Frédéric Nietzsche

Je me disais aussi...

Ce qui me plaît le plus chez Nietzsche, finalement, se situe au-delà de ses idées. C'est son style. Il est à mi-chemin entre la philosophie et la littérature et cela produit des textes de toute beauté.

Ma phrase préférée étant et demeurant : "Deviens ce que tu es, c'est-à-dire ce que tu n'es pas encore." La seconde proposition, accolée à la phrase attribuée à Pindare, n'est pas sans piquant. Mais terriblement juste quant à l'évolution humaine au sein d'une modeste vie.

J'aime aussi beaucoup la première citation que tu nous a livrée, B Havior.

Nietzsche me fait penser à Cioran. Est-ce une erreur de jugement de ma part ?

Non ça n'est pas erreur je pense, puisque Cioran a lu très tôt les oeuvres de Nietzsche. (: Cependant, en me reposant sur ce que j'ai pu lire de Cioran, et en prenant en compte la dose de provocation qu'il pouvait y avoir dans ses écrits, je distinguerai ce dernier de Nietzsche pour son pessimisme qu'on pourrait peut être plus rapprocher à un Schopenhauer.

Comme je l'ai écrit dans mon post précédent, je vois en Nietzsche quelqu'un aimant profondément la vie et la célébrant. Cela apparaîssant moins, j'ai l'impression, chez Cioran.

Cela transparait moins dans la forme puisque Cioran aime la provocation et le cynisme. Mais sur le fond, je pense qu'il rejoint Nietzsche. Certains de ses aphorismes sont d'ailleurs des célébrations à la vie. Par contre, il était en effet, je pense, fort tourmenté et sujet à l'angoisse.

Nietzsche est peut-être le type dont la lecture m'a apporté le plus de chose. C'est par lui que je me suis intéressé aux anciens grecs, aux allemands, à Shakespeare...C'est l'un des seuls écrivains (philosophe, prophète, pychologue génial, poète et même compositeur!) qui me fasse rire (avec Dantec que je lis en ce moment).
Généalogie de la morale est à lire absolument
Ecce homo également mais si on a lu les autres avant
Secondes considérations intempestives (sur l'histoire) aussi
Et les autres
Par dela bien et mal, Aurore, le gai savoir (autre nom pour l'alchimie gaya scienza)...
Ses dernières lettres montrent la déliquescence de son intellect (il demande par exemple à ce qu'on assassine le pape)
J'adore son humour à plusieurs sens, ses aphorismes si bien trouvés, qui parfois se contredisent complètement (mais sans qu'aucun ne soit à disqualifier), sa finesse psychologique...et ses livres sont des manuels de vie.
Quand j'ai besoin de me "nettoyer" l'esprit, une petite cure de Nietzsche me remet à neuf.
Bon, quand on dit qu'on lit du Nietzsche (et en plus que c'est par plaisir) on nous regarde souvent un peu de travers, mais en fait il est facile à lire, et il ne faut pas toujours prendre ce qu'il dit au pied de la lettre (c'est de l'humour nietzschéen).
Il me reste quelques livres de lui à lire, Contra Wagner, par exemple, mais ça m'attire moins, et je me contente (un peu facilement peut-être) de relire ceux que j'ai.
Et puis j'attends toujours l'édition de ses oeuvres en Pléiade, dont il n'existe qu'un tome à ce jour (huit ans que je patiente). Quelqu'un a-t-il des infos à ce sujet?

rotko a écrit:

D'autre part quand je lis Nietzsche, je fais des rapprochements avc quelques chroniques de Michel Onfray que j'ai déjà lues.

Comment oses-tu?! Tu connais le bon mot à propos d'Onfray? "Onfray mieux d'éviter"

un livre dont le titre semble avoir un rapport avec le sujet de ce fil

Quand j’étais nietzschéen d’Alexandre Lacroix chez Flammarion

une adolescence vécue sous l'emprise de la lecture de Nietzsche.

Citation :

Pendant quatorze mois, j'ai vu le monde, j'ai parlé, j'ai agi, j'ai respiré même à travers Nietzsche. Rien d'autre n'existait, j'étais habité par sa pensée, possédé par elle. Le livre que vous tenez entre les mains est une reconstitution, aussi fidèle que la mémoire le permet, de cette possession.

Alexandre Lacroix est rédacteur en chef de Philosophie Magazine et enseigne la littérature à Sciences Po.

bjr j'aimerais savoir si vous connaissez sil vs plait des extraits de textes bellicistes de nietzsche
je vous remercie d'avance bsx

Michel Onfray et le dessinateur Maximilien le Roy ont collaboré à la création d'une bande dessinée consacrée à la vie de Nietzsche.

Nietzsche, Se créer liberté, d'après "L'innocence du devenir" de Michel Onfray- à paraître aux éditions Le Lombard, le 19 mars 2010.


voici un extrait

- du texte d'Onfray,

Citation :

Un siècle après la mort de Nietzsche, notre époque n'a toujours pas examiné en quoi sa philosophie était porteuse d'immenses révolutions.
Entre lui et nous, en effet, s'intercalent plusieurs types de parasitages : une soeur qui dénatura son héritage, deux guerres et des idéologies qui brandirent son nom pour servir des causes qu'il aurait, à coup sûr, récusées, et, plus gravement, une impressionnante série de lectures de mauvaise foi et d'interprètes mal intentionnés.

Tout ceci contribue à produire de Nietzsche une image fausse, floue, dangereuse, qu'il était urgent, à tous égards, de rectifier

- de l'album, splendide !


cliquer sur cette page > à paraître > puis cliquer sur l'image.

Du peu que j'ai pu admirer des dessins au trait puissant, cet album paraît splendide ... j'espère qu'une place prépondérante aura été réservée à l'extraordinaire, la sublime Lou Andréas Salomé, le grand amour de sa vie ...

rotko a écrit:

Michel Onfray et le dessinateur Maximilien le Roy ont collaboré à la création d'une bande dessinée consacrée à la vie de Nietzsche.

Nietzsche, Se créer liberté, d'après "L'innocence du devenir" de Michel Onfray- à paraître aux éditions Le Lombard, le 19 mars 2010.

> à paraître >

PARU !
Je l'ai là, magnifique

Le graphisme a l'air très beau, mais y a-t-il, outre le déroulement de la vie du philosophe , une présentation de l'essentiel à retenir de sa philosophie ?

J'ai à peine commencé, et oui, affirmatif. J'aurai sans doute l'occasion d'y revenir

Actuellement je lis le châpitre intitulé : Le gai savoir.

Je me suis arrêtée à ces vers, un peu dubitative, puis j'ai eu temps de penser.

Voici l'extrait :


L'homme pieux parle

Dieu nous aime parce qu'il nous a créés! -
"L'homme a créé Dieu" - rétorquez-vous, vous les subtils.
N'aimerait-il pas ce qu'il a créé?
Devrait-il, parce qu'il l'a créé, le nier?
Voilà qui boîte, et trahit le sabot du diable.
Friedrich Nietzsche

Il a raison, pourquoi devrions nous cesser d'arrêter d'aimer nos oeuvres ?
Si ce n'est de l'art ça, alors c'est du cochon !

Cependant, pourquoi serions-nous obligés d'accépter d'aimer tout ce qui est créé ?
La liberté de choisir ce que l'on aime et ce que l'on n'aime pas, devrait être une tentation libre !

ECaminade a écrit:

Le graphisme a l'air très beau, mais y a-t-il, outre le déroulement de la vie du philosophe , une présentation de l'essentiel à retenir de sa philosophie ?

Le graphisme de Maximilien le Roy est soigné et serein, en particulier pour les promenades de Nietzsche dans les paysages montagneux.

Mais on trouve des pages plus violentes, jaunes ou rouges, qui correspondent aux cauchemars et crises de Nietzsche qu’on voit souvent abattu, et de douleur se tenant la tête.


Peu de texte dans cette bande dessinée qui retrace l’évolution du philosophe, marquée dès le départ par un refus des valeurs chrétiennes :

Citation :

« Qu’attends-tu de cette religion qui vénère un cadavre crucifié, qui prône le renoncement et refuse la chair et les plaisirs de la vie » ?

Dans ses attaques contre les Juifs, il vise Paul de Tarse et le Christ, nullement les Juifs contemporains, comme il le précise à sa sœur devenue antisémite par son mariage et qui sera proche de Hitler et de Mussolini.

Nietzsche reste intéressant dans sa critique du travail, « activité à but mesquin, et qui soustrait du temps à la réflexion et à la méditation. ».

A vrai dire pour définir l’ Amor Fati et l ’Éternel Retour, il faudra se référer à des ouvrages plus complets, mais la BD pique notre curiosité avec l’amour de la Carmen de Bizet. Elle invite aussi à creuser les rapports initiaux de Nietzsche avec Schopenhauer et Wagner, abandonnés plus tard.

Onfray n’oublie de mentionner l’idée de créer une université libre de philosophie, incarnée dans l’université populaire de Caen.

Dernières lettres. Hiver 1887-hiver 1889,
traduction, présentation et notes par Yannick Souladié,
Manucius, 270 p.,

Ecrits autobiographiques,
traduction de Marc Crépon, préface et notes de Yannick Souladié,
Manucius, 162 p

Si selon Onfray, la personnalité et la vie du philosophe impliquent nécessairement sa pensée, - et sa bonne comprehension par les lecteurs, ces livres vous intéresseront.

Citation :

«Depuis le temps où j’ai mon Zarathoustra sur la conscience, je suis comme une bête, qui serait d’une manière indescriptible, continuellement blessée. Cette blessure réside dans le fait que je n’ai pas entendu de réponse, pas le moindre souffle de réponse.»

Ils sont présentés sur bibliobs par aude Ancelin.

Nietzsche et celui qu'il considérait comme un frère, à savoir Spinoza, sont sans conteste les deux piliers de ma bibliothèque philosophique. Bien sûr, d'autres, antérieurs ou postérieurs, viennent les compléter ou les contester. Mais ces deux là possèdent un souffle incomparable. L'un polissait des lentilles astronomiques, l'autre marchait dans les montagnes d'Engadine. Tous deux observaient de lointains paysages intellectuels.

Nietzsche ne m'est vraiment connu que par bribes. Je ne peux dire avoir lu intégralement aucun de ses ouvrages. Mais ses aphorismes, certains extraits, ont suffit à m'ouvrir des perspectives éblouissantes.

Cependant, au tout début, il faut être prévenu que le nihilisme dans l'esprit de Nietzsche est exactement le contraire de l'idée qu'on s'en fait aujourd'hui. Pour lui être nihiliste, c'est avoir de fortes convictions, des idéaux religieux, politiques, sociaux, etc.... c'est à dire nier le réel, nier la vie telle qu'elle est. Est nihiliste celui qui nie la vie du corps pour se consacrer à un idéal. Exit donc toute religion, doctrine politique ou autres ; exit toutes les idoles dont il brise les fondements à coups de marteau. Comme le dit Bernard Edelman : " Nietzsche est un matérialiste absolu".

Cependant, quand on pousse ses idées jusqu'à la "volonté de puissance" et l"éternel retour", on arrive, me semble-t-il, à proximité d'une mystique laïque.La "volonté de puissance" c'est la capacité de tout intégrer dans un geste ou une vie, sans aucune perturbation. On ne discute pas pour trouver un moyen terme ; toutes les forces actives n'ont qu'un but. C'est pourquoi Nietzsche dit dans une formule du "Crépuscule des idoles" : " Bien souvent la laideur est une expression du métissage". Il ne vise pas les races mais le fait de mettre de l'eau dans son vin. Et l'usage de cette "volonté de puissance" conduit tout naturellement à l' "éternel retour" car quand on a touché, par cette volonté, à un certain absolu, à une béatitude totale, à l'éternité de l'instant, on y revient toujours. C'est ainsi qu'on peut être transporté par la beauté d'un lever de soleil dans la fraîcheur d'un petit matin. On touche là à une éternité qui peut se renouveler dans un éternel retour.

Bref, Nietzsche ( et Spinoza) sont enthousiasmants.


P. S. : C'est un peu en vrac. Mais spontané et sincère.

Mile, tu nous manques....

Me voilà avec mes gros sabots dans le fil de l'homme qui n'aimait pas les idoles mais sut en devenir une pour beaucoup !

J'entame Le gai savoir et je ferai un topo au fil de l'eau.

Merci à ceux qui éclaireront ma lanterne. Aurélia, t'es où ?


Un chercheur, moi ! Garde-toi de ce mot ! -
Je suis lourd seulement - de tant de livres.
Je ne fais que tomber sans cesse
Pour tomber, enfin, jusqu'au fond.


Allez hop, je plonge avec lui...

Caustique, le gars :

Bonne mâchoire et bon estomac -
C'est ce que je te souhaite !
Et si tu digères mon livre,
Tu t'entendras certes avec moi !



Merci Friedrich ! Car je peux t'appeler par ton prénom, hein ?

tu as des relations, Dindon ! chuis impressionnée.... tu me présentes ?... heu... chuis intimidée

M'en parle pas !

J'suis en train de me prendre la tête avec sa théorie de l'éternel retour.
C'est un engagement à aimer la vie, c'est ça ? Je vois ça comme un carpe diem, presque. Mais je dois encore faire un contresens.

mais Carpe diem, c'est aimer la vie, Dindon ! profiter de chaque instant, de chaque heure, en faire son miel ... ça, c'est aimer la vie !

ça ne me fait pas tellement "bizarre", finalement, de discuter avec un dindon ! j'aime tant les animaux, et j'ai tellement l'habitude de leur parler et qu'ils me répondent à leur façon !

"Nous sommes tous des volcans en travail qui auront leur heure d'éruption : il est vrai que personne ne sait si ce moment est proche ou lointain, le bon Dieu lui-même l'ignore."

Le gai savoir