Vikram Seth [Angleterre]

« Quatuor » de Vikram Seth chez Grasset ou livre de poche 15480.

Comme l’indique le titre français (en anglais : an equal music) le narrateur est un violoniste qui fait partie d’un quatuor. Autant dire que la musique tient une grande place dans sa vie, et que les relations avec les autres instrumentistes sont essentielles. Il est à Londres, après avoir fui Vienne, pour des raisons qui restent obscures.

Un jour, dans un bus, il aperçoit une jeune femme qu’il a bien connue à Vienne, dans un contexte amoureux et musical. Comment la retrouver ?

Et la partition originale du quatuor de Beethoven ? dans le saisissement de la rencontre inattendue, il l'a égarée !

ce roman est à la fois une quête et une interrogation sur les rapports humains en général, et amoureux en particulier. Chacun a sa part de mystère et ses secrets. Tisser des liens harmonieux est difficile.

Le narrateur est un être sensible, parfois maladroit. Son univers intellectuel est riche, mais son cœur, assoiffé.

J’ai lu ce livre en anglais, et bien que la langue soit claire, la distance d’une langue étrangère m’a permis de ressentir l’opacité de chacun pour autrui. On partage les moments de bonheur dont on mesure les limites, et la fugacité.

Je tiens ce roman pour une oeuvre de premier plan. L'auteur y montre une grande connaissance de la musique et du cœur humain. je ne prête plus ce livre. Je me le garde. Mais j'aurais mauvaise conscience de ne pas le conseiller.

Du même auteur, et dans un registre bien différent : un garçon bien convenable. Livre de poche. (a suitable boy)

"Un garçon convenable". Vikram Seth, livre de poche. 2 Tomes

Séduit par "quatuor "j’ai entrepris la lecture d'«un garcon convenable» du même Vikram Seth. 2000 pages !

C'est un roman- fresque : roman d'amour car la mère de Lata doit lui trouver, comme pour toutes ses filles, un parti convenable, avec ou sans son avis, en fonction des interdits religieux et des prejugés sociaux. La famille est nombreuse, les intrigues, multiples, avec des conflits entre le frère ainé et ses cadets, des interferences entre famillle et belles familles, sans parler de la parentèle.

Dans l'univers domestique, on vit la séparation du zenana et du mardana ; les jeunes filles vont sur les toits échanger leurs confidences car l’intimité est rare. Parfois des fêtes de famille regroupent tout le monde, avec une chanteuse de ghazals réputée pour ses interprétations, ce qui . ouvre le fil de la musique : on écoute un merveilleux virtuose du sitar qui voudrait un disciple, pour perpétuer son art.

Pour qui s’intéresse à l’Inde, c’est sous une forme romanesque une introduction rêvée. On passe des scènes de rues du quartier des tanneurs, aux endroits insolites où la servilité laisse place tout d’un coup à la violence…

La question religieuse -opposition entre hindous et musulmans- est délicate. Il suffit que la conque hindoue couvre l’appel du muezzin pour que naisse l’émeute...Gare aux pelerinages hindous et musulmans s'ils ont lieu aux memes dates.

Politiquement une plus juste repartition des terres est debattue au parlement, mais etouffée dans les villages, où tradition et interêts financiers font bon menage. Avec Haresh, pretendant pittoresque de Lata, on pénètre dans le monde de la chaussure, depuis l' artisan jusqu'aux fabriques industrielles.

Un garçon bien convenable

Ce voyage est un enchantement, avec des episodes dramatiques, des moments poetiques, - et des pauses d'humour, quand la mère de famille consulte un homeopathe ou quand la future epousée prepare sa nuit de noces avec le manuel d'un sexologue hollandais.

Croyez moi, les livres longs ne sont pas ma tasse de thé, mais celui-là, je suis prêt à le relire !

Vikram Seth est un grand écrivain, cela ne fait aucun doute pour moi.
« Un garçon bien convenable » nous apporte une vision précise de l’inde, pays violent, complexe et très codifié.
A petites touches, il nous dépeint une autre société, bien différente de la notre, par l’intermédiaire de personnages subtils et attachants ; il réussit, presque un miracle, à nous la rendre palpable…
Quand je lis ce livre, je me sens indien.

Voila qui me fait très plaisir. On se tient au courant pour cet auteur.

Deux vies est paru chez Albin Michel, et le magazine littéraire de mars 2007 donne le debut de Golden Gate, une oeuvre à paraître en traduction française.
C'est le premier roman de Vikram Seth, oeuvre étonnante, inspirée dit-on par Eugène Onéguine de Pouchkine, puisque composée de quelque 600 sonnets. Du coup la disposition sur la page est inedite et on devra changer nos habitudes de lecture.

Œuvres traduites :
Deux Vies, traduit par Dominique Vitalyos, éd. Albin Michel, 2007
Quatuor, traduit par Françoise Adelstain, éd. Grasset, 2006
Le Lac du Ciel : du Sin K’iang au Tibet, traduit par Alexandre Kalda, éd. Grasset, 1996
Un Garçon Convenable, traduit par Françoise Adelstain, éd. Grasset, 1995

L'Express chante les louanges de deux vies une chronique familiale qui raconte les amours de son grand oncle.

Shanti quitte l'Inde et rencontre à Berlin en 1930 Henny qui est juive. Ils ne se retrouveront qu'apres bien des péripéties.

.

Citation :

«Ballottés d'un point à l'autre du globe, nous vivons nos vies fracturées, écrit le romancier. Shanti et Henny étaient tous deux des exilés au sens large; l'un comme l'autre a trouvé en son semblable un foyer.» Enraciné dans les tragédies du XXe siècle, Deux Vies ne se réduit jamais à la chronique familiale à usage privé, car l'intime ne cesse de s'y frotter à l'universel, sous le signe du métissage. Et de la dignité partagée

Deux vies , de Vikram Seth, chez Albin Michel

Une plongée en profondeur.

L’auteur commence par raconter comment au cours de ses études en Angleterre, il fut amené à connaître son oncle Ashanti, et sa tante Henny, d’origine allemande. Il nous donne des détails sur sa formation mais surtout sur la genèse de ses romans, ce qui me plaît bien. Ses hôtes, l’oncle et la tante nous deviennent familiers puisqu’on les fréquente avec lui, dans le quotidien.

Puis l’auteur s’intéresse tout particulièrement à Shanti et à son histoire, à ses études dentaires ponctuées des difficultés propres aux émigrants, dans un contexte politique qui l’amène à quitter l’Allemagne, puis l’Angleterre en participant à la seconde guerre mondiale, notamment à Monte Cassino.

On découvre une belle figure d’homme, dynamique et courageux, qui parvient finalement à surmonter son handicap (il a perdu un bras en Italie) pour exercer le métier de dentiste qu’on lui a connu quand Vikram arrive en Angleterre.

Divers documents (lettres, photos, attestations) ponctuent le récit si bien qu’on s’attache vite aux personnages.

(à suivre, ce livre est passionnant )

Deux vies, de Vikram Seth

La tante Henny était très secrète et l’auteur savait seulement ce que lui avait dit Shanti, son mari . Or voici qu’après sa mort, il découvre une mallette où elle avait enfermé toute sa correspondance : Ainsi Vikram Seth en apprend beaucoup sur sa vie, notamment en Allemagne juste avant la 2e guerre mondiale. Les lettres les plus émouvantes sont celles où elle demande à d’anciennes amies des nouvelles de sa sœur et de sa mère restées en Allemagne.

En fouillant dans des archives Vikram Seth parvient à reconstituer leurs derniers instants. Les photos de ces personnes disparues et les différents documents - authentiques, sont bouleversants.

Après la guerre, Henny en Angleterre, renoue des relations avec ses amies, mais bien de spensées lui traversent l’esprit.

Citation :

A partir du moment, en 1943, où je n’ai plus reçu aucune nouvelle de Mutti et de Lola, j’ai espéré en secret au fond de moi que toi ou un autre chrétien de nos amis les tiendriez cachés, et prié chaque soir pour qu’il en soit ainsi.

Henny apprend aussi qu’une de ses proches amies aurait épousé un SA.

Citation :

Rose R mentionne aussi quelque chose qui ne me laisse pas indifférente, et c’est pourquoi je t’en fais part. Elle écrit, à propos du mari d’Ilse, qu’il était au parti et membre des SA. Qu’en tant que fonctionnaire de l’État, il ait été inscrit au parti je peux le comprendre, et d’ailleurs tu me l’avais déjà dit. Mais faire partie des SA, rien ne l’y obligeait, et cela le rend extrêmement douteux à mes yeux […] quand je pense que ma propre mère et ma sœur ont été emmenés par les SA vers la pire des morts, le pire des assassinats, je suis envahie d’une horreur sans nom et je te prie de me donner ton avis sur cette question.

Vikram Seth, Golden Gate, chez Grasset,

. Cette épopée moderne, où satire et romance se mêlent , est racontée en vers : sept cents sonnets !

moi j'aime bien Vikhram Seth, et je le lirai dès que possib'

J'ai lu Un garçon convenable et Deux vies; ce sont, à mon avis, de très bons livres et intéressants par rapport aux problématiques de l'Inde. Une prochaine suggestion de lecture commune?