Thomas Mann [Allemagne]

Attention, passion et génie ne sont pas une seule et même chose. L'un n'exclut pas l'autre, mais ne l'implique pas non plus.

Et pour en revenir à Thomas Mann lui-même, écrivain de génie selon un consensus assez général, il tirait peut-être bien sa troublante puissance d'une sorte de déséquilibre interne un peu pervers, mais cela ne se percevait pas à l'extérieur, et il mena une existence fort longue et fort stable, excepté l'exil forcé face au nazisme. Par contre, son fils Golo Mann avait une vie brûlante et passionnée, et se suicida, mais ses tentatives d'écriture n'ont pas fait de lui un génie pour autant.
Ceci dit, je ne suis pas forcément un partisan acharné de la théorie de Moebius (à laquelle je vois quelques exceptions), mais elle m'intéresse, tout comme m'intéresse l'origine du génie...

bonsoir, J'accepte tes critiques, c'est vrai je n'ai pas lu le livre, mais j'ai trouvé le résumé de Harelde si complet, si bien décrite l'histoire que je me suis contenté de cela. D'autre part ce livre qui est une gloire de la littérature, ça je le sais,. j'avoue que le sujet ne m'intéresse pas, j'ai tort peut-être. J'ai beaucoup aimé "Mort à Venise" Je n'ai pas vu le film, dommage!!. J'ai lu un document , une sorte de mémoire qu'on devait dévoiler 20 ans après sa mort, mais que la famille n'a pas respecté , ils l'ont présenté 4 ans après son décès, où Thomas Mann avoue ses tendances homosexuelles . Et dans Mort à venise il ne peut pas cacher son amour.

j'ai lu Felix Krull, 434 pages chez Albin Michel


Un livre tonique et amusant.

Je ne suis pas tenté par la Montagne magique auquel les critiques reprochent des développements "philosophiques" verbeux.
L'opinion générale serait beaucoup plus favorable aux Buddenbrook : Le déclin d'une famille 'livre de poche 850 pages).

je répète, sans doute bêtement, ce que j'ai lu.

rotko a écrit:

(...) auquel les critiques reprochent des développements "philosophiques" verbeux.

Je suis assez d'accord.
C'est un peu le sens de ma critique (paut-être maladroitement exprimée) au sujet des interminables débats opposant Settembrini et Naphta. Je les ai d'abord trouvés pompeux, grandiloquents puis ennuyeux.

Ernst a écrit:

Attention, passion et génie ne sont pas une seule et même chose. L'un n'exclut pas l'autre, mais ne l'implique pas non plus.

Je ne mélange pas les deux.
Ce que je voulais dire, c'est qu'un artiste de génie pouvait être emporté par sa passion et se laisser dévorer jusqu'à mourir prématurément.

De cet auteur je n'ai lu que la mort à Venise, j'ai trouvé ce livre magnifique, je l'ai d'ailleurs lu 2 ou 3 fois tellement je l'avais trouvé bien, c'est poétique, et d'une certaine manière assez malsain.

styx a écrit:

De cet auteur je n'ai lu que la mort à Venise, j'ai trouvé ce livre magnifique, je l'ai d'ailleurs lu 2 ou 3 fois tellement je l'avais trouvé bien, c'est poétique, et d'une certaine manière assez malsain.

Assez malsain.
Mais pas entièrement !
La passion reste contemplative : on n'est pas dans un bouquin de Sade.

Mort à Venise est peut-être plus malsain que Sade parce que justement il ne fait pas état de déviances sexuelles, mais pousse un être jusqu'à la mort, juste pour le plaisir du fantasme, de la rêverie érotique (même si Mann n'ose jamais s'aventurer sur ce terrain-là).
Le film de Visconti n'est vraiment pas à la hauteur... enfin, peu de films le sont si les bouquins sont bons.

Vous me surprenez avec vos qualificatifs : "malsain", "plus malsain". Je le comprendrais pour l'atmosphère de Venise sous l'emprise du choléra, mais pour le désir de Gustav von Aschenbach, vous faîtes intervenir un jugement moral.

Au mieux je trouve que l'oeuvre est un tout, elle montre les coulisses des valeurs établies et des apparences convenables, voire de la création artistique elle-même. Je crois que l'artiste en question jouait une carte morale dans ses écrits précédents, et en montrer l'étroitesse d'esprit et d'inspiration ouvrait une brèche dans cette façade moralisante.

Bref je ne sais pas trop, mais le qualificatif me choque.

Quant film de Visconti, j'y vois un modèle d'adaptation réussie c'est pourquoi il a droit à un fil, à lui tout seul

Le jugement moral est intrinsèque : le vieil homme ne se laisse pas aimer le jeune garçon (qui n'est pas pubère), se refuse même à s'avouer qu'il est attiré par lui sexuellement.
On peut essayer de partir d'un point de vue amoral, mais c'est comme pour Lolita de Nabokov : le livre est superbe, son héros également, mais le désir qu'il éprouve est malsain, parce que destructeur, déjà. C'est la même chose pour Mort à Venise : le héros va jusqu'à se laisser mourir parce qu'il aime un garçon qui a quoi, 40, 50 ans de moins que lui...
Ceci étant dit, malsain n'était pas nécessairement péjoratif, je préfère nettement un roman à l'atmosphère malsaine, parce qu'il remue des choses et provoque les codes de notre société.

Citation :

le désir qu'il éprouve est malsain, parce que destructeur

Il est possible en effet que Thomas Mann ait mal accepté certains désirs, comme il ressortirait de ce récit. Si quelqu'un a des lumières sur le sujet...

Malsain, oui.
Dans le sens destructeur comme le dit Tristana, mais aussi parce que l'attirance de von Aschenbach est tabou et réprouvée dans nos sociétés : le désir sexuel d'un homme âgé pour un garçon tout juste adolescent... Ca fait tout de même froid dans le dos. Chez nous, c'est la prison assurée !

Ne confondons pas malsain et illégal.

Je me range aux côtés de Tristana pour la compréhension de l'oeuvre et son architecture interne, mais l'aspect légal ou illégal n'a pas à intervenir pour juger une oeuvre ou définir son contenu.

Ce serait un vrai sujet à définir à partir de la tragédie grecque chargée, pour certains, de précéder et de définir la loi.

Les amours et desirs d'un adulte pour de jeunes garçons, voire de très jeunes, c'est le sujet des faux-monnayeurs de Gide, dans on intention comme dans la réalisation du livre.

rotko a écrit:

Ne confondons pas malsain et illégal.

Ben...
Non, je ne confonds pas.
Cette attirance est effectivement illégale, mais je la trouve aussi malsaine.
Tout comme elle me choquerait si les moeurs étaient plus souples.

Pour la 2è fois, je suis partie à l'assaut de la montagne magique !

Pour la 2è fois, je me plante !

Rien à faire pour accrocher.

Je m'ennuie et le héros m'agace, il rigole de tout. Se croit plus malin que les autres.

L'écriture me semble plate...

Après un Robert Musil si tonitruant, ça endort...

J'ai lu une centaine de pages, j'abandonne.

J'ajoute que cet auteur n'est vraiment pas pour moi. J'ai lu La mort à Venise il y a quelques années.

Je n'ai aucun souvenir ! Pas l'ombre d'un mot ou d'une idée ou d'un personnage...


C'est assez spectaculaire, comme sensation, de passer complètement à côté d'un type considéré comme un "grand écrivain".

C'est plutôt le contraire pour ma part. J'ai adoré La montagne magique mais Musil ça passe vraiment pas. Pourquoi ? Je bloque tout simplement au niveau du style que je trouve affreusement lourd, ça n'a pas grand chose à voir avec l'histoire qui m'intéresse pourtant.

Alors ça doit être une question de tempérament !

J'aime ce qui est trituré, tourmenté, torturé...
Dense.

Du style Musil, Jelinek... Je veux que l'écrivain me secoue de ma torpeur, de ma passivité quotidienne.

J'ai beaucoup plus de mal avec les styles épurés. Sauf pour quelques génies.