Eduardo Galeano - [Uruguay]

Citation :

"Ne t'attache pas trop à ceux que tu fréquentes, tu risques d'attraper leurs rêves!"
Proverbe chinois

J'emprunte ce joli proverbe à Aristarque pour illustrer un livre magnifique.

Le livre des étreintes.

Fait de petits textes, de chroniques, de contes, de presque poèmes, ce livre n'est pas un livre, c'est un coffret à bijou.

Eduardo Galeano a fui la dictature de l'Uruguay, puis celle de l'Argentine, s'est réfugié un temps en Espagne avant de retourner dans son pays.

Au gré de ses errances il raconte chacune de ses rencontres, tendres et gaies, sombres et absurdes dans un style incisif et évocateur.

Chroniques de l'amérique latine, chroniques de l'exil, son livre est habité de gens attachants et de rêves.

J'aurais aimé en faire le livre du mois, mais il est épuisé....je vais donc vous le faire partager.

Un grain.

Citation :

La fonction de l'art (2).

Le pasteur Miguel Brun m'a raconté qu'il avait rendu visite aux indiens du Chaco, il y a quelques années. Les missionnaires rencontrèrent un cacique qui avait une grande réputation de sagesse. Le cacique, gros et silencieux, écouta sans sourciller la propagande religieuse qu'ils lui lurent dans la langue des indiens. A la fin de la lecture, les missionnaires attendirent en silence.
Le cacique prit son temps puis donna son opinion :
-Ca gratte. Et ça gratte beaucoup et très bien.
Et il émit ce jugement :
-Mais ça gratte où ça ne démange pas.

Ah j'avais oublié de préciser que c'est plein d'humour.

Citation :

Les rêves d'Helena.

Cette nuit là les rêves faisaient la queue, souhaitant être rêvés, mais Helena ne pouvait pas tous les rêver, c'était impossible. Un des rêves, inconnu se recommandait :
-Rêve-moi, tu m'attends. Rêve-moi, ça va te plaire.
Un grand nombre de nouveaux rêves, jamais rêvés, attendaient leur tour, mais Helena reconnaissait le rêve casse-pied qui revenait toujours, lourdement, et les autres rêves, comiques ou tristes, vieux habitués de ses nuits de grand envol.

Les textes que je viens de citer sont complets.

Et parfois plein d'émotion...

Citation :

Nuit de Noël

Fernando Silva dirige l'hôpital des enfants de Managua. Une veille de Noël il resta tard à son travail. On entendait déjà les fusées, et les feux de Bengale commencaient d'illuminer le ciel, lorsque Fernando décida de partir. On l'attendait chez lui pour faire la fête.

Il parcourut les salles une dernière fois, pour voir si tout était en ordre ; c'était le cas. Il eut alors l'impression d'entendre des pas derrière lui, des pas légers : il se retourna et vit un de ses petits malades qui le suivait. Il le reconnut dans la pénombre. C'était un de ces enfants qu'on laisse tout seuls. Fernando reconnut son visage, déjà marqué par la mort, et ses yeux qui demandaient pardon ou demandaient peut-être la permission :
Fernando s'approcha et l'enfant l'effleura de sa main :
-Dis à...- murmura-t-il -dis à quelqu'un que je suis ici, moi.

Chère amie: je viens de t'envoyer une ´reponse pleine de compliments,sur tout ce que tu connais sur les auteurs latino ,je l'avais fait long et au moment de l'envoyer il est diparu, alors à la hate je voudrais que tu me donnes le titre du roman de Galeano où il parle du petit, seul le soir de NoËl, je veux s'il se peut l'acheter aujourd'hui puisque demain c'est jour ferié Swallow avait raison:les latino, c'est le bouquet

si tu peux m'envoyer le titre je te serai très reconnaissante
Amadak

Sens dessus dessous

Clairvoyant et malicieux, voici le discours de l’écrivain uruguayen lors du 50e anniversaire du Monde diplomatique, le 8 mai 2004, Paris.
Le texte, publié en septembre 2004 chez Homnisphères, peut aussi être lu sur le site du Monde diplomatique : ici.

Avez-vous lu l'essai "les Veines ouvertes de l'Amérique latine, une contre-histoire"? C'est un essai qui revisite l'Histoire de la colonisation et ses conséquences.

Je présente et j'analyse cet essai sur mon site.

pour Akitukritik

Excellent article, merci