Quels liens conservons-nous avec notre heritage culturel ?

on demarre en douceur ?

la promenade dominicale obligatoire, ou du moins habituelle, je l'ai héritée, mais j'y ai apporté des variantes plus sportives qui sont ma marque de fabrique.
Mais le dimanche sédentaire au coin du feu n'est pas dans mes habitudes.

La passion du livre ? Avec un père et une mère dans le domaine de l'édition.


Je m'éloigne peut-être un peu du sujet.

Eduqué sans télé, avec un père toujours fourré dans un bouquin sur son fauteuil, entouré de vastes bibliothèques

Seuguh a écrit:

Eduqué sans télé, avec un père toujours fourré dans un bouquin sur son fauteuil, entouré de vastes bibliothèques

C'est à peu près la même chose pour moi, mis à part que nous avons la télé. Mais mes parents lisent beaucoup, et la maison est remplie de livres.

Tout l'inverse pour moi. Le seul livre que j'aie aperçu pendant mon enfance était le bottin.

La littérature ne pouvait être qu'une conquête.

Je me demande si les origines sociales impliquent aussi que l'on soit sensible à certains types de livres.

schlass a écrit:

Je me demande si les origines sociales impliquent aussi que l'on soit sensible à certains types de livres.

Ou on continue dans la même direction (plutôt que les mêmes auteurs... qui ont disparu) ou on choisit d'autres directions (lapalissade !).

Les familles de milieux populaires friands de romans à l'eau de rose peuvent engendrer des lecteurs socialement plus revendicatifs, et intellectuellement plus exigeants.

A la mère qui lira un Barbara Cartland de temps en temps peut succéder une Annie Ernaux qui écrira la place, ou une lectrice de benoite Groult. Il y a un droit d'inventaire

Plutôt du même côté que schlass : les livres-une conquête, une revanche, un merci.

Enfant, je n'ai jamais rencontré de bouquins si ce n'est l'almanach Vermot et le catalogue de la redoute.
Pour moi la lecture est apparu au coin d'une ballade erratique qui m'a poussé vers le château qui abritait la bibliothèque municipale; mon premier vrai bouquin étant Les petits enfants du siècle de Christiane Rochefort, j'en ai un souvenir ému car j'y ai trouvé les premiers frissons de l'amour, de l'évasion et de l'interdit. Le tout dans un environnement qui était le mien.

schlass a écrit:

Le seul livre que j'aie aperçu pendant mon enfance était le bottin. La littérature ne pouvait être qu'une conquête.

Je pense que les lecteurs les plus actifs, les plus exigents, sont en effet ceux qui ont dû faire cette conquête. Elle est très belle, et très réelle cette image Schlass.
- Mais pourquoi penser que le lecteur, par sa condition sociale d'origine, serait plus sensible à certains types de livres? Il n'y a que toi qui puisse répondre à cela pour ce qui te concerne (j'essaierais d'en faire autant de mon côté).
Le lecteur de la conquête du "lire" pour moi, est celui qui a la possibilité de faire des choix, de se faire plaisir tout en privillégiant la qualité, de faire partager et d'émettre un avis ou une réflexion.

-Rotko a raison. Je vois de naïves mères (à qui il a manqué quelque chose -?-) rechercher le dernier tea-shirt smart ainsi que le dernier album à la mode ainsi que le toujours meilleur pour leur petit, alors que le gros catalogue couleur de La Deroute à mâchonner en écarquillant les yeux c'est quand même plus vrai et plus naturel pour se faire les dents. Les bébés qui démarrent le mieux en matière de lecture sont ceux à qui on n'impose pas de devenir intelligent. Les projections des parents c'est lourd!

Jusqu'à l'âge de 16 ans, dans la campagne profonde avec des gens plus pauvres que Job, travaillant dans les champs comme des forcenés, jamais un livre n'est entré dans la maiso, par manque de moyens. par contre j'allais à la biblio du collège et je commençais à lire des choses, mais pas "bandantes"
Ensuite je suis arrivée chez un père "communiste" qui avait toute une panoplie de livres très variés, du san- antonio aux roman de Balzac , l'histoire de l'Egypte ancienne, à Marx (bien sûr) etc... il lisait énormément et comme j'ai voulu à un moment lui ressembler je me suis lancée dans la lecture ( en douce car il m'avait interdit de toucher à certains livres genre Zola) bien sûr ce sont ceux là que j'ai lus en premier !!
Puis la vie , Ma vie a commencé et j'ai lu encore et encore ... et puis j'ai écrit .. et j'en suis là ... à l'heure où je vous cause

Chez moi, durant toute mon enfance, pas de télévision...C'était comme un objet diabolique que nous enviions aux copains mais qui, pour mes parents, était censé nuire essentiellement à la lecture et aux discussions familiales...

Par contre, des livres et des livres...Toute la famille lisait...Mon père était branché Histoire, ma mère Romans...et nous (mes deux frères et moi), en plus de recevoir un livre chaque fois que nous devions recevoir un cadeau, nous allions à la bibliothèque paroissiale (Arrêtez de rigoler Rotko et Marie, je vous entends d'ici!)...c'était une de nos sorties préférées...

Mon frère aîné et moi étions passionnés de lecture, de ce genre de lecteur qui n'entend pas qu'on l'appelle pour l'heure des repas, de ce genre de lecteur sur la tête duquel le ciel pourrait s'effondrer sans qu'il s'en aperçoive, de ce genre de lecteur qui prenait sur son sommeil (en cachette)pour savourer les pages...Les choses n'ont pas changé pour lui et moi aujourd'hui.

Mon jeune frère, lui, détestait lire... mais il était plus ou moins contraint de suivre le reste de la famille...Dans nos querelles enfantines, il se vengeait sur nous en arrachant des pages, en cachant nos livres ou en les jetant dans le ruisseau voisin de la maison...Aujourd'hui encore, ces souvenirs familiaux de lecture restent douloureusement gravés dans sa mémoire (c'est ce qu'il dit! )...Et il ne lit JAMAIS!
Ce qui me fait penser que le goût de la lecture n'est pas du tout héréditaire...Qu'on peut grandir dans un monde sans livres et avoir soif de lire...Qu'on peut grandir dans un monde de livres et s'en désintéresser ou en être plus ou moins dégoûté à tout jamais...

Dans mes jours de grande culpabilité, je me dis que cette omniprésence du livre dans la maison a peut-être été aussi la source d'un rejet de la lecture chez ma fille...Ce que je ne me m'explique et ne me pardonne pas...Mais il est vrai qu'elle sait faire beaucoup d'autres choses auxquelles je n'ai pas accès...

oxymoron44 a écrit:

mon premier vrai bouquin étant Les petits enfants du siècle de Christiane Rochefort, j'en ai un souvenir ému car j'y ai trouvé les premiers frissons de l'amour, de l'évasion et de l'interdit. Le tout dans un environnement qui était le mien.

Ah! Nous n'avons pourtant pas le même âge Oximoron, mais je me souviens avoir lu aussi Les petits enfants du siècle qui traînait chez nous. L'action se déroule juste avant 68 je crois.
P-S : j'en était sûre, que tu avais rêvasser sur le catalogue de La Deroute! (on a posté presque en même temps tout à l'heure).

marie chevalier a écrit:

par contre j'allais à la biblio du collège et je commençais à lire des choses, mais pas "bandantes"

Que trouvait-on à la biblio du collège Marie?

Marie,
Chez moi pas de livres ou très peu avant la sixième, pas la misère, la gêne seulement...les livres, je réalise que c'est le cadeau de ma mère qui s'est saignée pour me payer des études et dont cela était la fierté, elle qui n'avait pu en faire.

Comme je l'ai expliqué plus haut, mes parents lisent beaucoup. Néanmoins plus jeune je n'étais pas tellement branchée livres, je me disais que de toutes les manières, je préférai les sciences. Bref, si je lisais c'était plutôt rarement (j'ai tout de même fait la connaissance de Dumas ! Un grand choc ) et essentiellement pour l'école. Ma mère (qui a été prof de français, et qui est maintenant dans l'édition) m'offrait souvent des livres et cela m'énervait plus qu'autre chose A vrai dire même si mes parents sont sans doute à l'origine de ma passion pour la lecture, le déclique s'est fait grâce à ma prof de français de troisième. Depuis, je lis énormement.

Pour faire échos aux propos de Coline, j'ai deux frères et une soeur, et je suppose que dans le tas ( ) il n'y en aura un qui n'aimera pas lire (même si je ne le souhaite pas !).

Chacun fait son petit bout de chemin

bof ! la comtesse de Ségur, la bibliothèque rose, que je sais même plus ce que j'en lisais ! et puis on essayait ((diaboliquement) de nous initier à l'illiade et l'odyssée t'imagine ! à 14/16 ans quand les glandes commencent à s'énerver? non non je préférais piquer des "nous deux" chez la mère d'une copine ! !d'ailleurs cette copine et moi les lisions ensemble dans les granges

Moon a écrit:

Ma mère (qui a été prof de français, et qui est maintenant dans l'édition) m'offrait souvent des livres et cela m'énervait plus qu'autre chose

J'ai dû commettre ce genre d'erreur avec ma fille moi aussi...à l'époque où j'étais prof de Français!

coline a écrit:

Moon a écrit:

Ma mère (qui a été prof de français, et qui est maintenant dans l'édition) m'offrait souvent des livres et cela m'énervait plus qu'autre chose

J'ai dû commettre ce genre d'erreur avec ma fille moi aussi...à l'époque où j'étais prof de Français!

peut-être Coline, mais aussi tu lui as peut-êtrre donné l'envie de s'intéresser à autre chose, d'une autre façon ? ce qui n'est pas un mal non plus?

marie chevalier a écrit:

Ensuite je suis arrivée chez un père "communiste" qui avait toute une panoplie de livres très variés et comme j'ai voulu à un moment lui ressembler je me suis lancée dans la lecture

Je trouve que cette éclaircissement répond bien au thème de ce fil autour du lien avec nos origines sociales! Lorsque les livres n'ont pas leur place à la maison, certains jeunes partent à leur recherche. De même qu' un adulte, croisé au hasard de notre route, nous donne à aimer quelque chose, il est un modèle, parfois même l'objet d'un transfert affectif.
Marie : un père communiste qui interdit Zola! On se demande un peu!!!

Mais non ADL il toruvait que pour une jeune fille de 16 ans c'était trop hard sinon tu penses bien qu'il les avait lui !
Mais par contre il ne faut pas réver: un père communiste ne l'est que pour lui, dans ses idées pas dans sa vie quotidienne avec sa fille

marie chevalier a écrit:

bof ! la comtesse de Ségur, la bibliothèque rose, que je sais même plus ce que j'en lisais une copine et moi lisions "Nous deux" ensemble dans les granges

Sourire >Moi aussi on a tenté de me faire ingurgiter les titres de la chère comtesse! Je me demandais pourquoi le bon petit diable faisait tout pour recevoir des trempes! C'est bien plus tard que je tombais sur un article d'un biographe évoquant le sadisme de Mme de Ségur -Avec le recul, Zola semblerait moins nocif au père de ton enfance!

Arg! j'ai fait confusion : tu parles de ton père ou de ton père adoptif? Je croyais qu'il s'agissait du "père"... curé communiste de la petite paroisse de ton enfance! En tout cas, ça ne change rien sur le lien affectif au livre...

AdL a écrit:

oxymoron44 a écrit:

mon premier vrai bouquin étant Les petits enfants du siècle de Christiane Rochefort, j'en ai un souvenir ému car j'y ai trouvé les premiers frissons de l'amour, de l'évasion et de l'interdit. Le tout dans un environnement qui était le mien.

Ah! Nous n'avons pourtant pas le même âge Oximoron, mais je me souviens avoir lu aussi Les petits enfants du siècle qui traînait chez nous. L'action se déroule juste avant 68 je crois.
P-S : j'en était sûre, que tu avais rêvasser sur le catalogue de La Deroute! (on a posté presque en même temps tout à l'heure).

AdL a écrit:

Arg! j'ai fait confusion : tu parles de ton père ou de ton père adoptif? Je croyais qu'il s'agissait du "père"... curé communiste de la petite paroisse de ton enfance! En tout cas, ça ne change rien sur le lien affectif au livre...

Non non de mon père biologique qui s'est aperçu qu'il avait une fille quand elle a eu 16 ans (il le savait mais il ne se rendait pas compte que ça pouvait avoir besoin d'un père ces petites bestioles là )

non non !! cela dit mon curé du village était super sympa lol