Truman Capote

Nymphéa a écrit:

"Shutter Island"?

C'est que j'aurais répondu itou.
On doit avoir les mêmes lectures !

J’adhère pleinement à tout ce qui a été dit précédemment à propos de ce livre. Son atmosphère de plus en plus lourde m’en a rendu la lecture difficile, voire laborieuse. Pourtant, parvenue au point final, je reconnais qu’il s’agit d’un chef-d’œuvre. Ce n’est finalement ni un roman ni un reportage mais c’est bien une œuvre littéraire particulièrement originale. Cela tient essentiellement, je crois à sa construction rigoureuse qui a pour effet d’impliquer fortement le lecteur. Paradoxalement, la distanciation adoptée par l’auteur pour raconter son histoire, son effacement obligent le lecteur à se sentir de plus en plus concerné jusqu’à la fin c’est-à-dire jusqu’à l’intolérable. On se pose des questions, les réponses semblent contradictoires. C’est du grand art.

En ce qui concerne la dernière page du récit, évoquée par rotko, je ne l’ai pas perçue comme lui. Certes, c’est bien « une affaire réglée », autrement dit achevée mais comme le sont toutes les tranches de vie de chaque humain. Je ne crois pas que l’auteur ait voulu dire qu’il n’y avait pas de séquelles pour les proches des victimes. S’il y en a, ce que je crois, elles leur appartiennent, la vie continue son cours parce qu’il ne peut en être autrement. Quant à l’auteur, pour moi il n’est pas plus présent dans cette fin qu’il ne l’est dans le reste du roman. Pas une fois, il ne laisse transparaître son opinion. D’ailleurs, il n’apporte aucune réponse d’aucune sorte. Même en ce qui concerne la peine de mort, il me semble que Capote, fidèle à sa volonté de raconter les faits tels qu’ils sont, ne laisse toujours pas deviner ce que lui-même pense. Finalement, jamais il ne tranche et je me demande si ce ne fut pas son drame à lui justement, lui que cette histoire, dit-on, a détruit.

oui, je suis d'accord avec toi sur la dernière page du livre, la formule "affaire règlée" était expéditive les réactions précédentes des voisins et amis montraient le traumatisme subi.

Citation :

en ce qui concerne la peine de mort, il me semble que Capote, fidèle à sa volonté de raconter les faits tels qu’ils sont, ne laisse toujours pas deviner ce que lui-même pense

Parfaitement. Ce n'est pas un plaidoyer contre la peine de mort.

rotko a écrit:

oui, je suis d'accord avec toi sur la dernière page du livre, la formule "affaire règlée" était expéditive les réactions précédentes des voisins et amis montraient le traumatisme subi.

Citation :

en ce qui concerne la peine de mort, il me semble que Capote, fidèle à sa volonté de raconter les faits tels qu’ils sont, ne laisse toujours pas deviner ce que lui-même pense

Parfaitement. Ce n'est pas un plaidoyer contre la peine de mort.

Ce n'est pas un plaidoyer contre la peine de mort, je suis d'accord. Mais je ne sais pas pourquoi mais surtout dans la dernière partie, j'ai cette impression que Capote se cherche lui-même à travers les personnages.
Avez vous eu le même sentiment?

Pas un plaidoyer contre la peine de mort ?
Le mot est peut-être trop fort, mais la peine de mort est tout de même critiquée. Il est plusieurs fois dit, par le truchement de la défense et de nombreux témoins que la peine capitale ne résoud rien : elle ne ramène pas les défunts à la vie, pb de religion et d'atteinte à la vie...

L'auteur, à travers sa description de la psychologie des tueurs, veut faire comprendre comment on peut arriver à tuer.
Il relate le récit de leur enfance difficile, en particulier celle de Perry, afin de montrer qu'ils n'ont aucune notion du bien et du mal. Et on ne peut pas juger sans avoir vécu ce qu'ils ont vécu.

"Il est plus facile de faire comme si la pluie n'existe pas quand on porte un imperméable" (p219)

Mais il le relate de façon neutre. Il ne prend pas parti. D'ailleurs c'est Perry qui raconte son histoire et non l'auteur.
Ce livre tend à montrer aux lecteurs qu'on ne peut pas juger tels ou tels actes sans d'abord comprendre ce qui se passe par la tête des tueurs. Toutefois, Capote n'excuse en rien l'attitude des tueurs. Mais il essaie juste de comprendre pourquoi ils en sont arrivés là. C'est pour cette raison, à mon avis que parfois, on a l'impression qu'il est contre la peine de mort. Et l'impression que j'ai dans le fait qu'il se cherche à travers Perry surtout vient du fait que l'auteur paraît comprendre ce que Perry a vécu. Mais il n'excuse nullement son attitude.
D'ailleurs il a dit à ce propos, j'ai lu ça sur le net :

"Perry et moi, on est dans la même maison. Moi je suis sortie par la porte de devant et lui par celle de derrière"

Si critique il y a, que ce soit de la peine de mort ou d'autre chose, elle n'est jamais formulée mais seulement suscitée dans l'esprit du lecteur ; c'est donc ce dernier qui critique... ou non ! En revanche sont montrées les conséquences de la condamnation à mort, la mort lente et horrible par pendaison, les réactions atroces du public, en particulier les journalistes, l'inutilité d'un châtiment qui n'arrêtera pas la sauvagerie de meurtres analogues.

La grande force de ce livre est dans l'absence de manichéisme, je suis en grande partie d'accord avec ce que tu dis, poème. Même face à un quadruple crime aussi atroce et incompréhensible à première vue, rien n'est simple et tous les hommes mis en scène sont quelque part des êtres ordinaires, qui pourraient être nos voisins ou nous-mêmes, victimes, coupables, enquêteurs, journalistes... tous. Du coup, le lecteur ne peut être que troublé, voire durablement "dérangé" dans ses éventuelles certitudes.

nicyrle a écrit:

Du coup, le lecteur ne peut être que troublé, voire durablement "dérangé" dans ses éventuelles certitudes.

Oui !


Un des livres qui aura marqué profondément le lecteur que je suis.

Harelde78 a écrit:

nicyrle a écrit:

Du coup, le lecteur ne peut être que troublé, voire durablement "dérangé" dans ses éventuelles certitudes.

Oui !


Un des livres qui aura marqué profondément le lecteur que je suis.

Il m'a marquée aussi. Il est destabilisant comme livre je trouve. Il tend à détruire les idées préconçues.

J'ai lu le recueil de nouvelles de T.Capote, Musiques pour des caméléons.

Première rencontre avec l'écrivain. J'ai beaucoup aimé et je compte bien lire un de ces jours de Sang-froid.
Dans ces nouvelles, on croise une foule de personnages, on passe du rire à l'horreur.
J'ai notamment été marquée par la nouvelle consacrée à Monroe.....tellement surréaliste mais si vrai en même temps : curieux sentiment !
L'histoire des cercueils, m'a tenue également en haleine.
Sa journée de travail, où il suit une femme de ménage dans ses visites chez ses clients, montre la misère humaine.

Bref, très intéressant. Un style d'écriture assez originale. Dans sa préface, il parle d'un style journalistique, de nouveau roman..... Je n'irais pas jusque là mais son écriture me plait bien, sans détails superflus.

Alors j'ai lu en quelques heures, la traversée de l'été

Premier roman de Capote, qu'il n'a pas publié et qu'il avait même oublié dans un coin. Il fut redécouvert en 2005 lors d'une vente de ses effets personnels.

Un petit bijoux où on sent les débuts prometteurs d'un grand écrivain même si le récit souffre de quelques longueurs.

L'histoire d'amour passionné d'une pauvre fille riche avec un beau jeune homme pauvre. Simple mais efficace.

Quelques passages :

Citation :

"Il y a une sorte de magie à observer l'être aimé sans qu'il en ait conscience, comme si sans le toucher on lui prenait la main et qu'on lise dans son coeur. Il s'offre ainsi ingénument, à croire que, de manière irrationnelle, il concilie toutes les qualités qu'on lui attribue à l'aveuglette, la pureté du coeur, la tendresse de l'enfance."

"Il tendit la main et effleura le corsage de soie de Grady, puis les doigts accentuèrent leur pression pour caresser les seins. En silence, ils échangèrent un long regard tandis qu'une goutte de sieur perlait sur le front du jeune homme et glissait sur sa joue. "

"Pendant tout ce temps, moi je pensais que tu me fuyais, murmera Clyde.
-On ne fuit pas les gens, on se fuit soi-même, répondit Grady. Mais tout va bien maintenant.
-Bien sûr, dit-il. Tout va bien".

Il me semblait que l'auteur faisait l'objet d'une lecture commune ?

pas trouvé ce livre, désolé.

Tant pis, je l'avais lu l'année dernière "petit déjeuner chez Typhanie". Je n'avais pas aimé. Je vois que je n'avais même pas de commentaire.