Récit évolutif n° 3 : Croisière insolite

avec l'arrivée de rosebonbon, bertrand se frottait les mains. Tout semblait se dérouler comme sur des roulettes. Le sauvetage de Xian et de Marie avait pour but de resouder le groupe, et c'était à présent au tour de rosebonbon d'apporter sa fraiche contribution.

Lentement, les ailes déployées/Lentement, je le vis tournoyer/Près de moi, dans un bruissement d'ailes/Comme tombé du ciel/L'oiseau vint se poser
Mais c’était le chat.
Et le chat souriait.
Tandis que les regards mettaient le cap sur la nouvelle odeur acidulée de la fausse Vanessa dite Yvette Ducoin, Adèle, rendant son sourire au chat, le libéra des liasses de papiers roulés dans les profondeurs de son collier anti puces.
Elle se demandait comment Rosebonbon parvenait à changer si souvent de tenue, elle, Adèle, n'avait plus rien à se mettre. Queenie lui avait même piqué ses souliers.
(Queenie piquait les chaussures de tout le monde)

Quel bonheur d'avoir ramené Marie parmi nous ! Jamais ma joie ne fut plus intense et parfaite !
Je suis tellement heureuse qu'on ait tiré des flots cette chère Marie... et le journal de bord.
Que d'infos croustillantes en perspective...
Paic Citron, alias Vanessa, alias Yvette Ducoin a endossé une nouvelle personnalité : Rosebonbon.
... Mouais.
Enfin, moi je critique pas, car je l'ai déjà dit : Peggylou ce n'est pas mieux. Le pire, c'est qu'il s'agit de mon vrai nom. J'envisage d'ailleurs de porter plainte contre mes parents.
Et si je prenais un pseudonyme moi aussi ? Je deviendrais peut-être différente et je pourrais réaliser mon rêve d'enfant : oublier qui je suis.

Queenie a amassé les souliers de tous les Grains. Pris subrepticement à une Coline pensive, arrachés rapidement à une Peggy attentive, saisis à un sousmarin immergé, piquer à une rosebonbon distraite, voler à une Adèle chattante, dérober à un Bertrand complotant... ...

Ils étaient tous là, en monticule : des baskets, des tongs, des escarpins (de colbrune, elle les avait négligemment abandonnés sur le pont à son arrivée sur le bateau, Queenie les ayant récupéré, c'est alors qu'à commencé son comportement addictif et fétichiste pour les chaussures des Grains), des bottes, des chaussons, des mocassins... Tous entassés.

Elle appela tous les Grains à disposition, les autres ne tarderaient pas à les rejoindre, elle voyait déjà au loin Marie, Xian, Utopie et Rotko ramaient vers eux.

- Oyé oyé braves grains ! Il est temps de trouver chaussure à son pied. De mettre les pieds dans le plat. Il paraît qu'on ne connaît bien une personne qu'une fois qu'on marche dans ses chaussures.
Attention, interdiction de mettre ses propres godiots !!

Les retrouvailles de tout le monde sur l'île furent joyeuses...Une seule chose comptait: les Grains étaient tous sains et saufs!...Quelle pagaille ce naufrage! Et dire qu'on avait failli laisser Marie à la mer!
-Pourvu qu'on n'ait oublié personne! s'inquiétait coline jamais tranquille...La seule à sembler dans ses petits souliers bien qu'elle ait chaussé les basquets de monilet (où était-il celui-là justement? faisait-il partie du voyage?...ou étaient-ce les baskets de Seuguh?...mais elle ne le voyait pas non plus...)
Cependant tous les Grains étaient à leur joie et plus personne n'avait envie de se poser de questions...
Le cadre était idyllique, ils auraient pu tomber plus mal!
Une plage de sable fin, le ciel et la mer d'un bleu limpide. Au centre de l'île, de hauts rochers et sur leurs pentes une couronne de verdure, un maquis.
-Il y a des coquillages et des crustacés! s'exclamait Bertrand.
-Et ça c'est exquis! ajoutait Utopie en suçant un fruit étrange.
Queenie brandissait une bouteille et dans un hoquet s'exclamait:
-Et moi j'ai sauvé celle-là!
Sous les acclamations des Grains elle ajoutait en montrant trois brindilles épargnées par le vent:
- Voici le début d'un feu de camp!
Malgré leurs vêtements en lambeaux, leur isolement et l'aspect sauvage des lieux (beau, oui...mais sauvage!...) les Grains se sentaient heureux comme en un Paradis.

La panique règne sur la plage, un calme relatif s’était installé après l’annonce du sauvetage de marie et xian, mais la mort de Vanessa l’a fait exploser.
Le mot de suicide glisse sur le sable et pénètre les esprits.
Bertrand-môgendre, en rigolant intérieurement, va même jusqu’à dire qu’elle s’est étouffée avec des bonbons roses !

Et puis, l’expédition qui se voulait punitive revient ; accompagnée de Vanessa.
Tout le monde se presse autour d’elle, se demandant « mais que se passe t-il ? ».
Attention, elle va prendre la parole :
« Je vous ai apporté des bonbons… » chantonne t-elle doucement et là un éclat de rire parcourt la plage…

Queenieinlove, elle, ne rigole pas du tout, elle n’apprécie que modérément de voir les yeux de sousmarin sortir de leurs orbites quand il voit rosebonbon ; elle ne dit rien mais pense qu’il est décidément très difficile d’aimer un homme, qu’en serait-il d’une femme ?
Elle décide donc d’essayer toutes les chaussures avant de décider quel grain (ou quelle graine) ira à son pied ; d’où l’expression prendre son pied…

Adèle rigole toute seule, cette plante qu’elle a trouvée sur l’île est très agréable à fumer et maintenant même les bonbons sont roses !
Coline et Utopie, se tenant à côté d’elle, ont pu bénéficier de l’effet ; en toute innocence ?
Peggy veut changer, alors qu’il suffit d’oublier son égo, un peu…

Bon, maintenant que marie et xian accostent, accompagnés de leurs sauveteurs, tout le monde « oublie » ses questionnements métaphysiques et la curiosité reprend le dessus. Marie prend enfin la parole…

Marie ne se fit pas prier : elle commença

Quand ils arrivèrent sur le rivage se souvint Marie, Xian lui tenait la taille et on devinait que Rotko en aurait bien fait autant avec Utopie. D’ailleurs à les regarder dans cette petite fête des retrouvailles, on sentait un fil se tisser entre eux deux.
Mais Utopie n’était pas le genre de femme que l’on lutine, c’est une mangeuse d’homme et si elle jetait son dévolu sur Rotko, il aurait du mal à résister : mais le souhaitait-il ?

Ils étaient tous en exil en fait, malgré la douce euphorie des retrouvailles. Mais c’est à ce moment là que Marie radieuse, leur raconta comment Troglo l’avait tirée brutalement sous l’eau. Devant l’ai horrifié des autres femmes elle précisa qu’il avait été très doux même voire entreprenant .. et là, à cet instant, un soupçon
commença à plomber l’atmosphère : TROGLO et MARIE ? MARIE et XIAN ? il les lui fallait tous ?
Mais le malentendu se dissipa quand elle précisa qu’il lui avait tenu la tête sous l’eau en lui intimant l’ordre de lui remettre le journal de bord ! qu’elle avait protégé dans une chemise plastique et qui plus est mise à plat dans sa gaine playtex douze heures.

Peggy n’avait pas perdu une miette de ces retrouvailles. S’ils rentraient rapidement à terre, quel beau papier pour son journal ! quel scoop ! mais ce putain de journal de bord, il lui fallait ! même si elle devait dormir avec marie. Elle savait par expérience que les sens en éveil on en oubliait souvent l’essentiel et elle était prête à mettre tout en œuvre pour faire déshabiller Marie et s’emparer discrètement de ce journal ! elle ne vivait plus que pour ça il lui fallait !!!

Bon, à part quelques obsessions de ci de là, l’ambiance est bonne sur la plage, jusqu’à ce que le médecin reparle des fantômes…
« Ils n’interviennent que la nuit et le soir tombant, il serait bon de prendre des dispositions. »

Pendant que peggy se presse contre la poitrine rassurante de coline, Utopie affirme qu’elle ne croit pas aux fantômes « pures fadaises, soyons concrets ! » rajoute t-elle.
« Mais ne vous inquiétez pas, ce ne sont pas des vrais fantômes c’est juste le nom qu’ils se donnent » lui répond le médecin « ce ne sont que des cannibales » complète t-il !

« Rassurez nous, il se mangent entre eux… » interroge, pragmatique, rotko.
« Mais pour qui les prenez vous, ils sont solidaires, ils ne mangent que leurs prisonniers qu’ils traitent humainement et qu’ils engraissent consciencieusement ; la preuve ils m’ont envoyé pour vous soigner… »
Avant que les graines et les grains aient pu réagir, ils furent encerclés par une vingtaine d’hommes blancs armés de lances et de pagaïes.

Tous attendent la réaction de bertrand-môgendre qui détient le fusil, il se lève et dit :
« Emmenez les et répartissez les dans les enclos 3, 5 et 6, exécution ! »

A ce moment là, coline d’un côté et queenieinlove de l’autre, tentèrent de s’évader.
Malheureusement queenieinlove dans sa précipitation, oubliant de lasser les chaussures qu’elle essayait, s’étale de tout son long et provoque le rire de tous les fantômes.
Seule Utopie vit coline s’engouffrer dans les hautes herbes et l’esquisse d’un sourire passa fugitivement sur son beau visage grave…

Quand j’ai vu que les grains et graines tournaient en rond, et n'arrêtaient pas de se chamailler, gentiment il est vrai, j’ai décidé de faire moi-même ma petite exploration de l' île.

J’ai d’abord essoré mon tee shirt, je l’ai mis sur mes épaules pour qu’il sèche. Avec le soleil, ce serait vite fait !

Pour être bien présentable et faire bonne impression, si je rencontrais du monde, j’ai passé du mavala satiné sur mes lèvres, du dior addict sur mes ongles de pied, du Guerlain sur mes petits doigts, et je suis partie, nénés au vent, pleine d’espoir.

Je vous fais grâce des détails de mon itinéraire ! Les branches des arbres se baissaient pour me caresser les cheveux, les lianes s’enroulaient en douceur autour de mes épaules et je recevais de délicieux baisers dans le cou. J’allais d’enchantement en enchantement. La paradis terrestre était là où j’étais.

Des moustiques ? Oui, il y en avait, mais parfumée à la citronnelle et à l’essence de géranium, je les tenais à distance. En revanche les libellules bleutées ouvraient mon chemin et des papillons multicolores quittaient les asphodèles pour siffler doucement sur mon passage.

J’arrivai près d’une clairière et, oh, surprise ! J’entendis un éclat de rire : C’était un grand noir, un maousse, un costaud, qui me regardait avec ses beaux yeux bleus - au fait étaient-ils bleus ? En tout cas, très clairs dans son visage.

- Oh ! oh ! s’esclaffait-il, vous êtes la nouvelle missionnaire ? et il éclata à nouveau de rire. Mais ici on ne demande qu’à se convertir…

Je vais annoncer votre arrivée.

Il sortit aussitôt un téléphone portable de son short.

Ca fait quelques années que je vis sur cette île, seul, avec mes amis bonobos. Bien que pur produit de la société de consommation, et que, ne sachant ni pêcher, ni chasser, ni me débrouiller sans mastercard, j'avais quand même un atout : ma sociabilité. Quand j'ai rencontré Chita et les autres, cela faisait une semaine que je ne mangeais plus et buvait uniquement de l'eau salée. J'étais mal en point, sur le point de crever, quoi. Ils m'ont sauvé. Depuis lors, mes singes me nourissent. Il est vrai que cette île regorge d'une faune abondante, et, ayant usé mon unique briquet au bout de deux semaines, je me suis habitué à manger cru, y compris des insectes comme petits amuse-gueules. D'ailleurs, ils ont des goûts forts différents. Les mantes religieuses goûtent les chips au ketchup, tandis que les blates ont plutôt un goût de pickels. J'adore. J'apprends des mots à mes singes, pour ne pas perdre mon français. J'ai aussi un bouquin, celui que je lisais en échouant ici. Ca s'appelle La possibilité d'une île. Curieuse coïncidence. Heureusement que je ne lisais pas La Peste. Une seule fois j'ai vu un humain ici. C'était une femme. Missionnaire. Je déteste la religion, et on lui a foutu une telle frousse en fonçant sur elle, qu'elle s'est noyée en s'enfuyant. Je regrette un peu, mais elle était laide de toute façon. A force d'être ici, j'ai l'impression d'avoir perdu toute morale, parfois je deviens réellement fou, j'ai des visions étranges.

Comme j'aimais la technologie avant, j'ai appelé un de mes singes Deliege, en souvenir d'un forum informatique. J'ai toujours aussi un téléphone portable sur moi, pour garder contact avec celui que j'étais avant.

Là, je rigole, pour ne pas lui faire peur. J'espère ne pas la noyer, celle-là.

Les hommes blancs nous encerclaient tous désormais et nous faisaient signe d'avancer le long de la côte en direction de la forêt. Nous rentrions de plus en plus au milieu de cette végétation, on entendait de l'eau s'écouler non loin, la marche était difficile et chacun se taisait terrifié.
Coline avait pu s'échapper et personne ne l'avait suivie.

Utopie marchait à côté de Queenie, celle-ci s'était fait mal lors de sa chute pour tenter de s'enfuir et Rotko la soutenait pour qu'elle puisse marcher. Sousmarin marchait devant avec Provence et Bertrand suivait entre Inès et Marie, Xian trainait derrière avec Peggy et Harry, Utopie espérait qu'ils essaieraient de s'enfuir, elle songeait qu'il fallait faire une diversion, elle se fit comprendre de Queenie qui elle-même fit signe à Rotko. Utopie se rapprocha d'AdL pour lui faire signe, mais elle avait beaucoup de difficulté à se concentrer.
Le soleil tapait fort, peut-être la chaleur, tous ces événements en si peu de temps, la tête lui tournait.

Queenie la vit avancer vers AdL et elle joua le jeu et cria :
« Utopie tu es livide, qu'as-tu ? »
« Je dois avoir trop chaud ou la fatigue, je ne me sens..... »
Utopie s'accrocha à l'épaule d'AdL, celle-ci eut à peine le temps de se retourner qu'Utopie tombait sur elle de tout son long.

AdL, Queenie et Rotko se penchèrent sur le corps inerte, ils souriaient tous les deux comprenant qu'il s'agissait d'une diversion. AdL s'étonna de leur échange de sourire et se penchant sur Utopie.
Les gardiens se rapprochèrent aussi, AdL commença à leurs crier dessus et à mettre des claques à Utopie pour la réveiller, Queenie sourit et lui dit tout bas « laisse, elle fait semblant »
« Mais non enfin tu ne vois pas qu'elle est pâle ? »
« Non, dit Queenie, elle simule pour que l'un de nous puisse s'échapper ! »
« Je ne le crois pas, regarde ses yeux !!! »
Queenie toucha le poignet d'Utopie et tout à coup poussa un cri strident « Utopiiiiiieeee !!! »
Les hommes se penchèrent à nouveau sur le corps, ils échangèrent des mots, ils n'étaient pas contents, l'un d'eux observa les paumes des mains, sentit l'haleine et retourna les paupières... elles étaient vertes. AdL et Queenie se serrèrent l'une contre l'autre...
L'homme qui avait ausculté le corps donna des ordres aux autres et les grains comprirent qu'Utopie avait mangé quelque chose et AdL cria ... « les Catunaregams !!!!! Utopie est empoisonnée !!! elle en a mangé et beaucoup !!!»

Les hommes prirent le corps à terre et le portèrent, ils s'enfoncèrent dans la forêt à droite du groupe et on entendit un grand bruit d'eau.
Des sons sortirent de la bouche de plusieurs d'entre-eux.... "ils ont jeté ... son .. corps à ... l'eau ..."

Les hommes revinrent et les forcèrent à avancer, un peu plus loin, du chemin, ils purent voir que celui-ci surplombait une énorme chute d'eau se finissant dans une sorte de lac qui paraissait petit vu la hauteur.
Rotko et Queenie étaient livides, celle-ci se retourna et s'aperçut qu'Harry n'était plus derrière eux... Utopie avait voulu faire diversion... elle ne pensait pas si bien faire, les hommes blancs l'avaient jetée comme on jette une viande avariée.

Utopie se retrouve plongé dans l’eau et un fort courant l’emporte.
Nom de nom, pour une fois que ma phobie des piqûres me rend service… pensa t-elle fugitivement, en se frottant la cuisse.
Désespérément elle lutte de toutes ses forces pour rejoindre la rive, mais elle est si loin, si loin…
Entre deux coulés, elle aperçoit un tronc d’arbre qui vient à sa rencontre et qui semble fixe.
Ma petite Utopie, c’est maintenant ou jamais, s’encourage t-elle.
Et elle s’agrippe à une matière souple et poilue, qui émet des sons étranges, pas humains mais presque ; au bout de ses forces elle s’évanouit.

Seuguh ramène à lui sa péninsule bonobienne avec Utopie à son extrémité. Les presqu’îles ont leurs utilités se dit-il, heureusement que mes amis n’ont pas lu le seul livre que je possède.
Rosebonbon se précipite en criant « C’est Utopie ! C’est Utopie ! ». Les bonobos qui ont du mal à s’habituer à la couleur rose et à l’exubérance restent tendus et en plus mouillés, mais un des leurs avait besoin d’aide pour sa « famille » et ça ne se discute pas! Maintenant que le boulot est fait on va pouvoir se détendre communique un des mâles dominants en sautant sur Seuguh, qui habitué à cette manifestation d’affection réussit à s’en débarrasser après 2 minutes d’épouillage…

Pendant que les singes se réconfortent, Rosebonbon et Seuguh emmènent Utopie à l’écart et commencent à lui donner quelques claques pour la réveiller.
La première phrase d’Utopie fut « Dieu est noir ? » puis elle vit Rosebonbon ; l’activité des bonobos lui fit comprendre que le paradis ou même l’enfer ne pourraient pas être aussi animé !

Après qu’Utopie ait expliqué la situation, Seuguh explose : « Mais que viennent faire ces étrangers sur mon île à vouloir manger mon pain ! ».
Utopie fut pris d’un doute : « Seriez vous cannibale vous aussi ? »
« Mais non, c’est une métaphore, enfin pas vraiment, mais bref… »
Vu la façon dont Rosebonbon se colle à Seuguh, Utopie se doute bien qu’ils se sont adaptés à la manière de vivre des bonobos…
« Je vais informer mes compagnons de la situation et nous déciderons de la suite à donner à cette invasion» affirme Seuguh en s’éloignant.

Coline, au loin, se demande bien ce qu’elle va faire. Le capitaine Harris, exténué, s’est endormi adossé à un arbre.
Et la petite troupe arrive au camp et aux enclos.

Tout à coup Harris se réveille, il lui semble avoir entendu « c’est la guerre ! » dans un concert de cris de singes. Bah, ça pourrait difficilement être pire pense t-il en se rendormant…

coline s'était échappée et les hommes blancs n'avaient rien remarqué...Elle s'accroupit un moment dans les hautes herbes, attendit, et comme le bruit des voix s'éloignaient, elle ressentit un immense soulagement. Certes, ses amis étaient aux mains des hommes blancs...mais elle ne s'en sentit pas vraiment affectée...Elle n'avait plus assez d'énergie pour ça...D'ailleurs, étaient-ce vraiment des amis cette bande de dingues surexcités? Elle aspirait au calme. Elle aurait voulu rentrer chez elle...Rien d'autre!
Depuis qu'ils avaient pris la mer, les Grains n'avaient ni mangé ni dormi. Et il avait fallu lutter pour se sauver lors du naufrage. Aussi coline n'en pouvait plus. Elle se coucha, recroquevillée sur elle-même et ne tarda pas à s'endormir.
Un vieux livre, ou plutôt un livre en mauvais état et poussé par le vent , vint heurter sa tête quelques heures plus tard. C'est ce qui la réveilla.
Elle ne savait plus bien où elle était...se demandait si elle rêvait. Elle attrappa l'objet, s'assit et le feuilleta. La mer (ou la pluie?) avait lessivé les mots et taché les pages. Elle lut sur la couverture La possibilité d'une île et son premier réflexe fut de jeter le livre ...Puis elle rit. On lui avait demandé de le lire et elle ne voulait pas débourser un centime pour Houellebecq. Alors finalement c'était une aubaine! "Plus tard...Plus tard..." se dit-elle.
Elle le glissa sous sa tête et essaya de se rendormir...Mais cela ne fut pas possible. Alors elle reprit sa marche...Vers quoi? Elle ne le savait pas mais elle se sentait si seule maintenant qu'elle se mit à pleurer...

Bertrand-môgendre est mécontent, il se tourne vers Provence est dit :
« On n’en a eu que 8 et encore pas bien gras, il nous en manque 3, sans compter le capitaine ; pourquoi ont-ils jeté une tête de bétail à l’eau, on aurait pu nourrir les cochons ! »
« Il y avait danger, elle aurait pu les empoisonner ! »
Provence est triste, cela n’aurait pas du se passer ainsi pour Utopie, ce dommage collatéral est regrettable mais maintenant ils ont toutes les preuves nécessaires pour démanteler ce réseau de trafic de chair humaine…

Dans l’enclos 6, peggy est terrifiée, timidement elle se dirige vers l’un des 2 gardien et lui demande : « si vous me libérez, je ferais tout ce que vous voulez, tout… ». Il rit grassement et répond « j’ai pas besoin de te libérer pour prendre ce dont j’ai envie, mais je ne suis pas zoophile ! ». Au moment où il s’apprête à éclater de rire, peggy frappe avec son pied, de toutes ses forces, entre ses cuisses…son rire reste coincé, ses yeux s’arrondissent et un cri muet sort de sa bouche. Le second gardien, à peine retourné, se prend la main recourbée de peggy dans sa pomme d’Adam et s’écroule par terre dans un râle !
Pour la forme, peggy frappe une dernière fois le premier, maintenant courbé, comme un footballeur.

Rotko est stupéfié, il a eu à peine le temps de poser sa main par terre que les 2 gardiens étaient hors combat… « mais qu’est ce que… » commence t-il. Peggy lui coupe la parole et d’une voix ferme lui intime l’ordre de se lever ; le temps des explications viendra plus tard précise t-elle. Et tous 2 s’enfoncent dans la nuit…

Queenie en avait plein les baskets (de qui d'ailleurs ?? vachement grandes ces grôles ! à cause d'elles elles s'étaient rétamée sur la plage). A moitié sonnée elle s'était laisser aider par Rotko et ses mollets costauds pour la conduire jusqu'à cette satané cage !

Et voilà que tous se faisaient la malle pendant qu'elle tentait péniblement de ne pas crier sous la douleur de sa cheville foulée. Vraiment ça manque de solidarité dans le coin, pourquoi ce n'est pas elle que Peggy la sexy a emmené avec elle. Quelle attaque foudroyante, elle est vraiment super balaise de la mort qui tue, les deux zigs sont encore avachis par terre.
Mais queenie ne peut pas en profiter pour s'échapper... Et le pire de tout voilà qu'elle se retrouve dans une sorte de remake glauquissime de La planète des singes, déjà qu'elle avait eu du mal à digérer le livre, mais alors en être l'héroïne non merci ! Surtout si c'est pour se taper le bel héros qui viendra tous nous sauver ! Non mais sans blague ! A moins que ce ne soit une héroïne... là alors ça se discute...
Mais les belles jambes de Peggy s'évanouissent derrière les arbres, talonnés par les mollets de Rotko. Et Queenie reste là avec Quelques autres Grains.
Elle se rapproche de Provence (est-ce bien elle ?) la tête lui tourne un peu sous la douleur, elle se laisse aller et s'endort contre le sein chaleureux d'une graine compréhensive...

Quennie croyant se tenir contre Provence bouge sans cesse sa tête contre la poitrine d’Adèle de telle sorte que ce mouvement ressemble de plus en plus à une caresse ; celle ci, comme prévu, finit par la réveiller.
« Que se passe t-il » murmure t-elle.
« Tout va très bien » lui chuchote Quennie à l’oreille, en faisant bien attention à la frôler de sa langue plusieurs fois.
« Bon dieu, c’est quoi cette bestiole qui me trifouille l’oreille.»
Merde, une hétéro se dit Quennie. « Je l’ai enlevé, rendors toi ! »

Un peu plus loin, Inès se souvient qu’en fait elle n’a pas embrassé sousmarin.
Elle se tourne vers lui et dit « Tu veux bien que je t’embrasse » et il répond avec les 2 langues présentes « mmmmmmm »…

Provence arrive à l’enclos de Queenie, salue les gardiens et entre.
« Le médecin est indisponible, je vais m’occuper de ta cheville » dit-elle en posant sa mallette.
Elle commence à la lui masser, le dos tourné aux gardiens, en lui expliquant le plus bas possible qu’elle se nomme en fait Grool, Lace, capitaine à la DGSE, sous couverture pour démanteler un réseau de grillade humaine et que tout est sous contrôle…
« Je ne crois pas qu’Utopie partagerait ton opinion, si elle était vivante ! » lui répond Queenie, un peu trop fort ; ce qui entraîne une pression sur sa cheville et une vive douleur.
« Et si tu mentais pour nous rassurer ! » rajoute t-elle, d’un air suspicieux.
Provence, à ce moment là, la saisit par le cou et l’embrasse à pleine bouche !
Queenie fût « pleinement » convaincu par cet argument massue et se laissa aller…

Pour se motiver à la guerre, pas de sexe depuis 12 heures chez les bonobos désignés par le groupe comme combattants; la tension devient palpable !
Pour une société régie principalement par des principes de paix et d’égalité entre mâles et femelles, la guerre est chose exceptionnelle ; elle est donc préparée scrupuleusement.
Les bonobos étant enclins naturellement à l’empathie, le groupe est isolé des autres et des femelles viennent de temps à autre y semer le trouble pour développer l’agressivité des combattants mais bien sûr tout combat est interdit…

Seuguh ne peut pas s’empêcher de plaindre les pauvres petits hommes blancs. Voir une montagne de muscles de 40 kgs en colère fondre sur soi n’est pas à franchement parlé une partie de rigolade.
Les femelles donnent l’ordre de départ et la petite troupe composée d’une quinzaine de bonobos et de Seuguh se met en route. Utopie et Rosebonbon restent au camp avec les autres membres de la troupe et se demandent bien à quoi elles vont passer le temps…

Coline est maintenant réveillé depuis 1 heure et commence sérieusement à avoir faim. Elle a pu se désaltérer en récupérant l’eau dans de grandes feuilles qui pour l’occasion ont joué le rôle de coupoles mais que manger ?
Arrivant dans une clairière, elle a la surprise de trouver Peggy et Rotko affalés par terre. S’accroupissant auprès d’eux elle se retrouve 2 secondes plus tard pressée contre le sol et son bras pris par une clef puis lâchée dés que Peggy la reconnaît. Pendant ce temps, Rotko dort…
Après que Peggy ait expliqué en quelques mots la situation à Coline, elle lui montre les racines, feuilles et fruits qu’elle peut manger et celle-ci ne se le fait pas dire 2 fois.
Rotko ayant fini par se réveiller, nos 3 compagnons entendant un bruit de feuillage, se mettent rapidement à l’abri des regards.
Ils voient passer devant eux une troupe surexcitée de bonobos accompagnés d’un grand noir !
« Mais que se passe t-il sur cette île ? » ne peut s’empêcher de dire Coline…

« Suivons les » annonce Peggy en leur emboîtant le pas, Coline et Rotko n’eurent pas à opiner, la cause était entendue.

Selon les avis compétents, la bataille fit rage mais d’un seul côté ; de l’autre ce fût la débandade…
A l’arrivée des bonobos, 2 fantômes gardiens s’enfuirent en criant maman, on entendit leurs cris résonner longtemps…les 2 autres, mal remis de leurs blessures, ne mesurant pas l’ampleur du problème, restèrent là ébahis et virent, une fois attachés par les pieds, leurs têtes jouer le rôle de boules dans un jeu des rencontres… Une des têtes finit par éclater et l’autre fantôme ne put s’empêcher, à chaque balancement, d’envoyer un coup de dent dans cette matière grise si appétissante !
Pour les autres, rien à envier au marché de Brive la Gaillarde, fesses en étau et coût de mamelle firent leurs œuvres. On murmura que certains buissons couvrirent des activités jusque là réservés aux gorilles…
Lorsque Bertrand-môgendre apparut avec un uzzi, on comptait parmi les fantômes 10 morts, 5 fous, 2 disparus et 3 en relatif bon état, entiers en tout cas.
Voyant l’arme, Seuguh émit un long cri strident et en l’espace de moins de 2 secondes (une et trois dixièmes pour être précis) tous les bonobos avaient disparus.

Bien entendu, lors de la bataille, tous les grains prisonniers s’étaient enfuis. Provence les avait accompagnés en portant Queenie sur son épaule qui, cela n’étant pas pour lui déplaire, avait une vue plongeante sur les belles fesses de sa sauveuse !
Ils furent stoppés par Coline et Rotko ; embrassades et réconforts durèrent autant que la bataille.
Peggy interrompit tout et ordonna à tous de suivre les bonobos ; vite ajouta t-elle à l’adresse de Provence, pas le temps de s’expliquer !
Personne ne vit Bertrand-môgendre se saisir de son téléphone satellitaire et ordonner à son interlocuteur : « envoyez moi 20 hommes aguerris et sans folklore cette fois, armez les d’uzzis ! », sauf Troglodyte bien sûr…

Je suis assez susceptible dans mon genre. Alors quand ce type a osé me dire : je ne suis pas zoophile, toutes mes pulsions meurtrières sont revenues à la surface. ça lui apprendra à parler comme ça à une dame. Aucune éducation. Maintenant que nous avons réussi à nous enfuir, reste à comprendre ce qui se passe dans cette île. Ils commencent à me fatiguer ces bonobos et ces fantômes. Heureusement, les Grains sont là, avec moi.
J'ai néanmoins l'impression qu'il se passe quelque chose de pas très clair...

Alors qu''entraîné par Peggy, tout le monde repartait maintenant sur les traces des bonobos, on entendit le bruit d'un hélicoptère. Celui-ci s'approcha, survola l'île et se plaça juste au-dessus du groupe un peu affolé.
Ce n'était pas forcément une mauvaise chose que l'arrivée inopinée de cet engin...mais personne n'osait encore se réjouir. Encore fallait-il savoir qui était à son bord!

oui, oui, oui ! s'écria Robebonbon.

Elle gesticulait, courait de ci de là ;"l'île paradisiaque" commençait à lui peser. Les bonobos, les blancs, pas un pour racheter les autres !

des bribes de chanson lui revenaient en mémoire

Emmenez-moi au bout de la terre
Emmenez-moi au pays des merveilles...


Je fuirais laissant là mon passé
Sans aucun remords
Sans bagage et le cœur libéré
En chantant très fort,

Emmenez-moi au bout de la terre
Emmenez-moi au pays des merveilles...

Allait-elle pleurer elle aussi ?

coline aurait bien voulu réagir comme rosebonbon, elle en mourait d'envie mais les autres Grains regardaient la jeune femme d'un air désapprobateur...et, au fond , elle savait bien qu'il était prématuré de se réjouir...
-Ne lui en voulez pas, dit-elle aux autres Grains, ce sont ses nerfs qui craquent. Nous avons été tout de même plutôt éprouvés depuis notre départ!
L'hélicoptère, au-dessus de leurs têtes continuait son vol circulaire...Il tardait un peu à se poser...Mais allait-il se poser?...Et avec quelles intentions?
Les Grains pouvaient maintenant distinguer deux passagers à son bord.

Sousmarin voit bien que les 2 personnes à bord de l’alouette sont des militaires et Provence n’arrêtant pas de gesticuler il se doute qu’elle donne des indications pour aller au camp des bonobos ; d’ailleurs au bout de 20 secondes de vol stationnaire, l’alouette reprend son vol en direction de celui-ci.

Robebonbon se met à pleurer et les autres grains à s’inquiéter avant que Provence ne rassure tout le monde d’une voix forte et sure assortie d’un tapotage des fesses de Queenie…qui elle, c’est décidé, est définitivement amoureuse !
« Tout va bien, ce sont des amis. »
La troupe reprend sereinement sa marche vers le camp.
A environ 500 mètres de l’objectif, elle voit arriver vers elle, en courant, les 2 individus de l’hélicoptère.
« Que se passe t-il ? » interroge, inquiète, Provence.
« A peine descendus de l’alouette, une femme, complètement nue et saoule par-dessus le marché, nous a agressé sexuellement. » dirent-ils au bord des larmes, l’un des 2 surenchérissant « les singes l’encourageaient ! »
La narration de cette « agression » mit tout le monde de bonne humeur et c’est une troupe hilare qui arrive au camp ; hilarité qui fût renforcée en voyant Utopie dansant et chantant…

Seuguh s’inquiète pour sa réserve d’alcool faite à base de fruits et de racine ; il a bien raison. Utopie, restée seule après le départ de Rosebonbon, avait fini la bonbonne, entamée à 2.
« Elle a l’air remise de son bain forcé ! » dit-il en pensant, un liquide chasse l’autre.
Puis tout le monde s’installa pour la nuit…

Bien sûr, il y avait maintenant ces militaires qui étaient venus à leur secours. Mais coline, qui se sentait mal remise des péripéties survenues depuis le début du voyage, aurait rêvé de se blottir dans des bras rassurants pour pouvoir s’endormir. Même si la nuit s’annonçait paisible sous le ciel étoilé, elle se sentait encore inquiète, apeurée.
Elle se demandait s’ils en avaient vraiment fini avec les drames…si le voyage allait enfin devenir serein et agréable, comme elle l’aurait souhaité.
Elle ne se voyait tout de même pas aller faire des avances à un Grain… ils étaient si peu nombreux et la concurrence féminine était rude…Alors, assise sur le sable, elle regardait les autres trouver place et s’installer peu à peu pour la nuit. Maintenant que le calme était revenu, ils ressentaient tous une immense fatigue, ils semblaient exténués et pressés de trouver le sommeil.

-Bonsoir tout le monde ! je peux m’asseoir près de toi Coline ?
- Ben
- Cache ta joie tu révais ? je te dérange ?
- Non non enfin un peu, mais toi d’où sors tu ?
- C’est mon secret répondit Marie en riant aux éclats

Alors que tout le monde commençait à s’assoupir, Marie qui n’avait pas quitté Xian d’une semelle se dit que tout compte fait elle aurait aimé avoir des nouvelles de Troglodyte. Alors mine de rien, elle minaudait auprès des grains pour essayer de savoir ce qu’il était devenu.
- Dis moi Coline ? tu as l’air fatiguée ?
- Je le suis pas toi ? tous ces événements ne t’(ont pas mise à plat ?
- - Ben tu sais en somme, j’y ai trouvé des compensations : Xian est un homme charmant, pas très causant mais efficace.

La jalousie envahit Coline, comment cette Marie, si passe-muraille avait pu plaire à Xian, alors que elle, aurait tant voulu être dans les bras de quelqu’un ce soir

- Bon je vois que je dérange, tu n’aurais pas de nouvelles de Troglodyte par hasard?
- Ce fou ?
- Ma foi, je ne crois pas qu’il soit si fou que cela et même j’adore les gens qui sortent de l’ordinaire !

Coline commençait à être excédée. La détente qu’elle avait éprouvée quelques minutes plus tôt s’en allait devant les propos de Marie. Elle grinça : mais ma parole, il te les faut tous ?..

Et à ce moment là, précisément, un drôle de bruit leur fit dresser l’oreille à tous