Stress (nouvelle)

« Qu’est-ce que c’est que cet oreiller ? Il est passé où, le mien ? »
Caroline, indignée, s’est emparée de la « chose » rembourrée, garnie d’une taie volantée. Il est hors de question qu’elle pose sa tête là-dessus ! Comme si sa mère ne le savait pas ! D’accord, elle est gentille : prévoyant son arrivée tardive, après un long voyage en voiture, elle lui a préparé son lit.

Immaculé, sans un pli. Draps, taie, édredon, courtepointe soigneusement repliée, tout est d’un blanc lumineux. La couverture a même été faite pour que le corps se glisse dans la couche sans effort.

Mais cet oreiller, non, intolérable ! « Maman ! Qu’est-ce que tu as fait de MON oreiller ? »
Pas de réponse. La vieille dame est un peu sourde, enfin parfois.

Agacée, pressée de se coucher, Caroline jaillit de sa chambre, dévale l’escalier qui gémit et se retrouve nez à nez avec sa mère.
Laquelle affiche un air angélique.

« Maman, je ne peux pas dormir sans MON oreiller anti-stress, il est où ?
— Aucune idée. Tu as dû le reprendre pour Paris la dernière fois que tu es venue.
— Mais voyons, tu le sais : j’en ai un autre chez moi et j’en laisse un ici, justement pour être sûre de le retrouver ! Alors ? »

La petite tête aux boucles blanches s’agite en signe d'ignorance. Puis la voix maternelle se fait persuasive : « Ce n’est pas grave. Tu vas dormir comme un bébé sur l’oreiller que je t’ai mis. De la plume d’oie, tu te rends compte ? Il n’y a pas plus moelleux ! D’autant que je l’ai décousu, j’ai étalé les plumes, je les ai brassées pour les aérer avant de les remettre dans la housse propre… Pour toi… »

Caroline connaît sa mère, elle est têtue et, manifestement, elle est persuadée d’avoir mis sur le lit de sa fille ce qu’il y a de mieux dans la maison. Inutile de discuter. Mais il ne s’agit pas non plus de céder. D’ailleurs, c’est vital, si elle n’a pas SON oreiller anti-stress, ce sera la nuit blanche assurée. Passant de pièce en pièce, ouvrant placards et armoires, la jeune femme fouille fébrilement. Prudente, sa mère s’est esquivée.

Les minutes passent. Caroline, découragée, continue de chercher.
En vain.

Tout à coup, une intuition : avisant Matou vautré sur une chaise dans la cuisine, elle tire sans ménagement le tissu jacquard sur lequel il dort en boule. L’animal lâche un miaulement de protestation en s’enfuyant lourdement car il n’est plus tout jeune. Caroline s’étrangle d’indignation : SON précieux oreiller est là. Et maintenant, il va sentir le chat !

Au matin, croissants chauds et café embaument. Caroline et sa mère ne parlent de rien. Incident clos.
Le soir venu, Caroline se couche avec délices : IL est toujours là.
Qu’est-ce que c’est ? Quelque chose de dur, là sous sa tête ?

Soulevant l’oreiller, elle découvre un flacon de brume à la lavande et un bracelet d’améthyste avec un petit mot : « Souverain contre le stress. Maman. »

La mère a de l'humour, le chat aussi, la fille devrait en prendre de la graine
c'est court et concis, avec des personnages qu'on "voit" bien.

Un peu speed en effet ta nana! Elle a bien besoin de son oreiller!