur.

On n'ose imaginer quel scénario indécent il prévoyait de lui proposer dans cet espace réduit remarquablement adapté à toutes formes d'expressions corporelles...


Manque de chance pour notre aventurier érotomane, une limace de
120 kilos se précipita pour entrer la cabine : le marmiton du sous-sol qui allait distribuer les bouillons de poulet aux infirmes.


Trogloglo rongea son..., ou plutôt son frein, pardon, je m'égare...
et dévora des yeux Didget...

Quel beau morceau !

Celle-ci, occupée à lire son horoscope du jour (qui lui prédisait d'ailleurs une grosse tuile), ne sentit pas glisser sur elle le regard lascif et huileux de notre ami.

Quoiqu'elle sentit bien glisser le doigt sous sa jupe...

... un doigt visqueux, mou et froid. Comme c'est étrange... Voilà une sensation nouvelle pour Didget, quoique pas tout à fait désagréable. Elle hésita entre gifler le seul coupable possible et faire semblant de n'avoir rien remarqué.

Et c'est alors qu'elle vit la limace de 120 kilos
Et comme elle ne voyait qu'une des antennes de ladite limace, elle comprit bien vite où se trouvait l'autre (antenne, donc. Faut suivre, là... )



Le bon docteur, dans son impeccable blouse blanche, avait l'air d'étouffer de chaud. Il regardait fixement les boutons des étages en se rongeant les ongles. Il ne se doutait pas de l'émoi qui s'était emparé de Didget, qui avait décidé de se laisser empaler sur l'attribut de la limace de 120 kg.

En effet, la limace ne risquait pas de répéter ce qui était en train de se passer dans l'ascenseur.

Mais voilà qu'ils arrivèrent au 15ème étage et que la porte de l'ascenseur s'ouvrit en faisant <ding ♪♪>

La limace excitée avait doublé de volume. Lorsque l'ascenseur s'arrêta au quinzième étage, il n'y avait plus la place pour une personne supplémentaire. La porte se referma, et le véhicule s'ébranla ; il repartit vers le haut.

Didget et Trogloglo, en peu de temps, se trouvèrent immergés jusqu'au cou dans des flots de mucus, de cyprine, de bouillon de poulet et de sueur. Baigner dans ce mélange visqueux procurait des sensations équivalentes à celles des meilleures soirées moussues des boîtes de nuit les plus exigües, dont Trogloglo était un des plus fervents écumeurs. Sous le couvert de l'anonymat il lui était aisé de palper ce qu'il pouvait de cette femme au regard lascif et aux joues écarlates. Se faufilant comme ils le pouvaient entre le ventre ultra-lubrifié du limaçon et celui de sa victime, les doigts lubriques du docteur vicieux, partis d'un téton, rampèrent vers la Caverne Enchantée. Hélas, la place était prise par l'organe endoscopique et télescopique de la bête !

Trogloglo avait entendu des rumeurs au sujet de femmes zoophiles qui auraient eu un penchant pour de grands chiens, de longs serpents ou des caméléons baveux ; il n'avait jamais cru à leur existence. Aujourd'hui néanmoins il ne pouvait nier l'évidence : une femme sous ses yeux prenait son pied avec un gastéropode. L'animal lentement l'avait acculée et la belle bien vite avait capitulé, laissant la limace s'immiscer dans ses moites profondeurs. Peut-être cela vaut-il un vit, avait-elle pensé, et il serait, ma foi, bien dommage que ma vie s'écoulât sans que, ne serait-ce qu'une fois, je n'aie goûté à cet organe sensoriel aux dimensions sensationnelles.

Trogloglo, cantonné malgré lui à prodiguer un plaisir accessoire, et jaloux de l'animal qui se taillait la part principale, tripotait ce qu'il pouvait de celle qu'il était à deux doigts, par dépit, de qualifier de pétasse.

(et rojdo... j'ai oublié où on l'a oublié... )

parfait !
enfin tranquille, j'ai été suffisamment sur la selle(tte) ces temps-ci

Cela faisait des mois qu'il voyait du coin de l'oeil cette photo de jolie chick-rabbit, sans trop faire attention à l'avenante intervenante dont la prose décorait la partie de son écran placée à droite de ladite photo ; il savait d'expérience que bien souvent chez les femmes le discours est une broderie, un passe-temps, un banal verbiage à lire en diagonale, tout au plus un joli babil que l'on écoute distraitement entre deux coïts.

Lorsqu'elle parla d'une limace géante qui se rinçait l'oeil d'une façon inédite, ce fut une révélation pour lui : qu'une femme puisse produire une image si forte et originale, dans la veine de ces estampes japonaises figurant des belles enlacées par des poulpes, c'était le coup de grâce infligé à son machisme chronique.

L’ascenseur était arrivé au 23ème et dernier étage de l’hôpital, en faisant <ding ♪♪>. Mais le malheureux Rodjo se trouvait, lui, au 15ème et se désespérait de constater qu’on l’y avait oublié.

Bien qu’ils ne le sûssent point, le bon docteur Trogloglo et l’accorte Didget allaient tous deux rendre visite au même patient, à savoir Rodjo d’Amour , allongé parmi les perfusions au désormais célèbre 15ème étage.

Didget, préférant de loin les attributs du gastéropode aux mains baladeuses de la blouse blanche*, car celles-ci étaient froides et rêches, à croire qu’il était pêcheur plutôt que toubib (penser à lui conseiller l’huile d’amandes douces), en profita pour prier Dr Trogloglo de bien vouloir appuyer sur le 15. Il serait ainsi obligé de mettre ses sales pattes ailleurs.

Une fois arrivés au 15ème étage, il fallait bien tenter de s’extirper de cet immonde magma, mélange de bouillon de poule, de sueur, de mucus et de cyprine, ce qu’ils firent tous, non sans mal. Le gastéropode l’ayant mise de bonne humeur, Didget était plutôt réceptive au charme très discret du bon docteur Trogloglo. En effet, sans les préliminaires ascensoriels, elle ne l’aurait même pas remarqué : un homme plutôt insignifiant**, au teint pâle voire morbide, voûté et, surtout, aux mains froides et rêches. Quelle horreur… !!

[* la vengeance de la pétasse est impitoyable… **ça t’apprendra à m’ignorer… ]