Henry Miller

J'ai lu la moitié de Tropique du Capricorne et je vais arrêter ma lecture.
J'ai franchement du mal à trouver de l'intérêt à ce livre. Certes, on trouve des passages superbes et l'auteur sait parfaitement faire le portrait au vitriol de ses proches. Néanmoins, son récit est un peu brouillon (trop de digressions) et je n'accroche pas à l'histoire.
Il ne parle des femmes que comme un simple support à plaisir...... c'est lassant à force. Bref, il n'a aucune considération pour les femmes.
En résumé, je ne suis pas séduite par Miller.

ce qui rejoint ce que je disais de nexus

J'ai lu la trilogie "plexus, nexus, sexus"

Déçue...
H.M est un excellent écrivain mais se laisse trop aller à décrire ses expériences sexuelles.
Il devait se faire un nom dans la littérature et a choisi le créneau accrocheur ,à l'époque, de la sexualité.

Relisez le, en sautant les passages "hard"

J'ai pas trop le courage de le lire en diagonale. Une autre fois, peut être!
Pourtant, j'ai bien aimé sa correspondance avec Anais Nin.

J'ai lu tropique du Capricorne, il y a un moment, et j'avais bien aimé la peinture du foisonnement, de la folie de l'amérique industrieuse, pathétique aussi en raison de cette agitation ne débouchant finalement que sur le vide. Vide que Miller se proposait de remplir par les deux occupations majeures de sa vie, écrire et baiser.
Ca peut être vu comme un brin macho par rapport aux femmes, mais il n'a tué personne non plus, c'est mieux qu'avoir comme sport la guerre (ou la politique ).
Sa verve m'a emporté, mais le texte est quand même assez lourd, parfois répétitif, mais le sujet le demande sans doute, et le style aussi.
Un grand auteur, qui nous distille des perles, ici ou là, qu'on aime ou pas, du genre (je cite de mémoire):"si je rencontre dieu après ma mort je lui pisse dessus"
Il fallait oser écrire ça!

Citation :

Un grand auteur, qui nous distille des perles, ici ou là, qu'on aime ou pas, du genre (je cite de mémoire):"si je rencontre dieu après ma mort je lui pisse dessus" evil
Il fallait oser écrire ça!

Oui, c'est un grand auteur mais c'est dommage qu'il se perde dans des descriptions assez lourdes et répétitives du sexe des femmes.
Je me rappelle qu' Anais Nin raconte dans son journal qu'elle conseillait à Miller de créer une cohérence dans son récit.

Citation :

Ca peut être vu comme un brin macho par rapport aux femmes, mais il n'a tué personne non plus, c'est mieux qu'avoir comme sport la guerre (ou la politique Razz ).

Je pense aussi qu'il a écrit beaucoup de fantasmes et non la réalité scrupuleuse de sa vie.
Un passage m'a choquée: Sa femme est partie avorter et on peut imaginer les conditions dans les année 1920/1930....... Une collègue de Miller est chargée de garder leur fille. Il rentre chez lui. Quand sa fille dort, il plaque sa collègue sur les jouets de sa fille .....
Il a tué personne mais il n'a pas rendu sa femme heureuse. Il la frappe, n'hésite pas à ramener ses maîtresses dans le foyer.
Après, tout ceci n'enlève rien à ses qualités d'écrivain.

cleo a écrit:

Il a tué personne mais il n'a pas rendu sa femme heureuse..

on pourrait le dire de beaucoup d'hommes.

cleo a écrit:

Après, tout ceci n'enlève rien à ses qualités d'écrivain.

oui, je comprends bien qu'il ne faut pas faire intervenir la morale dans la littérature, et je suis d'accord.

Mais quand l'auteur parle de sa vie, de ses agissements, et de son entourage, il est difficile de faire abstraction du point de vue moral. Ou il assume et même revendique sa mauvaise conduite, pourquoi pas ? après tout la morale est souvent relative, ou il fait l'innocent : j'ai plus de mal avec cette dernière attitude, préférant un coquin cynique à un hypocrite chevronné. Or c'est la réflexion que je faisais à propos de plexus

Citation :

Quant à lui-même, il reste, dit-il, bien naïf sur les rapports de Mona avec ses généreux admirateurs :

Citation:
"Mona gagnait plus qu'assez pour nos besoins à tous les deux. Et puis elle rapportait constamment à la maison des cadeaux qu'on pouvait convertir en espèces. Toujours la même histoire. Les gens ne pouvaient résister à l'envie de la couvrir de cadeaux. C'étaient tous des "admirateurs" bien entendu. Elle préférait les appeler "admirateurs" plutôt qu'"amoureux". Je me demandais bien souvent ce qu'ils admiraient en elle, d'autant plus qu'elle ne leur servait que des rebuffades. A l'entendre taper sur ces "crétins" et ces "couillons", on aurait cru qu'elle ne leur souriait même jamais".
p 486.

Autant dire crûment qu'elle couchait et qu'il vivait à ses crochets.

Pour Mona/Jude, la relation semble plus compliquée.
Anais Nin (il faut la lire!) dans son journal évoque longuement la relation entre Miller et sa deuxième épouse. Apparemment, il se voilait la vérité sur la manière dont June gagnait de l'argent alors que cela semble si clair.
Il identifiait aussi Jude à l'Albertine de la Recherche

Je préfère Anais Nin. Elle protégeait son mari. Elle a ainsi publié une version édulcorée de son Journal pour ne pas le blesser. Bon, elle se servait de l'argent de son mari pour entretenir Miller mais elle avait une certaine délicatesse.

Etant donné que c'est le seul livre que j'ai lu de Miller, je ne connais pas grand chose sur lui, et notamment je ne savais pas qu'il frappait sa femme. Je suis d'accord, ce n'est pas très reluisant, mais il est difficile de juger, surtout qu'à priori sur ce forum personne n'a connu personnellement ni l'homme ni les années 20 30. Mais tout ça colle bien au tableau qu'il nous dresse de cette époque.
Il faudrait relire le livre après avoir fait des coupes sombres pour faire des comparaisons.

Citation :

Anais Nin (il faut la lire!) dans son journal évoque longuement la relation entre Miller et sa deuxième épouse. Apparemment, il se voilait la vérité sur la manière dont June gagnait de l'argent alors que cela semble si clair.

Oui, mais je reste bloquée depuis des années à la moitié du journal de Nin, que je reprends vertueusement tous les 5 ans....

Je la trouve rasoir au possible.....

D'Anais Nin, je n'ai lu que le premier tome de son Journal mais j'avais adoré. J'ai acheté les quatre suivants. Je compte aussi acheter les versions non décolorées du Journal et voir ses romans.
Mais pourquoi veux-tu la lire si tu la trouves rasoir? Autant passer à autre chose, comme je le fais avec Miller.

fulcanelli: Je ne juge pas l'homme. On ne peut pas savoir s'il décrit fidèlement sa vie. Surtout qu' il ne revendique pas le fait d'avoir écrit une autobiographie.
Je juge, ou plutôt je remarque mon manque d'intérêt pour l' écrivain. C'est dommage car je sens que Miller est un grand écrivain mais je ne le supporte pas!

J'ai bien lu ce que tout le monde à écrit, et je pense que, quels que soient les reproches que l'on puisse faire à Miller (parfois plat, parfois trop long, peut être affabulateur) il n'en était pas moins un écrivain capable de déclencher des cataractes de prose et des envolées lyriques rarement égalées en littérature.

Alors bien sûr, parfois on a l'impression que l'on ne va nulle part avec Miller, qu'on s'ennuie par moment, surtout lorsque l'on est habitués aux formats romanesques classiques bien établis (une intrigue à tout prix, des portraits psychologiques, un contexte social... etc)

Mais je pense que cela découle de la formidable liberté qu'avait Miller: Oui, il racontait simplement sa vie, en en rajoutant une peu peut-être, mais il n'était pas dans un calcul du romancier qui doit à tout prix vendre son histoire, il ne s'en souciait sans doute pas, il laissait libre cours à sa verve, et ça donnait un reflet réaliste de la vie, parfois c'est passionnant, d'autre fois en s'ennuie, mais c'est peut être le prix à payer pour que de temps en temps on puisse admirer le feu d'artifice...

Sa vie et sa littérature se mêlaient au point de se confondre...

Citation :

« Avant même que je n’eusse ébauché le plan de mon premier livre, mon esprit foisonnait de centaines de personnages. J’étais un livre ambulant, parlant, un compendium encyclopédique qui ne cessait d’enfler, telle une tumeur maligne. »

Plexus, p45

Citation :

« Je me sentais obligé d’écrire sur l’immédiat, sur ce qui se passait à ma porte. Quelque chose de neuf. »

Plexus, p55

Citation :

(Plus tard, je pensais qu’il était étrange que je pusse parler de ma vie sans jamais pouvoir la mettre sur le papier. À l’instant où je m’asseyais devant la machine à écrire, je devenais conscient de moi-même. L’idée de me servir du pronom « je » ne m’était pas venue à cette époque. Pourquoi, je me le demande ? Qu’est-ce qui m’inhibait ? Peut-être n’étais-je pas encore devenu le « moi de mon moi »)

Plexus, p631

Citation :

fulcanelli: Je ne juge pas l'homme. On ne peut pas savoir s'il décrit fidèlement sa vie. Surtout qu' il ne revendique pas le fait d'avoir écrit une autobiographie.
Je juge, ou plutôt je remarque mon manque d'intérêt pour l' écrivain. C'est dommage car je sens que Miller est un grand écrivain mais je ne le supporte pas!

On peut très bien admettre qu'un auteur est un grand auteur, sans raffoler de sa littérature. C'est une histoire de goût, pour dire une banalité. Et les goûts ne se discutent pas, c'est pour ça qu'on le fait ici (!!).
Il ne faut pas forcément chercher à distinguer l'autobiographie du fantasme, surtout chez Miller.
Et je suis d'accord avec Old Bull Lee, il nous offre des envolées d'anthologie, qu'on n'aurait peut-être pas eu si le texte avait été plus contrôlé. Un peu comme chez Euripide, dans un autre style.

Je suis en train de lire Tropique du Cancer et j'en suis assez perturbée.

J'ai l'impression d'être une toupie dans les mains sadiques d'un écrivain fou furieux.

Bref.

Mais j'ai été encore plus perturbée par cette interview, accordée sur le seuil de l'inconnu (c'est le moins qu'on puisse dire).


C'est à la fois, comment dire, grand et sordide...

Regardez les mains : elles hypnotisent.


https://www.youtube.com/watch?v=U9KI8ihPHBE




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Je me demandais quelle était la meilleure manière de découvrir cet auteur : un des 2 tropiques ? un ensemble de textes humoristiques intitulé "Lire au cabinets" ? Ou n'importe lequel ?

Merci par avance !

je le connais très mal, mon premier intérêt fut pour un diable au paradis. Il y parlait brièvement de Rimbaud, je crois.

Sous toute réserve; Tu auras sans doute des avis plus autorisés.