John Muir

Voici Harelde la biographie d'un pionnier de défense de la nature! En attentant la suite de l'ouvrage que je ferai bientôt.

John Muir : Voyages en Alaska

Dans la préface de Michel Le Bris, quelques éléments biographiques.
John Muir est né à Dunbar en Ecosse le 21 avril 1838. Sa famille émigre dans le Wisconsin où il passe sa jeunesse à défricher et déboiser sous les coups d’un père rigide et calviniste convaincu ; il se réfugie « dans la plénitude sauvage ».
Il entre à l’université à 22ans et se révèle un génie des mathématiques et des sciences appliquées, un inventeur exceptionnel, mais il ne prend aucun brevet pour les machines inventées. Il étudie aussi un peu la médecine.
En 1867 il travaille en usine à Indianapolis ; stupéfait devant son ingéniosité, son patron lui propose une association ; suite à un accident la cornée de son oeil droit est transpercée et il reste aveugle un mois ; rétabli il abandonne tout pour découvrir le monde.
Il part à pied vers la Floride, embarque pour San Franscisco où il arrive le 18 mars 1868. Il gagne la Sierra Nevada. Il commence ses explorations de la vallée du Yosomite et étudie ses glaciers. Ses travaux sont d’une grande portée pour l’histoire géologique du monde. Il œuvre à la protection de cette vallée et à la création de parcs nationaux. Il deviendra une légende vivante.
Il explore neuf mois par an et se consacre à l’écriture pendant l’hiver. Il écrit par nécessité et peu : des articles pour faire connaître ses travaux ou défendre la nature menacée.
Il commence ses voyages en Alaska en 1870 et y retournera quatre fois ; c’est devenu la grande affaire de sa vie. Il commence la rédaction de ses périples en 1913 ; mais le livre restera inachevé ; il décède d’une pneumonie le 25 décembre 1914.
En 1890 il avait épousé Louisa Wanda Strentzel et s’était installé dans un ranch à Martinez. Il se lance avec grand succès dans la culture des poires et des pêches qu’il vend jusque Hawaï ; il est riche. En accord avec son épouse il repart tous les étés en expéditions.

Je note la référence.
Ce doit être interessant.

J'avais aussi lu un bouquin d'éthnologie du grand Knud Rasmussen qui, partant du Groenland, a rallié l'Alaska.
Faut que je le retrouve...

J'essaie de faire le résume du livre demain; paru en petite bibliothèque Payot poche , voyageurs.
Sur le Groenland, j'ai lu "Ce paradis de glace; avec les Inuits du Groenland" de Gretel Ehrlich. L'auteur reprend des chapitres des récits de Rasmussen qu'il met en perspective avec ses propres voyages et sa vie parmi les Inuits. Très intéressant et instructif notamment pour voir l'évolution de la nature et des moeurs.

Pour le moment, je ne parviens pas à retrouver la trace du bouquin de Rasmussen.
C'était sur son 5e voyage de Thulé.

Livre en français avec des illustration.
Couverture bleu nuit dans mes souvenirs...
Assez vieille édition sans doute.

Voyages en Alaska par John Muir

John Muir part étudier les glaciers de la zone sud-est de l’Alaska ou archipel Alexandre, le long du continent une myriade d’îles plus ou moins étendues séparées par des chenaux et passages plus ou moins larges, paysage façonné au cours des siècles par la fonte des glaciers.
Il est perpétuellement émerveillé par les paysages grandioses et les décrit avec poésie et rend grâce à Dieu de la beauté du monde. Cependant il se montre précis dans ses descriptions, que ce soit la faune et la flore, la géologie et les glaciers, les mœurs indiennes ; il explore et étudie de façon systématique et approfondie. Mais c’est aussi un homme modeste qui relate ses découvertes et exploits sobrement.
La plus grande partie de l’ouvrage est consacrée au premier voyage en 1879.
John Muir débarque à Wrangrell sur le continent, un village rude qui comportent deux rues de cabanes le long d’un rivage marécageux ; la plupart des cabanes est occupée seulement en hiver quand le climat oblige les mineurs à redescendre des montagnes ; le reste de l’année les commerçants, car ce village où accostent les bateaux est le seul point de rattachement avec la civilisation, et des indiens. De cette base, il partira explorer les environs par vapeur ou à pied, avant de se lancer dans une expédition plus lointaine en canoë. A Wrangell il y a une mission et l’un des missionnaires aventureux, le Père Young, l’accompagne souvent pour évangéliser les indiens rencontrés.
Leur amitié s’est scellée suite à un accident. Muir voulait escalader une montagne pour étude et malgré ses réticences le Père a insisté pour l’accompagner ; ce qui devait arriver arriva : presque parvenus au sommet, le Pére glissa et se retrouva face au vide les épaules démises ; Muir le sortit de ce mauvais pas et au péril de sa propre vie et avec bien des efforts le redescendit de la montagne, avec de multiples arrêts pour se reposer et faire des feux pour se réchauffer.
Il retournera sur cette partie du continent pour étudier le fleuve Stickeen jusque Dease Lake et ses glaciers. Un périple à pied où il croise des mineurs et chercheurs d’or ; ceux-ci vivent dans des cabanes en rondins, font face au froid et à la neige, à la faim, aux loups ; ils viennent s’enrichir avant de retourner chez eux se marier ou lever l’hypothèque de la ferme. Au retour il s’arrêtera dans les tavernes disséminés le long du parcours des mineurs tous les cinq à douze kilomètres, mais crasseuses et où manque la nourriture. Il a marché 300 kilomètres de parcours montagneux mais est ravi de ses recherches et en osmose avec la nature.
Une autre exploration le met en contact avec ses premiers indiens qu’ils trouvent très différents de ceux de l’Amérique des plaines. Malgré une certaine condescendance, il admire leur douceur et leur joie de vivre, leur ingéniosité ; ceux-ci vivent de pêche et cueillent les baies abondantes qu’ils revendent à Wrangrell.
Quelques mots sur ces régions. De grands arbres, épicéas, pins et sapins, cèdres, bouleaux, dont Muir nous décrit les différentes variétés, sans compter les arbustes et arbrisseaux ; un début de déforestation. Des mousses et lichens, des fougères et toutes sortes des fleurs. Des baies grosses et succulentes : mures, airelles, myrtilles, framboises, fraises, groseilles. Des canards et des oiseaux. Le caribou et le daim que chassent les indiens pour leur nourriture, de même que les castors dont ils vendent les peaux. Ou encore les loutres et marsouins, et aussi les porcs-épics et les chèvres sauvages. Sans compter les loups et les ours. Muir rencontrera des baleines et le canoë manquera s’échouer sur l’une d’elles. Des saumons en multitude dans les rivières que les indiens savent attraper à la main tellement ils sont nombreux ; puis ils les fument et les font sécher, les consomment ou les vendent.

Volontairement, je n'ai pas lu tout ton résumé.
Car le peu que j'en ai lu me donne envie de le lire.


J'ai donc ajouté cette référence à ma liste.
Dans la foulée, je vais noter celle-ci aussi : Quinze cents kilomètres à pied à travers l'Amérique profonde : 1867-1869

Mais ce n'est pas fini!...

Après d’autres explorations Muir s’embarque pour une expédition de plusieurs semaines en canoë, avec cinq indiens et le Père Young. Ces canoës sont fabriqués par les indiens et peuvent transporter trois à quatre tonnes de marchandises ; ils avancent à la voile et à la rame, et très maniables peuvent se faufiler partout où les vapeurs ne peuvent accéder ; même si leur progression est lente, ils sont surs et solides ; les indiens excellents navigateurs louent leurs services. Ainsi notre équipe s’aventure le long des îles par les chenaux et passages vers l’ouest puis le nord pour revenir par l’est. On ne se déplace pas le dimanche, jour du Seigneur.
Arrêts fréquents pour études des glaciers ; Muir explore, mesure, fait des relevés, prend des notes et étudie les déplacements des glaces, la formation des icebergs, la composition des moraines, les roches, la végétation. Toujours méticuleux, toujours passionné et admiratif, ne reculant devant aucune aventure. Ainsi il reste stupéfait devant des jardins sur glace qui foisonnent de fleurs poussées au milieu du glacier ; ou encore médusé devant un lever de soleil où flamboient les rouges sur les parois de glace.
Ils rencontrent de nombreuses tribus indiennes qui les reçoivent toutes cordialement et généreusement ; ces peuples vivent libres et parcourent leur territoire montant et démontant leurs habitations faites de piquets et écorces de cèdres jaunes ; ils acceptent la présence des Blancs et attendent avec confiance les instituteurs promis par les missionnaires ; le Père Young fait ses sermons et prêches et reçoit bon accueil. Cependant nos explorateurs ont évité quelques indiens en guerre, et d’autres pris de boisson ; en effet des distilleries clandestines par endroit et aussi une tribu décimée par l’alcool. Muir est passé au respect pour ces peuples et admire surtout l’éducation qu’ils donnent à leurs enfants. Son pilote navigateur est un vieux et sage chef indien ; en hommage il donnera son nom à un glacier : Toyatte, puisque ce dernier n’a pas de fils auquel laissé sa trace ; Toyatte mourra peu après en faisant preuve de courage pour soutenir son peuple lors d’une guerre intertribale.
Arrivés au nord et au pied de la chaîne Fairweather qui culmine à 5500 mètres, Muir cherche à trouver un accès vers les glaciers inexplorés de Glacier Bay. Il trouvera un indien qui connaît les passages et pourra commencer son travail ; l’un des glaciers prendra son nom, le glacier Muir ; mais il leur faut repartir, l’indien craint à juste titre l’avancée de la saison et l’hiver.
Malgré encore quelques arrêts écourtés, le retour par l’est, sous la neige et le vent, entre les icebergs de plus en plus nombreux, sera long et pénible ; mais chacun reste serein et est satisfait de ce beau voyage et de leur amitié.

A suivre

Tu es sur que c'est un résumé ?
Ce n'est pas le livre lui même que tu serais en train de numériser ?

Deuxième partie
1880 et retour de John Muir en Alaska. Il remonte par l’est jusque Glacier Bay parachever les recherches qu’il n’a pas pu mener à bien l’année précédente ; toujours en canoë accompagné de trois indiens et du Père Young .
Sum Dum où il observe l’effondrement et la décharge glaciaire des icebergs et « la plus phénoménale activité glaciaire » ; son émerveillement ne l’empêche pas de mener une étude rigoureuse des phénomènes. Le fjord abonde en morues, harengs et flétans. Mais il leur faut frayer un passage au canoë avec des gaffes pour repousser les icebergs.
Puis le fjord de Taku dont la source se situe loin à l’intérieur des terres. A travers la chaîne montagneuse par un canyon, ils explorent le glacier principal que draine une multitude de glaciers secondaires.
La baie de Taylor et Muir étudie l’avancée du glacier. Là il part seul en expédition. Il veut traverser le glacier pour explorer l’autre rive ; il mettra trois heures pour parcourir 9 kilomètres, mais est heureux de ses découvertes. Seulement la nuit approche, il lui faut retourner sans tarder au campement ; il se retrouve pris au piège d’un labyrinthe de crevasses lorsqu’il retraverse le glacier ; il lui faut sauter par dessus ou passer sur des ponts de glace à califourchon après avoir supprimer les parties saillantes ; le brouillard arrive ; il attend le matin en sautant sur place sur une plaque glacée ; il monte et descend les crevasses sous la neige qui tombe et se retrouve à nouveau coincé ; une ultime solution : creuser sur trois mètres des marches dans la glace pour atteindre un pont long de 25 mètres parcouru centimètres par centimètres à califourchon, se rétablir sans perdre l’équilibre et creuser à nouveau des marches pour remonter l’autre versant ; le voici sauvé et bientôt rendu au camp, heureux et comblé par son expédition. Le tout raconté avec sobriété.
Glacier Bay. Malgré l’orage et la pluie, Muir explore et étudie le glacier Muir, les icebergs qui ici jaillissent du fond libérés après des siècles de la masse, la lente progression des glaciers. La nuit, face aux « falaises de glace à la splendeur étrange et irréelle au milieu des ténèbres » et au milieu des « rugissements des icebergs », il passe « des jours hors du temps » .

Harelde78 a écrit:

Tu es sur que c'est un résumé ?
Ce n'est pas le livre lui même que tu serais en train de numériser ?

Tu penses que c'est trop long? Zut, j'y ai passé du temps! Mais le livre est dense et foisonnant, ce n'est qu'un résumé...

Troisième partie.
1890, les choses ont bien changé !
John Muir est de retour ; avec lui arrivent à Wrangrell des touristes.
Il parcourt à vapeur, avec les touristes, le long de l’archipel par l’ouest jusque Glacier Bay. Au passage, une scierie de 240 lames actionnées par roues à aubes et les forêts déboisés ; un moulin à concasser le quartz à raison de 600 tonnes par jour ; deux conserveries approvisionnées en saumons par les indiens pour un revenu dérisoire. Les indiens vendent aussi des souvenirs ou dansent leurs danses « folkloriques ».
A Glacier Bay les passagers descendent sur la moraine, se promènent, prennent des photos.
Le bateau reparti, Muir reste seul avec un compagnon, Loomis. Il reprend ses études des glaciers : naissance et décharges des icebergs. A partir de là, ce sont maintenant les carnets de notes rédigées au fil des jours qui prennent la suite des récits réélaborés précédents.
Le bateau faisant la navette, arrivent le Professeur Harry Felding Reid de Cleveland et huit étudiants qui se joindront parfois à Muir pour des études. Et des touristes, jusque 230 ; Muir a un regard amusé sur eux.
Notre ami veut étudier les changements intervenus depuis 1879. Par exemple une moraine stratifiée située à 800 mètres du front glaciaire est maintenant à 2 kilomètres.
Afin d’étudier la formation des lits de glaciers le long des bras de mer du glacier Muir il part seul tirant un traîneau transportant 60 kilos de matériel. Il passera notamment une nuit face aux loups guettant. Il mettra deux jours pour traverser les 25 kilomètres du glacier devant par moments porter le traîneau. Or un matin, il se réveille presque aveugle, il voit flou et double ; il attend la baisse du soleil pour rebrousser chemin et cheminer péniblement ; sa vue se rétablit petit à petit au fil des jours, mais il tombe dans une crevasse dissimulée et remplie d’eau ; il arrive à s’en extirper transi et trempé ; il n’a d’autres choix que de poursuivre, mais le professeur qui l’a aperçu de loin vient à sa rencontre…
Un dernier chapitre rédigé juste avant sa mort à l’hôpital sur la magnificence des aurores boréales.

J'aimerais votre avis.
Si cela vous plait, je peux prochainement vous "résumer" les voyages de La Pérouse.

Mon avis est que ton résumé est trop long, trop précis.
Pour le style, je l'aime bien, même si je n'ai pas tout lu comme je te l'ai dis : je préfère ne pas tout connaître avant d'en faire la lecture...

attends un peu, j'ai lu le premier message, voyage sur les glaciers, et je sais déjà à qui je vais conseiller cette lecture.
je lis la suite plus tard mais je suis accro.

C'est un vrai roman d 'aventures en même temps qu'une mine de renseignements humains puisque le voyage et les explorations de John Muir reflètent ses curiosités dans tous les domaines.

tu parles de photos. y en a-t-il qui illustrent le texte ?

je pense qu'un tel voyage aurait un grand succès s'il était traité en bande dessinée : les lieux fabuleux ou les surprises de voir un jardin dans ces contrées donneraient un ou plusieurs merveilleux album.

Je suppose qu'on s'attache au protagoniste principal et que la fin du récit doit être poignante comme dans le film dersou Ouzala d'Akira Kurosawa.

rotko a écrit:

tu parles de photos. y en a-t-il qui illustrent le texte ?

Malheureusement il n'y a aucune photo, Muir n'en prenait pas. Dans le texte il évoque les touristes qui eux en prenaient et s'en moque un peu (comme nous des Japonais qui cherchent ce qu'ils doivent photographier et ne regardent rien). On peut trouver des photos superbes de ces glaciers sur plusieurs sites internet, mais ce n'est pas ce qu'a vu Muir, puisque les glaciers ont changé depuis.
Je trouve dommage aussi qu'il n'y ait pas de cartes et j'ai cherché sur mon atlas les différents endroits par où il est passé.

Voilà un fil qui me plaît beaucoup. J'aime beaucoup lire les récits de voyage... Je rentre tous vos titres dans ma liste. Merci Nymphéa pour ton compte-rendu. Je ne sais pas si on peut considérer ça comme un résumé, c'est en tout cas un compte-rendu du livre que j'ai trouvé fort intéressant !

Le pire voyage au monde, Antarctique, 1910-1913
Apsley Cherry-Garrard - édition Paulsen

Un livre que je n'ai pas lu mais offert à une grande amatrice de récits de voyages. Elle vient de le finir et il semble que je ne me sois pas trompée dans mon choix.

Citation :

Avec sa vue basse, son inexpérience et son absence de spécialité, Apsley Cherry-Garrard est le candidat le plus improbable pour participer à la dernière expédition de l’Anglais Scott au pôle Sud. Il embarque pourtant en qualité d’assistant biologiste à bord du Terra Nova, grâce à l’insistance du naturaliste et médecin de l’expédition, le docteur Edward Wilson. Wilson souhaite récupérer des oeufs de manchots empereurs, pensant que leurs embryons fourniront des informations sur le chaînon manquant entre reptiles et oiseaux. Les manchots empereurs nichant en hiver, Wilson choisit Cherry-Garrard et le lieutenant Bowers pour l’accompagner à la colonie du Cap Crozier en juillet 1911, par une obscurité totale et des températures avoisinant les - 40°C. C’est cette effarante expédition, et non la future expédition de Scott au pôle Sud, que Cherry- Garrard décrira comme Le pire voyage au Monde. Revenus plus morts que vifs du cap Crozier, les trois héros s’attèlent à la préparation de la longue marche vers le pôle, programmée pour l’été austral 1911-12.

Cherry-Garrard ne participera pas à l’assaut final vers le pôle qui se soldera par la mort de Scott et de ses quatre compagnons. Il aura la douleur de découvrir, l’année suivante, la tente où reposent les corps congelés de Scott, mais aussi de Bowers et Wilson, ses deux équipiers du Pire Voyage.