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 Tahar Ben Jelloun [Maroc]

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MessageSujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc]   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptyLun 02 Jan 2012, 15:59




Par le feu (Gallimard) m’a fait penser à la petite marchande d’allumettes d’Andersen, et pas seulement pour le point commun des titres.

D’échec en échec, de déception en humiliation, Mohammed Bouazizi, car c’est de lui qu’il s’agit, brûle d’abord son diplôme de licence d’histoire, puis cessant d’être un « diplômé chômeur », reprend la charrette de son père pour vendre des légumes et fruits.

C’est un conte sinistre, sans fioritures, qui ajoute les malheurs les uns aux autres, jusqu’à cet incendie volontaire du 17 décembre 2010 qui entraîne son décès le 4 janvier 2011;

Citation :
« On aurait dit un mouton grillé, tout noir ».

50 pages sombres, et sans emphase, pour une tragédie ordinaire que les flammes ont révélée, avec les conséquences que l’on sait.
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MessageSujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc]   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptyLun 02 Jan 2012, 21:43

Rotko, comment expliques-tu qu'on parle aussi peu de ce texte, certes bref, mais saisissant de vérité ?
Je l'ai relu et il m'a fait la même impression forte qu'à la première lecture.
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MessageSujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc]   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptyMar 03 Jan 2012, 05:49

je ne me l'explique pas, sauf que j'avais entendu dans une rencontre d'écrivains du Maghreb des allusions peu flatteuses à son regard sur les révolutions arabes. Je n'en sais pas plus, mais ce serait bien de tirer l'affaire au clair.
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MessageSujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc]   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptyLun 13 Aoû 2012, 17:50

Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 Ben10

Dans la première partie du livre, c'est le mari qui prend la parole. Il raconte la rencontre, les aigreurs de la belle-famille, l'amour fou, puis la lassitude, la haine qui s'installe, et la séparation devenue inévitable. Dans la seconde moitié de l'ouvrage, changement de narrateur !

C'est au tour de la femme de donner sa version des faits, de convoquer ses souvenirs et de faire venir à la barre ses témoins. Bien entendu, les versions divergent. Au point que l'on se demande si mari et femme évoquent le même couple et les mêmes turpitudes. Le héros est un peintre que la maladie a rendu impotent.

Pour ne pas sombrer dans la dépression, il se décide à raconter son enfer conjugal. Son ex découvre le manuscrit et tente donc de rétablir sa vérité. Les deux voix discordantes posent des questions modernes sur le mariage, l'engagement, la fidélité, l'influence des belles-familles et du milieu social dans lequel elles évoluent.

Derrière la fiction, on devine un récit partiellement autobiographique. Qui donne à ce livre les accents d'une confession parfois douloureuse pour son auteur
.

source : le Point.

une lecture qui se rattacherait à la vie en couple.
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MessageSujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc]   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptyLun 13 Aoû 2012, 17:56

Le lecteur se transformerait-il en avocat Razz !

En tout cas, très bonne piste, merci. Personnellement, j'adore la polyphonie en littérature.
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MessageSujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc]   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptyLun 13 Aoû 2012, 18:12

Intéressant en effet, merci rotko merci
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MessageSujet: Tahar Ben Jelloun   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptyLun 13 Aoû 2012, 22:51

Un livre tout à fait différent de ses autres oeuvres; Celui-ci me semble bien contemporain, deux narrateurs qui font une chronique, chacun de son côté d'un problème conjugal.
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MessageSujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc]   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptyMer 22 Aoû 2012, 12:23

La nuit sacrée.

Parce que son père n’a pas eu de fils, une jeune Marocaine reçoit un prénom masculin : Ahmed. Récit d’une quête d’identité sexuelle et sociale, ce roman a été couronné en 1987 par le prix Goncourt.


Un livre , un écrin.

Un bijou enfermant la souffrance , le joyau d'une âme meurtrie et sans identité , la beauté des lignes pures et oniriques , des chapitres oppressants et délicats , une écriture à couper le souffle de peur de perdre le conteur.

Une histoire qui nous montre l'hypocrisie d'une societé abritant des âmes barbares et ignorantes , des esprits qui ne sont pas des hommes.
Puis vient cette voix , celle d'une identité perdue ,d' une grandeur d'âme , celle qui ne rêve que de liberté du corps et de l'esprit , celle qui tente d'oublier un passé , qui découvre la vie dans un nouveau corps qui lui a si longtemps été interdit , l'oxygène suffisant pour lui permettre de se sentir vivante.
Une rencontre humaine , philosophique , éloge de la solitude.
Mais oublie-t-on jamais..

Extraits :


"Rappelez-vous ! J'ai été une enfant à l'identité trouble et vacillante. J'ai été une fille masquée par la volonté d'un père qui se sentait diminué, humilié parce qu'il n'avait pas eu de fils. Comme vous le savez, j'ai été ce fils dont il rêvait. Le reste, certains d'entre vous le connaissent ; les autres en ont entendu des bribes ici i ou là. C eux qui se sont risqués à raconter la vie de cet enfant de sable et de vent ont eu quelques ennuis : certains ont été frappés d'amnésie ; d'autres ont failli perdre leur âme. Mais comme ma vie n'est pas un conte, j'ai tenu à rétablir les faits et v vous livrer le secret gardé sous une pierre noire dans une maison aux murs hauts au fond d'une ruelle fermée par sept portes"



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MessageSujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc]   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptyMer 22 Aoû 2012, 12:36

Je viens de retrouver ma note de lecture sur la nuit sacrée

La nuit sacrée est la suite de " l'enfant des sables ". L'enfant des sables était une enfant masquée par la volonté d'un père qui n'avait pas eu de fils.

La nuit sacrée est un livre sur l'identité. Le problème d'identité est bien abordé par l'auteur qui nous laisse réfléchir sur notre vérité, un je sans cesse renouvelé. On se perd dans le personnage puis on se retrouve puis une fois la vérité établie, on prend le gout du jeu, on frôle même la limite de la folie, du rêve, de l'impossible.

Une phrase, parmi d'autres reste à souligner dans le roman: "Celui qui possède n'a rien"
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MessageSujet: Tahar Ben Jelloun   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptyMer 22 Aoû 2012, 13:18

la nuit sacrée! quel bon souvenir de lecture, j'ai bien aimé cette histoire de recherche d'identité. Pour moi aussi c'est un bijou, son exotisme, l'gnorance de ce père et enfin la liberation de la fille, à n'importe quel prix.
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MessageSujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc]   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptyLun 10 Sep 2012, 09:12

Astazie a écrit:


La nuit sacrée est la suite de " l'enfant des sables ".

Maya a écrit:
Je vais me mettre à Ben Jelloun.

je confirme que la nuit sacrée peut se lire sans qu'on ait lu l'enfant des sables. Le debut du livre rappelle brièvement "l'identité masquée" de la narratrice.

Tout cet incipit est sous le signe des conteurs :

une vieille femme fait le point sur sa vie, avant de se rendre sur la place des conteurs où chacun entame une histoire et perçoit le secret de la femme. Puis celle-ci se rappelle les derniers mots de son père, sa confession explicite en quelque sorte.

On voit qu'on passe d'un conteur à un raconteur et que tout s'emboîte avec soin.
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MessageSujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc]   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptyMar 18 Sep 2012, 05:09


Le Bonheur conjugal, par Tahar Ben Jelloun (Gallimard)

Bibliobs relève des clichés...

. Saviez-vous qu'«un artiste ne peut avoir de certitudes»? Que «tout son être, tout son travail sont habités par le doute»? Que «lorsque par malheur un accident vous frappe, votre entourage change brusquement de visage»? Qu'un AVC donne «l'occasion de tout reconsidérer»? Que «quand un malade a le sentiment d'être abandonné, la souffrance se fait plus insidieuse, plus cruelle»? Que «tant qu'on se souvient d'un être, il n'est pas mort»? (liste non exhaustive).
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MessageSujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc]   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptyJeu 20 Sep 2012, 11:17

La nuit sacrée Points seuil

Citation :
Tu lances les hostilités quand tu veux, je suis prête !

Commençons en douceur Smile

La nuit sacrée s’inscrit dans le contexte et la lignée des contes et conteurs :

D’abord parce que c’est la suite de l’enfant de sable, auquel il est fait maintes fois allusion, parce qu’il y a une narratrice/narrateur, l’intervention de récits par d’autres protagonistes du récit, mention de la place des conteurs, de leurs dons de voyance ou de mediums etc.

Dans le récit on trouve aussi beaucoup de rêves, voire de cauchemars, des visions dont on ne sait plus si elles sont réelles ou fantasmées, des utopies, des secrets, des créatures maléfiques, des revenants, une suite de situations qui capte l’attention du lecteur (ou du public si on lit le texte).

Quant aux lieux et aux personnages : l’aveugle, le bordel et le hammam appartiennent à cet univers, ainsi que la consultation des marabouts dans leurs édifices. L’avenir est prévu sinon prévisible, le récit se referme sur une boucle, résolvant une histoire d’amour et de sexualité tout en intégrant le personnage principal dans la société.

Le désordre initial trouve enfin une situation d’équilibre.

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MessageSujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc]   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptyJeu 20 Sep 2012, 17:07

rotko a écrit:


Dans le récit on trouve aussi beaucoup de rêves, voire de cauchemars, des visions dont on ne sait plus si elles sont réelles ou fantasmées, des utopies, des secrets, des créatures maléfiques, des revenants, une suite de situations qui capte l’attention du lecteur (ou du public si on lit le texte).

Quant aux lieux et aux personnages : l’aveugle, le bordel et le hammam appartiennent à cet univers, ainsi que la consultation des marabouts dans leurs édifices. L’avenir est prévu sinon prévisible, le récit se referme sur une boucle, résolvant une histoire d’amour et de sexualité tout en intégrant le personnage principal dans la société.

Le désordre initial trouve enfin une situation d’équilibre.


La question est de savoir: peut-on planter un décor marocain sans avoir recours à certains clichés. Les motifs du hammam, des sorcières, et des saints sont-ils inévitables?

Avec l'incipit, nous semblons directement projetés sur le place Jemaa el fna, avec tout ce que cela comporte de folklore, folklore qui est prolongé à certains instants dans le style et à travers l'introduction de chapitres se lisant à la manière d'un conte oriental.

Heureusement que le merveilleux onirique ne prend pas le pas sur les épreuves initiatiques qui apportent une certaine universalité à cette histoire qui gravite autour d'une problématique identitaire s'exprimant avec force et violence tout au long du texte.

Nous retrouvons bien au coeur du propos, des différentes représentations du concept de genre, Ben Jelloun mettant en scène à la fois une construction et une déconstruction de la féminité aussi bien que de la masculinité.

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MessageSujet: Tahar Ben Jelloun   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptyVen 21 Sep 2012, 00:53

la nuit sacrçee: je me souviens que c-etait la premi÷ere.
excuse l-ordi va mal, je continue demain. quelqu-un m-a envoyçe un virus.
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MessageSujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc]   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptyVen 21 Sep 2012, 11:06

Coucou Amadak, reviens-nous vite, sans virus ! kado

Rotko, Aglaé, j’ai lu avec beaucoup d’intérêt ce que vous avez écrit sur La nuit sacrée et je partage entièrement vos points de vue.
Ma lecture remonte à plusieurs années, aussi ai-je éprouvé le besoin de parcourir à nouveau ce roman et j’ai retrouvé ma fascination pour une écriture unique, poétique et imagée. J’ai l’impression que c’est peut-être une lecture moins accessible que L’enfant de sable, même si c’en est le second volet.

Pour ma part, j’ai clairement senti, dès ma première lecture et encore cette fois-ci, que ce roman est chargé de significations et de symboles. Ce serait une erreur de n’y voir qu’un conte oriental parmi d’autres, magnifique certes mais un conte ; d’ailleurs dit l’héroïne, « ma vie n’est pas un conte. » Les origines de l’auteur, sa culture et aussi sa formation de philosophe sont d’une égale importance à prendre en compte, c'est le cas de le dire !
Outre les qualités d’écriture, un jeu subtil entre le réel et l’imaginaire, ce roman m’a impressionnée par la diversité et la richesse de ses thèmes : la recherche d’identité, la difficulté à être femme dans un monde d’hommes à la fois d’une manière générale et dans un pays musulman, la difficulté aussi à mettre à jour une précieuse vérité à travers les « mensonges » des conteurs, voire les rumeurs qui courent dans un village, la difficulté encore à comprendre l’orient quand on est occidental et inversement.
Les difficultés d’ordre divers que j’évoquais à l’instant me paraissent admirablement traduites par le mélange du « je » et de la 3e personne, en particulier au début du livre : c’est Zahra (« fleur des fleurs, grâce, enfant de l’éternité ») qui parle dans le préambule à la 1ère personne mais le second chapitre commence de façon déroutante pour le lecteur : « Après sa confession, le conteur avait de nouveau disparu. […] Il s’était levé, ramassant son manuscrit jauni, lavé par la lune, et sans se retourner, il s’était fondu dans la foule. ». Deux pages plus loin, le « je » de Zahra resurgit. Par la suite, la rarratrice est bien à l’évidence Zahra mais parfois, de nouveau, on a vaguement la sensation qu’elle s’efface, en tant que telle au profit d’un conteur, voire peut-être de l’auteur en personne !
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MessageSujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc]   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptyVen 21 Sep 2012, 15:59

Peut-être y a-t-il comme le dit Aglaé trop de couleur locale, avec en particulier la maison du saint homme qui finit le conte, et ouvre une voie pour une fin heureuse, au gré du lecteur...

Le hasard veut que je parcoure en même temps Isabelle l'Algérien de Leila Sebbar, avec ces mêmes lieux, mais à une autre époque.

Oui, la question de l'identité est, comme pour Isabelle, au coeur du récit, comme la thématique du mensonge, à la source de l'écriture : "écrire contre le mensonge" dit Tahar Ben Jelloun.

Dénoncer n'est pas réservé aux pamphlets, et le conte dit la corruption ambiante, l'hypocrisie d'une société qui éloigne les pauvres des sites de touristes, les manèges amoureux à camoufler, y compris aux intéressés eux-mêmes, dans les relations de la narratrice avec le Consul : elle croit l' abuser, et il se prête au jeu.

En même temps, déjouer la surveillance de la "soeur", si tant est que ce rapport de parenté existe entre le Consul et la gardienne du hammam.

La violence est patente dans l'agression des soeurs contre la narratrice ( une excision, bien inattendue au Maroc..), et aussi insidieuse, avec "ces abuseurs du Coran" qui remercient Dieu de leur procurer une femme !

De cette dissimulation constante, naissent les cauchemars nocturnes, les actes incontrôlés, les solitudes personnelles, et les fragilités face aux rumeurs et à une attention publique toujours à l'affût.

Le récit erre entre diverses portes, il se fait ruse et détour

« Votre histoire est une suite de portes qui s’ouvrent sur des territoires blancs et des labyrinthes qui tournent ; parfois on débouche sur une prairie et parfois sur une vieille maison en ruine, une maison fermée sur ses occupants tous morts longtemps »

Car la sensualité est finalement jugulée, contrainte. Quelle libération quand elle s’épanouit librement !

Arrivée à une clairière, je m’assis sur une motte de terre humide. Une fraîcheur montait en moi comme un plaisir. Je me roulai dans les feuillages [j’étais vivante. Je criai de toutes mes forces et sans m’en rendre compte, je hurlai « je suis vivante… vivante ! Mon âme est revenue »
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MessageSujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc]   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptyVen 21 Sep 2012, 16:08

J'ai lu étant jeune il y a 20 ans, l'enfant des sables. Je sais qu'à l'époque, il m'avait beaucoup choqué, et que je n'avais pas du tout aimé. J'ai encore une scène horrible dans ma mémoire de poison rouge, c'est pour dire. Surprised
Je ne sais pas si maintenant, j'aurais le même avis. Mais j'essayerais peut être un jour, de lire un autre de ses livres pour voir si j'ai la même sensation ou pas.
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MessageSujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc]   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptyVen 21 Sep 2012, 16:30

Plusieurs scènes clés de La nuit sacrée me reviennent en mémoire, en particulier celle dans laquelle Zahra retourne au cimetière et enterre avec son père son passé en enfouissant dans la terre ses vêtements d’homme, son acte de naissance, etc… pour finir par les bandelettes qui enserraient sa poitrine ; elle les noue fortement autour du cou du mort comme pour le tuer et tuer en même temps Ahmed, le garçon qu’elle fut malgré elle.
Le souvenir de cette scène devient poignant au fil du roman quand on comprend que cette libération de son passé est impossible : Zahra va se retrouver en prison (enfermement réel et symbolique), ses sœurs vont se venger. Elle-même dit au chapitre 20 : « mon hisoire, celle qui fit de moi un enfant de sable et de vent, me poursuivrait toute ma vie. » et plus loin : « Mon histoire était ma prison. »
Il y aurait beaucoup à dire sur la fin du livre mais je préfère laisser le temps aux Grains qui le découvrent d’aller au bout sans déflorer ou perturber leur lecture !
D’ailleurs, « Vous n’êtes pas de celles qui ferment une histoire, dit le Consul à la narratrice. Vous seriez plutôt de celles qui la laissent ouverte en vue d’en écrire un conte infini. »

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MessageSujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc]   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptyVen 21 Sep 2012, 16:39

Tu as des références précises, Nicyrle, c'est bien pratique.

La narratrice dit aussi vouloir

Citation :
faire le propre à l'intérieur de [sa] tête.
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MessageSujet: Tahar Ben Jelloun-page5   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptyVen 21 Sep 2012, 23:54

la nuit sacrée
ce livre est pour moi particulièrement cher; c'était la première demande que j'avais osé faire à GDS* j'avais lu "l'enfant de sable" et la "nuit sacrée" je l'avais prêté et j'avais oublié le nom de l'auteur et Rotko que je ne connaissais pas, me dit "ta réponse est là" le fil de Ben Jelloun, je suis sûre que lui ne s'en souvient pas.
C'etait un livre ,le premier à me mettre en contact avec le monde Musulman, ses histoires, ses superstitions , la littérature orale qui vit toujours à travers le talent des conteurs.Ben Jelloun une grande figure du Maghreb,on peut se passionner pour d'autres
de ses livres, aussi.
Que puis-je ajouter à vos commentaires, Aglaée, NicYrle,Rotko?
Ce livre a reçu le prix Goncourt et j'ai lu il y a longtemps,
jai beaucoup aimé le mélange du réel, des rêves, d'imagination, qui renforcent la vie masquée, réprimée, de cette fille qui réussit à vaincre cette frustration à la mort du père. Une fois libérée elle ne s'oppose au viol d'un inconnu, ce qui la fait sentir femme.Les personnages sont complexes pour notre mentalité occidentale, mais tous donnent de l'intérêt au livre. Une étrange histoire d'amour achève le livre sans décevoir la confiance du lecteur.
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MessageSujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc]   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptySam 22 Sep 2012, 09:42

rotko a écrit:

Car la sensualité est finalement jugulée, contrainte. Quelle libération quand elle s’épanouit librement !

Au départ, l'enjeu est bien de retrouver une féminité refoulée par tous. La mort du père fonctionne comme un acte libérateur. Dès lors, la narratrice peut assumer son sexe et quitter la famille, ces deux faits étant dépendants l'un de l'autre.

Cette découverte de la féminité constitue pour elle un retour à la vie. Dans le chapitre 4, ''le jardin parfumé'', elle plonge nue dans un lac. J'y verrais pour ma part presque une sorte de baptême, mais je doute que cette pratique existe dans la culture maghrébine.

Le motif du lac est récurrent. Ici, l'héroïne nage dans des eaux matricielles. Elle dit : « j'étais toute neuve, disponible, j'étais la vie […] Mon corps rejoignait la vie » et arrive finalement à la conclusion : « je suis vivante ».

Nous retrouverons plus loin le lac mais il transporte désormais des eaux épaisses et gluantes, symboles de semence. Il apparaît en rêve et dit la manière dont la fille est noyée dans une société phallocratique.

La découverte de sa féminité se fait souvent au contact des hommes et la plupart du temps non sans violence, comme le montre la scène de viol qu'elle vit avec indifférence :

« je ne fus ni mécontente ni déçue ». Réaction à première vue surprenante mais finalement pas tant que ça, son corps ne lui appartient pas encore, elle n'en est pas encore la maîtresse, le sera-t-elle d'ailleurs à un moment du roman ? Ou peut-être que ce viol constitue pour elle une première étape vers la libération de son corps - et ce serait quand même très paradoxal !

Elle rejoint alors le hammam pour se laver – la question de la purification revenant à plusieurs reprises, mais le hammam est à la fois lieu de purification et lieu par excellence de la fantasmagorie du désir. Elle fait alors la connaissance du couple étrange constitué de l'aveugle et de l'Assise. Celle-ci incarne à priori la femme- mère, alors que la narratrice devient progressivement femme-maîtresse, statut honni dans une société traditionaliste et conservatrice et peut-être mal admis de manière générale.

La cécité de l'homme lui permet d'accéder à l'univers des sentiments. Le regard est menaçant dans la société dépeinte par Ben Jelloun, où l'on doit vivre en respectant certaines traditions et conventions, épié par tous en permanence. Il faut noter qu'en prison la narratrice simule volontairement la cécité en se bandant les yeux. Elle affirme d'ailleurs :

« la cécité quand elle est acceptée, donne une clairvoyance remarquable sur soi et sur les rapports avec les autres. »

Les identités se dévoilent dans le secret ; le langage des corps est sûrement plus favorable à une sorte de compréhension mutuelle. Les scènes de massage notamment sont importantes.

Un problème demeure : le corps de la narratrice est tantôt masculin, tantôt féminin sans être jamais complètement l'un ou l'autre. L'aveugle lui dit lors d'une visite en prison :

« je vous vois tantôt homme, tantôt femme, superbe créature de l'enfance, échappant à l'amitié, à l'amour. »

L'heroïne oscille en permanence entre féminin et masculin, comme entre la réalité et l'imaginaire. Ce jeu de balancier entre le réel et le rêve est peut-être pour l'auteur le meilleur moyen de mettre en scène une confession identitaire. Des épisodes cohérents sont succédés par des épisodes relevant de l'étrange. Ben Jelloun écrit ce roman dans la tradition du conte oriental où nous le savons le merveilleux a une fonction de parabole.
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MessageSujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc]   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptySam 22 Sep 2012, 10:30

Amadak, tu as conservé de ce livre des souvenirs marquants et précis et ton commentaire est plein de finesse cheers . Tu qualifies d’"étrange" ce qui achève le roman et cela me permet de rejoindre l'analyse, ô combien intéressante, d'Aglaé.
Le motif de l’eau est récurrent et il est clair que sa valeur purificatrice est omniprésente dans plusieurs passages, comme tu le soulignes, Aglaé.
Ru écris aussi :
Citation :
Un problème demeure : le corps de la narratrice est tantôt masculin, tantôt féminin sans être jamais complètement l'un ou l'autre. L'aveugle lui dit lors d'une visite en prison :
« je vous vois tantôt homme, tantôt femme, superbe créature de l'enfance, échappant à l'amitié, à l'amour. »


L'heroïne oscille en permanence entre féminin et masculin, comme entre la réalité et l'imaginaire. Ce jeu de balancier entre le réel et le rêve est peut-être pour l'auteur le meilleur moyen de mettre en scène une confession identitaire. Des épisodes cohérents sont succédés par des épisodes relevant de l'étrange. Ben Jelloun écrit ce roman dans la tradition du conte oriental où nous le savons le merveilleux a une fonction de parabole.
Je note que jusqu’au bout cette double part du masculin et du féminin est maintenue pour la narratrice. Au dernier chapitre, elle porte une "djellaba d’homme" mais aussi « un joli foulard de couleurs vives » et elle met du rouge à lèvres et du khôl. Son apparence inquiète les voyageurs de l’autocar. Mais dans les dernières lignes, elle lui permet de passer sans problème de la file des femmes à celle des hommes. Et surtout, face au Saint, qu’elle a approché en homme, elle se comporte en femme.
Cette fin est certainement à lire comme une parabole ; elle mérite qu’on s’y attarde car elle prête à interprétation en fonction du lecteur et je croirais volontiers que l’auteur a joué de l’ambiguïté de cette fin ouverte, comme Zahra-Ahmed qui « eu[t] envie de jouer » en rejoignant la file des hommes.
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MessageSujet: Tahar Ben Jelloun-page5   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptySam 22 Sep 2012, 22:06

Chère Nicyrle, je j'avais pas le livre sous la main, j'ai seulement parlé de mes souvenirs mitigés, mais même si je l'avais eu, mon commentaire ne serait arrivé à vos chevilles. Aglaée , ce que tu as écrit est une analyse lucide du roman, dans ses moindres détails
ton rapport m'a emerveillée, ce n'est pas la première fois que ta capacité saute aux yeux,c'est le cas de le dire, quand â Nic yrle, chère amie, écrivain toi même, tu as recontruit le livre, en lisant ton commentaire, je vois la distance qui me sépare de vous, je ne suis pas jalouse, au contraire je me félicite que GDS*ait de tels participants qui rehaussent le prestige du forum. chapeau
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MessageSujet: Re: Tahar Ben Jelloun [Maroc]   Tahar Ben Jelloun [Maroc] - Page 3 EmptyDim 23 Sep 2012, 17:03

nicyrle a écrit:
Je note que jusqu’au bout cette double part du masculin et du féminin est maintenue pour la narratrice. Au dernier chapitre, elle porte une "djellaba d’homme" mais aussi « un joli foulard de couleurs vives » et elle met du rouge à lèvres et du khôl. Son apparence inquiète les voyageurs de l’autocar. Mais dans les dernières lignes, elle lui permet de passer sans problème de la file des femmes à celle des hommes. Et surtout, face au Saint, qu’elle a approché en homme, elle se comporte en femme.
Cette fin est certainement à lire comme une parabole ; elle mérite qu’on s’y attarde car elle prête à interprétation en fonction du lecteur et je croirais volontiers que l’auteur a joué de l’ambiguïté de cette fin ouverte, comme Zahra-Ahmed qui « eu[t] envie de jouer » en rejoignant la file des hommes.

Tu vois très juste en soulignant cela nicyrle car c'est peut être là que réside la ''victoire'' de l'héroïne. Au départ, elle disait :

« mon corps s'était arrêté dans son évolution; il ne muait plus ; il s'éteignait pour ne plus bouger et ne plus rien ressentir, ni un corps de femme plein et avide ; ni un corps d'homme serein et fort ; j'étais entre les deux, c'est-à-dire en enfer »

A la fin, elle ne semble plus dans cet entre-deux infernal. Elle est parvenue à être homme et femme à la fois, elle peut endosser les deux rôles. La confusion identitaire a été surmontée mais elle a dû payer le prix fort, et passer par plusieurs étapes :

- La fausse circoncision du début se transforme à la fin en une vraie excision.

- son initiation à la sexualité est brutale : viol dans un premier temps, fréquentation d'un couple frère-soeur incestueux. Si elle vit son agression avec indifférence, la relation entre l'aveugle et l'Assise la trouble. Dans le hammam, où une scène des plus perturbantes se met en place, elle a la nausée et part vomir dans un coin. Elle dit :

« j'eus un début de nausée. Je sentis un moment que j'étais devenue un jouet entre les mains d'un couple infernal ».

Ce n'est qu'à partir du moment où l'aveugle commence à se libérer de l'emprise de la sœur que Zahra accepte la relation amoureuse avec le frère . Mais là encore, cette intimité s'établit sous de particuliers auspices : dans un bordel. L'idée de regard insupportable se pose à nouveau. On observe, de la part de l'héroïne, une quête de l'anonymat pour s'adonner à la sensualité : elle ne veut pas que l'aveugle sache qui elle est. La cécité de l'homme encore une fois lui est favorable, même si celui-ci ne fait que feindre de ne pas savoir qui est sa partenaire. Les deux personnages continueront pendant un temps cette comédie (c'est le titre du chapitre ''la comédie du bordel'').

- Le plus souvent, c'est un érotisme violent qui est mis à l'oeuvre, comme le symbolise le titre du chapitre ''un poignard caressant le dos''. C'est précisément durant cette épisode que Zahra s'interroge sur le sexe et l'amour :

« Etait-ce cela l'amour ? Un poignard caressant le dos sous les ténèbres ? Une violence cinglante qui vous enlace par-derrière comme une cible au hasard, ponctuée par des incantations et par des prières ? »

Cette citation m'amène à ce qui m'a déplu dans le livre. Je n'ai pas réellement perçu une découverte des sentiments. Les lettres d'amour sont belles :

« Ami,
je charge l'humilité des mots de vous dire l'ombre vacillante du souvenir, ce qui me reste de notre poème. Cela fait à présent quelques mois, peut-être un siècle, que vers vous je marche, les bras en avant comme cette statue dans la légende qui avance vers la mer. Je ne suis pas derrière vous, mais j'ai pris le chemin inverse pour être à votre rencontre, pour que nos visages se retrouvent, éclairés par la même lumière. […] Nous sommes, vous et moi, du même rêve comme d'autres sont du même pays.... »

Très beau passage!
Ces lettres permettent aussi au lecteur d'échapper quelques instant à cette atmosphère violente dans laquelle on a été plongé tout le long.

Cependant, j'ai personnellement eu du mal à croire à cet amour entre Zahra et l'aveugle et le teneur des lettres ne colle pas, à mon sens, avec ce qu'ils vivent ou ce qu'ils ont vécu. Pour ma part, j'ai vu deux personnages perdus qui se font mutuellement du bien pendant un temps, mais je n'ai pas vu de personnages amoureux.

L'érotisme des corps a été assez particulier, mais surtout j'aurais souhaité un érotisme des sentiments au moins pour rendre l'initiation de Zahra plus accomplie.

Je trouve que Ben Jelloun a exclu le registre de l'amour, un peu attendu dans un parcours aussi tortueux.


Dernière édition par Aglaé le Dim 23 Sep 2012, 17:13, édité 2 fois
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