La diversité est une chance pour la France

rotko a écrit:

Ceci dit, le fait d'être noir, est-il une "qualité essentielle"(la formule prend de la vigueur!) ? ou une identité revendiquée ?

Toujours selon Gaston Kelman, être noir, c'est toujours plus compliqué et plus fatigant que d'être blanc, même en Afrique.

Concernant les livres, et mes choix de lecture: je me fiche complètement de la couleur de la main qui tient la plume, ou des doigts qui tapotent le clavier, j'apprécie le livre en tant que livre, le roman en tant que roman. Les écrivains qui ne sortent pas du champ de la plainte et de la dénonciation ou qui axent leur oeuvre là dessus, franchement, non merci pour moi. J'ai une curiosité de voyageur, quand je lis, pas une âme de militant. Si le livre est bon, si le cri de révolte, le témoignage, nourrissent ou sont nourris d'un talent littéraire, alors là oui. Je n'apprécie pas qu'on me force l'opinion, comme on me forcerait la main, et je trouve du paternalisme, du postcolonialisme et du racisme dans l'attitude qui consiste à être d'une extrème bienveillance envers des bouquins nuls au motif que leur auteur est issu d'une communauté opprimée, d'un pays ravagé, etc. Comme si on voulait s'excuser d'une situation ou de misères pour lesquelles on est pour rien. en tout cas, moi je n'y suis pour rien, et j'ai envie de lire des livres bien écrits, que ce soit en français ou traduits du Wolof ou du bambara, ce n'est pas la question. Pas de discrimination positive ni de communautarisme en littérature.

Ousmane Diarra, malien, écrit des romans en français (Vieux lézard, Pagne de femme) édités chez Gallimard. C'est un écrivain avec un univers intérieur d'écrivain, un écrivain, juste un écrivain. Les personnages de ses romans sont des hommes et des femmes qui aiment, qui haïssent, qui se déchirent... chez lui, au Mali. Un monde différent du nôtre, une écriture, un style particuliers, mais un écrivain, comme André Brink le sud africain blanc, comme Chester Himes le polardeux Noir, comme Bashevis Singer le Juif polonais, comme Zadie Smith la noire anglaise, comme Noteboom le catholique hollandais.

Et je veux bien faire un fil sur Gaston Kellman, mais je le mets où ?
Ecrivains noirs d'origine africaine vivant en France mais se souvenant de leurs racines ?

S'il se revendique comme bourguignon, écrit en français et déclare

Citation :

«"Je ne me réveille pas tous les matins au son du djembé. Je ne me réveille pas avec sur le visage le crachat qu'a pris mon père colonisé. Je ne me réveille pas le corps meurtri par les coups qu'ont reçus les ancêtres des Noirs américains ou des Noirs antillais. Je voudrais cesser d'être un Noir. Je voudrais être tout simplement un homme"

il figurera dans les écrivains français/francophones, à mon avis.

Après tout, Troyat n'est pas considéré comme un écrivain russe. On pourra mettre un lien avec l'Afrique si nécessaire.

effectivement la classification est parfois un peu rigide... sur le site Nancy Huston est dans le domaine francophone,
tandis que Fatou Diome est en Afrique.... J'ai du mal à comprendre la distinction !

Mais ça n'a pas grande importance, la classification. Un auteur peut être dans plusieurs index .genre polar/juif/francophone/canadien/homosexuel/engagé/

La france noire expression de leonora Miano, entre autres, n'est pas heureuse. Car les problème d'identité des noirs françàis est aussi celui des Français.

On oublie trop souvent qu'actuellement un Français sur 4 a un père ou un grand père d'origine étrangère. Si la couleur de la peau n'est pas blanc rose, ca se remarque plus facilement, surtout dans les petites bourgades.

Dans la lettre à Jimmy, Mabanckou raconte son enfance et prend position contre le communautarisme : le père de James Baldwyn refusait toute collaboration avec les blancs et l'institutrice blanche de james Baldwyn avait dû s emontrer très diplomate pour s'occuper de james, en raison des réticences paternelles.

Dans Racines de alex Haley dont il semblerait que j'aie été le seul à voir le feuilleton, on voit se poser le probleme de l'identité et d'une idée chère à Cesaire mais qui est passée de mode : le retour en Afrique.

Mais quelle Afrique ? pourtant certains musiciens y pensent encore : c'était le thème de retour à Gorée.

On peut se demander si cette revendication africaine ou americaine noire induit une autre façon d'ecrire, "jazzy". Mais jack kerouac écrit "jazzy", et francois Bon, qui prend tous les trains en marche, aussi o))

"Car les problèmes d'identité des noirs français sont aussi ceux des Français."

J'enlèverais le "aussi", Rotko (et je parie que tu l'enlèverais aussi:)

***

J'ai regardé Racines aussi. J'ai lu le livre il y a longtemps.

Cette série est un curieux mélange de Petite maison dans la prairie, de larmoiements et de moments dramatiques forts, rapides, bien vus.

Sur l'expérience du Liberia (mythe du retour en Afrique dans un pays "à eux"), il y a le magnifique roman de Russel Banks, American Darling.
C'est triste et terrifiant.

Citation :

"Car les problèmes d'identité des noirs français sont aussi ceux des Français."

je veux dire en même temps.

C'est vrai que le feuilleton Racines connaît des chutes, mais des remarques touchent juste :

Citation :

Ils (les Blancs) nous ont pris notre culture, nos dieux et jusqu'à nos noms.

C'est un des chefs d'accusation contre la colonisation et l'action des pouvoirs centralisateurs à outrance.

Nadine M_ra_o a écrit:

----------------------------------------

Matthieu Grimpret, jeune catho de droite, science potard et prof d'histoire, est tombé un jour en pâmoison devant la "France black-beur", en prenant pour la première fois la ligne de bus 351 (Nation-Roissy). Dans cet essai - au titre racoleur et pas très sérieux "Traîté à l'usage de mes potes de droite qui ont du mal à kiffer la France de Diam's" - , l'auteur nous parle de cette "nouvelle France" qui l'a séduit, en prenant comme fil conducteur les paroles de la chanson de la rappeuse Diam's : "Ma France à moi". D'ailleurs en analysant l'ensemble des chansons de la boulette, Grimpret va découvrir une Diam's religieuse et conservatrice - comme lui. Ce petit essai, bourré de références (de penseurs de droite comme de gauche), de réalisme et riche en analyse, donne un regard jeune et nouveau d'une droite - qui n'est ni bornée, ni raciste, ni aveugle, ni intolérante - sur la France multiculturelle d'aujourd'hui. Je suis laïque et attachée aux valeurs de la République, je n'ai pas la même opinion que l'auteur concernant le rôle et la place de la religion dans la société française, je suis loin de partager toutes les positions de Grimpret mais j'ai trouvé cet essai très intéressant et pertinent sur plusieurs points. Une chose est sûre, c'est que je suis d'accord avec la conclusion de Grimpret: "La diversité est une chance pour la France. La France est une chance pour la diversité."
Je le recommande.

Le titre fait franchement clicheton.

Vraiment pas envie de le lire. Son titre effectivement ne m'accroche pas du tout, il est même limite: "je me fous de votre g.."