journal Le Point
Il n'est jamais trop tard pour être artiste. Gilbert Garcin, 80 ans, a pris son élan à la retraite, il y a 15 ans, après un stage de photomontage à Arles. Depuis, il enchaîne les publications et les expos - il sera l'une des guest stars de Paris Photo - de ses clichés en noir et blanc d'où émane un sentiment trouble et double, d'angoisse et de légèreté. Où surgissent des oiseaux hitchcockiens, un paysage échappé d'un Magritte. L'effet est scotchant et produit avec trois fois rien : de la colle, des bâtons, du sable... disposés dans un coin de sa cuisine. Dans ce décor lilliputien, Garcin met en scène son mini-lui toujours vêtu d'un grand imper à la M. Hulot. Monique, son épouse, le rejoint souvent dans cette cinquième dimension. Chaque photo est le théâtre d'une énigme poétique et philosophique, raconte une vision de l'époque : "Courir après le temps", "Le dessous des choses"... De subtiles retouches à la plume, du beau travail sur les tirages et la lumière (sans Photoshop). Et le tour, de magie, est joué. Garcin offre un tour de son monde enchanteur en 80 images, pour fêter ses 80 ans, dans un livre* et une expo à la galerie Les filles du calvaire d'où les visiteurs ressortent l'oeil gai et pétillant. Joyeux anniversaire, Mister G !